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Killian Provost (Autre)
EAN : 9782490897001
96 pages
Fatrasies (15/09/2020)
4.5/5   8 notes
Résumé :
Un professeur de musique et son élève, dans un petit appartement de banlieue.
D’habitude, c’est elle qui lui raconte son quotidien, ses espoirs ou ses peines ; et lui l’écoute, tour à tour amusé ou compatissant.
Mais hier, entre eux, s’est passé quelque chose qui a rompu cet équilibre. Il lui a demandé d’attendre.
A promis d’expliquer.
Alors, aujourd’hui, c’est lui qui doit parler.

Mais comment raconter quand soi-même on es... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Rien dans les mains est un texte uppercut - non, c'est trop percutant, comme image : "Riens dans les mains" est un texte insidieux et puissant.
À mi-chemin entre le théâtre, la nouvelle et la poésie narrative, ce court recueil donne la parole à un personnage d'homme en (dés)équilibre :
un prof qui s'adresse à son élève, au lendemain d'une nuit qui a failli... déraper.
(C'est un texte à ne pas spoiler, d'où le curieux exercice d'équilibriste auquel je me prête.)
Nous avons une jeune fille (quel âge? 13 ? 16 ? pas clair, et c'est d'autant plus troublant....), jeune femme en devenir, gamine brute par certains aspects, jeune femme m'as-tu-vu en quête de validation par d'autres : elle semble appeler, chercher le contact de cet homme qui lui parle.
Et nous avons donc le narrateur, professeur de musique, qui l'assoit face à elle et, d'un coup, lui déballe tout un tas de trucs intimes, personnels et confus. Mais pourquoi ? Qu'essaie-t-il de dire ?...
Ce texte se lit comme une exploration, une enquête des débats intérieurs (dénis, traumas et séductions) du narrateur. Mais il raconte une véritable histoire, et même deux, en double lecture. La révélation finale éclot comme une respiration après cette longue apnée.

C'est un texte très étrange, rare, saisissant. Un pari : celui de donner la parole à l'agresseur. C'est assez courageux - mais surtout artistiquement, rythmiquement impressionnant.
Le rythme poétique est travaillé en écho, en réponse, au propos. Il se fait plus intense et touffu, oppressant, à mesure que l'on arrive au coeur du noeud narratif. le récit ménage aussi volontairement des espaces de respiration (des dialogues comme des "pauses" avant de replonger dans l'enquête intense) et c'est vraiment malin ; alors que je commençais à ressentir un sentiment d'étouffement, pfiou, je retrouvais ce dialogue entre la JF et le prof, cette scène de "repos de lecture" à la fois éclairante dans le propos et plus leste dans la prose. J'ai été totalement agrippée, manipulée par ce rythme. Un travail d'orfèvre.

Un poème narratif à lire d'un trait - et à relire surtout, car son habile système de fils tissés mérite d'être mis à jour par une relecture plus apaisée.

Un incroyable recueil, franchement. Impitoyable avec son lecteur. Mais... superbe.
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Une lecture qui m'a bouleversée. Inattendue, percutante et insidieuse cette histoire est à la frontière entre nouvelle, poésie narrative et théâtre. Étrange mélange qui devient à travers les phrases de Killian Provost l'essence d'un texte à découvrir, un texte à réfléchir dans lequel le traumatisme se lit dans la phrase.

« Rien dans les mains » c'est un huit clos, une histoire qui dévoile un échange entre un professeur de musique et son élève. Ensemble dans un petit appartement de banlieue, le duo va être mit à mal. La jeune femme à l'habitude de dévoiler son quotidien, exprimer ses joie et ses peines tandis que son professeur l'écoute. Seulement, la veille au soir, il s'est passé quelque chose entre-eux, bousculant cet équilibre. Les mots, ce professeur voudrait les trouver, mais comment raconter l'indicible, offrir son vécu quand on est sois même incertain de ce dont il est fait ?

Tout au long de ma lecture, que j'ai dévoré d'un souffle, je me suis questionnée. Ne comprenant pas où voulait en venir l'auteur… Mais lorsque éclot la révélation, finalité d'une lecture troublante, j'ai littéralement du revenir à moi. Sortir de ce livre c'est prendre une bouffée d'air car au fil de la lecture, les mots façonnent une étrange étreinte étouffante, instaurant une d'urgence dans la lecture.

Oppressant malgré mais surtout grâce au travail de mise en forme du texte, cette lecture a démantelé ma naïveté. Les phrases sont saccadées et échappent à une rythmique logique, installant ce climat de lecture si particulier qui m'a tant marquée. Mais c'est surtout le sujet, qui se dévoile peu à peu qui m'a laissée sans voix.

Donner une voix à l'agresseur : c'est une premiere pour moi. Je n'avais jamais lu de texte aussi fulgurant. Bien loin d'excuser l'horreur, les mots de Killian Provost explorent le traumatisme jusqu'à le mettre à nu devant nos yeux. C'est avec trois voix, celle d'un narrateur externe, celle du professeur qui oscille entre monologues et échanges avec son élève, dernière voix du texte, que l'auteur soutient avec force un texte dynamique, toujours relancé par des dialogues s'insinuant au coeur de la poésie.

La rythmique particulière, qui appuie les sentiments du narrateurs, son caractère oppressant ainsi que son côté sexiste, m'a surprise au début. Mais j'ai rapidement compris la force de ces choix narratif en avançant dans le livre. « Rien dans les mains » ce n'est pas qu'une histoire difficile. C'est aussi et surtout une nouvelle façon de lire, d'aborder la lecture et de se questionner sur la résonance des choix narratifs au sein de l'histoire.

Malédiction brisée par l'écriture, traumatisme endigué par les mots ? Il me semble que ces ouvertures, aussi belles que terribles(soulignées par l'auteur dans un live) sont la conclusion que je retiendrais de cette terrible histoire ou l'indicible prends peu à peu forme dans cet espace restraint.

Une lecture qui s'adresse à un public avertis mais qui se doit d'être découverte !


Malédiction brisée par l'écriture, traumatisme endigué par les mots ? Il me semble que ces ouvertures, aussi belles que terribles(soulignées par l'auteur dans un live) sont la conclusion que je retiendrais de cette terrible histoire ou l'indicible prends peu à peu forme dans cet espace restraint.



Une lecture qui s'adresse à un public avertis mais qui se doit d'être découverte !

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J'aurais voulu trouver les mots pour faire honneur au superbe texte qu'est Rien dans les mains de Killian Provost, édité chez Fatrasies.

Mais rien de ce que je pourrais écrire ne saurait rendre compte de la force que renferme la poésie que l'auteur utilise pour exprimer la noirceur la plus totale, utilisant la langue pour faire du beau là où il n'y a à priori que du sale, pour crever l'opaque et y faire passer un peu de lumière. Un peu d'espoir.

Deux personnes dans un appartement. Lui est plus âgé, elle est son élève. Ils ont l'habitude de se voir seul à seule, quand il lui apprend la musique. Mais aujourd'hui, il y a quelque chose de différent. Parce qu'hier, il s'est passé quelque chose qui a mis à mal leurs habitudes, quelque chose qui encourage le professeur à s'expliquer, se raconter. Ce qu'il a à dire n'est pas facile à faire sortir, alors il prend des chemins de traverse, des détours par ses cauchemars, des arrêts par sa rencontre avec son art.

"Mais comment raconter quand soi-même on est pas bien sûr de ce qu'on a vécu ?"

Parce qu'on a réussi à le faire hésiter sur son experience, à glisser sous sa peau comme les tiques qui veulent se nourrir de son sang l'ombre d'un doute, le poids d'une culpabilité non méritée. Et petit à petit, l'homme lève le voile sur le souvenir si lourd à porter, partagé avec son petit frère Gabin.

Ce mal logé en lui, je ne veux pas vous en révéler la nature. Parce que Killian Provost a réalisé avec ce texte hybride, roman-poème-quasi-monologue, un chef-d'oeuvre de construction narrative dont l'architecture établit une tension qui est la seule possible pour écrire, et faire lire, l'indicible qui crève le coeur. Il vous faudra l'avoir bien accroché, par contre, parce que ce qui se joue ici est dur, glaçant. Et c'est sans doute ce qui rend ce livre nécessaire.
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A mi-chemin entre la poésie en prose et le théâtre, on a l'impression d'assister à une séance chez le psy entre elle et lui. Seuls les personnages secondaires sont nommés dans le roman mais au final, n'est-ce pas eux qui ont le rôle principal ? L'écriture est subtile, percutante parfois. Il y a la musique en fond, aussi bien au sens propre qu'au sens figuré puisqu'en fait on assiste à une conversation entre une prof de musique et son élève.
Quelque chose de grave s'est passé, l'auteur choisit la métaphore d'une tique dont on n'arriverait pas à se débarrasser, c'est bien trouvé. le texte est très court, pas simple à aborder et j'ai été perturbée par la mise en page parfois.
Ce n'est pas ce je lis habituellement mais c'est une belle découverte. Je remercie Babelio & Fatrasies éditions de m'avoir offert ce livre dans le cadre de Masse critique.
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« Rien dans les mains » est déconcertant. C'est une oeuvre hybride : proche d'une pièce de théâtre par sa forme, empreinte de musicalité par sa poésie et pourtant très brut. C'est un discours poétique et franc.

Dès la quatrième de couverture, on sent qu'il y a quelque chose d'enfouit, quelque chose de terrible. C'est un tête-à-tête entre un professeur de musique et son élève. Durant la majorité du texte, c'est lui seul qui parle, qui se raconte, qui se souvient. Il s'agit d'une mise à nue, d'un déferlement, d'une délivrance, d'une libération de la parole.

Les noms des 2 personnes principaux ne sont pas cités, il me semble, alors qu'on connait ceux des autres personnages évoqués. Une façon de faire comprendre au lecteur que cela pourrait être n'importe qui ?

Il laisse un goût confus mais très réaliste, brut. Peut-être est-ce un fait exprès pour laisser transparaître le ressenti du personnage principal ?

Tout est-il qu'il s'agit d'une oeuvre qui ne laisse pas indifférent et qui vous remue.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Lui: Pas trop mal pour une fille qui a pris une cuite la veille. Bon, tu me joues quoi? Encore du métal pour épileptiques?

Elle: Oui, Papy, encore du métal.

Lui: Quand tu te décides à faire de la vraie musique, tu me préviens, hein, tu n'oublies pas?
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