Lorsque j'atteignis les portes du Ciel, je croyais que l'on m'accueillerait avec une pompe toute royale et une épigramme de Schiller me bourdonnerait aux oreilles:
"Que de mendiants nourrit un seul riche!
Quand les rois bâtissent,
les charretiers ont à faire."
Mais à peine étais-je devant la porte que l'on m'y fit des difficultés, parce que je ne voulais pas entrer sans mon serviteur Lampe; comme je ne pourrais plus rien apprendre des conversations avec Socrate et Leibniz, au moins désirais-je dans ma souveraine solitude assurer mon petit confort. Mais saint Pierre, les autres portiers et douaniers contre-argumentèrent et me démontrèrent qu'au CIel l'absence de besoin ne se fait pas sentir, qu'il n'y a pas de place pour l'harmonie des lois de la liberté avec celles de la nature. Je dus capituler et abandonner Lampe à la porte.