Avant le délicieux "
Petits plats de résistance"
Pascale Pujol a publié ces 14 nouvelles, 14 histoires qui pourraient sembler banales si un infime caillou ne venait en dévier le cours et ne les contraignait à se dérouler en spirales, se rejoignant et s'écartant dans un mouvement imperceptible. Ce subtil déplacement prend souvent forme à partir du langage, que ce soit un mot désuet comme "réticule" ou une bribe de discours. Langage amoureux, langage intérieur, monologue, dialogue avorté, dialogue reconstruit ou inventé, texte littéraire... interprètent des portions de réel et lui donnent une signification différente selon chaque personnage... et chaque lecteur.
Ces mots in-édits, in-ouïs, mal-entendus, creusent ou comblent des désirs, des rêves, des gestes interrompus ou des souffrances silencieuses. C'est le jeu qui s'instaure soudain entre une lectrice et un auteur. C'est une existence si enclose dans un réticule que l'on ne sait si elle a été vécue ou seulement rêvée. C'est le viaduc de Millau qui jette une passerelle entre la mort et la vie pour qu'un homme assume sa paternité. C'est Léonard, personnage doublement fictif, qui doit affronter les épreuves incongrues que lui fait subir son auteur. C'est toute une galerie de personnages auxquels nous nous attachons par les mots de
Pascale Pujol et par sa manière alerte de raconter des histoires qui nous emmènent toujours vers l'inattendu. Drôles, absurdes, mélancoliques, énigmatiques, ces "fragments" sont un régal de lecture sur laquelle l'auteur fait malicieusement planer l'ombre de Barthes.