La bonne fortune de Monsieur Ma est le premier ouvrage que je lis de
Qiu Xiaolong, sur les conseils (toujours éclairés) de mon libraire préféré.
Il s'agit plutôt d'une nouvelle qui appartient à une sorte de cycle de chroniques sur la vie quotidienne d'un quartier populaire de Shanghaï.
Si j'ai bien compris, ces histoires tissent de ci de là des liens avec sa série des enquêtes de l'inspecteur Chen Cao.
Le récit débute en 1962 donc dans cette
Cité de la Poussière Rouge, sorte de village à l'intérieur de la vaste métropole. Les gens vont et viennent, vaquent à leurs activités de tous les jours et se retrouvent les soirs d'été pour discuter ensemble. Un peu comme ce qu'on appelle le "couarail" en Lorraine où les villageois se réunissent sur un pas de porte pour causer de tout et de rien, le temps de la veillée, pour profiter de la fraîcheur bénéfique des soirs estivaux.
En Chine, la différence est qu'on discute certes mais sous l'égide du représentant du Parti.
Pourtant, à première vue, si le quartier semble marqué par des conditions de vie laborieuses voire précaires, il semble y faire bon vivre et l'esprit de solidarité y réside.
C'est pourquoi le choc est d'autant plus grand quand le libraire Monsieur Ma est arrêté sans explication par la police du Parti. Qu'a donc pu faire ce bonhomme sans histoire, à la bonté et à la droiture reconnues de tous? Quoi! Un homme si bon arrêté? Lui qui laissait volontiers sa clientèle impécunieuse lire gratuitement ses livres dans sa boutique, en leur offrant du thé!
Un de ces clients sans le sou justement, jeune homme pétri des aventures de Sherlock Holmes, décide de mener l'enquête pour découvrir le fin mot de l'affaire...
Mais avec un Parti omniprésent, menant sa dure politique de lutte des classes, politique de répression à l'encontre de tout ce qui pourrait avoir un relent de capitalisme, il convient d'avancer avec précaution, de crainte de disparaître à son tour, encadré par deux agents de la police politique.
En quelques dizaines de pages seulement,
Qiu Xiaolong dresse le portrait de cette
Cité de la Poussière Rouge. Un portrait attachant en dépit de ce climat à la Big Brother où le Parti a toujours raison.
A - travers son écriture sobre et concise, j'ai ressenti l'amour qu'il porte à ces petites gens de Shanghaï.
Il m'a donné envie de découvrir les autres chroniques de ce quartier apparemment sans histoire, véritable observatoire du quotidien chinois sous la dictature du prolétariat imposée par le Grand Timonier.
Une lecture très agréable donc, un peu trop courte, le récit étant si immersif. Je suppose que sa série policière doit également fourmiller des qualités présentes dans cette nouvelle.
En bref, Mister
Qiu Xiaolong, je crois que je n'en ai pas encore fini avec vous!