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Souvenez-vous : il y a quelques semaines je vous parlais de Place aux immortels, de Patrice Quélard.
Et j'ai été heureuse de retrouver le fringant Léon Cognard dans Les incorrigibles.
L'ancien officier de gendarmerie nous emmène dans de nouvelles aventures qui ont pour cadre la Guyane, où il espère venir en aide à un prisonnier du bagne qu'il a contribué à arrêter avant la guerre et qu'il estime plus victime que coupable.
Et la réalité qu'il va découvrir, en plus de lui donner raison, lui dévoilera les injustices terribles du système pénitentiaire ultra-marin.
De Cayenne à St-Laurent-du-Maroni, en passant par la forêt et par les trois îles du Salut, Patrice Quélard nous dépeint l'arbitraire de la grande Muette, et cette hiérarchie de dupes qui s'est installée au sein du bagne guyanais.
Le principe de la « double peine », les épidémies, la misère, les mauvais traitements infligés aux prisonniers par l'administration pénitentiaire ou par les prisonniers eux-mêmes, sont autant d'injustices qui m'ont dérangée – comme elles dérangent Cognard, le démocrate idéaliste au grand coeur.
D'une plume érudite et riche, l'auteur nous livre des dialogues truculents mais aussi un enseignement trop souvent ignoré, à notre époque et sous nos latitudes éloignées, un éclairage sans concession sur la triste réalité du bagne.
Lire Les incorrigibles, c'est regarder l'histoire par le petit bout de la lorgnette mais c'est aussi un voyage bourré de références notamment littéraires, qui plairont aux amateurs de culture.
Les incorrigibles est un récit agréablement instructif et subtilement drôle, reflétant avec fidélité l'état d'esprit de son personnage central, Léon, un homme bon et juste, pas moutonnier pour un rond et pourvu d'un humour grinçant.
C'est un ouvrage que j'ai lu avec grand plaisir et j'ai cru comprendre qu'un troisième roman impliquant Léon Cognard verrait le jour prochainement.
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Après "Place aux immortels" où le lecteur rencontre Léon Cognard, officier de gendarmerie, un personnage haut en couleur, sur le Front de la Somme en 1915, nous partons ici en Guyane avec les condamnés à la pénitentiaire, et ce sera mon coup de coeur historique.

Dans un premier temps nous sommes engloutis dans les méandres de ces prisons où la loi n'existe plus, où les condamnations sont exagérées et incompréhensibles tel le bagnard Marcel Talhouarn pour qui Cognard aura une obsession, celle de l'injustice ainsi de le sortir de cet engrenage.

Dans un second temps Cognard va à la rencontre des forçats libérés, ceux-ci sont livrés à eux-mêmes sur ces îles, à nu. Ils ne peuvent rentrer sur le territoire français, forcés à rester et à mourir ici, c'est la seconde peine. Cognard ne restera pas insensible et la suite vous sera révélée en lisant ce récit.

Il n'est pas nécessaire de lire le premier livre "Place aux immortels" mais je le conseille vivement car ce polar historique est atypique, dramatique, et le personnage de Cognard, bien trempé, nous amène sur des scènes parfois très drôles, un peu d'humour dans ces temps de guerre. Un personnage droit dans un monde de travers!

L'écriture de l'auteur est dans l'empathie, on s'attache aux personnages, aux lieux. Fort en documentations et recherches, c'est L Histoire dans l'histoire qui est aussi intéressante et instructive. Je ne saurais que recommander les écrits de l'auteur, ce fut un immense plaisir de le lire à nouveau. Je remercie les éditions Plon. Merci à Patrice pour sa chouette dédicace.


Lien : https://passionlectureannick..
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Léon Cognard, le bien nommé, est un des héros de ce récit. Même si cet ancien gendarme et membre des brigades mobiles est un grand humaniste, il sait aussi se défendre quand on le met en rogne.
L'autre c'est Marcel Talhouarn, surnommé Pas de chance. Pas un méchant gars, mais il passera des bagnes disciplinaires des bataillons d'Afrique à ceux de Guyane. Vingt ans à Cayenne, car coupable de destruction d'effets militaires. Il a mis le feu à sa chemise pour protester contre une condamnation inique suite à des broutilles provoquées par un garde chiourme particulièrement vicieux et retors. Les deux se croiseront en France après une évasion réussie de Marcel qui se fera coincer en allant voir sa mère. Léon n'oubliera pas Marcel, il est compliqué de vivre avec des regrets et des remords. En 1920, mis en retraite anticipée, Il décide donc de rejoindre la colonie afin de tenter d'adoucir les conditions d'incarcération du bagnard.
Le récit commence en 2018, quand des militaires français découvrent dans la jungle deux squelettes manifestement anciens dont l'un porte une plaque militaire avec un nom, Cognard Léon, et une date d'incorporation 1893.
Un livre d'historien bien documenté, un roman profondément humain qui dénonce l'horreur des bagnes tout en montrant que l'espoir peut éclore grâce au comportement de quelques individus qui refusent de se couler dans le moule de l'inhumanité autorisée par les règles d'un état défaillant.


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Fratricide, de l'auteur qui nous intéresse aujourd'hui, est le meilleur bouquin sur la Première Guerre mondiale que j'aie lu, juste après le feu, d'Henry Barbusse. Tu me diras, c'est normal, Barbusse il l'a faite cette salope de guerre, il était dans les tranchées, normal qu'on trouve dans le feu une authenticité qu'on ne peut trouver dans un bouquin écrit aujourd'hui. Fratricide brassait déjà certains des thèmes présents dans Les incorrigibles : la bureaucratie militaire ubuesque, la grande gabegie économique et humaine de la guerre, l'insoumission salutaire face aux ordres absurdes, voire une certaine exaltation de l'anarchisme.
Comme le précise Patrice Quélard dans sa dédicace, probablement rédigée dans une librairie tandis qu'une horde de blogueuses humides à l'intérieur attendaient leur tour, Les incorrigibles peut être lu indépendamment de Place aux immortels, le premier livre à mettre en scène Léon Cognard, gendarme dissident dont on ne saura jamais s'il portait la moustache (je suppose que oui, dans les années 1910, la moustache était aussi répandue que le ticket de métro sur les schneck contemporaines). Je confirme. Nul besoin d'avoir lu Place aux immortels pour prendre du plaisir et piger Les incorrigibles. Tout ce qui pourrait arriver, c'est que les nombreuses références au passé de Cognard vous poussent à ressortir la Mastercard.
Les incorrigibles est vaguement construit sur le modèle de Titanic, et c'est redoutable d'efficacité. de nos jours, des gendarmes découvrent des ossements dans la foret guyanaise, ainsi qu'une plaque portant un nom. Qu'est-il arrivé à cet individu ? Comment en est+on arrivé là ? Comptez pas sur moi pour cafter, je suis un Homme, moi, pas un pied-de-biche. vous le saurez à la toute fin du pavé.
L'essentiel du bouquin se déroule en Guyane, parce que je ne t'ai pas dit, mais ça parle du bagne, de la mangeuse d'hommes. Crois-moi qu'en ce temps-là, ils avaient pas snapchat et instagram en taule. Oui, on est vraiment passé d'une extrême à l'autre. Maintenant, tu violes une mémé, on te file un travail d'intérêt public, genre tu vas dans les écoles primaires expliquer que violer, c'est pas bien. Mais autrefois, ça rigolait pas, on te surprenait à vagabonder, on t'envoyait à l'ombre pendant quelques années, à l'autre bout du monde, en compagnie des assassins, des insectes gros comme des moineaux, au pain sec et à l'eau.

Extrait :
« La route Cayenne-Saint-Laurent était un vieux
serpent de mer. Commencée depuis plus de quarante ans,
elle atteignait péniblement les vingt kilomètres, sur
deux cent cinquante à couvrir. Elle était l'oeuvre des
forçats, terrassiers, concasseurs et remblayeurs qui,
harcelés par les moustiques en provenance des vasières
alentour, y crevaient littéralement par brochettes
entières. de sous-alimentation d'abord, largement
orchestrée par les matons qui, faisant payer leur peine
– car pour eux aussi c'était une punition d'être là –,
détournaient sans vergogne une grande partie des
vivres destinés aux travailleurs afin de les revendre au
marché noir, souvent à d'autres fagots mieux lotis.
De chaleur ensuite, pour ces blancs-becs qui pelletaient
et piochaient comme des damnés en plein
cagnard. de maladie enfin, et là il y avait l'embarras
du choix, entre la dysenterie, la malaria, la fièvre jaune
et l'ankylostomiase et son ventre gonflé de vers hématophages
qui vous anémient, tout en vous rongeant la muqueuse intestinale. »

Un instant, aux premières pages du livre, j'ai cru qu'on allait avoir droit à une de ces enquêtes procédurières que j'ai en horreur, et que Cognard allait s'en cogner une dernière avant la retraite ; et puis comme si cela gonflait l'auteur tout autant que moi, il se débarrasse de l'affaire des « vols de fournitures militaires » en un tournemain. Mon intelligence étant plus affûtée que la moyenne, j'ai rapidement compris qu'il s'agissait seulement pour Quélard de mettre en lumière quelques faits historique peu connus et pas très glorieux de l'après-guerre.
Rapidement, on entre dans le vif du sujet, et le bouquin ne vous lâche plus. Quélard a excessivement bien décrit l'enfer qu'était la vie de transporté. Je suis très sensible aux atmosphères, et le bouquin parvient admirablement à restituer celle du bagne. La chaleur moite et écrasante, la privation de lumière et de nourriture, les mauvais traitements, la malaria, le travail inutile et éreintant, littéralement tuant. Certes, cet endroit était rempli d'ordures qui méritaient bien pour la plupart la prison, mais fallait-il qu'il soit conçu par des ordures et gardé par d'autres ordures, le bagne pour qu'on y traite aussi mal des êtres humains.
Inévitablement, pour qui a lu Papillon, d'Henry Charrière s'impose. Je rappelle que Charrière a bien goûté aux joies du bagne, mais que certaines mauvaises langues de l'époque lui ont reproché d'avoir amalgamé dans son bouquin des anecdotes dont il aurait entendu parler et qu'il n'aurait pas personnellement vécu. Je n'ai pas spécialement d'avis sur la question, sinon que l'essentiel est d'écrire un bon bouquin, et c'est le cas. Ce qui est certain, c'est que le bagne, dans Papillon, m'a fait l'effet d'une colonie de vacances, alors que le bagne décrit par Quélard est beaucoup, beaucoup plus dur. On se dit souvent « non, c'est pas possible, il en rajoute, là ». C'est bien sûr négliger jusqu'à quelles extrémités peut aller la dégueulasserie humaine.

Extrait : « Retour au tombeau. Retour au silence, du moins au
sien, car l'interdiction de parler ne signifie pas le
silence. Il y avait le cliquètement des pattes des gros
cafards sur les murs, le chuintement des scolopendres
rampant sur le sol. Il y avait le ressac, le fracas des brisants
s'abattant sur les rochers de la côte, qui montait
jusque-là. Il y avait aussi, fréquemment, le martèlement
des lourdes averses tropicales qui tambourinait sur le
toit, parfois il se faisait assourdissant. Il y avait, enfin,
les hurlements des aliénés enfermés à la troisième division
cellulaire, un peu plus loin. Ils arrivaient jusqu'ici
avec une acuité redoutable. Ces cris inhumains et ces
rires déments – parfois ponctués des « Ta gueule ! »
d'un gaffe excédé qui devait s'accompagner de seaux
d'eau froide sur la tête du braillard – pouvaient à eux
seuls faire vaciller la raison de ceux qui avaient encore un semblant de santé mentale. Lors de son séjour à
Royale, Marcel avait entendu dire que, pour se venger
d'un forçat qui avait essayé de se plaindre au directeur
des manières de ses gardiens, on l'avait mis dans l'aile
des fous ; il n'avait pas tardé à sombrer comme eux. »

Les deux personnages principaux présentent des personnalités diamétralement opposées, Cognard étant sûr de lui et fort en gueule, Talhouarn (le prisonnier pour lequel le képi s'est pris d'amitié) étant aussi discret qu'inoffensif. Aussi bien au travers des excellents dialogues que de leurs agissements, ces personnages existent. Si Cognard est un humaniste, un vrai gars de gauche, c'est aussi un woke avant l'heure. Bon, je te le dis tout net, si c'est le genre de gendarme avec qui j'aurais bien bu quelques verres de pastaga, ses pompeux discours sur la tolérance, que tout-le-monde-il-est-beau-tout-le-monde-il-est-gentil m'ont parfois couru sur la prostate. Dix ans plus tôt, j'aurais crié au visionnaire, au modèle à suivre, mais usé comme je le suis par la propagande bisounours pro-tout de Netflix et d'autres ravis de la crèche, j'ai fini par en avoir ma claque des leçons de morale assénées par monsieur Léon. Remballez vos nobles idéaux, monsieur Quélard, qui parlez à travers lui : l'Homme est pourri jusqu'au trognon, et il le restera tant que la sélection naturelle n'aura pas décidé que le racisme, la violence et les superstitions sont des concepts dépassés.

Extrait : « J'ai été gendarme, inspecteur à la mobile, puis
prévôt aux armées. J'aimais servir la France. J'aime la
France des Lumières, la France du serment du Jeu de
paume, de l'abolition des privilèges et de la Déclaration
des droits de l'homme et du citoyen. J'aime la France
de l'abolition de l'esclavage, la France de la liberté de
réunion et d'expression, la France de l'interdiction du
travail des enfants, la France de l'école laïque, gratuite
et obligatoire. J'aime la France de Victor Hugo et de
Jean Jaurès, de Louis Pasteur et de Marie Curie.
J'aime la France d'Edmond Rostand ! J'aime la France
de la séparation de l'Église et de l'État, j'aime la France
des poilus de Driant et du bois des Caures. J'aime
beaucoup moins la France colonisatrice et impérialiste,
je le confesse, tout comme celle de Fouché, de la
Terreur et de la famille Bonaparte, et pas non plus
la France de Nivelle et Mangin qui prisaient si peu
le sang de leurs soldats. Mais la France du bagne de
Saint-Laurent, des îles du Salut et de Biribi, vous
voulez savoir ce qu'elle m'inspire ? Elle me fait honte.
Elle m'humilie en tant que Français.
« Comment avons-nous pu transformer un tel paradis
en un tel enfer, commandant ? Je vous laisse méditer
là-dessus, si d'aventure vous en avez les capacités. »

Au final, l'auteur s'est servi de sa marotte, L Histoire, pour proposer une grande histoire d'amitié et une ode à la liberté. Je veux pas dire, mais Pierre Lemaître a reçu le Goncourt pour avoir fait aussi bien que ça (libre au lecteur de ce retour de décider si Lemaître le méritait, moi je fais comme la Suisse, je me prononce pas).
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Comment puis-je vous raconter tout ce que j'ai pu ressentir dans ce livre avec notre héros le gendarme, en retraite, Léon Cognard, que je retrouve avec un immense plaisir.
Comme dans son histoire précédente, j'ai aimé son humour, son franc parler, sa ténacité à toujours oeuvrer pour la justice et ne jamais baisser les bras. Surtout quand il s'agit de défendre ce forçat, Marcel Talhouarn, qui subit je ne sais combien de malversations, d'humiliations (d'ailleurs il récidive dans les évasions à cause de cela), de mauvais traitements et pourtant ce bagnard a un courage de tous les diables pour sauver sa peau encore et encore.
Toute la “première partie” nous prépare avec beaucoup de détails, de recherche et de dialogues à ce que nous allons “vivre” au bagne de Cayenne. Tout est important et tout doit être lu, pour comprendre la suite, pour vivre et se mettre dans la peau de ceux qui ont vécu cet enfer et pour ressentir ce que Léon Cognard ressent.
L'auteur, Patrice Quélard, continue à ne pas nous décevoir en décrivant toujours avec autant de précision et de justesse ce que l'administration militaire et/ou pénitentiaire (de l'époque) a pu avoir comme imperfection et il n'est pas possible de ne pas en comprendre le sens.
Merci aussi pour m'avoir émue aux larmes dans de nombreux passages que je ne peux pas trop décrire de peur de dévoiler certains secrets. Disons que cette fois-ci, notre Léon mettra tout en oeuvre pour créer une entreprise incroyable et fera aussi beaucoup d'efforts pour laisser de côté sa timidité en faisant un peu plus confiance au destin.
J'ai aussi beaucoup apprécié le rôle du Docteur Rousseau qui réussit à réduire les sévices de Marcel Talhouarn et de deux autres forçats et à lui imposer une visite médicale bimensuelle pour “suivi de dénutrition”. Ils faisaient partie de la “case rouge” sévices maximum du bagne de Cayenne. Il est excellent, ce médecin et lui aussi demande que justice soit faite sur certains forçats qui n'ont pas leur place au milieu de ces tueries, leur corps affaibli n'en pouvant plus.
Alors, au nom de la liberté, êtes-vous prêt vous aussi à braver tous les dangers ?
Pour le moment, je ne vous demande qu'une seule chose : lisez ce roman qui, je suis certaine, ne pourra pas vous décevoir !


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Dans une quête de rédemption, Léon Cognard, après l'arrière lors de la Première Guerre mondiale, tombe dans l'enfer du bagne de Cayenne... Une sacré retraite de la gendarmerie n'est-ce pas ?
Bienvenue dans « Les Incorrigibles » de Patrice Quélard deuxième tome de la série Léon Cognard !
Et après « Place aux immortels » que j'avais adoré... J'ai tout autant ADORÉ « Les Incorrigibles » !

Léon Cognard est clairement LE pilier de la série ! Toujours aussi humain, cynique, fort de volonté et d'espoir, c'est un personnage drôle mais qui fait vraiment réfléchir par ses remarques et ses croyances profondes, je l'adore ! Plus d'humains comme ça dans le monde svp xD

De plus, dans ce contexte d'après-guerre et de bagne, dans la vision de l'abandon d'êtres humains (coucou « Au-revoir là-haut » n'est-ce pas), Léon Cognard est parfait.
Et Patrice Quélard aussi ! On a des explications profondes sur les relations entre la France et les américains après la guerre, mais évidemment aussi sur la manière de fonctionner du bagne, les vies de tous les jours, les niveaux, les pourquoi, les injustices omniprésentes et l'abandon du gouvernement pour certains cas
On ressent le besoin de survivre, on comprend le besoin d'arrêter de se battre, on voit l'humain dans le magnifique comme le pire, c'est WOW !

C'est ce que j'adore chez Patrice Quélard, ce n'est pas une intrigue pour une intrigue (pas de jugement hein, l'intrigue pour l'intrigue c'est génial aussi), mais il y a... « de l'humain » que j'aime profondément ! Difficile à expliquer, il faut le lire !

Un roman très instructif et touchant, une plume que j'adore, et je pense que Patrice Quélard est un de mes auteurs préférés !
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J'ai besoin de faire régulièrement une coupure dans la lecture de thrillers pure et dure là où le sang coule à foison et l'ignoble est roi. Et ce livre était tout trouvé avec sa thématique l'univers du Bagne, qui m'a racolé comme une fille de joie au Quartier rouge.
L'auteur ne m'est pas inconnu comme son personnage principal, Léon Cognard, je me suis déjà laissé embarquer dans un de leur récit qui avait lieu en pleine 1re Guerre Mondiale. Avec une griffe toujours aussi affûtée et un descriptif abondant, l'écrivain nous transporte en pleine Guyane entre bagnards, moustiques et survie à tout prix. Je classerai ce bouquin comme roman historique tellement, il grouille de renseignement, une mine d'informations compilée, un langage et des mots associés à la vie au Bagne, mais aussi à Biribi.

Avec une plume attrayante aux mots soutenus Quelard nous conduit dans le combat de Léon contre l'injustice, la rédemption et le droit humain. Un vrai aperçu de l'enfer vécu par ces prisonniers avec la perversité de l'enfermement, les règles tacites et débrouillardise qui y était liée. Un livre comme je les aime qui cultive et distrait l'esprit.
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Une lecture que j'ai beaucoup aimée et un auteur découvert grâce à un concours .

1919. Léon Cognard, ancien gendarme, part en Guyane. Avec une idée bien ancrée en tête : améliorer le sort d'Alfred Talhouarn, condamné à 20 ans de travaux forcés. Léon a été à l'origine de son arrestation en 1911, mais il a toujours pensé que le sort réservé à cet homme était injuste.

A travers ces 2 personnages, l'auteur va nous faire découvrir l'enfer des bagnes. La peur, la misère, les brimades, la malaria, le travail inutile « briseur de personnalité » ... Une atmosphère extrêmement noire que l'auteur a parfaitement su rendre.

J'ai apprécié cette lecture, et pourtant ce n'était pas gagné d'avance. La littérature noire n'est pas ce que je préfère. Mais j'ai lu peu de romans se situant dans ce contexte, ce qui m'a attirée. Et je me suis laissée emporter par l'écriture de l'auteur, par ses personnages. Il a su m'immerger dans l'époque, dans ce cadre qu'il a travaillé.

Je me suis très vite attachée à Alfred, un brave homme condamné pour l'exemple. Pas méchant, pas violent, soucieux même du sort du gendarme qui le poursuit. L'empathie a été quasi immédiate.

Léon attire lui aussi la sympathie. Humain, droit, juste, il a du mal à comprendre la condamnation d'Alfred.

Je n'ai pas envie de vous en dire plus. C'est un livre qui se découvre plus qu'il ne se raconte.et vous en savez déjà beaucoup. C'est un retour en arrière sur un épisode pas joli joli. Malgré un sujet difficile, le roman se dévore.

Oui, il y a une « enquête » mais finalement elle passe au second plan, elle a moins d'importance que ce qu'on peut découvrir. Et ça fait peur de voir jusqu'où l'homme est capable d'aller.

Patrice a fait un gros travail de recherches et cela se sent. C'est fouillé, étudié, sans pour autant tomber dans le documentaire. C'est une plume que je découvre, pourtant Léon était présent dans un précédent roman, Place aux Immortels. Et j'avoue que j'ai très envie de retrouver non seulement le personnage mais aussi l'écriture de l'auteur, précise, enlevée et très plaisante à lire.
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Léon Cognard est un ancien gendarme à la retraite. Dans le cadre de ces fonctions, quelques années auparavant, il a arrêté à contre coeur Marcel Talhouarn, bagnard en fuite qui voulait revoir sa mère une dernière fois.

Aujourd'hui, persuadé qu'il y a une injustice notable, il veut réparer et occuper son temps libre à venir en aide à Marcel qui en a repris pour 20 ans de bagne....

Ainsi, l'auteur nous fait suivre Léon, ce personnage idéaliste et fort en gueule de Saint-Nazaire à la Guyane et à son bagne.

Là-bas, les plus rétifs des bagnards, qui se sont notamment évadés à plusieurs reprises, sont envoyés au bagne de Charvein et se nomment eux-mêmes les incorrigibles, ou les incos. Nous allons suivre, à travers le parcours de Marcel, tous les dessous de ce funeste endroit.

Le contexte historique dépeint par l'auteur de façon détaillée et méticuleuse est terrifiant. On découvre les rouages du système carcéral militaire et des bagnes, d'où peu en ressortent ou en triste état.

C'est passionnant. Les personnages sont très bien campés, les dialogues sont finement ciselés et ne manquent pas d'à-propos et d'humour.

Ce roman s'apparente à un roman policier mais on aurait tort de le limiter à cela, c'est un roman sociologique, historique extrêmement bien documenté, un roman humaniste sans conteste.

C'est une belle découverte pour moi, qui m'aura donné envie de découvrir le premier opus « Place aux immortels » avec le même personnage prncipal. A bientôt Monsieur Quélard : )
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Après Place aux Immortels, dont j'ai dit tout le bien que je pensais, voici la suite des aventures de Léon Cognard, gendarme. Mais, cette fois, c'est après la Grande Guerre, du côté de la Guyane et de son bagne, dans les années 20.
Autant dire qu'à l'horreur de la guerre succède celle des camps, celle d'une société qui déshumanise à la fois ses tortionnaires et ses victimes. Mais il suffit parfois d'un seul lanceur d'alerte, d'un homme comme Cognard, pour redonner un peu d'espoir au fil (de rasoir) de la vie

Patrice fait là une plongée salvatrice dans nos livres d'Histoire, pour nous servir avec son talent de narrateur habituel ce récit, à peine crédible dans sa rudesse et sa crudité, et pourtant, je n'en doute pas, fidèle à la réalité. C'est à en frémir de consternation, de dégoût, de colère : comment a-t-on pu laisser faire ça ? Comment l'Etat a pu se regarder en face ; le miroir du passé n'est pas beau à voir.
Mais rien d'étonnant : une société capable d'envoyer ses enfants dans les charniers au mépris de toute raison, sans préparation, l'est tout autant de les briser pour des motifs aussi futiles que d'avoir tenter de la critiquer ou de la réformer.
Il ne faisait pas bon dire les choses, à cette époque.
Aujourd'hui, gageons que nos prisons sont plus "supportables", à défaut d'être rédemptrices. Et que notre démocratie est plus à l'écoute du peuple. Mais rien n'est moins sûr, toute proportion gardée.
Bref, encore un roman de Patrice à lire d'urgence. Pour trouver en soi la part de culpabilité ancestrale qui, peut-être, nous rendra plus magnanime envers notre prochain. On peut encore rêver.
Lien : https://www.arnauld-pontier...
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