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sur 155 notes
Les Chants de Nüying est un roman de SF qui propose au lecteur un voyage à travers le système solaire pour aller explorer et peut-être coloniser la planète Nüying sur laquelle des « chants » auraient été entendus. S'agit-il d'une planète viable pour l'homme? Ces chants appartiennent-ils à une entité extraterrestre? Jonathan Wei, Brume et William s'embarquent à bord du vaisseau…

Avant toute chose, il convient de rappeler que ce roman n'est pas un space opera. Emilie Querbalec a choisi de raconter son intrigue en trois actes. D'abord la préparation avant l'embarquement sur le vaisseau. Ensuite, le voyage en lui-même alors que les personnages sont placés en stase. Enfin le débarquement sur cette fameuse planète. de mon côté, je m'attendais à ce que la découverte de la planète soit plus exploitée et quelques chapitres de plus ne m'auraient pas dérangée!

Néanmoins, j'ai été totalement embarquée dans cette histoire dès les premières pages. Brume, bioacousticienne, rêve d'entrer en contact avec une nouvelle entité comme elle le fait avec les dauphins ou les baleines. Jonathan Wei est le milliardaire à l'origine du voyage, en quête d'une forme d'immortalité. Ce sont les principaux personnages du roman. Ils auront bien des destins différents. Cependant, d'autres protagonistes vont émerger au fil de ce voyage long de vingt-sept ans puisque tous n'ont pas été placés en stase!

Le roman fait aussi la part belle à l'uchronie car ce ne sont pas les États-Unis qui dominent le champ spatial mais bien les Chinois. L'autrice aborde des thématiques très diverses dans ce roman comme le rapport à la mort, le bouddhisme et j'avoue avoir été parfois un peu décontenancée par des intermèdes bien trop lointains vis-à-vis de l'intrigue de base. Je dois reconnaître cependant qu'elle possède un sens du rythme très intéressant et un style poétique à bien des égards.

Alors oui, j'ai été un peu frustrée par cette fin car j'aurais aimé en apprendre davantage. Mais Emilie Querbalec a choisi ici de respecter l'adage qui dit que l'important n'est pas l'arrivée mais bien le voyage!

Les Chants de Nüying laisse apparaître Emilie Querbalec comme une autrice de SF accomplie! A suivre donc…
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Quand on associe Emilie Querbalec (dont j'ai beaucoup aimé le premier roman), la superbe couverture signée Manchu nous plongeant en pleines abîmes sous-marines et un résumé qui parle d'aller à la rencontre d'une civilisation extraterrestre, on me vend du rêve. Rêve j'ai bien eu mais pas celui que j'attendais et la surprise fut totale sur bien des points.

Emilie Querbalec, je l'ai rencontrée en 2020 avec le poétique Quitter les monts d'automne où l'autrice m'avait séduite avec un style simple mais évocateur, et surprise avec une aventure qui m'avait emmenée vers des recoins insoupçonnés, le tout dans une ambiance japonisante qui ne pouvait que me séduire. En 2022, elle revient avec un nouveau roman bourré de surprises où l'on retrouve à nouveau son intérêt pour les thèmes de la mémoire et de l'immortalité.

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En découpant son récit à nouveau en plusieurs parties, l'autrice nous entraîne dans un sacré voyage. La 4e de couverture évoque un rencontre avec une civilisation extraterrestre lointaine et un voyage financé par un magnat, l'histoire se révèle bien plus riche et complexe, et surtout la rencontre intervient bien tardivement. le message est donc tout autre.

Avec un rythme assez lent et saccadé, même, l'autrice nous berce d'un lieu à l'autre. La première partie de son histoire se concentre sur la préparation de ce voyage et les problèmes que pose la cryostase envisagée pour certains vis-à-vis de leur mémoire (tiens, un thème cher à l'autrice). C'est très bien écrit mais étrange car on se retrouve avec une histoire faites de plein de petits riens, de petits moments anecdotiques qui au final vont nous brosser peu à peu le portrait des membres clés de l'expédition sans que l'on s'en rende compte. L'autrice est forte pour nous prendre par la main pour embarquer dans son voyage.

Je me suis ainsi plu à découvrir l'univers uchronique qu'elle avait imaginé qui avait de forts relents de For All Mankind, pour ceux qui connaissent la série tv uchronique où Américains, Russes et Chinois se tirent la bourre pour être les premiers sur la Lune puis sur Mars (Les autres, filez la regarder !). Ce monde futuriste dont elle nous décrit quelques uns des aspects à travers le quotidien de ses héros m'a fascinée, notamment dans l'évolution géopolitique qu'elle a imaginée avec cette Chine conquérante, ou à travers les possibilités philosophiques offertes par la science dans nos contacts avec les animaux.

Mais cette partie est avant tout l'occasion de découvrir ceux que nous allons suivre et ils seront un certain nombre, tous plus fascinants mais humains les uns que les autres, de Jonathan, le propriétaire du vaisseau spatial en quête d'une forme d'immortalité dans ses réincarnations grâce à une mémoire numérique, en passant par William son premier assistant, cybernéticien et amant de Brume qui peine à trouver sa place, ou encore cette dernière qui est spécialisée dans les chants de la mer, qui aime tant les animaux, est fascinée par la rencontre qui va avoir lieu, mais peut se couper aussi brutalement des autres. Ils seront épaulés entre autre par Dana, une psychologue (?) en couple avec Meriem avec qui elle forme une jolie famille avec leur fille sélène Anouk, ce qui aura une dramatique importance.

Tout ce petit monde va embarquer à bord du cargo-monde Yutu Meng, ce que l'autrice nous fait découvrir dans une deuxième partie tout aussi déstabilisante que la première, car elle va nous faire vivre la vie à bord de ce vaisseau et celle-ci sera riche en surprises. Alors que je croyais qu'ils allaient tous, ou presque, faire le voyage endormis, j'ai été surprise de débarquer alors qu'une grande partie avait fait le voyage éveillés depuis des années, ce qui va changer pas mal de choses.

Sur Terre, il y avait déjà des tensions de par la situation géopolitique inédite et les aspirations de ceux vivant déjà sur la Lune ou dans l'espace, celles-ci sont encore accentuées à bord du cargo-monde. L'autrice nous livre alors un très beau et intéressant développement autour de la religion-philosophie quand on est en vase clôt et que différents groupes n'ont pas les mêmes aspirations et n'arrivent pas à communiquer. Elle a choisi pour cela, chose que j'ai rarement croisé dans mes lectures, d'utiliser le Bouddhisme ou plutôt une variante de celui-ci dans une intrigue assez riche autour des questions de réincarnation, vie éternelle, voyage spatial et des tensions entre jeunes et anciennes générations, entre ceux qui ont connu la Terre et ceux qui n'ont connu que l'espace.

Avec toujours le même rythme lent et un peu saccadé, du fait de plusieurs micro-bonds dans le temps et d'ellipses, elle nous décrit ainsi comment cela peu mal tourner au cours d'un tel périple. J'avoue avoir été fascinée comme on l'est parfois devant un train qu'on voit sur le point de dérailler. J'ai senti venir le drame mais je n'ai pu m'empêcher d'attendre cela en trépignant tant j'étais fascinée à l'idée des conséquences que cela aurait et des mécanismes qui étaient en jeu. Ce fut pour moi le point culminant du titre avec un drame digne d'une tragédie grecque.

En revanche, arrivée à la troisième et dernière partie, la frustration d'avoir surtout parlé de la préparation du voyage puis de la vie à bord, des questions de réincarnation, d'expériences mystiques et d'incarnation de la mémoire et de l'être, a fait que j'étais un peu agacée de n'avoir toujours pas eu ce premier contact tant attendu. L'autrice, en ajoutant en plus de nouvelles ellipses, m'a un peu perdue parfois et j'ai eu le sentiment de décrocher, tout comme les personnages décrochaient eux-mêmes de cette aventure face à la lassitude de tout ce qu'ils avaient vécu. On était synchro eux et moi ^^!

Pourtant surprises et aventures sont bien là jusqu'au bout. L'autrice ne nous épargne aucun retournement de situation, aucune tragédie et nous fait bien sentir qu'avec ce type de voyage rien ne se passe jamais comme prévu. Elle nous montre aussi combien cela met à mal nos certitudes et nos interactions avec les autres, ce que j'ai beaucoup aimé. Mais j'ai trouvé la narration un peu brusque et vraiment j'attendais désespérément ce premier contact et je commençais à me moquer un peu du reste de leurs ennuis une fois arrivés.

Cependant je dois reconnaître que jusqu'au bout, l'autrice livre un travail puissant sur notre connexion aux autres et à nous-même, sur notre envie de découvrir l'autre peu importe sa forme, et qu'il y a des pages juste splendides sur le sujet, s'inspirant apparemment du travail fait avec les créatures marines terrestres telles que le dauphin. Cela m'a fascinée.

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Pour résumer cette longue chronique, Emilie Querbalec a composé ici un voyage sans retour des plus fascinants où l'étrange côtoie des évolutions dramatiques mais logiques de notre humanité. J'ai beaucoup aimé la puissance de sa plume, le choix de ses thèmes et les surprises, nombreuses, qu'elle nous a offerts. Cependant, j'ai aussi trouvé sa narration parfois maladroite, avec trop d'ellipses et des changements de rythme pas toujours judicieux, comme cette fin expédiée bien trop rapidement et sèchement à mon goût. Ça ne m'a pas dérangée de ne pas avoir l'histoire de premier contact que j'attendais et de vivre plutôt une aventure spatiale et philosophique mais j'aurais aimé que le fil tendu autour des questions d'identité, de mémoire et de philosophie de vie, se tienne encore plus. Il y a plein de belles idées, mais j'ai eu l'impression parfois d'avoir seulement une juxtaposition de nouvelles dans un même univers avec un manque de liant, et d'avoir des relations familiales ou de couples incomplètes. Après, c'est aussi le reflet de la vie mais dans la fiction j'aimerais ne pas ressentir la même frustration que dans la réalité ^^

Une découverte encore une fois poétique, dépaysante et surprenante qui nous conduit à un final attendu par des voies bien détournées.
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La collection Albin Michel Imaginaire a choisi de mettre les autrices au programme de la fin d'année 2022 avec 3 parutions exclusivement féminines fin aout et septembre. La première de ces autrices est Émilie Querbalec, romancière et nouvelliste française dont Les Chants de Nüying est le troisième roman. Son précédent livre, Quitter les monts d'Automne, également publié par Albin Michel Imaginaire, a reçu le prix Rosny Aîné et a été nominé au Grand Prix de l'Imaginaire et au prix Utopiales. Les Chants de Nüying est un roman décrivant une exploration spatiale avec une pointe d'uchronie.

Au XXVI ème siècle, l'humanité a colonisé une partie du système solaire. Les sélènes vivent parfaitement sur la lune sans avoir besoin de mettre le pied sur Terre. Les premiers à poser le pied sur la lune ont d'ailleurs été les chinois, et le pays a gardé une certaine domination sur le secteur depuis. Toutefois, l'exploration spatiale est loin d'être au point mort et des sondes sont envoyées dans l'espace. La sonde Mariner a ainsi été envoyée en direction de la planète Nüying, située à une vingtaine d'années-lumière de la Terre. Nüying est une exoplanète constituée majoritairement d'eau à l'état liquide et donc susceptible d'abriter des formes de vies. Elle possède également un fort volcanisme et une atmosphère dense, malheureusement celle-ci n'est pas compatible avec l'être humain. Autre fait de grande importance : avant de perdre le contact avec la Terre, la sonde a capté des sons évoquant le chant des baleines. Depuis, de nombreuses spéculations ont vu le jour concernant ces chants et leur origine.

Une expédition pour étudier la planète est montée. le voyage sera long et nécessite des technologies novatrices. Tout cela est possible grâce au financement offert par Jonathan Wei, richissime homme d'affaire. Celui-ci fera bien entendu partie du voyage qui lui permettra de tester sa technologie de transfert numérisé de la conscience vers un clone destinée à obtenir l'immortalité. Mais Jonathan Wei est un homme de pouvoir, proche de la secte de la Terre d'Éveil. le voyage se fait à bord du cargo-monde Yùtù avec environ 500 passagers, dont une grande partie sera en stase et durera vingt-sept années pour atteindre Nüying.

Le thème de ce roman fait rêver. La conquête spatiale, la découverte de nouvelles planètes abritant potentiellement la vie, les voyages au long cour pour découvrir ces mondes, autant de sujets qui prêtent à l'imagination, qui donnent le vertige. Pourtant, il y a assez peu de romans en France sur ce thème. Émilie Querbalec a choisi de raconter en 3 grandes parties les préparatifs de cette expédition, puis le voyage et enfin l'arrivée sur la planète porteuse de nombreux espoirs. Elle développe un univers crédible où les avancées technologiques sont nombreuses mais tout à fait cohérentes.

La partie sur le voyage a une grande importance afin de comprendre comme se déroule celui-ci avec une partie des personnes plongées en stase, et une autre partie cloîtrée à bord du vaisseau pendant une très longue période. Cet élément aura de forts impacts sur la vie à bord et sur le voyage en lui-même. L'autrice choisit une narration chorale et plusieurs personnages sont au coeur du récit. Brume est une spécialiste dans le domaine de la bioacoustique marine, Will et Dana des scientifiques travaillant avec Jonathan Wei, qui n'est pas sans rappeler certains milliardaires de notre époque. Avec cette narration, elle multiplie les points de vue et confronte les idées des différents protagonistes. Ces personnages sont véritablement au centre de l'histoire, ils sont humains, crédibles et attachants.

Le roman est très dense. Émilie Querbalec choisit de faire des ellipses en racontant cette épopée qui se déroule sur plusieurs années. Certains éléments sont sous-entendus, laissés à la libre interprétation du lecteur. L'histoire et les liens entre les personnages sont construits progressivement et parfois il faut faire la jonction entre les différents éléments. Cela surprend un peu mais permet également au roman de ne pas devenir un gros pavé et de rester dynamique. de nombreux thèmes sont abordés dans ce futur uchronique avec beaucoup d'humanité et de pertinence : les technologies permettant l'immortalité, la spiritualité, les choix de vie, l'écologie.

Avec Les Chants de Nüying, Émilie Querbalec raconte une grande aventure spatiale, une véritable odyssée qui nous entraîne aux confins de l'espace. le roman est d'une grande richesse autant par ses personnages que par les thèmes abordés mais aussi plein de sensibilité. Alors n'hésitez pas à suivre ces chants d'une rare beauté, à rêver d'espace, d'un voyage au travers les étoiles dans votre imaginaire.
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Un beau roman de science fiction écrit par une auteure de langue française, Emilie Querbalec.

Les chants de Nüying, ce sont de mystérieux sons repérés par des sondes dans les profondeurs marines d'une planète lointaine qui pourrait bien abriter la vie. Ces fameux chants vont nous tenir en haleine jusqu'à la fin du roman, car ce n'est que dans les dernières pages que nous aurons un début d'explication sur ce qu'ils pourraient être.

En fait (le résumé du livre ne le dit pas du tout) la majeure partie du récit se concentre sur le voyage de plusieurs dizaines d'années à bord d'un cargo-monde pour rejoindre la planète Nüying: l'organisation de la vie à bord, les différentes factions qui vont se former autour des visions divergentes sur le sens du voyage que ces quelques centaines d'humains ont entrepris, avec en toile de fond la thématique omniprésente de la renaissance et de l'immortalité.

L'auteure mêle habilement science et spiritualité, avec le bouddhisme tibétain qui prend une grande place dans le récit. On est pas dans du "hard sf" (même si tout reste assez crédible scientifiquement) car l'histoire se concentre plutôt sur les personnages, leurs ressentis et leurs relations, et fait la part belle à des visions virtuelles/oniriques, apportant même une conclusion très spirituelle au roman.

Pour moi, ça n'a pas entièrement fonctionné, même si j'ai aimé l'écriture et ai dévoré le livre, tenue en haleine par le mystère de cette planète à découvrir. J'ai passé un bon moment de lecture, mais je ne me suis pas sentie aussi dépaysée que ce que j'aurais souhaité l'être, parce qu'il m'a semblé être restée dans des problématiques très "terriennes" et contemporaines tout le long.
Pour un récit censé se passer dans 500 ans, les personnages restent attachés à des traditions et façons de voir les choses du vingtième siècle terrien, ce qui m'a par moments empêchée d'y croire totalement, dommage.

J'ai apprécié cependant la qualité de la construction du roman, qui tient très bien la route pour une histoire se déroulant sur plusieurs décennies, et les belles visions d'une planète inconnue et mystérieuse.
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Une belle déception pour l'essentiel.

Eh bien voilà, je suis déçu de cette lecture qui pour moi ne tient pas ses promesses. Tout avait pourtant bien commencé, les quatre ou cinq premiers chapitres s'enchaînant sans accroc, une mise en place propre, avec un personnage qui semble intéressant et complexe. Et puis la lecture continue et très progressivement le malaise et l'ennui s'installent. Il va être difficile d'argumenter sans trop dévoiler l'intrigue, mais je vais essayer.

Tout d'abord, l'ensemble m'a paru confus et mal maîtrisé. Les différentes idées (la fusion, la RNA, l'Éveil etc.) se développent dans des arcs narratifs qui naturellement s'entrecroisent, mais parfois de façon un peu gratuite ou artificielle, et ce n'est pas la coda qui me fera changer d'avis, bien au contraire. de plus j'ai trouvé les parties plus "techniques" souvent obscures. La décision de la plus ou moins grande vraisemblance scientifique appartient certainement à l'autrice, mais si elle opte pour l'explication, il me paraît légitime d'attendre que celle-ci soit convaincante, et je suis souvent resté sur ma faim.

Ce qui m'amène à ma troisième source de frustration : on retrouve (ce qui n'est pas rédhibitoire en soi) de nombreux tropes de la SF, du vaisseau astéroïde à la confrontation de ceux qui ont voyagé en stase et de ceux qui ont vieilli de trente ans, en passant par la planète glaciaire et grandiose à l'autre bout de l'univers. Malheureusement, j'ai systématiquement eu le sentiment que tout cela avait été mieux traité ailleurs, par exemple chez Kim Stanley Robinson avec Aurora (qui n'est pourtant pas un chef d'oeuvre) ou chez Alastair Reynolds avec Les Enfants de Poséidon.

Voilà. Que dire de plus ? C'est ma deuxième déception de l'année chez AMI -- mais bon, au moins celui-ci je l'ai terminé, alors que j'avais abandonné il y a quelques mois Les Flibustiers de la mer chimique (Marguerite Imbert) aux 3/5e environ. Serais-je affecté d'une incompatibilité temporaire avec les choix éditoriaux de Gilles Dumay, alors que par ailleurs sa prose me réjouit régulièrement ? L'avenir nous le dira peut-être.
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J'opte cette fois-ci pour une chronique à chaud alors que je referme tout juste ce magnifique roman de presque 500 pages qui m'a littéralement transporté.

Je vais donc essayer de vous retracer l'essentiel de ce roman en trois axes:

- tout d'abord l'histoire ne se résume pas à la quatrième de couverture qui a principalement vocation à vous mettre en appétit. Tout est structuré pour vous immerger progressivement dans ce monde avec un roman divisé en trois grandes parties: la préparation du départ, le voyage jusqu'à Nüying et l'arrivée sur la planète. J'ai beaucoup apprécié l'organisation avec des chapitres plutôt courts rendant le récit dynamique, alternant parfois différentes temporalités et différents lieux (précisés en début de chapitre pour ne pas perdre le lecteur). Tous les ingrédients sont savamment distillés pour offrir un final tout en délicatesse, laissant libre court à interprétation.

- La variété des thèmes abordés est sans conteste le point fort du roman et on le ressent dès le début de la lecture. Premièrement, le thème de la famille reste omniprésent au travers de nombreux personnages: la relation de Brume (notre spécialiste de la bioacoustique) avec son père, celle particulière d'Anouk avec ses mères Dana et Meriem. Ce sujet est d'autant plus marquant car il nous concerne tous et impactera sans nul doute la majorité des lecteurs. Deuxièmement, j'ai adoré plonger dans ce monde futuriste rempli de nouvelles technologies rendant possible ce fantasme qu'est l'exploration spatiale: tout est superbement décrit dont le phénomène de stase permettant aux humains de mettre en pause leur horloge biologique pendant le voyage. Pour finir, le transhumanisme est un thème phare de cette lecture dans laquelle est développée un moyen de sauvegarder la mémoire d'un individu pour l'implanter ensuite dans un nouveau corps.

- Je découvre avec joie la plume de l'autrice qui fait preuve d'une parfaite clarté tout du long. L'ensemble de ma lecture a été fluide me permettant de me concentrer intégralement sur l'intrigue en essayant de relever les différents indices laissés. Ce qui est remarquable, c'est que les personnages restent au centre du roman et nous vivons leur aventure à travers eux. Les alternances entre descriptions et dialogues sont bien équilibrés. le lecteur passera sans conteste un très bon moment avec un final fantastique. L'autrice nous incite à la réflexion sur l'existence de différentes formes de vie tant biologiques que virtuelles et sur ce que pourrait réellement être la conscience.

Il y aurait encore beaucoup de choses à dire sur ce roman. Ici pas de Hard SF, juste une magnifique aventure dans le monde plein de sensibilité de l'autrice, d'une grande richesse par ses personnages et les thèmes abordés. La profondeur de la réflexion achèvera de convaincre les futurs lecteurs de se précipiter sur ce roman en cette rentrée littéraire.
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Extrait de ma chronique en 3 parties ("Un manifeste pour l'asiofuturisme", "Un poème à double facette", "Une fiction-panier") :

"Vous connaissiez l'afrofuturisme, illustré récemment par le magistral Tè Mawon de Michael Roch ? voici maintenant l'asiofuturisme, dont Les Chants de Nüying (lu en service de presse) pourrait être le manifeste (soyons fous).


De mon point de vue de maniaque de l'étiquetage, l'asiofuturisme se définit par deux critères cumulatifs, le premier n'étant que la partie immergée du deuxième, mais permettant de distinguer le courant d'autres entreprises similaires, comme celle d'André Dhôtel (que j'évoquerai brièvement plus bas) :

1) un monde futuriste, uchronique ou non, marqué par l'hégémonie de la culture orientale plutôt que de l'occidentale ;

2) un récit qui prend ses distances avec les conceptions occidentales de la narration, comme l'unité d'action aristotélicienne, l'action conflictuelle au centre de l'intrigue ou les personnages héroïques à la volonté d'acier (je simplifie outrageusement, mais je suis sûr que vous voyez très bien de quoi je parle)."
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Les Chants de Nüying est un roman sf qui combine allègrement les genres découpant son récit entre le space et le planet opera le tout dans une ambiance cyberpunk et un postulat de départ uchronique. En 2563, la configuration planétaire est telle, qu'elle place la Chine en première puissance mondiale. de ce fait, les alliances entre les pays sont repensées et les enjeux internationaux rebattus. Et c'est justement tout l'intérêt de l'uchronie : pouvoir reconsidérer l'Histoire à partir d'une base solide tout en mélangeant des faits réels et fictifs. Dans le récit, l'influence et la culture asiatiques prédominent nos sociétés. L'opposition entre la Chine et le Tibet par exemple devient l'un des éléments centraux du roman. L'immersion est par ailleurs renforcée par des descriptions soignées (japonisantes ?) générant un visuel très cinématographique, néo-futuriste et néonisé (en tout cas c'est comme ça que je me représentais le tableau) à l'image d'un Blade Runner ou d'un Passengers.

Et même si j'ai adoré l'invitation au voyage - Terre/ Lune/ Nouvelle Planète - j'ai trouvé les trois parties du récit assez inégales et décousues. Avec du recul j'aime à penser que c'est aussi ce qui a participé à la réussite de ce roman. La densité et la richesse du contenu impressionnent et on imagine sans mal le travail de recherche conséquent réalisé par l'autrice. Car elle monte sur tous les fronts Émilie Querbalec, pêle-mêle elle parle : discrimination, anthropocentrisme, colonialisme, exploration, premier contact, bioacoustique, idéologie religieuse, transfert de mémoire, réalité virtuelle, clonage, transhumanisme, cybernétique… le tout dans un contexte savoureux de conquête spatiale où l'illusion, le réel et l'irréel se côtoient. Alors vous choisissez la pilule rouge ou la pilule bleue ? Eh oui ! Ce roman n'est pas sans rappeler Matrix et sa matrice où le Neuromancien du génial William Gibson.

On sent que l'autrice maîtrise son sujet. Ses sujets. Ses connaissances sont solides et scientifiques, soutenues par un bagage culturel étourdissant. le travail sur les personnages est également à saluer car ils sont crédibles et réalistes même si mon curseur d'empathie était au plus bas. Petite mention spéciale cependant au président de Space'O, le portrait presque craché d'un certain Elon Musk.

En bref, le roman est passionnant mais certaines données tendent à complexifier un récit déjà dense par son contenu et son univers. Les analepses, nombreuses, nous font faire des allers-retours et il faut accepter, je pense, un certain lâcher-prise car une relecture est à mon sens indispensable pour obtenir toutes les clés de compréhension. Enfin, le roman n'est pas dénué de légères imperfections, mais en comparaison ses qualités les contrebalancent largement.

Une vraie réussite !
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En 2563 des chants évoquant ceux des baleines sont détectés sur Nüying, une exoplanète située à vingt-quatre années-lumière de la Terre.
Brume, la spécialiste des langages marins rêve d'une fusion d'entente avec cette entité chantante tandis que William, son ami cybernéticien, rêve d'une fusion totale avec Brume.
Le cargo-monde à destination de Nüying abrite des spécialistes Terriens et Sélènes, mais ces derniers subissent une discrimination qui poussera nombre d'entre eux vers la secte de l'Eveil inaugurée par un moine tibétain et dont le but est l'éternité céleste, contrairement au financier chinois du cargo dont le but est l'immortalité terrestre par transfert de sa mémoire numérisée sur un clone.
Des scissions dans l'équipage et des déboires techniques font s'échouer le cargo sur Nüying, cette planète de l'Imprévisible absolu.

J'ai trouvé ce roman d'une richesse, d'une intelligence et d'une sensibilité admirable. Au fil de ses pages, de nombreuses questions surgissent, telles que : Notre être équivaut-il au total de notre mémoire conscience numérisée?
Le thème qui court tel un fil d'or tout au long de ce livre est celui du sens que les personnages donnent à leur voyage, un sens qui ne se réalisera que s'il dépasse la sphère de l'ego, de l'intéressement personnel et ne s'accomplira pas selon notre idée de sa réalisation, mais tout autrement, en s'abandonnant à l'Autre
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« Les chants de Nüying » nous propose d'explorer Shun, un système solaire situé à vingt-quatre années-lumière de la Terre, où une sonde a enregistré en provenance de la planète Nüying des « chants ». Que sont-ils ? de quelle origine ?
Un cargo-monde, le Yùtù, se prépare à embarquer 500 passagers, dont le plus grand nombre sera placé en stase pendant plus de 20 ans. Cette exploration scientifique, baptisée Shun, est financée par un étrange milliardaire sino-américain, Jonathan Wei qui, déjà âgé au moment du départ, se prépare à la RNA, la réincarnation numérique assistée.
Le roman d'Emilie Querbalec est une pépite : riche, dense, abordant de nombreux thèmes, jonglant habilement avec plusieurs points de vue et plusieurs intrigues. Il aurait été aisé de construire un roman linéaire de SF et de premier contact mais, s'il en est question, cela ne concerne que la dernière partie(la 3ème) du roman.
La première se déroule en grande partie sur la cité lunaire chinoise de Taihe-Concordia et est consacrée à la préparation de la mission Shun. On suit principalement Brume, bioacousticienne, qui rêve de trouver l'origine des chants. On découvre aussi William, Dana née sur la Lune… Et les personnes nées sur la Lune ont d'autres rêves…
Chaque personnage est très bien construit et étoffé. On les suit à nouveau durant la seconde partie : le voyage et les soucis qui vont le perturber. Car Jonathan Wei fait partie d'un groupe religieux, l'Eveil…(suite sur le blog)
Lien : https://imaladybutterfly.wor..
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