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Pascal Quignard, c'est quelque chose qui détonne. Il y a tellement d'érudition, multidisciplinaire : sociologique, anthropologique, psychologique, psychanalytique, politique, éthologique, mythologique, que-sais-je encore... tout ça est conté pêle-mêle dans ces pages qui touchent parfois très juste, parfois vous traversent comme une onde pour laquelle vous n'avez pas les récepteurs, en tout cas pour laquelle je n'ai pas les récepteurs.
Par moment, j'ai essayé de comprendre en quoi et comment ce livre fait un livre. Ou un tome puisqu'apparemment il fait partie de toute une série... (Je me suis contenté de rester vierge à cet égard, je n'ai pas été curieux, me contentant de parcourir ce volume et d'essayer d'en entendre un maximum, à l'os.)
Ecriture parfois ou souvent poétique, c'est important de le dire pour ceux qui ne connaissent pas le personnage. Des associations d'idées et de mots qui fusent et qui laissent perplexes, parfois, ébahis parfois. Un livre singulier d'un auteur-être humain singulier.
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DÉSARÇONNANT !

Un Goncourt encensé par la critique : je me précipite ... vers beaucoup de difficultés. L’ auteur réfléchit sur « les sens du monde insensé des hommes » par le biais d’ anecdotes de toutes les époques, avec des digressions sur la mort , la vie, le sexe et le temps, Tout ce qui ne tue pas renforce, et nombreux sont les personnages qui renaissent après une chute (de cheval) : Saul, Abelard, Agrippa d𠆚ubigné etc... « Tout à coup quelque chose désarçonne l'âme dans le corps. Tout à coup un amour renverse le cours de notre vie. Tout à coup une mort imprévue fait basculer l'ordre du monde et surtout celui du passé »
Pascal Quignard fait preuve d’une érudition classique impressionnante.
Mais les phrases sont difficiles, et il faut avoir des clés de philosophe chevronné pour accéder aux métaphores de certains passages : « Lèvres retroussées à l’instar de l𠆚nicroche qui agrippe l’ arson et du désarçonnement qui s𠆞n suit jusqu’à la mastication qui peu à peu introduit dans le monde invisible »
Un livre certainement clivant... et je suis resté malheureusement du mauvais côté !
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C'est un livre passionnant qui demande quelques efforts. Mais vraiment je pense que cela vaut le coup !

Pascal Quignard a entrepris d'écrire une oeuvre monumentale suite à un grave problème de santé où il a pensé mourir. Il a choisi de renouer avec la vie par l'écriture et cela donne des tableaux qui ont rapport tout à la fois à la poésie, au songe, à l'histoire, à l'érudition la plus complète, à la philosophie, à la psychanalyse, voire à la musique (il est violoncelliste, à l'origine du film « Tous les matins du monde » et Prix Goncourt…). LE DERNIER ROYAUME est composé de 10 volumes édités de 2002 à 2018. « Les désarçonnés » est le 7ème tome, dont l'auteur dit qu'il représente beaucoup pour lui ! « Comme un « effort de penser le tout. »

L'image du désarçonné est utilisée ici pour caractériser le passage d'un état à un autre, propre à l'homme confronté aux aléas de la vie. Pendant des siècles, voire des millénaires, on pouvait être désarçonné de cheval – c'était avant les accidents de voitures bien moins « poétiques ». Actuellement, ce basculement dans l'inconnu peut survenir après une dépression, une maladie, un accident… Quand on en réchappe, une occasion est donnée de repasser par la case départ ! On a dans ce volume 102 tableaux quelquefois très brefs et d'autres plus développés, images ou fresques gigantesques. C'est pratique car cela se lit dans n'importe quel ordre. Une très belle écriture et qui désarçonne dans tous les sens ! A vos montures et restez bien en selle !

J'ai choisi de commenter quelques-uns des chapitres représentatifs de la pensée quignardienne qui m'ont particulièrement marqué.

Le roi Charles IX mourant : en 1574, le roi Charles IX âgé de 23 ans est à l'agonie. Scène atroce de sacrifice humain pour lire l'avenir au moment de la mort du jeune roi. Une ellipse utilisée par l'auteur (c'est ma vision car nulle part je n'ai trouvé de récit d'un tel acte) des horreurs conçues au nom de la religion tout au long des siècles, de la Saint Barthélémy à la Shoah… En effet la victime est un enfant juif et non protestant ! C'est sur deux petites pages comme une hallucination brutale des crimes commis au nom des religions et du pouvoir au cours de toute l'histoire humaine…

On a dans cette introduction un condensé du règne de Charles IX marqué à jamais par le massacre des protestants à la Saint Barthélemy. Il a été roi à 10 ans à la suite de son frère François II mort à 16 ans. Roi passionné de chasse, il meurt à 23 ans, probablement « désarçonné » par la tuberculose et peut-être par le remords de ces bains de sang (oui, ça fait jeune pour assumer un tel massacre !). A noter qu'il est le fils d'Henri II, mort à 40 ans suite à une blessure à l'oeil lors d'un tournoi… Une succession de désarçonnés éprouvante pour la famille !

L'absence : c'est le nom du lieu où se retirait George Sand à Nohant pour écrire loin du groupe, pour la vie de réflexion (comme opposée à la vie sociale), là où on lui avait annoncé la mort de son père à 31 ans, désarçonné sur la route de la Châtre à Nohant. « Toute sa vie on cherche le lieu d'origine, le lieu d'avant le monde c'est-à-dire le lieu où le moi peut être absent et où le corps s'oublie. » Elle avait aussi échappé à la noyade qui pour Quignard est une autre manière de désarçonnement. Est-ce pour cette raison qu'elle avait cette attirance étrange pour l'eau, le profond ? Elle renaîtra par le miracle de l'écriture : « Il faut retraverser la détresse originaire autant de fois qu'on veut revivre. »

Le bât de la honte : pour l'auteur il y a le cheval dompté et le cerf indomptable. le cheval dompté c'est l'homme enchaîné par les puissants qui cherchent toujours à asservir. Pascal Quignard, cerf indomptable, prône la fuite, l'écriture comme issues et le livre comme lieu de l'insoumission. « Se perdre dans le vide des livres » lutter ainsi contre le prédateur qui ne peut pas riposter car la victime potentielle se dérobe. Il fustige « les groupes qui braillent au bas de la rue ». C'est là une posture vraiment curieuse, pessimiste à l'extrême. J'y vois un mépris étonnant pour ceux qui cherchent à changer un ordre injuste des choses (dont il fait le constat par ailleurs).

La solidarité est le mal : « il y a une solidarité du mal » où il explique que la guerre est intrinsèque à la société humaine ; pour ne pas être solidaire du pire il prône le choix de l'esseulement, le vide, l'ascèse… « le conflit, la lutte des classes, la guerre civile, telle est la règle du jeu social… » Pascal Quignard est certainement très pessimiste dans son désarçonnement. On peut tout aussi bien faire le pari d'une possibilité de solidarité du bien et, heureusement, il y a aussi beaucoup de victoires de ce côté.

Brantôme, Gourville, Montaigne : tous désarçonnés de cheval et tous écrivains. Concernant les Essais de Montaigne, il écrit : « c'est ainsi que l'écriture des essais commence dans l'extase mortelle. Elle reproduit sans cesse… une perte de connaissance suivie d'un sentiment de pure joie de survivre. » Il y a effectivement, pour moi, du Montaigne dans Quignard mais un Montaigne halluciné… par Rimbaud !

Rousseau à Ménilmontant : attaqué par un gros chien, Jean-Jacques Rousseau est blessé et perd connaissance, autre forme de désarçonnement pour Quignard. Rousseau renait à une vie « augmentée » après avoir frôlé la disparition (comme La Boétie, Abélard ?!…).

Quo itis ? (la destination) : ce texte se présente sous la forme d'une parabole quasi biblique. L'auteur m'apparaît comme un athée cherchant à déchiffrer les mythes religieux, philosophiques… le chevalier romain (image du cheval réitérée dans tout cet essai) parle à un aubergiste qui lui offre l'hospitalité. Celui-ci le questionne, tellement il est heureux d'avoir enfin quelqu'un à qui parler. Mais le chevalier, ne sachant pas dire d'où il vient et ne sachant pas le terme final de sa chevauchée, ne peut lui répondre. le chevalier comme représentation de l'écrivain ? du lecteur ? de l'homme ? « Les hommes aiment que la brume se ferme sur eux sous la forme du langage. »

On a chez cet auteur inclassable une frénésie d'écrire. Il a été victime d'anorexie dans sa jeunesse et de mutisme puis en 1996 d'une grave maladie à l'origine de ces milliers de pages étonnantes. Il cite Lucrèce « nul ne se réveille s'il n'a senti le froid de la mort s'infiltrer dans ses veines ».

Ces pages sont tour à tour soit lumineuses soit obscures, comme la flamme vacillante du feu sur la paroi d'une caverne préhistorique. Pour Pascal Quignard : « Ecrire n'est pas vivre, c'est survivre ». Écrire comme acte de solitude, de séparation du monde des vivants. Ermite, moine, reclus, écrivain lettré, errant, chamane, c'est tout un pour lui… Une thérapie pour renaître à chaque page. En fait il n'est pas si pessimiste Pascal Quignard, il croît au miracle de la vie !
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à mon humble avis, le plus grand styliste de notre si belle langue......noir et admirable
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Tous les livres de Pascal Quignard sont à emmener sur une île déserte, ou plus simplement à garder à portée de main, jour et nuit.
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Un livre inclassable . Autant fable , qu'essai ou bien encore nouvelle , cet opus est tout simplement incroyable . Un trésor de réflexion à chaque page , une plongée dans la vision , la perception de ce que doit étre la littérature pour Quignard qui livre ici un opus certes complexe , mais qui est tellement fort que l'on ne peut que dire Bravo l'artiste pour une telle leçon d'intelligence . Un pur bijou tout simplement .
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J'ai fait une expérience, j'ai ouvert mon premier Pascal Quignard.
Certains s'écrieront: quelle ignare! Vous vous rendez compte: elle ne connaît pas l'auteur du cėlèbrissime "Tous les matins du monde" adapté au grand écran avec les admirables JP Marielle et Anne Brochet et j'en passe et des meilleurs..
Oui c'est humblement que me présente devant vous, dans le dénuement intellectuel le plus complet avec la grande innocence du néophyte, bref dans mon plus simple appareil culturel.
Depuis quelques temps l'envie d'aller pâturer dans ces herbages littéraires me taraudait. En effet, ayant pris la fâcheuse habitude d'écouter en podcast l'émission "Sur les épaules de Darwin" de Jean-Claude Ameisen je ne pouvais plus ignorer le nom de Pascal Quignard, qui figurait régulièrement au tableau d'honneur de la bibliographie généreusement délivrée par Monsieur Ameisen.
Bref, telle une jeune et fougueuse Salers, j'ai jeté mon dévolu sur "les désarçonnés" en me disant qu'on n'allait me la faire comme à une vulgaire petite vache landaise!
J'ai trouvé ma fois le style peu champêtre mais très dépaysant! Je ne rumine pas l'ennui mais le plaisir de revisiter quelques mythes et faits historiques de façon originale: voilà un auteur qui ne prend pas ses lecteurs pour des veaux à l'étable!
J'éprouve un égal plaisir à le lire que j'en ai chaque fois que j'ouvre les "Essais" de Montaigne et je ne pense pas avancer trop mon sabot droit en vous avouant que cet ouvrage fera partie de mes livres de chevet, ceux que j'ai le bonheur d'ouvrir de temps à autre car ils sont une fenêtre qui s'ouvre sur la réflexion.
J'espère ne pas avoir trop encornė euhhh pardon écorné votre douce langue, mais au fait, vous ai-je dit de quoi il retournait?
Cet ouvrage est un essai philosophique sur la création, la mort, la guerre, il est question du cerf, du cheval et d'Histoire... Pas trop désarçonnés j'espère?
" Tout à coup un amour renverse le cours de notre vie." Un inconnu vous offre des fleurs.... c'est l'effet magique de... et parfois c'est un auteur qui vous décoiffe!
Chapeau bas Monsieur Quignard!
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Les désarçonnés, le titre tient toute ses promesses, il faut un moment pour reprendre son souffle, pour remonter à cheval! le cheval, le cerf sont présents au début, l'un comme étant intimement lié à l'asservissement de l'autre, et l'autre comme représentant la farouche liberté, indomptable. dans une succession de récits, tantôt historiques tantôt philosophiques, Quignard s'interroge sur la vie et la mort, le but de l'homme sa fascination pour la violence et la guerre, tout ce qui a fait l'humanité et qui la conduit encore de nos jours. Si Quignard déroute assez souvent son lecteur, il lui apporte toujours ce petit choc salutaire qui nous conduit, à travers un mot, une image, à nous interroger nous même sur l'existence, la société, nos façon de faire etc...On ne ressort jamais pareil après avoir lu un de ses ouvrages...
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Bien sûr, le style est magnifique; le thème: ceux qui sont désarçonnés de leur cheval ou de leur vie aussi. Mais l'abondance des références confère un élitisme culturel néfaste à une assimilation aisée par le lecteur. Incultes s'abstenir!!!
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Alors... Desarçonnee plus d'une fois moi aussi jai aimer ce livre autant que je lai desaprouvé. Tantot interessant, tantot barbant, tantot une ecriture riche et interessante tant vide et inutile. La depression nerveuse? Hum.. Depressive aussi. Ok de bonne choses sont a soulignés dans ce livre mais vraiment pas assez pour m'enchanté. le style lui m' a plus voila. On fais ce qu'on veut comme on veut cest sympa!
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