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3,88

sur 244 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
C'est une véritable promenade que le lecteur fait avec le personnage De Claire. La nature un peu sauvage est parfaitement rendue, on sentirait presque le vent et les embruns. C'est aussi une histoire profondément humaine car ce qui lie Claire et Mme Ladon devient très fort, Claire va aussi renouer une vraie relation avec son frère. La relation illégitime entre Claire et Simon prend une tournure assez tragique mais cela semble apaiser Claire. J'ai aussi trouvé les personnages secondaires très intéressants, leur différentes façons de percevoir Claire à la fin du roman sèment un peu le trouble sur ce personnage et je sais plus trop à quoi m'en tenir : une femme éperdument amoureuse ? une folle ? une femme si discrète qu'elle en devient presque sauvage ? une soeur retrouvée ? Ce mystère laisse planer des possibilités ce qui donne libre cours à l'imagination du lecteur.
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"Tu es la petite Mathuen?" s'étonne Madame Ladon, vieille dame en fin de course et ancienne professeur de piano de Claire Mathuen, traductrice quadragénaire, qui "a le génie des langues" revenue sur les lieux tragiques de son enfance à l'occasion d'un mariage familial.
Renouant avec le passé, Claire, l'orpheline mise sous tutelle, qui a survécu jadis à un terrible accident de voiture aux côtés de son frère Paul (dont le rapprochement va consolider les liens), va s'installer tout près de Saint Malo.
Les souvenirs émergent: Simon son premier amour, à présent marié, maire et pharmacien, "rempli de joie" lorsqu'elle revient à lui,"qui l'aime mais ne veut pas d'elle", terrorisé à l'idée de perdre son fils; "la cache dans la falaise";une mystérieuse petite soeur etc.. Les crises d'angoisse l'habitent à jamais, la souffrance,les obsessions...
Les solidarités mystérieuses, sur fond de légendes bretonnes, celles de la "goule aux fées", dont les plaintes des femmes malheureuses s'élèvent en attente de déférence, est une histoire, pleine de suspense et de rebondissements, qui vous happe et vous aspire dans ces liens sacrés tissés entre les êtres et les choses, cette étrange alchimie qui transforme pour ainsi dire Claire en paysage comme si elle faisait partie de la baie qu'elle scrute continuellement.
Le talent de Pascal Quignard (philosophe,enseignant, écrivain couronné du prix Goncourt 2002 pour Les ombres errantes tome 1 et du grand prix de l'Académie française pour Terrasse à Rome) est à travers les différents prénoms donnés à Claire, Marie-Claire pour son frère, Chara pour sa mère ou Clara; à travers plusieurs voix ( Simon, Paul, Juliette sa fille,Jean le curé); de nous offrir plusieurs points de vue et plusieurs facettes de sa personnalité; de nous dépeindre la passion impossible qui l'attire vers Simon; de cimenter une tragédie marquée par le sceau de la mort passée, présente et à venir.
A travers Claire, nous voilà à décortiquer les tenants et les aboutissants de cette mystérieuse affaire en nous éloignant du monde "à l'intérieur de son crabe" comme lorsqu'elle déguste un simple tourteau, délice des délices.
Mais, les crabes pincent, et nous voilà pincés!
La vérité sortira de la bouche du cousin Philippe, je laisse aux lecteurs le plaisir d'en découvrir les secrets.
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Je suis très triste : j'ai terminé la lecture de ce livre MAGNIFIQUE.
je ne vais pas raconter l'intrigue, ça ne sert à rien, il faut le lire et se laisser emporter par ces personnages, ce climat, ces descriptions sobres mais précises.
Si vous avez aimé Villa Amalia, vous aimerez encore plus les solidarités mystérieuses.
celà dit il se peut que vous n'aimiez pas ce qu'écrit Quignard en général et c'est votre droit, dans ce cas vous pouvez peut être essayer encore une fois, allez une dernière!
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Elle écoute, en contrebas, la mer. Elle ferme les yeux……

Quatrième de couverture
"Ce n'était pas de l'amour, le sentiment qui régnait entre eux deux. Ce n'était pas non plus une espèce de pardon automatique. C'était une solidarité mystérieuse. C'était un lien sans origine dans la mesure où aucun prétexte, aucun évènement, à aucun moment, ne l'avait décidé ainsi."

Pascal Quignard nous offre à lire avec Les Solidarités mystérieuses un roman aux descriptions minutieuses de la nature, d'un visage, d'un corps, d'un geste quotidien, un roman aux descriptions romanesques aussi avec ses secrets de famille, les jalousies amoureuses. Chapitre après chapitre ...
...Portrait énigmatique de femme, Claire... suite sur le blog
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Le mariage de Mireille Theruen, fille de son cousin Philippe, voit le retour De Claire dans le village de son enfance et sa jeunesse, là où vit Simon Quelen, qu'elle aime toujours, marié à Gwenaëlle dont il a un fils.
Elle retrouve également madame Ladon sa professeur de piano. Mais c'est surtout le lieu et toutes les réminiscences qu'il fait resurgir qui vont la reprendre, l'enlever à sa vie ancienne qu'elle va définitivement abandonner.
«Sur la falaise, immobile, le corps dans le vent, dans le ciel, elle redevient heureuse.
Elle écoute, en contrebas, la mer.
Elle ferme les yeux.
Alors, peu à peu, très loin, au fond d'elle-même, elle entend la fontaine de porcelaine qui versait l'eau bruyamment dans la cuvette en faïence de la chambre à coucher de sa tante.» p25

Les nuages se déchirent silencieusement les uns après les autres laissant passer de plus en plus de lumière.
Et cette lumière inonde la lande. p 40
(...) Elle aimait ce lieu. Elle aimait cet air si transparent, par lequel tout était plus proche. Elle aimait cet air si vif où tout s'entendait davantage. Elle éprouvait le besoin de reconnaître tout ce qu'elle avait vécu.
.... Elle aimait ce pays. Elle aimait cette grève si violemment escarpée, si noire, tellement raide, tellement à l'aplomb du ciel. Elle aimait cette mer. p 41
Son amour pour Simon la jette sur la lande qu'elle arpente, sur les roches, dans la grotte où elle descend le retrouver. Cet amour va la conduire à se fondre dans ce paysage où elle le guette et le regarde pêcher de loin, où elle le rejoint en l'observant.
«Au bord de la falaise, près d'un bloc de granite gris clair, tout chaud, qui conservait dans le crépuscule la chaleur du jour, couvert de lichen blanc et jaune, il y avait un buisson jaune.
(...) Parfois, il l'y rejoignait le soir.
Mais le plus souvent elle croyait qu'il l'y rejoignait. Et il suffisait qu'elle crût qu'il la rejoignait pour se mettre à lui parler, dans son coeur, sans finir, comme s'il était là, et lui raconter tous les événements du jour.» p 71

Et finalement après la mort de Simon elle va perdre cette fébrilité qui la lançait sur les chemins à sa recherche pour s'épurer de plus en plus. Simon et tout ce qui l'entoure ne font plus qu'un. «Il est devenu la baie»
Claire va d'abandon en abandon. Son regard pénètre au fond des choses qu'elle contemplent, sa vie s'intensifie. Elle atteint une sorte d'incandescence en se fondant dans l'âpreté et la beauté de ce qui l'entoure. En fait, elle-même le dit, ce sont aussi le paysage, les lieux qu'elle arpente jours après jours qui la façonnent, l'absorbent et la font leur une fois qu'elle s'est allégée.

«Un jour elle m'expliqua que le paysage, au bout d'un certain temps, s'ouvrait, venait vers elle et c'est le lieu lui-même qui l'insérait en lui, la contenait d'un coup, venait la protéger, faisait tomber la solitude, venait la soigner. Son crâne se vidait dans le paysage. Il fallait alors accrocher les mauvaises pensées aux aspérités des roches, aux ronces, aux branches des arbres et elles y étaient retenues. Une fois qu'elle était complètement vide le lieu s'étendait devant elle autant qu'il parvenait à s'étendre en elle. Les feuillages se développaient. Les papillons et les mouches et les abeilles commençaient à voleter sans peur. Un mulot avait surgi et s'était approché de ses genoux. Une chouette s'était posée sur une roche couverte de lichen jaune et ni l'un ni l'autre n'avaient ressenti de crainte ni de menace. C'était comme si elle n'était plus un être humain, comme si elle ne représentait plus, pour les autres êtres, le danger d'un être humain ou d'un prédateur, ou d'un destructeur. Les odeurs s'avançaient jusqu'à elle, toutes reconnaissables, plus opulentes -- de terre, de menthe, de noisetier, de fougère, de mousse.»

Les voix de Paul son frère, de Jean le curé («... je ne veux pas dire que Claire Methuen croyait, comme moi en Dieu. Peut-être aurait-elle préféré dire qu'elle dévisageait ce qui l'écrasait. C'est peut-être cela qu'on peut appeler exister. Puis elle cessa de dévisager ce qui l'écrasait. Peu à peu elle contempla ce qui l'écrasait.») et d'autres qui ont partagé sa vie ou l'ont observée dans ses errances sur la lande se croisent pour dire ce que fut Claire pour eux.

Ce livre est un retour aux origines, à la terre mère, de toute beauté. Je l'ai aimé plus que Villa Amalia. Ann dans villa Amalia me semblait évanescente, plus lointaine alors que Claire je l'ai ressenti profondément, comme une soeur, dans une «solidarité mystérieuse».
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