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3,88

sur 242 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Quel beau roman...
L'osmose entre les paysages de Bretagne et cet amour absolu dans une fusion poétique des descriptions m'a enivré d'embruns de tristesse, de surprise et compassion...

Le poids de l'enfance sur le type d'amour que l'on peut distiller adolescent puis adulte...


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Lire !

Une personne humaine lit.

Elle consacre une partie de son temps de vie éveillé à lire.

A lire un roman, un essai, une revue, une BD, un livre d'art, un tract, l'étiquette d'une boite de petit pois en conserve (private joke pour mon ami Gilles).
C'est un temps de « hors-là ». Que ce temps soit dans le transport en commun, dans un canapé, sur un banc public, une plage, une crique, un bar, un lit, ce temps n'est pas ici, il n'est pas là, il est « hors-là », il est dans des signes écrits.

Et cette personne est un être complexe, possédant un passé joyeux, douloureux, triste, mélancolique, exaltant, conscient ou inconscient ; possédant un présent de vie en un lieu concret animé de désirs, de peurs, de colères, d'envies, de jalousies, de gourmandises, de dégouts, de plaisirs. Pourtant elle lit.
Elle lit, ici, en ce moment plutôt que de se projeter, d'imaginer, de préparer, de calculer son futur, ou, au calme, accueillir son avenir toujours inattendu comme est l'avenir.

Elle lit.

Elle lit pour se distraire, avec tout ce que transporte l'idée de distraction. Elle lit pour provoquer des pensées inattendues, faire venir des questions qu'elle ne pensait pas se poser. Elle lit avec une attente quelle qu'elle soit.

Elle lit et continue d'appartenir à son milieu social, populaire, classe moyenne, petite bourgeoisie, bourgeoisie, aristocratie. Elle lit alors qu'elle est dans une vie, la sienne, dont elle ne connait pas la fin, pourtant elle lit et le livre qu'elle lit possède une dernière page, un dernier mot, un point final. Une fois refermé, il reste juste…

Que reste-t-il finalement ?

Un bon moment ?
Un oubli de soi momentanée ?
Des questions ?
Des milliers de questions peut-être ?
Et peut-être même une révélation, une transformation, une expérience inoubliable.

Eh, pourquoi ce préambule interminable pour parler des « solidarités mystérieuses par Pascal Guignard ». Pour écrire sur une histoire simple raconté à cinq voix. Une bête histoire d'amour chronologique et pourtant « dyschronique » ou chaque instant semble éternel.
Ce roman arrive dans ma vie, en synchronie avec une transformation physique (je vieilli), psychique (plus de souvenirs que de projets) et spirituel (le saut quantique de la foi vers Agapé).

Et je me demande si le roman que je viens de terminer est le même pour chaque lecteur, malgré le même enchainement de mots.
Le roman est inattendue, ou sourd l'avenir comme source sans cesse renouvelé et où le futur est enfin jugulé, tout cela dans le présent en étant PRÉSENT.
Évidement ce n'est pas un critique, mais juste un compte rendu d'expérience de lecture.

Posez vous un instant la question : pourquoi un tel compte rendu pour ce roman ?

Alors tentez l'expérience de cette même lecture et racontez-moi.

Bien à vous,

Tous.
Lien : https://tsuvadra.blog/2020/1..
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Les romans de Pascal Quignard égrènent une musique unique, qui leur est propre, une façon de conter et de dire très originale : le rythme des mots, des phrases, le choix d'alternance des descriptions de la nature avec l'introspection des personnages, souvent tout en questionnement au fond d'eux-mêmes, entrainent l'imagination du lecteur et la font s'envoler...

"Les solidarités mystérieuses" nous donne de rencontrer des personnages qui se doivent de vivre avec comme compagnons, la perte, l'absence, les amours interdites.
Comment évoluer entre la solitude consentie et même désirée, la possibilité d'une main maternelle adoptive et donc délibérée qui se tend, le quotidien aux côtés d'un frère parfois nié et qui finalement se révèle un roc où s'appuyer dans la tempête ?

C'est un récit de liberté, pourtant, et non de repli, un envol vers cette nature sauvage de la lande malouine et de ses environs, un regard bienfaisant posé sur sa faune et sa végétation, un récit des relations entre un frère et une soeur, seuls au monde, et qui se retrouvent, l'un prenant soin de l'autre en lui permettant de vivre sa liberté et l'autre protégeant l'un dans l'acceptation de ses sentiments tourmentés.

Des sonorités fragiles pour une escapade au sein d'une nature sauvage comme le sont les coeurs des personnages de ce roman. Pudeur et silences peuplent ces pages pour évoquer des sentiments trop forts, trop espérés, trop attendus, trop lourds à vivre...


Et si vivre, c'était se détacher ?
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Comme un écho aux mots d'Aragon: "Aimer à perdre la raison", Pascal Quignard raconte un amour fou, jusqu'à l'oubli de soi . L'histoire de Claire est déclinée au fil de 5 chapitres, 4 voix et un choral de fin, pour raconter sa vie et son amour pour Simon.
Le livre est fait de cette passion mais aussi de tout ce qui a pu maintenir Claire dans la vie malgré tout, alors que Simon n'y parvient pas. le récit vibre de la force puisée par Claire , dans la vigueur marine de la côte bretonne et dans l'amour de ses quelques proches. Ces solidarités mystérieuses qui tissent des liens forts, donnent lieu à de beaux portraits, celui de Paul le frère, celui de Madame Ladon, le professeur de piano. Elles élèvent également les paysages de cette petite portion de côte, entre Saint Lunaire et Saint Enogat, au rang de personnage à part entière, comme un écrin à vif, battu par les embruns, aux couleurs, aux lumières changeantes où l'amour se niche au creux des roches et des buissons, où la folie De Claire habite la lande avec un parfum de "Hauts de Hurlevent".
Un livre émouvant, tout en finesse.
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Les solidarités mystérieuses se sont deux êtres, un frère et une soeur, au destin brisé par une tragédie, qui restent liés à tout jamais.
Ce sont de très belles pages sur les êtres, leurs relations, la nature, la mer et la Bretagne.
J'ai été conquise par le style et l'atmosphère crées par Pascal Quignard. Un livre dont je n'arrivais pas à m'extiper.
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Structuré en cinq parties dont quatre donnent la parole aux personnages « chevilles », ce roman offre au lecteur l'histoire De Claire, la quarantaine, traductrice, revenue à Dinard à l'occasion d'un mariage. Elle ne repartira jamais. (Lorsque je dis « offre », j'insiste, car ce roman est un véritable cadeau).

Marie-Claire, Claire ou Chara, a peu connu ses parents, a été élevée chez un oncle, a passé une partie de son enfance avec Paul son frère dans cette Bretagne où se sont ancrés de très forts souvenirs. Il y a Simon, copain d'enfance et amour impérissable, il y a Mme Ladon professeur de piano, et il y a ceux qui vont rejoindre Claire, Paul, Juliette sa fille avec qui la relation est inexistante, et un cousin Philippe Methuen, puis ceux qui la rencontreront plus ou moins par hasard, le prêtre Jean, le Père Calève… tous parlent De Claire, une femme qui ne passe pas inaperçue malgré sa grande discrétion. Depuis la ferme de Mme Ladon, isolée et au confort rudimentaire, du matin jusque tard le soir, elle arpente en douceur la lande, s'imprègne de la beauté des lieux, se terre dans une grotte pour apercevoir Simon… Entre la nature et elle, c'est fusionnel. Entre elle et les êtres, se sont tissés des liens particuliers ; entre certains, naturellement, ce sont établies des « solidarités mystérieuses ».
Non seulement, j'ai rencontré des personnes attachantes et singulières, mais le désir de Bretagne, jamais enfoui, est réapparu encore plus prégnant.
Enfin, la sobriété et la poésie du style de Pascal Quignard diffusent tout au long de la lecture une ambiance feutrée, magique, lumineuse, une sorte de mélancolie doucereuse qui sourd toujours en moi.
GROS COUP DE COeUR !

Lien : https://mireille.brochotnean..
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Les écrits de Pascal Quignard sont comme une voix, un chant, un silence qui résonne. Sa langue si concrète et expressive captive et enchante. Un livre splendide.
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Les solidarités mystérieuses, ce sont ces liens invisibles qui nous attachent secrètement à des individus, à des existences, à des événements, mais aussi à des lieux. Ce sont ces noeuds qui, petit à petit, s'agglomèrent en nous et nous constituent : les premiers instants d'une vie, les traumatismes, les proches, ou encore l'environnement dans lequel nous évoluons.
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Lorsque j'ai vu le nom de l'auteur dans le rayon de la bibliothèque municipale, je n'ai pas hésité une seconde et je n'ai même pas pris le temps de prendre connaissance du résumé du livre ! Une fois de plus, je n'ai pas été déçue par l'auteur de "Villa Amalia", un chef d'oeuvre que j'avais lu, il y a quelques années déjà et qui m'avait profondément marquée !
J'ai d'ailleurs retrouvé dans ce livre, comme dans "Villa Amalia", une femme meurtrie et déconcertante.
A nouveau le thème de la fuite, du "lâcher prise" et du retrait de la vie sociale avec ce goût de Pascal Quignard pour le dépouillement.
La mer est à nouveau présente aussi. Ce n'est certes plus le bleu et la lumière de la baie de Naples mais les nuances de gris de la Bretagne... (Ces deux régions sont, de surcroît, chères à mon coeur...)
Mais que ce soit à Naples ou en Bretagne, nous nous retrouvons pendant des heures à regarder la mer en plein vent, avec le bruit des vagues, la mer bruyante et immense qui vient , se retire et avance à nouveau... La mer et la nature en parfaite fusion avec Claire (ou avec Ann)... On y retrouve aussi le thème récurrent de la maison au bord de l'eau... Faut-il y voir le besoin de l'éternel retour ou l'affirmation d'une renaissance qui n'est possible qu'après avoir pu regrouper les pièces éparses de son passé ?
Ce n'est pourtant pas un retour, ni un échec mais une évolution, une métamorphose, une fuite pour se réinventer... En effet, Claire, à quarante ans, décide de quitter Paris pour se réinstaller en Bretagne où elle a vécu autrefois... Elle se lie, comme jamais elle ne l'avait fait, avec son frère Paul et va retrouver sa fille et son amour de jeunesse...

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Claire revient au pays, vers Dinard, pour le mariage de sa cousine, Mireille Methuen, fille de la tante qui l'a élevée. Sur le marché, elle rencontre Madame Ladon, Fabienne qui lui donnent des nouvelles. Et puis, il y a Simon, l'amour, l'adoré, le jamais oublié. En le rencontrant, elle retrouve sa passion intacte, voire exacerbée par les années d'absence. Pourtant, rien ne se fera comme elle aurait tant voulu. Simon est marié, père d'un garçon handicapé et… Il ne les quittera jamais, jusqu'à ce que la mort le prenne un beau matin sur son bateau. Elle a tout vu et sait… ou imagine.
La mort ne les a pas séparés. « A partir de la mort de Simon ce fut la paix. Une paix étrange, totale, vint sur Claire. Une paix inentamable atteignit Claire. Il en est allé ainsi de tous les jours qu'elle vécut à partir de là. Tout était accompli et elle survivait simplement à cet accomplissement. » Elle vit avec Simon. Il est dans les herbes et les ajoncs qu'elle foule de ses pas tranquilles ou nerveux. Il est dans les nuages, la tempête. Bref, il est avec, en elle. « Chaque soir c'est le même rêve : elle rêve qu'elle vit avec lui, elle lui raconte sa journée. Elle lui fait part des évènements du jour et lui demande ce qu'il en pense. »
C'est décidé, elle reste. Son frère vient vivre avec elle. A la mort de leurs parents, ils ont été séparés. Elle chez les parents de Mireille, lui en pension. « Il y avait entre eux une harmonie qui était étonnante à voir… c'était magique… »
La vie De Claire, ce sont les autres qui en parlent. Son frère Paul, « Je pense que ma soeur était un chemin perdu au-dessus de la mer ». Juliette sa fille, le prêtre Jean… Un livre polyphonique difficile à résumer ; un livre où le non-dit est érigé en maître mot. Ce qui frappe est de voir que personne n'a la clé De Claire, personne ne la comprend entièrement. Pourtant, l'impression qu'elle manque à tous. Les descriptions sont superbes. Je marche dans la lande bretonne au rythme des pas De Claire et des mots de Pascal Quignard. Claire aime sa lande, aime sa Bretagne. La nature la soigne la guérit, lui permet de rester debout. Elle est la roche sur laquelle elle se pose, le goéland qu'elle regarde voler, l'herbe et les fleurs où elle se couche. C'est bien simple « Elle s'était mise à sentir, en vieillissant, une odeur douce de sueur, de foin, de sel, d'iode, de mer, de granite, de lichen.»
J'aime ce titre « le solidarités mystérieuses ». Voici la définition qu'en donne Pascal Quignard : « Ce n'était pas de l'amour, le sentiment qui régnait entre eux deux. Ce n'était pas non plus une espèce de pardon automatique. C'était une solidarité mystérieuse. C'était un lien sans origine dans la mesure où aucun prétexte, aucun événement, à aucun moment, ne l'avait décidé. Bien sûr ils avaient partagé des scènes cruelles, partagé des deuils, quand ils étaient enfants, ils avaient pleuré l'un à côté de l'autre, mais jamais un pacte n'avait été prémédité et conclu entre elle et lui. »
L'écriture de Pascal Quignard m'enchante toujours autant. Quelle élégance, quelle belle façon de nous parler de la complexité des rapports humains. Je suis encore sous le charme de ma lecture.

Lien : http://zazymut.over-blog.com..
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