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sur 1201 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Les jardins sont effroyables, les grenades sont touchantes, comme le dit Guillaume Apollinaire dans « Les grenadines repentantes ». La grenade « fruit » et la grenade « arme », les jardins douceurs devenus effroyables jardins, quand ils se transforment en fosses et en tranchées. Douceur et douleur cohabitent car « La vie est une grenade ».

Le récit de l’enfance du narrateur, qui ressemble à une fable, est inséré dans une histoire plus grande ; l’évocation du procès de M. Papon. La petite histoire s’insère dans la grande. Une histoire de héros ordinaires et modestes qui ont lutté contre la barbarie.

Une fable avec ce soldat allemand ; Wicki, n’ayant trouvé comme arme, contre la haine et la violence de ses supérieurs, que la dérision. Avec son personnage de clown il proteste et clame sa différence. Il se déclare homme car il fait rire, et le rire est le propre de l’homme. De merveilleuses grimaces plutôt que des grenades.
« Qui fait le clown fait l’homme», rester humain face aux bêtes sauvages, aux barbares, les déstabiliser, les humilier, les singer.

Une fable, car la délivrance des otages est miraculeuse. Elle ajoute deux héros ordinaires à l’histoire ; Nicole et l’électricien de la gare de Douai.

André, Gaston, Emile et Henri, dans la fosse, en-dessous de ce soldat clown, sont d’abord révoltés par son comportement moqueur et déplacé. Puis ils comprennent. Ils comprennent qu’eux aussi sont des hommes, qu’ils ne sont pas des bêtes en train de croupir au fond d’un trou, à la merci des exterminateurs.


La morale de cette fable est qu’il ne faut pas oublier et refuser le manichéisme.

Le narrateur a bien compris cette leçon d’humanité et ce devoir de mémoire. Il a évolué au fil du récit. Le long discours de Gaston le transforme. Il comprend que derrière le personnage de clown de son père, se cache un héros. Un héros qui rend hommage au soldat allemand Wicki. Il reconnait la grandeur des personnages de sa famille. Ce sont des héros, dont la petite histoire s’inclut dans la grande Histoire.

À son tour il fera le clown, pour témoigner en leur nom, pour leur rendre hommage.

« De mon mieux. Je ferai le clown de mon mieux. Et peut-être ainsi je parviendrai à faire l’homme, au nom de tous. Sans blâââgue ! »
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Je viens de relire ce livre, dans l'impression de ne pas m'en être imprégnée assez lors de ma première lecture il y a quelques semaines. Quel titre magnifique, tiré du poème d'Apollinaire « Les grenadines repentantes » (Calligrammes): « Et que la grenade est touchante, Dans nos effroyables jardins ». Un jeune garçon, honteux de son père instituteur qui se déguise dans ses temps libres en clown auguste, entraînant toute sa famille avec lui dans ses déplacements, se voit raconter un épisode de la jeunesse de ce dernier, alors dans la Résistance, qui l'amènera à changer profondément son regard. Ce court roman de moins de cent pages m'a beaucoup touchée, et m'a laissée à la fin la vue brouillée, émue de tout cet amour.
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En peu de pages, Michel Quint nous offre le livre de tous les courages... de ceux qui se taisent lorsque le danger est passé.
A quoi riment ces clowneries dont l'enfant, dans sa compréhensible incompréhension, a honte?
Quand le moment viendra et que l' enfant sera en âge de comprendre, l'un des protagoniste d'un épisode survenu pendant la guerre lui racontera. Lui dira quand, au fond d'un trou...
Après son père, l'enfant revêtira une fois adulte - et pour une occasion exceptionnelle - le costume du clown.
Bien peu de pages, mais suffisamment pour qu'une ritournelle de clown nous habite la mémoire.
Alors, merci Monsieur Quint.
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Honte à moi, j'avais oublié d'inscrire ce livre majuscule, malgré son format minuscule dans ma bibliothèque ! Michel Quint, veuillez me pardonner cet oubli...
Ce livre, je l'ai lu dix foiś vingt fois, peut-être plus, je ne sais plus. Ce livre m'a accompagnée presque une année entière, lors d'une période difficile à traverser, et il m'a aidée car je me disais "relativise et regarde ce qui se passe autour de toi".
Il y a des livres compagnons qui sont autant d'étais.

L'histoire, bien sûr, vous la connaissez. C'est l'histoire de Lucien qui trouve ridicule la passion de son père de se déguiser en clown pour le plaisir des enfants. Ce père, il le méprise à ces moments là. Son oncle, Gaston, qui l'observe, va alors lui confier le secret du rôle endossé par son père...

C'est un petit livre mais un vibrant hommage aux résistants de tous côtés, lors de la Seconde Guerre mondiale. C'est une belle leçon d'humanité dans laquelle les salauds ne sont pas toujours ceux auxquels on pense. C'est aussi une belle histoire dans laquelle un père, petit clown triste, se révèle être un grand héros et aux yeux d'un fils cela n'a pas de prix.
Enfin de ce livre, si je devais ne retenir qu'une phrase, ce serait celle-ci : "Consentir à autrui le pouvoir de vie et de mort sur soi, ou se croire si au-dessus de tout qu'on puisse décider du prix de telle ou telle vie, c'est quitter toute dignité et laisser le mal devenir une valeur".
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Lucien est somme toute un adolescent comme les autres. du haut de ses certitudes, il méprise sa famille et surtout son père qui lui fait honte. Au lieu de se contenter d'être un instituteur respecté et aimé de ses élèves, ce père aime à se déguiser en clown et à se produire dans les petites fêtes de quartier ou les anniversaires. Il pousse même le vice jusqu'à embarquer sa petite famille dans ses virées et Lucien assiste, honteux et déconfit, à ses numéros d'artiste de cirque pas très doué. Mais un jour sa vision des choses va changer, le jour où son oncle Gaston lui confie un souvenir de guerre....


Non, la résistance, ce n'était pas que De Gaulle et Jean Moulin. Non, la résistance, c'était aussi monsieur et madame tout le monde, refusant l'occupation allemande et se découvrant de la fougue et de la bravoure au moment de passer à l'acte.
Mais ça à la limite, on le savait déjà....
Alors ce qui bouleverse dans ce court roman ( cette nouvelle ? ) de Michel QUINT, c'est de nous faire découvrir que sous l'uniforme allemand, il y avait aussi des hommes avec un coeur, des convictions, le sens de la justice.
Ode à l'amitié, au courage, au sacrifice, à la famille, Effroyables jardins est surtout un hymne à l'Humanité avec un grand H.
Tout en pudeur et en retenue, plein de tendresse, concis mais profond, ce livre est à mettre entre toutes les mains.
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« Consentir à autrui le pouvoir de vie et de mort sur soi, ou se croire si au-dessus de tout qu'on puisse décider du prix de telle ou telle vie, c'est quitter toute dignité et laisser le mal devenir une valeur. »

Quelques pages et je suis bouleversée. Ce roman est d'une force incroyable. L'histoire fait référence à la seconde guerre mondiale et à ses atrocités, mais il faut que les nouvelles générations le lisent de toute urgence car il transcende le temps.

Ce livre est dédié à la mémoire de son grand-père, de son père et à celle de Bernhard Wicki. Ce dernier, d'origine suisse et autrichienne né en 1919 est mort en 2000. « Pardon d'être, avec cet uniforme, du côté du mal ! »

« Mon père était le plus triste des clowns tristes. »
L'histoire est racontée par un petit garçon qui a honte de son père et ne comprend pas pourquoi, alors qu'il est instituteur, son père se déguise parfois en Auguste et se produit lors des goûters de Noël, les fêtes de fin d'année et revient « de ses prestations bourré de reconnaissance liquide et satisfait d'être ivre par devoir. » Puis un jour son oncle lui narre une histoire qui remonte à leur jeunesse. Il va découvrir un pan entier de son histoire familiale.

J'ai adoré, mieux j'ai dévoré ces quelques pages. La prose de Michel Quint, tendre et belle, m'a fouetté l'âme et saturé les canaux de pluie, un livre « ...D'amour. A bien y resonger, oui copiant Charlot, il mourrait surtout d'amour. »
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Il suffit parfois de quelques pages, de quelques lignes pour dire l'inénarrable, pour raconter l'inracontable. Effroyables jardins de Michel Quint fait partie de ces textes qui vous accompagnent . Quelques pages et le regard porté par un enfant sur son père instituteur qui sans arrêt se grime en Auguste va changer lorsqu'il apprendra le pourquoi du comment.
Quelques pages inoubliables écrites au soir du procès de Maurice Papon pour que le temps n'efface rien .Un texte à couper le souffle ....
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Les vers d'Apollinaire mis en exergue par Michel Quint dans ce très bref roman prendront tout leur sens au fur et à mesure de la lecture. Si l'oxymore du deuxième vers se dévoile immédiatement, il faut faire jouer la polysémie de « touchante » pour apprécier le premier :
Et que la grenade est touchante
Dans nos effroyables jardins.
Michel Quint va sans cesse jouer sur les oppositions dans ce très court et si riche roman : le narrateur adulte et l'enfant qu'il était, l'admiration pour le père instituteur et la honte de l'auguste, la langue classique du narrateur et celle patoisante de Gaston, les certitudes de l'enfant et ses doutes après les révélations de l'oncle, etc. J'ai découvert dans la magnifique dédicace que Bernhard Wicki est un personnage bien réel ; de là à penser que cette belle et émouvante histoire s'appuie sur un fond de vérité, il n'y a qu'un pas. Une histoire magnifique que je vous conseille vivement de lire, même si vous avez vu le film…
***
Le challenge Riquiqui m'incite à puiser dans des formats vers lesquels je me tourne peu habituellement, et je lui dois déjà trois belles découvertes depuis le début de cette année. Merci @Gwen21 !
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Mai, joli moi de mai, qui commence si bien en ce "Jardins".
Comment Quint peut-il dans un récit aussi court, concentrer autant de personnages héroïques et révéler autant d'humanité ?
Dans ces Jardins ce ne sont pas des nains qu'on croise mais des géants.
Écrit avec l'accent de Céline, cet Effroyables jardins nous fait rencontrer des anges en enfer, sans manichéisme ni grandiloquence.
Un ouvrage digne d'être mis au Panthéon des lectures scolaires et en rappel aux adultes, pour entretenir la mémoire des heures sombres de notre histoire contemporaine éclairées par des anonymes.
D'Effroyables jardins, ou il fait bon se sourcer et ressourcer !
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Une courte histoire très touchante et émouvante.
Ne jamais se fier aux apparences. Ne pas juger les gens sans les connaître. Derrière chaque personnes il y a des sentiments, un vécu, une passé.
On peut être un héros mais ne pas le crier sur les toits, rester humble et oeuvrer pour rendre la vie des autres plus belle, sans que ces derniers en prennent conscience.
Le rire, arme fabuleuse et ingénieuse quand on rien plus rien à perdre..............
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