AVANT WAGRAM !
Que voilà un superbe roman !
Pour la plupart d'entre nous, l'épopée napoléonienne se résume à des avenues à acheter au Monopoly. Ou à une série de victoires. Des noms donc. Et plus spécifiquement des noms propres. Mais derrière ces noms, il y a des hommes…
Ce roman conte l'histoire de ces hommes.
Ces hommes qui ont suivi l'un d'entre eux, exceptionnel, qui se voulait l'égal des empereurs romains et sur lequel tout a été écrit : NAPOLEON.
Ces autres hommes célèbres ou anonymes qui ont accompagné l'empereur aux quatre coins de l'Europe.
Ces hommes qui ne savaient jamais de quoi demain serait fait, puisque demain il y aurait une nouvelle bataille, puis une autre, et une autre encore…
Ce récit est celui de
la bataille d'Essling, à proximité de Vienne.
Autour de NAPOLEON des centaines de milliers d'hommes se meuvent dans un semblant d'ordre.
P. RAMBAUD décrit à merveille la mécanique guerrière et le mouvement brownien dont on ne parle jamais. le « train » qui coûte-que-coûte doit sécuriser la logistique des bataillons. Les « sapeurs » qui en permanence font l'impossible pour permettre aux troupes d'avancer. Sur le Danube en crue, c'est d'un pont dont il s'agit. Les « chirurgiens » qui amputent à tour de bras.
Mais certains de ces hommes qui échappent aux balles, baïonnettes et boulets se comportent aussi en monstres. Entre deux batailles, ils pillent, volent, violent et tuent. Avec toujours le même leitmotiv. Demain nous pouvons être morts, alors récoltons ce que nous avons gagné.
Dans ce magma de sentiments, une multitude d'histoires personnelles se nouent. le paysan pense à ses moissons et sait repérer le passage à-guet. L'aristocrate regrette son château, sa femme et sa maîtresse. le jeune officier fond devant l'ingénue croisée. le maréchal impose sa faconde et ses méthodes peu orthodoxes. Tout le monde s'aime, se déteste, s'épuise.
Et NAPOLEON ? Ses manies, son instinct, son charisme envahissent tout. Il est celui qui remue cette multitude. Devant ce petit homme, tous oublient leurs contingences. Tous se rallient à lui. Il est celui qui fait basculer le sort de
la bataille. Mais seul il n'y arriverait pas. Encore une fois, ce sont ses hommes, avant tout les sans-grades, puis les gradés et tous ceux qui les accompagnent, qui permettent de traverser les fleuves de 800 mètres, la mitraille autrichienne et la fatalité.
Conclusion : à chaque bataille son bouillonnement intense – ce ferment agrège une multitude d'histoires personnelles qui, à un moment donné, convergent et finissent par se fondre dans une dynamique unitaire : survivre ! -
la bataille, c'est avant tout un hymne à la vie – en attendant Wagram…
P@comeux - 2014/08 ©