El Bimbo produisit un son fort et saccadé, comme s’il riait. Son dompteur en fut fort amusé :
— Elle est bien bonne, ton histoire. J’espère que tu en as d’autres comme celle-là. Mais fais toujours attention quand tu t’approches d’El Bimbo. Il faut qu’il t’entende et te voie de loin. Il reconnaîtra ta voix et ton odeur. Et ne te laisse surtout pas marcher sur les pieds !
Ed était fier de lui, mais le gros du boulot restait à faire.
— Prends la pelle à l’arrière de ma roulotte et ramasse-moi ça, dit Yvon en désignant alternativement un tas brun entre les pattes arrière de l’animal et un tas verdâtre entre les pattes avant.
— Et je mets ça où ? demanda Ed avec dédain.
— Dans tes poches !
Devant la mine déconfite du jeunot, le dompteur d’éléphants s’empressa de le rassurer :
— Ou bien à la flotte, si tu préfères.
Ed s’acquitta de cette première tâche parmi de nombreuses autres qu’il aurait à faire à titre d’homme à tout faire du cirque. Au moins, cela signifiait donc qu’il était un homme désormais !