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EAN : 9782075170468
Gallimard Jeunesse (17/08/2023)
4.23/5   66 notes
Résumé :
Lorsque Silas Bird se réveille au milieu de la nuit, il regarde, impuissant, trois inconnus emmener son père. Silas est secoué, effrayé et seul, à l'exception de la présence de son compagnon, Mittenwool. . . qui se trouve être un fantôme. Mais alors un poney mystérieux se présente à sa porte, et Silas sait ce qu'il doit faire. Ainsi commence un voyage périlleux pour retrouver son père - un voyage qui le reliera à son passé, son avenir et le monde inconnaissable qui ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (21) Voir plus Ajouter une critique
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Ohio, 1860. Pourquoi des truands sont-ils venus enlever le père de Silas ? Que lui veulent-ils, est-il en danger ? Et que fait ce poney sur le seuil du logis ? Silas n'écoute que son courage et se lance sur les traces de son père, dans un vrai décor de western.

Après le magnifique Wonder, R.J. Palacio signe un roman aussi beau que singulier. Merci à livresdavril de nous avoir donné envie de le lire à voix haute ! La quête de Silas met l'intrigue sous tension mais, pourtant, le roman semble flotter dans une sorte de quatrième dimension qui n'appartient qu'à lui. Son étrangeté, à commencer par l'histoire incroyable de ce garçon rescapé de la foudre ou la présence de l'énigmatique Mittenwool à ses côtés, pique la curiosité. Cela crée une tension qui n'a rien à voir avec les cliffhangers pourtant redoutables qui ponctuent le récit. L'autre question qui nous taraude, à la lecture de ces pages, concerne ce père disparu : qui est-il vraiment ? R.J. Palacio brosse un portrait tout en facettes et nuances, celui d'un homme curieux et inventif, aimant et déterminé – l'une des plus belles figures de pères qu'il nous a été de rencontrer lors de nos lectures du soir.

L'arrière-plan historique donne de la densité, de la profondeur. le contexte est celui des États-Unis au bord de la guerre de Sécession et à l'aube de la révolution industrielle. L'autrice est allée jusqu'à infuser son texte de réflexions issues des lectures qu'un garçon comme Silas aurait pu partager avec son père en cette deuxième moitié du 19ème siècle, des mythes grecs aux écrits de Fénelon en passant par les légendes arthuriennes.

Chemin faisant, le garçon grandit, le mystère se dissipe et l'émotion nous étreint. Il y a des peurs terrifiantes, du rêve (imaginez avoir quelqu'un comme Mittenwoll ou un animal comme Pony à ses côtés !), des tonnes de tendresse et de mélancolie, de vrais coups au coeur.

Puissant !
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A Bonneville dans l'Ohio, le père de Silas Bird a mis au point un nouveau système de photographie sur du papier au lieu du daguerréotype et il connaît un grand succès commercial. Un soir, trois hommes, Rufe Jones, Seb et Eben Morton viennent chercher Martin Bird en l'appelant Mac Boat pour l'emmener chez leur patron, Roscoe Ollerenshaw pour participer à leur activité de faux-monnayeurs.

Silas se retrouve seul avec son ami imaginaire, un fantôme appelé Mittenwool ; ensemble, ils harnachent le poney qui a fui les faux-monnayeurs et partent à la recherche de Martin Bird. Silas rencontre dans la forêt le Marshall Enoch Farmer, policier fédéral à la recherche de Roscoe Ollerenshaw et du faux-monnayeur le plus célèbre des Etats-Unis, le dénommé Mac Boat. Silas va ainsi être guidé vers Desimonde Chalfont, le courageux shérif de Rosasharon et son acolyte, Jack Beautyman.

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Raquel Jaramillo Palacio, plus connue sous le pseudonyme de R.J. Palacio, est une romancière et graphiste américaine née le 13 juillet 1963 à New York. Née de parents colombiens, R.J. Palacio est diplômée de la Parson New School for Design et ancienne directrice artistique dans l'édition. Elle est connue pour avoir écrit Wonder en 2012. Un jour, devant un marchand de glaces, R.J. Palacio rencontre un enfant hors du commun qui lui inspirera Wonder. Ce dernier est publié en 2012 aux Etats-Unis puis dans 45 autres pays et vendu à plus de treize millions d'exemplaires dans le monde et adapté au cinéma avec Julia Roberts et Owen Wilson en 2017. Elle vit à Brooklyn avec son mari et ses fils.

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Quelle merveille !

R.J Palacio maîtrise tous les codes du roman pour la jeunesse. Elle crée ici un monde de western avant la guerre de Sécession dans l'Ohio et imagine la chasse au trésor d'un jeune orphelin. le jeune garçon parcourt les immensités sauvages des Etats-Unis, il va être aidé dans sa quête par des policiers qui luttent contre les voleurs. Les aventures se succèdent à un rythme étourdissant jusqu'à l'affrontement inévitable entre les bons et les méchants.

Au delà, à travers le portrait des différents personnages, R.J Palacio partage aussi l'histoire des Etats-Unis, le combat entre les abolitionnistes et les esclavagistes, les prémices de la guerre de Sécession, la conquête de l'Ouest et le massacre des Indiens mais aussi les progrès techniques et les découvertes scientifiques.


R.J. Palacio ajoute une dimension fantastique au roman avec le don du héros à voir les fantômes, cet artifice lui permet tout d'abord de donner une voix à toutes les victimes de la conquête de l'Ouest mais aussi de renforcer le suspense de l'intrigue en perdant le lecteur sur la vérité tangible de certains personnages ; enfin, R.J. Palacio célèbre ainsi l'amour qui perdure au-delà de la mort. En effet, la quête du héros est avant tout une recherche de la vérité sur ses origines et l'histoire de son père, R.J. Palacio nous intrigue puis nous surprend et enfin nous émeut profondément avec ce secret de famille enfoui dans les méandres des esprits.

Enfin, R.J. Palacio truffe son roman de références à la littérature de jeunesse, elle en connaît l'histoire et les chefs-d'oeuvre. le jeune héros a été bercé dans son enfance par les romans classiques de la littérature pour la jeunesse, notamment anglais mais aussi par Les aventures de Télémaque de Fénelon, le premier roman pour la jeunesse publié en France en 1699. R.J. Palacio joue avec les références et les citations pour le plus grand plaisir du lecteur.

Le roman est publié avec des reproductions de daguerréotypes collectionnés par R.J. Palacio qui donnent un visage émouvant aux héros, portraits d'Américains anonymes oubliés par le temps.

Coup de coeur.
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R. J. Palacio avait su m'emouvoir (comme beaucoup d'autres lecteurs) avec l'histoire d'August, son héros au visage difforme de "Wonder".
Il est toujours intéressant de voir comment un auteur poursuit son oeuvre après un si grand succès. Si Silas a sensiblement le même âge que son héros précédent, tout le reste diffère, et c'est très bien ainsi ! Époque, contexte familial, enjeux... R. J. Palacio ne se repose pas sur ses lauriers et s'est beaucoup documentée pour ce projet, ainsi qu'elle l'explique dans la postface.

Bien qu'ils soient rapidement séparés, la relation entre Silas et son père est extrêmement touchante. Peut-être le plus beau duo d'une histoire qui en compte pourtant beaucoup ! Tout ces "binômes" ont une dynamique différente et apportent de la complexité aux personnages. Celui formé par le shérif et son adjoint est particulièrement réussi.
D'autres présences sont plus discrètes mais tout aussi importantes : la mère de Silas, Mittenwool et Pony.
Comme il donne son nom au roman, je m'attendais d'ailleurs à ce que cet étonnant poney à tête blanche ait un rôle plus important. Mais dans ce récit, les personnages effacés ont un rôle à jouer et font preuve d'un soutien indéfectible.

Et puis cette histoire étant un pur western, il fallait bien une monture à notre héros ! Car il va vivre nombre d'aventures, faire des rencontres pas toujours amicales, mais grandir et faire des découvertes sur son histoire familiale. Il est aussi question de photographie, qui illustre à la fois la marque que les absents peuvent laisser dans nos vies une fois disparus et la difficulté de connaître toutes les facettes de nos proches. le parallèle, subtil, est très bien vu.

J'ai aussi aimé cette quête à cheval, les paysages grandioses, les daguerréotypes qui ouvrent les chapitres et la petite étrangeté insufflée par l'auteure. Elle bouscule les attentes de ses lecteurs pour mieux s'éloigner des clichés du genre.
Mille mercis aux éditions Gallimard de m'avoir permis de découvrir ce roman !
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R. J. PALACIO. Pony. ( Raquel Jaramillo PALACIO)

Une couverture qui interpelle : un jeune garçon chevauche un cheval. La silhouette de ce petit cow-boy ressemble beaucoup à celle de Lucky Luke, héros de nombreuses B.D. de MORRIS.

Nous sommes dans les années 1860 dans l'état de l'Ohio, aux Etats-Unis. Silas Bird vit avec son père, dans une cabane isolée. Une nuit, son père est enlevé par trois cavaliers, Rufe Jones, Seb et Even Morton. Ces derniers doivent le mener auprès de Roscoe Ollenrenshaw, abandonnant Silas seul. Mais au matin, un cheval attend l'enfant devant la porte. Silas se hisse sur son nouveau compagnon, suivant les conseils de son ami imaginaire, Mittenwoll. Ce courageux garçon se lance à la poursuite des ravisseurs de son père, n'ayant plus qu'un objectif : le délivrer. Pourquoi cet homme a-t-il été kidnappé ? Quel est le motif de ce rapt ? Les hommes ayant enlevé Martin Bird l'ont appelé : Mac Boat ? Y-a-t-il erreur de personne ? Martin est un photographe et il a découvert un nouveau procédé, bien utile aux faux monayeurs.

Silas va traverser d'immenses espaces et suivre les traces des fugitifs. Ce merveilleux cheval à tête blanche, « Pony » est une belle et bonne monture pour notre petit héros. Défiant les pièges tendus par les hors-la-loi, notre téméraire cow-boy, accompagné de shérifs va tenter d'approcher la cache des malfaiteurs. Pourra-t-il délivrer son père ?

Un roman initiatique, un hymne à l'amitié, l'entraide, un récit plein de tendresse, de douceur. La magie se mêle à cette grande quête. de l'amitié, de la féerie, de l'humanité et beaucoup d'amour filial. Les fils du passé, l'ombre bienveillante de la mère du garçon qui veille sur Silas, vont faire grandir ce garçon. Toutes les rencontres, plus ou moins amicales participent à son émancipation. Un roman d'aventures, dont chaque chapitre s'ouvre sur un daguerréotype des années 1860, qui, je pense passionnera nos adolescents de 10-12 ans. Ces vastes espaces parcourus sur « Pony » leur permettront de s'évader, d'imiter lLucky Luke et Jolly Jumper. Bonne lecture.
( 15/09/2023).
Lien : https://lucette.dutour@orang..
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Silas et Martin Bird vivent aux abords de Boneville. Orphelin de mère, Silas a grandit dans la chaleur de l'amour paternel et dans l'affection de Mittenwool, être spectral qu'il est le seul à voir. Cette faculté de converser avec une entité aussi mystérieuse qu'invisible, en fait un être à part, moqué des autres enfants et des adultes, aussi étroits d'esprits qu'insensibles à la différence.
Martin Bird officie comme bottier, mais il est surtout connu pour inventer des objets qui facilitent le quotidien. C'est le procédé qu'il a mis au point et qui permet d'imprimer l'image sur du papier plutôt que sur une plaque de cuivre qui attire l'attention de Roscoe Ollerenshaw, faux-monnayeurs recherché, qui espère bien améliorer la qualité de ses faux billets. Père et fils sont séparés et commence pour Silas une grande aventure.
Porté par le cheval qui a fuit les brigands qui ont emmené son père, Silas parcourt les paysages immenses de l'Ohio, bientôt accompagné par le Marshall Enoch Farmer. Au travers de leur voyage, c'est tout un pan de l'histoire américaine qui nous est contée alors que la Guerre de Sécession est sur le point d'éclater. du massacre des Indiens à la conquête de l'Ouest par les européens, en passant par le combat contre les esclavagistes, l'auteure donne une voix aux victimes de ces combats au travers de la faculté de son héros à communiquer avec les fantômes. Mais au-delà de la guerre, il est aussi question de progrès et de découvertes scientifiques. Nous sommes à l'aube de la Révolution Industrielle et des changements majeurs qui en découlent.
Dans Pony, le lecteur trouvera tous les codes du western et du récit initiatique au travers du parcours de Silas, de ses rencontres et du combat inéluctable entre les bons et les vilains. Mais c'est aussi et avant tout une ode à l'amour, celui qui se poursuit au-delà de la mort et qui trouve ici son apogée dans la relation père-fils. Bien qu'ils soient séparés, le récit se nourrit des souvenirs ou anecdotes de Silas et Martin. Ils aident le jeune garçon à garder le cap et à croire en ce père dont l'histoire se dévoile peu à peu, le poussant à affronter l'histoire de ses origines.
Comme on le découvre en postface, R.J. Palacio collectionne les daguerréotypes dont certains portraits d'anonymes viennent ouvrir chacune des onze parties qui composent son roman. Ils servent à donner un visage à ses personnages et d'une certaine manière, ils viennent les ancrer dans la réalité en les rendant plus tangibles. Je trouve ce procédé intéressant car la dimension fantastique de son roman joue justement sur la notion de vie et de mort, en confrontant le héros aux âmes restées sur place et en questionnant le lecteur sur la réalité des personnages qui entourent Silas.
Autre fait intéressant, le récit est ponctué de citations ou de références à des classiques de la littérature classique notamment autour des mythes grecques, le roman préféré de Silas étant Les aventures de Télémaque de Fénelon. Si elles servent intelligemment le récit, elles viennent aussi renforcer la nuance entre le réel et l'irréel, Silas prenant conscience au fil de son voyage qu'il a grandit dans un monde très protégé mais complètement déconnecté de la réalité. Cela rend son personnage d'autant plus intéressant et lui donne plus de profondeur.
Pony me permet enfin de découvrir une auteure dont je n'avais encore rien lu, une auteure qui écrit avec l'intelligence de l'esprit et du coeur. Pony est un énorme coup de coeur, un de ces textes qui m'a fait vibrer d'émotions et n'a pas manqué de m'arracher une petite larme.

Lien : https://sirthisandladythat.c..
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
J’ai passé de nombreuses années à me documenter pour ce livre, et j'espère que cela ne se sent pas trop. Les miens vous diront qu'en dehors de chez moi, je ne suis jamais aussi heureuse que dans un magasin d'antiquités. Les objets anciens, avec toutes leurs égratignures et leurs charnières cassées, m'émeuvent profondément. Je les considère moins comme des vestiges du passé que comme des voies qui y mènent : je peux presque entendre les histoires qu'ils ont à raconter. Ce roman est le fruit de mon goût pour ces reliques et du récit d'un rêve que mon fils aîné m'a rapporté d'une manière vivante et animée, comme seul sait le faire un enfant de douze ans. Son rêve de garçon au visage à moitié rouge, par des voies détournées, a produit l'étincelle à l'origine de mon récit.
Les objets eux-mêmes se sont également faufilés entre ces pages. Depuis que j'ai reçu, en classe de cinquième, mon premier Pentax K1000, je me suis intéressée à la photographie et, depuis l'adolescence, je collectionne les daguerréotypes, les ambrotypes, les ferrotypes et des albums entiers de l'époque victorienne remplis de portraits sur carton. J'ai illustré les têtes des premiers chapitres de daguerréotypes et d'ambrotypes pour la simple raison qu'ils ont nourri mon inspiration pour plusieurs personnages, physiquement et, dans une certaine mesure, mentalement. N'ayant pas de négatif, un daguerréotype constitue un souvenir unique qui, dès qu'il n'est plus en possession de son dépositaire, devient une relique anonyme d'un autre temps. Il n'y a aucun moyen de savoir qui étaient ces personnes. Voilà peut-être pourquoi elles m'envoûtent autant et pourquoi je ne peux m'empêcher d'imaginer l'histoire de leur vie. Le daguerréotype placé au début du livre, par exemple, résume à lui seul l'intrigue de ce roman. Un jeune père. Un bébé, son fils. Pas l'ombre d'une mère dans l'image. Certaines photos en disent plus long que mille mots. Certaines plus que soixante mille.
Mon amour de la photographie ne se limite toutefois pas à l'image. Je suis fascinée par l'ensemble des procédés, aussi bien par le dispositif physique des appareils que par les prodiges de la science à l'œuvre dans ces manipulations. Le travail de documentation préalable à l'écriture m'a amenée à m'inscrire à un cours de photographie dite « au collodion humide » à la Penumbra Foundation à New York. Grâce à tout ce que j'y ai appris, j'ai compris en quoi consistaient les procédés anciens et le fonctionnement d'une chambre noire.
L'histoire de la photo est aussi passionnante qu'un thriller. Comme dans celle de toutes les sciences, les péripéties ne sont pas linéaires. Elle se présente comme une suite complexe et nuancée d'étapes jalonnées par des découvertes et inventions révolutionnaires qui se font en même temps aux quatre coins du monde. Il suffit ainsi de consulter le Bulletin annuel découvertes scientifiques de 1859 pour se rendre compte que plusieurs grands esprits à travers l'histoire se sont attelés aux mêmes défis et sont arrivés à des conclusions analogues, avec des degrés de succès divers. Le progrès se mesure à l'aune de ces succès et tend à négliger les échecs, même si les uns ne peuvent exister sans les autres. Les scientifiques eux-mêmes reflètent parfois cet étalonnage, certains atteignant la fortune et la gloire de leur vivant, d'autres pas. Louis Daguerre et William Henry Fox Talbot, par exemple, inventeurs respectifs du daguerréotype et du calotype, étaient très connus en leur temps, respectés et généreusement récompensés pour leur immense contribution. Frederick Scott Archer, en revanche, qui inventa le procédé au collodion humide en 1851, d'où découle la photographie moderne, est mort dans la misère, ayant dépensé ses maigres fonds pour ses expériences. Dans Pony, le « ferreuxtype» de Martin Bird est fondé sur les découvertes d'Archer, ainsi que sur l'argentotype de sir John Herschel. La solution sensibilisatrice élaborée par Martin comprend de l'acide tartrique, un composé qui, trente ans plus tard dans la réalité, fera partie du procédé breveté dit Van Dyck. Rien ne nous empêche de croire qu'un homme tel que Martin, un génie privé de tribune pour se faire connaître, qui toute sa vie n'a pu compter que sur son seul génie, ait pu aboutir lui-même à ce composé. Martin est représentatif de beaucoup de personnes dans le monde dont les succès ont été effacés par l'histoire. Il y a tant de génies méconnus qui lui ressemblent, y compris mon propre père.
L'avènement et l'évolution de la science photographique coïncidèrent, curieusement, avec le début et le développement du mouvement spiritualiste américain au milieu du XIXème siècle. Loin d'être porté par une tradition religieuse, ce mouvement est issu de comptes rendus, souvent documentés dans des livres et dans la presse, qui devinrent « viraux » à une époque où il fallait plusieurs années, et non quelques secondes Tik Tok, pour accéder à la célébrité. L'essor du spiritisme bénéficia en outre d'emprunts au vocabulaire scientifique et paranormal pour expliquer ce qui était généralement considéré comme inconnaissable. De même, la terminologie en usage était comparable à celle de la photographie, dans le sens où elle se référait souvent à une « substance mystérieuse », aussi bien chimique que spirituelle, grâce à laquelle une image latente devenait visible. En photographie, cette substance n'est autre que l'action du soleil. En 1827, Nicéphore Niépce se servit d'asphalte, ou bitume de Judée, pour « fixer » définitivement cette image latente sur une plaque d'étain. Dans le spiritisme, il n'existe pas de procédé de fixation comparable, susceptible de capter le monde invisible, même si le jargon employé visait à l'assimiler à une pseudoscience aux yeux de ses adeptes. Pour avoir un aperçu fascinant de ce phénomène, vous pouvez essayer de chiner un exemplaire de l'édition française intitulée Les Côtés obscurs de la nature de Catherine Crowe (1900 pour la traduction française, épuisée)*. Trouvant que la photographie et le spiritualisme étaient deux thèmes qui se mariaient bien, je leur ai attribué une place importante dans mon roman. En fin de compte, bien sûr, cela se résume à « avoir foi dans le grand inconnu », pour citer les paroles de la chanson « To the Great Unknown » du groupe Cloud Cult. A chacun son Inconnu.
Outre les vieux appareils photo, les photographies et les tirages éphémères, j'aime les livres anciens. Ceux-ci se sont glissés naturellement dans mon roman, en particulier Les Aventures de Télémaque (j'ai l'édition en anglais de 1768), les bulletins des découvertes scientifiques, Les Côtés obscurs de la nature déjà cité, le Roget's Thesaurus of and Phrases, et les quatre volumes de l'édition de d'Une histoire de la Terre et de la nature animée**. Aux lecteurs qui s'interrogeraient sur l'érudition du jeune protagoniste Silas Bird, je rappelle que les gens lisaient énormément à cette époque. Bien qu'il existât des romans populaires en circulation, il est peu probable que Silas ait eu accès à autre chose qu'à des ouvrages de littérature classique dans la maison pleine de livres de Martin Bird. Silas possède une facilité d'élocution et un niveau de langue qui reflètent le style fleuri d'un bon nombre de ces œuvres, lesquelles ont contribué à former aussi bien son caractère que son esprit, comme l'auraient fait ses amis et ses professeurs s'il en avait eu. Quant à son « combat avec la foudre », si incroyable que cela puisse paraître, il s'inspire de faits réels relatés dans un court chapitre, « Les effets photographiques de la foudre », dans le bulletin des découvertes mentionné ci-dessus, Annual of Scientific Discovery, édition de 1859 décrivant la « forme arborescente » des empreintes de l’éclair sur le dos des humains. Comme vous le confirmeront la plupart des auteurs, on n'invente pas des choses pareilles.
Enfin, en ce qui concerne les antiquités comme source d'inspiration, je dois mentionner mon amour des instruments de musique anciens. Je possède un étui à violon « forme cercueil » daté de 1850 environ. Et ce qui avait commencé comme une intrigue secondaire a fini par être la clé de l'intrigue principale. La chanson traditionnelle anglaise citée en tête du livre, « Fare Thee Well », ayant été transmise au fil des années sous des titres divers et avec des paroles fluctuantes et interchangeables, j'ai opté pour un assemblage de mes trois couplets préférés. Il est possible qu'Elsa Morrow ait joué cette mélodie sur son « violon bavarois », étant donné qu'on la trouve dans des recueils de partitions de cette époque. Quant au violon bavarois, l'idée m'en est venue alors que je me demandais quel genre de violon conviendrait le mieux à Elsa Morrow en tombant par hasard sur le mot « Mittenwald », ou « mitten im Wald », mot allemand qui signifie « au milieu de la forêt ». Après avoir lu le roman, les raisons de mon choix paraîtront sans doute évidentes. Les bois, ce lieu ancien impénétrable qui nous ramène à l'aube des temps, sont un des principaux fils de la trame du récit.
Je me suis beaucoup documentée sur le faux-monnayage, et j'espère que le FBI ne viendra pas frapper à ma porte si jamais il tombe sur mon historique de recherches sur Google. Que les États-Unis aient connu une forte croissance de contrefaçons tout au long du XIXème siècle, parallèlement à l'évolution de la photographie et à la montée du spiritisme, voilà qui semblait aller au-delà d'une simple coïncidence, aussi n'ai-je pas résisté à intégrer ce thème dans mon intrigue.
Dans le roman, Elsa Morrow possède un recueil de poèmes d'un anonyme de Ledbury. L'auteur en est en réalité un écrivain et théologien britannique, Thomas Traherne (1636-1674). J'ai été attirée par la fascination de Traherne pour ce qui était à ses yeux une nouvelle science, celle de « l'Espace infini », et par sa vénération pour la nature qui ouvrirait la voie à la « béatitude ». Restée invisible pendant plusieurs siècles dans les greniers d'une famille du Herefordshire, l'œuvre fut
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Eh bien, c’est un de mes livres préférés, rétorquai-je. Fénelon l’a écrit pour le roi de France, quand le roi était enfant. Pour lui, la guerre n’est juste que si elle est menée pour apporter la paix. Mais notre gouvernement ne se bat pas pour la paix. Il se bat pour des territoires.
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Toute mon existence, j'ai croisé des individus dans son genre. Bornés et sans imagination. Sans aucune vivacité d'esprit. Alors ils essaient de limiter le monde à des choses dérisoires qui leur paraissent compréhensibles, mais le monde ne peut pas être limité. Le monde est infini !
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Toute mon existence, j'ai croisé des individus dans son genre. Bornés et sans imagination. Sans aucune vivacité d'esprit. Alors ils essaient de limiter le monde à des choses dérisoires qui leur paraissent compréhensibles, mais le monde ne peut pas être limité. Le monde est infini ! Et toi, si jeune que tu sois, tu le sais déjà.
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Je suppose que, quelque part dans les tréfonds de mon cœur, j’aurais pu avoir accès à la vérité. Ou cru que je la trouverais de l’autre côté de ces bois. Mais le domaine du cœur est une contrée mystérieuse. On peut parcourir mille lieues en terre étrangère sans jamais tomber sur quelque chose d’aussi inexplicable que l’amour.
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Dans cet épisode, les libraires jeunesse de Dialogues vous présentent quelques livres, récents, qui plaisent aussi bien aux adultes qu'aux enfants et peuvent créer de riches moments de lectures partagées, de 5 à 12 ans.
Voici les albums et romans conseillés dans cet épisode : - Les P'tites Poules, une série d'albums de Christian Jolibois et Christian Heinrich (éd. Pocket Jeunesse) : https://www.librairiedialogues.fr/serie/les-p-tites-poules/75044/ ; - Les Chiens pirates, une série d'albums de Clémentine Mélois et Rudy Spiessert (éd. École des Loisirs) : https://www.lesenfants.fr/recherche/?q=les+chiens+pirates ; - La Fabuleuse Histoire de la poire géante, de Jacob Martin Strid (éd. Pocket Jeunesse) : https://www.lesenfants.fr/livre/7175350-la-fabuleuse-histoire-de-la-poire-geante-jakob-martin-strid-pocket-jeunesse ; - La Ville grise, de Torben Kuhlmann (éd. NordSud) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/21838973-la-ville-grise-torben-kuhlmann-nord-sud ; - Deux ans de vacances, texte de Jules Verne, abrégé par Thibault Vermot, illustré par Frédéric Pillot (éd. Sarbacane) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/22569217-deux-ans-de-vacances-jules-verne-sarbacane ; - Celui qui voulait tout réparer, de Barbara Kosmowska, illustré par Emilia Dziubak (éd. Père Fouettard) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/22519891-celui-qui-voulait-tout-reparer-barbara-kosmowska-pere-fouettard ; - Pony, de R.J. Palacio (éd. Gallimard Jeunesse) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/22401465-pony-r-j-palacio-gallimard-jeunesse ; - L'Année perdue, de Katherine Marsh (éd. Gallimard Jeunesse) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/22401480-l-annee-perdue-katherine-marsh-gallimard-jeunesse.
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