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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Attention! Très belle oeuvre! Magnifique chronique villageoise montagnarde,le pâturage de Derborence: "Derborence...le mot chante doux...il vous chante et un peu triste dans la tête...."a été enseveli sous un éboulement, hommes et bêtes compris.
Sept semaines plus tard, Antoine, le Berger, jeune époux de Thérèse, émerge de
l'amoncellement des pierres et prend la route du village.
Les villageois et son amoureuse, Thérèse hésitent à le reconnaître...une silhouette pâle,est ce une vision ou un miracle?est ce un fantôme ou un survivant?
Est- ce vraiment Antoine ou son spectre, descendu au village pour y apporter la mort et la désolation?
Et Antoine, poursuivi par les ombres de ses camarades ensevelis, choisira t- il finalement de rejoindre les vivants ou les morts?
Derborence est l'histoire de l'étrange retour à la vie d'un jeune homme , qui doit convaincre qu'il n'est pas un spectre....doublé d'une magnifique histoire d'amour...
Derborence est surtout dotée d'une écriture splendide,où les phrases rudes sont taillées à la serpe,dans une nature grandiose!
Le style de Ramuz est brut, primitif, rugueux, fait de très longues descriptions riches d'adjectifs et d'adverbes qui enrichissent la poésie minérale de son texte au lieu de l'alourdir, une écriture enchanteresse faite d'émotions sourdes et contenues où" les petites fleurs de la montagne, leur extraordinaire pureté, leurs extraordinaires couleurs......faisaient de loin...entre les taches grises de la neige....des taches éclatantes" contrastant pour notre plus grand bonheur avec la minéralité, la froideur, la grandeur de la roche, de la pierre, des parois qui tombent à pic de tous les côtés," le soleil jaune, comme le raisin mûr ou qui est rose comme la rose, où rien ne bouge".
La montagne, belle et grandiose ne fait aucun cadeau aux hommes qui tentent de lui arracher de quoi subsister mais Derborence est traversé par une lueur d'espoir où la beauté côtoie l'angoisse,où la tragédie côtoie le cocasse: " C'est la montagne qui est tombée", "La montagne s'est mise à rire de nouveau"...
Ce n'est pas facile de décrire une oeuvre tellement belle que l'on voudrait citer
des passages entiers .....mais ce n'est que mon avis.
J'ai acheté cet ouvrage grâce à un commentaire très court et élogieux de quelqu'un de Babelio, j'avais été intriguée, elle se reconnaîtra peut- être.....
En tout cas, je l'en remercie!
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« Et il y en avait aussi qui, l'apercevant de plus près, se détournaient craintivement, ou bien allaient se cacher derrière ceux qui étaient déjà là, considérant de loin la figure d'Antoine, ses mains, ses jambes, ce qui restait de son corps sous ses habits trop amples (comme ces bonshommes, en effet, qu'on met dans les jardins pour faire peur aux oiseaux); considérant de loin les deux trous qu'il avait au lieu de joues sous les pommettes, ses lèvres crevassées, ses dents jaunes et saillantes - tout à fait un mort parmi les vivants. »

Derborence c'est le nom d'un pâturage d'été encaissé en haute-montagne. Il va s'y produire un événement sans précédent pour les habitants des villages situés plus bas dans la vallée. Une nuit du début de l'été, alors que les paysans ont déjà rejoint les chalets de Derborence avec les troupeaux de vaches et de chèvres, la montagne tremble. Elle tremble tellement que la roche située au-dessus se détache et tombe, anéantissant presque tout.

Il y aura un rescapé tardif, Antoine. Il réussira à sortir des décombres presque deux mois après. Mais dans quel état… Il retrouve sa jeune épouse Thérèse et sa belle-mère Philomène. Ses anciens voisins se demandent s'il est vivant on bien s'il est un esprit. Antoine va vouloir retourner à Derborence, persuadé qu'il est que Séraphin, le frère de Philomène est toujours vivant lui-aussi.

C'est un roman âpre, minéral. Les humains ne sont que peu de choses face à la puissance de la nature. C.F. Ramuz prend tout son temps pour nous raconter ce qui s'est passé ce soir-là et les semaines qui ont suivi. Historiquement, une catastrophe similaire s'était en effet produite au milieu du 18ème siècle.

J'ai été saisi par le style et la science de la narration de son auteur. C'est toutefois un roman qu'on lit nous aussi en tremblant un peu, expérience pas forcément plaisante tant il nous renvoie vers nos craintes profondes.
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Dans le canton du Valais, Derborence fait jouer les charmes de ses sonorités printanières pour attirer l'homme éphémère et le fasciner par sa nature montagneuse. Derborence, pourtant, n'a pas oublié l'éboulement des Diablerets qui survint en 1714. Un dictionnaire géographique nous rappelle :


« Un pâtre, qui avait disparu et qu'on croyait mort, avait passé plusieurs mois enseveli dans un chalet, se nourrissant de pain et de fromage… »


On imagine Charles-Ferdinand Ramuz, captant cette anecdote et rêvant aux possibilités folkloriques, tragiques et poétiques dissimulées derrière cet accident. Son écriture n'est pas éloignée de celle de Jean Giono dans Les Grands troupeaux : les hommes vivent dans un temps mythique, contenus dans l'univers d'une montagne merveilleuse et colérique comme une déesse antique. le dépaysement est brutal pour le citadin du siècle moderne, plutôt habitué à se considérer comme le contenant d'un monde raisonnablement dissécable, réductible à des lois et à des propriétés rationnelles.


Charles-Ferdinand Ramuz a la réputation d'être l'écrivain qui a voulu établir une langue-geste du parler paysan, utilisant celui-ci comme matière poétique à la transmutation du langage. Il me semble pourtant que le ton employé dans Derborence reste classique. La poésie se faufile discrètement dans les descriptions merveilleuses ou terrifiantes des falaises, du cours d'eau, des plantes et de l'horizon, mais n'empêche jamais la simplicité et la concision d'un langage brut. Ce mélange presque insignifiant progresse sans bruit, retient à peine l'attention, et plonge parfois dans un ennui molletonneux de rêvasserie. Pas convaincue, j'ai poursuivi cette courte lecture jusqu'à son terme pour comprendre que cette modestie de forme devait servir à donner au récit toute la puissance nécessaire à sa conclusion. Ses horizons sont ceux d'un conte ou d'une légende transmise sous la cape, de génération en génération. Nostalgie d'être soumis à un univers, de ne pas pouvoir aller au-delà, de ne pas le vouloir… et ceux qui s'en échappent malgré tout sont les damnés du Diableret –un nom que Derborence tente aussi d'élucider à sa manière fantasmagorique.
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Ce roman peut se résumer en quelques mots. Derborence, vallée enclavée des Alpes, est un lieu de transhumance privilégié des vallées environnantes : tout l'été on y retrouve les hommes et leurs troupeaux. Une nuit, la montagne s'écroule, ensevelissant Derborence sous un chaos minéral. Quelque temps plus tard reparaît un homme que tout le monde croyait mort et disparu à jamais. Est-ce un spectre ? Comment les habitants de son village et sa femme vont réagir à ce retour inopiné ?
Un tel résumé ne m'aurait certainement pas convaincu de lire Derborence si le style de Ramuz, que je découvre, n'en donnait en réalité toute son âme. On pourrait le qualifier de brut, primitif … mais en tout cas en totale adéquation avec son sujet : des gens simples à la vie rude dans un univers qui ne laisse guère la place à la rêverie et encore moins à la fioriture. La force de ce roman est d'avoir un style à l'image de l'histoire : les deux se soutiennent mutuellement et se mettent en résonance pour un grand plaisir de lecture.
Que demander de plus ?
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Derborence, c'était avant tout une voie de JM Cambon à Ailefroide dans laquelle je m'étais égaré, un 6c en dièdre tout à fait fabuleux et bien sûr une écaille, férocement détachée de la paroi sur laquelle il fallait grimper...
Dans son topo l'ouvreur faisait évidemment référence au livre, à l'histoire, la rattachant à l'éboulement ayant eu lieu au dessus de l'itinéraire, bien plus petit, mais néanmoins dans les mémoires des habitants du lieu haut-alpin.
Maintenant que j'ai lu le livre, je trouve que la référence est vraiment bien trouvée ; en effet l'alpage d'Ailefroide pourrait être celui de Derborence, le premier surplombé par le Pelvoux, le second par les Diablerets et avec cet éboulement en prime, c'est très bien vu !
Bref, parlons du texte: c'est en langage clair, simple, sans fioriture, des phrases courtes, un langage orale réaliste, peu de discours, des descriptions jolies mais peu encombrantes, pas de volume en trop, une histoire inspirée de faits réels et cela se voit, on est proche de la vie de ces paysans en alpages et de leurs familles.
Un beau récit et une saine lecture qui rappelle la rudesse de ces vies aujourd'hui oubliées...
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Charles-Ferdinand Ramuz analyse la nature humaine d'une manière qui nous manque aujourd'hui. En cela, il nous fait énormément de bien. Il analyse la nature humaine dans sa faiblesse insigne autant que dans sa possibilité de grandeur. Chaque personnage a ses forces et ses faiblesses. Chaque personnage contribue à sa manière à une solution de ce récit captivant où, à chaque instant, on craint de tomber dans le drame. Mais chaque fois, un mince fil d'espoir nous guide vers l'avenir qui chaque fois naît de presque rien:un geste, une parole, une attitude.
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C'est doux de découvrir un pays à travers cette légende. Ramuz, grand conteur, doux rêveur ! La montagne, le village au-dessus du Rhône et l'homme revenu d'entre les morts …
Je découvre avec horreur sur la page web du site Quille du Diable – Diablerets (c'est juste au-dessus de l'endroit où se passe notre histoire) : « Une télécabine moderne et spacieuse vous emmène à près de 3000 m jusqu'à une station futuriste et sur le glacier vous attend un petit parc d'attractions ».
Grâce à Ramuz, c'est tout le contraire. C'est une civilisation ancestrale, proche de la terre, des bêtes et du rythme des saisons.

Extrait :
« Et, à ce moment-là, Séraphin s'étant tu également, on avait senti grandir autour de soi une chose tout à fait inhumaine et à la longue insupportable : le silence. le silence de la haute montagne, le silence de ces déserts d'hommes, où l'homme n'apparaît que temporairement [ ] on a beau prêter l'oreille, on entend seulement qu'on n'entend rien. C'était comme si aucune chose n'existait plus nulle part, de nous à l'autre bout du monde, de nous jusqu'au fond du ciel. Rien, le néant, le vide, la perfection du vide; une cessation totale de l'être, comme si le monde n'était pas créé encore, ou ne l'était plus, comme si on était avant le commencement du monde ou bien après la fin du monde.
Heureusement que le feu recommence à pétiller ou c'est une goutte d'eau qui tombe, ou c'est un peu de vent qui traîne sur le toit. Et le moindre petit bruit est comme un grand bruit. La goutte tombe en retentissant. La branche mordue par la flamme claque comme un coup de fusil ! le frottement du vent remplit à lui seul la capacité de l'espace. »
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Antoine est berger, avec un autre homme il doit partir plusieurs mois en hauteur, pendant que sa jeune femme l'attend à la maison. Malheureusement, la montagne s'écroule les laissant pour morts...
C'est le premier livre de Ramuz que je lis, j'avais entendu parler de lui pour son style qui introduit du parler populaire. On pense à Zola comme influence dans la forme et dans le fond. On ressent en effet très bien le monde paysan, sa rudesse, l'importance de la religion et d'un certain mysticisme, mais aussi la force de la nature. L'écriture est assez poétique mais joue aussi sur un effet dramatique par des effets d'amplification et de pathos. de plus, l'utilisation presque omnipreprésente du présent est novatrice. Une histoire marquante, même si les personnages ne sont pas particulièrement attachants.
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Inspiré de l'éboulement survenu aux Diablerets en 1714, ce roman est considéré comme l'un des chefs-d'oeuvre de Ramuz.

C'était le vingt-deux juin, vers les neuf heures du soir, que la montagne s'est effondrée, prenant en otage une vingtaine d'hommes et des centaines de bêtes. le bruit assourdissant résonne alors jusqu'aux villages avoisinants et réveille Thérèse, une jeune femme fraîchement mariée à Antoine, parti la veille à la montagne avec Séraphin, l'oncle de Thérèse.

Au petit matin, la nouvelle tombe, les hommes sont morts, tous, ou presque. le paysage a changé, tout est obscurci par la poussière, les sons ne sont plus les mêmes, le torrent du coin ne s'entend plus, tout est bouché, on ne voit plus rien. le village tombe alors presque dans la folie face à cette terrible nouvelle.

Bien que n'étant pas un grand fan des oeuvres littéraires spécifiquement concentrés sur la nature, Ramuz réussit ses descriptions avec brio, passant plus de temps à décrire la montagne, la flore ou encore le Rhône que ses propres personnages, il arrive tout de même à nous embarquer - avec ce que je pensais à l'origine être une fiction - dans cette petite et touchante tragédie romanesque.

J'attribuerai alors une jolie mention spéciale pour la scène où 4 hommes descendent le premier corps sur une civière pour le ramener au village. Scène bouleversante où ces 4 hommes se relaient toutes les cinq minutes, pendant plusieurs heures, afin de réussir à ramener le corps auprès des siens.

La plume de Ramuz a quelque chose de singulier dans le descriptif et le contemplatif, dans ce décor montagnard qui fait finalement office de signature.

J'ai beaucoup apprécié ma lecture et je ne tarderai pas à m'acheter un autre titre de ce même auteur, je risque de craquer pour Aline dans un avenir proche, où je risque de retrouver ses thèmes de prédilections : La nature, l'amour et la mort.

Lien : https://lesyeuxsouslespoches..
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Derborence, ou le roman suisse par excellence : Ramuz imagine ici la catastrophe qui frappa le village homonyme en juin 1714 où "la montagne tomba", et la manière dont elle fut vécue par les paysans des vallées valaisannes.

On y apprend la rigueur de la vie, la nécessaire séparation des couples deux mois par années, les croyances et les peurs locales, la folie qui frappe les survivants...L'auteur ajoute aux émois de ses personnages de belles descriptions sur la montagne et le rapport qu'ont les hommes avec la nature, violente et hasardeuse.

La relation de Thérèse et de son mari est touchante, mais ne demeurera pas un souvenir impérissable pour le lecteur. Un petit roman agréable à lire pour découvrir l'auteur ou la littérature suisse, sans être toutefois un chef d'oeuvre.
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