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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
[Livre audio, lu par Pomme]
Un drôle de petit roman... Qui s'est révélé très mal référencé. En effet, je l'ai trouvé dans une liste intitulée "romans fantastiques et post-apocalyptiques", aux côtés de romans du style "Le nuage pourpre" et du coup, j'ai attendu pendant toute la lecture quelque chose qui n'est finalement jamais venu, c'est à dire ce qui aurait justifié son classement dans ces deux genres que j'aime beaucoup.

Déception donc, car si en effet le "pitch" peut faire croire à un roman apocalyptique, cela ne se révèle être finalement qu'un prétexte pour décrire la vie villageoise de montagne suisse un peu avant la seconde guerre mondiale. Je crois que si j'avais pu écouter ce roman sans cette attente vaine, je l'aurais probablement beaucoup mieux apprécié pour ce qu'il était, c'est à dire une tranche de vie pastorale, toute simple et très bien écrite.
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« Si le soleil ne revenait pas » (1994, L'Age d'Homme, 194 p.) est un roman de CF Ramuz, publié initialement en 1937. le roman fait partie du coffret « Romans » en deux volumes (2005, Gallimard, La Pléïade, 3696 p.).
Tout commence par une longue période sans soleil, qui ne pénètre pas dans les vallées mal exposées. « Il faut dire que, pour eux, chaque année, vers le 25 octobre, le soleil était vu pour la dernière fois et il ne reparaissait pour eux que le 25 avril. le 25 octobre, au-dessus de la montagne qui est au sud, il y avait encore une traînée de feu, une vague gerbe d'étincelles comme quand avec un bâton on attise un brasier ; et c'était fini pour six mois ». Ce que c‘est que d'habiter une vallée mal exposée au soleil, ou que de vivre avec un soleil si bas sur l'horizon.
Il n'y a d'ailleurs pas que le soleil qui soit si bas, le genou de Denis Revaz est aussi au plus bas. Quand ça veut pas, ça veut pas. Heureusement, il y a le rebouteux du village, Antoine Anzévui. « On voyait qu'il y avait un grand manteau qui s'avançait hors du mur vers le milieu de la pièce et, sous l'avancement, une vieille table de noyer était couverte de toute espèce d'objets disposés dessus pêle-mêle, tandis qu'un fauteuil à siège de paille défoncé était tiré entre elle et le feu ». et Anzévui parut. « Il avait une grande barbe blanche ; il avait de longs cheveux blancs qui lui tombaient sur les épaules ».
C'est bien à tout cela, grand manteau, grande barbe, et longs cheveux que l'on reconnait un guérisseur, un bon guérisseur a toujours, en plus, un grimoire ou « un gros livre à reliure de parchemin veiné de rouge, usée aux nervures, rongée dans les coins » qui traine, signe que le maitre de maison le consulte régulièrement.
« Anzévui était un homme qui se connaissait en maladies de toute espèce ; on venait de loin lui demander conseil parce qu'il allait chercher des herbes dans les montagnes, et on lui achetait ses herbes, et ses herbes vous guérissaient ».
Et de fait, après consultation, vient la potion. « Je vais te donner une tisane ». Cela marque la fin des déserts médicaux, la faillite des téléconsultations et la ruine prochaine des laboratoires pharmaceutiques. « Tu prends une bonne poignée d'herbe, tu la mets sur le feu avec le contenu d'un verre d'eau ; tu la laisses bouillir un petit quart d'heure. Et puis, quand le liquide est bien réduit, tu l'étends toute bouillante dans un linge, tu te l'appliques sur le genou ».
Sauf que 8 fois 237, et y ajouter 41, cela fait 1937, annonce d'une « guerre dans la région du soleil » et que « le ciel s'obscurcira de plus en plus et, un jour, le soleil ne sera plus revu par nous, non plus seulement pour six mois, mais pour toujours ». En vrai, la radio annonce la prise de Malaga, en Espagne, donc cela date l'écriture de début février 1937. La prise de Malaga permet à Mussolini et aux italiens de se féliciter d'avoir soutenu les espagnols. Les républicains espagnols qui n'ont pu s'échapper furent soit tués soit emprisonnés. Les nationalistes poursuivirent les fuyards sur la route d'Almeria en les bombardant, sur ce qui deviendra la route de la mort, soit 200 km, entre la montagne et la mer, sous les bombes.
Face à cela, chacun s'organise. « Brigitte, la vieille Brigitte, mais elle n'était pas si vieille non plus, et elle était en train de ramasser du bois ». Ceux qui ont amassés et redistribuent. Ceux qui mettent leurs espoirs dans l'alcool. Les malins qui s'adaptent au désarroi général. Les courageux qui montent en montagne pour montrer leur opiniatreté. A huit heures, Cyprien Métrailler s'en va dans la montagne. Il veut montrer qui est le plus téméraire. « Je tirerai sûrement une chèvre pendant la traversée. Je leur rapporterai le soleil dans mes poches, la chèvre sur mon dos ». Mais, il tombe de son lit et meurt. La malédiction du mage.
Les généreux qui tentent de redonner l'espoir aux autres et les pessimistes qui se résignent pendant que les optimistes se moquent.
Pendant ce temps, le genou de Denis Revaz se remet. Mais il a pris ses dispositions. Trois paquets pour chacun des enfants. Des provisions, on ne sait jamais. « On a du beurre pour trois mois et du fromage pour six mois… Et j'ai fait faire du pain pour huit. On a trois jambons, trente paires de saucisses, vingt-cinq saucissons. Dix-huit kilos de sucre ». Et il faut bien cela car « On ne pourra plus sortir de chez soi. / — Pourquoi ? / — Parce qu'il fera nuit et qu'il fera trop froid ».
Tout se déroule dans le village. « Les guêtres de Métrailler, les jambières de Tissières, la moustache de Julien Revaz ; et elle, ses joues joues brunes qui étaient dans leur milieu comme la pêche quand elle mûrit ».
Et les plus courageux vont visiter le mage. « Les nuages, à l'horizon, se rassemblaient en flocons comme fait le lait quand il caille ; les flocons étaient gris, ils sont devenus roses, ils se sont disposés en lignes régulières et tremblées comme celles que fait l'eau dans le sable au bord de la mer. Et c'est à gauche que ça a commencé. Une première pointe y a paru, comme une bougie avec sa flamme ».
Un récit presque trop linéaire. Une vision de l'avenir restreinte à celle de la vallée. Une science-fiction bien loin des écrits de Maurice Renard « le Péril Bleu » publié en 1911, réédité plusieurs fois (2021, Archipoche, 384 p .) ou « Les Mains d'Orlac » (2020, OknoEditions, 300 p.). Presque une déception.

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