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Après avoir lu Plus bas dans la vallée de Ron Rash, ouvrage composé de six nouvelles et d'une novella dans laquelle il reprend un personnage de son roman précédent, Serena Pemberton, j'ai voulu en apprendre davantage sur cette héroïne implacable et me suis donc plongée dans la lecture de Serena.
Le récit se déroule dans les années 1930 dans les Great Smoky Mountains.
Après trois mois passés à Boston, Georges Pemberton, riche exploitant forestier, regagne les montagnes de Caroline du nord accompagné de Serena qu'il vient d'épouser.
Sur le quai de la gare l'attendent ses deux associés. Est également présent pour lui demander des comptes, Abe Harmon accompagné de sa fille Rachel, 17 ans, qui attend un enfant de Pemberton. Dans le duel au couteau qui les opposera, Harmon perdra la vie.
La belle et cynique Serena et son puissant mari forment un couple vorace à qui rien ne résiste. Portés par une ambition illimitée, ils sont déterminés à abattre tous les arbres à leur portée pour accroître leur fortune. Un projet d'aménagement d'un parc national, pour lequel l'État convoite leurs terres les contrarie quelque peu.
Ils n'épargnent personne, parviennent à leur fin faisant plier à leur volonté, sans aucun scrupule, aussi bien les ouvriers que les banquiers ou les politiciens concernés, et le shérif lui-même. Fusil, couteau, poison et un homme de main dévoué dont la mère est voyante sont utilisés sans état d'âme par la séduisante et effrayante Serena. Leur projet est de continuer leur juteux commerce que représente l'abattage des arbres, au Brésil, un pays où les ressources sont encore vierges et où l'attitude vis-à-vis des hommes d'affaires est très permissive.
Le roman situé au lendemain du Krach de 1929, rend compte avec une extrême réalité du chômage massif qui s'est installé dans le pays avec un flot d'hommes affamés qui erre sur les routes, en quête d'un travail et des patrons encore plus avides de faire fortune et qui se lancent dans une exploitation frénétique et violente de la forêt. Ron Rash n'en oublie pas pour autant les ruraux, les paysans qui vivent dans ces contrées.
Comme dans tous les romans de Ron Rash, les descriptions des paysages grandioses et sauvages des Appalaches sont de véritables et somptueux tableaux que malheureusement ce prédateur qu'est l'homme ne songe qu'à s'approprier.
C'est avec beaucoup de talent que l'auteur nous fait partager son amour de la nature.
Chaque arbre abattu a été pour moi comme un coup au coeur et pourtant j'ai frémi et eu du mal à supporter les conditions effroyables dans lesquelles travaillaient ces bûcherons, dangerosité à laquelle s'ajoutaient le froid et les crotales. Et pourtant, crise économique oblige, si l'un des hommes était estropié, ou mourrait, ils étaient nombreux en bas, à espérer être celui qui le remplacerait…
Le personnage de Rachel, évoqué au début de roman va rapidement lui donner une allure de thriller. En effet, la machiavélique Serena va poursuivre de sa haine implacable l'enfant que son mari a engendré avant leur rencontre et que lui, semble vouloir protéger.
Avec cette course-poursuite, Ron Rash réussit à nous tenir en haleine tout au long du récit. le machiavélisme de Serena opposé à la modestie et à l'innocence de Rachel prête à tout cependant pour sauver son enfant rendent le roman très addictif.
Serena de Ron Rash est un roman passionnant mais très dur qui met en exergue les pires recoins de l'âme humaine.

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Huuuuuumpf, pfiouuuuuu, respirez,vous êtes au coeur des Smoky Mountains, millésime 1930.

Vous allez en prendre plein les yeux tant cette magnificence naturelle en impose.
Mais attention, on touche avec les yeux, pas avec le portefeuille spéculatif car les Pemberton pourraient bien vous faire passer le goût de la balade.

George et Serena, heureux propriétaires de ce petit paradis semblant échapper à la Grande Dépression qui sévit, n'ont qu'une seule ligne de conduite, protéger leurs biens puis, si possible et quels que soient les moyens usités, étoffer leur capital déjà conséquent. Aussi, lorsque l'Etat en vient à convoiter leurs terres dans le but d'aménager un parc national, n'imaginez pas une seule seconde ce couple fusionnel courber l'échine et rendre les armes sans avoir livrer bataille...
Celle de la Terre du Milieu est encore dans toutes les mémoires. le combat des Pemberton pourrait bien marquer les corps et les esprits !

Grandiose et flamboyant.
Un décor fantastique propice à moult scènes d'anthologie.
Une trame larvée permettant à deux prédateurs terriens de donner libre cours à leurs penchants les plus sombres.
Le tout magistralement narré par un Rash que je découvre et m'empresserai de retrouver.

Serena est de la trempe de ces héroïnes que l'on admire autant que l'on exècre.
Charismatique et manipulatrice en diable, à l'instar du cobra, elle hypnotise ses proies puis les exécute froidement, son appétit étant à l'image de sa soif de pouvoir, sans limites.

Serena, tout sauf la balade des gens heureux...
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“Ce que femme veut, Dieu le veut”.
Il n'est pas rare de rencontrer des personnages romanesques à l'opiniâtreté proverbiale ; peu d'entre-eux réussissent toutefois à rivaliser dans ce registre avec Serena, l'héroïne éponyme du roman de Ron Rash publié en 2008.

Cette jeune et belle femme, au passé un peu flou, séduit un soir un colosse trentenaire de passage à Boston qui lui passe la bague au doigt quelques jours plus tard.
Serena est issue d'une famille d'exploitants de bois et de scieries du Colorado et ses connaissances dans le domaine forestier sont peu ou prou équivalentes à celles de son époux George Pemberton.
La société que dirige ce dernier avec deux associés, participe à la déforestation à grande échelle des Monts Great Smoky situés dans la partie méridionale des Appalaches.

Nous voici donc au coeur de l'Etat de la Caroline du Nord, parmi les centaines de bûcherons qui abattent des pans entiers de forêts et construisent dans la vallée une voie de chemin de fer par laquelle partiront de la scierie les planches débitées.
Les conditions de sécurité sommaires et les crotales qui infestent ces étendues montagneuses, entraînent une forte mortalité ouvrière mais en ce début des années trente, où sévit la Grande Dépression, la main-d'oeuvre afflue de toutes parts.
Associés, contremaîtres et ouvriers apprennent rapidement à leurs dépens ce qu'il en coûte de contrarier Serena qui dirige d'une poigne de fer ces hommes habitués à vivre à la dure. Chevauchant un magnifique hongre arabe de couleur blanche, un aigle royal perché sur un bras, elle supervise à longueur de journée l'avancement des travaux et malheur à ceux qui ne filent pas droit...

Serena est obsédée par l'idée d'amasser suffisamment de fonds pour s'installer et acquérir au Brésil d'immenses étendues de forêts, un pays où paraît-il la fortune sourit aux audacieux.
Mais le chemin qui conduit à cet Eldorado est semé d'embûches à commencer par cette décision prise en haut lieu de construire un parc national à proximité des terres des Pemberton, avec les expropriations que cela sous-tend.
Qu'importe l'adversité, le destin de Serena est tracé d'avance et les personnes gênantes sont systématiquement envoyées ad patres par son homme de main.
Le mari de Serena, quelque peu porté sur la bouteille, ferme les yeux sur ces crimes à répétition. Il devrait pourtant lui aussi se méfier : Serena ne supporte pas la contrariété, d'où qu'elle vienne !

Ce roman au rythme époustouflant, avec des personnages à foison, devrait enthousiasmer les lecteurs en recherche de dépaysement.
Les bêtes sauvages (serpents, ours, aigle, puma...) tiennent une place de choix dans ce récit où la cruauté est omniprésente, où l'homme n'a pas toujours le dessus sur l'animal.
Les nombreux dialogues entre bûcherons sont souvent drôles et truffés d'erreurs de syntaxe. Coup de chapeau à la traductrice, Béatrice Vierne, qui a parfaitement restitué les subtilités linguistiques de l'écrivain !

Serena”, par son ambiance western, disposait de tous les ingrédients pour une adaptation cinématographique. La réalisatrice danoise Susanne Bier s'y est récemment attelée et la sortie du film en novembre prochain, avec Jennifer Lawrence dans le rôle principal, devrait bientôt faire parler d'elle.
N'hésitez pas cependant à devancer dès à présent ce futur plaisir automnal, la prose de Ron Rash est un vrai régal !
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Dans une interview, Ron Rash déclarait vouloir que la Nature soit un personnage, à part entière, dans son roman...


Smoky mountains, Caroline du Nord, 1930.
Serena, madame Georges Pemberton, est grande et belle! Elle n'a pas de fard, comme les femmes de la ville et ne porte pas de robe. Mais, sous sa veste, ce sont des jodhpurs, ainsi que des bottes noires.
Serena a un visage d'ange...


Mais quel ange ?
Lady Macbeth poussait son époux à la trahison et au meurtre. Serena, à peine descendu du train, pousse son mari à tuer le père de Rachel. Georges a engrossé Rachel, avant d'épouser Serena...


Le shérif McDowell est là, mais ne peut rien faire. C'est le premier mort d'une longue série !


Serena a un passé compliqué, elle fait encore, encore des cauchemars terribles. Mais, refuse toujours de parler de ce qui était arrivé à sa famille dans le Colorado. Rien d'autre ne comptait que l'instant présent!


L'abattage des arbres est dangereux: à cause des guêpes et des frelons, des lames de hache, aux dents de scie, des branches cassées et pointues qui tombaient vers le sol, comme des javelots.
Et, à cause des crotales!


Un serpent à sonnette peut être dangereux, mais il vous prévient... Serena est belle, venimeuse, et impitoyable...


Cinq hommes périssent, à cause des crotales. Serena va apprivoiser un aigle royal pour chasser les serpents, comme elle dompté son cheval blanc " gigantesque et plein de fougue ".
Comme elle dompte les bêtes, elle dompte les ouvriers qui en ont peur. Peur depuis que Serena a abattu un ours énorme, qui menaçait son mari.
Peur depuis qu'elle a sauvé la vie de Galloway...


La hache d'un débutant sectionne la main de Galloway... Sans crainte, Serena fait un garrot autour de l'avant bras de l'homme, stoppant l'hémorragie. Puis, le ramène jusqu'à l'infirmerie!


Depuis, Galloway marche à la hauteur du cheval de Serena, l'escortant comme un chien soumis.
Elle a son âme damnée, et Galloway ne refusera rien à sa patronne...
Georges est fasciné par sa femme!


C'est ce qu'avait prédit la vieille mère de Galloway. Rachel a donné naissance à un fils, alors que Serena va perdre le sien...
La femme de Pemberton devient folle, car Georges a une photo de Jacob, son fils illégitime.


Les ouvriers meurent beaucoup sur les chantiers, certains disent que c'est une tragédie. Mais, malgré les risques, les bûcherons continuent à abattre les arbres. " Des acres de souches, qui, de loin, ressemblaient à des pierres tombales sur un champ de bataille". Un merveilleux paysage dévasté, des arbres millénaires détruits par cupidité.


C'est la crise, il y a du chômage...
Mais, les Pemberton n'ont aucune pitié, pour leurs travailleurs.


Si Lady Macbeth manifestait des remords, Serena n'en a aucun... Georges commence à avoir peur?
" Une main capable de saisir le monde, dans sa poigne." Christopher Marlowe.
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Serena, c'est un récit démoniaque au coeur des montagnes américaines, les Smoky Mountains de Caroline du Nord.
Nous sommes en 1930, dans une riche exploitation forestière tenue par le jeune George Pemberton.
Il s'est absenté pendant trois mois pour affaire à Boston. Il revient marié à la très belle Serena.
Serena, c'est un prénom doux... Ne vous y fiez pas. Serena est belle, ne vous en approchez pas, je vous en conjure, elle est sans état d'âme et elle ne va pas tarder à passer aux manettes...
Sur le quai de la petite gare de Waynesville, un père et sa jeune fille attendent George Pemberton, la jeune fille s'appelle Rachel, elle est enceinte des « oeuvres » du riche propriétaire.
Le père est armé d'un couteau de chasse, il a passé toute la matinée à l'affûter, à penser à ce moment aussi, j'imagine...
La scène d'ouverture porte déjà la dramaturgie qui nous saisira au col pour ne plus nous lâcher jusqu'aux dernières pages.
Il y a dans ce roman ample tous les ingrédients d'une oeuvre romanesque puissante, il y a toutes les images aussi...
Serena, c'est en effet un personnage romanesque haut en couleurs, comme tout droit sorti d'un conte gothique, qui allie la beauté aux ténèbres. Dès chaque matin, elle traverse le domaine, telle une amazone sur son étalon noir, un aigle perché sur son poing serré, c'est elle finalement qui semble régner ici sur les forêts des Great Smoky Mountains...
George Pemberton et son épouse Serena sont des prédateurs, rien moins que cela. Les serpents à sonnettes qui pullulent dans les buissons, les aigles que Serena élève ou la panthère qui rôde dans les montagnes plus haut, ne sont pas plus dangereux qu'eux deux. Mais elle est peut-être plus dangereuse que lui, à telle point que je retenais mon souffle à chaque fois qu'ils faisaient l'amour, oui c'est un couple qui s'aime, un couple fusionnel, je me disais elle va finir par le dévorer comme une mante religieuse...
Mais ils ont tant besoin l'un de l'autre pour tenir leur dessein commun...
Les arbres tombent, tombent, tant que tant, comme un jeu de quilles, ils tombent et parfois les hommes avec... le métier de bûcheron est souvent un lourd tribut à payer, surtout lorsqu'on travaille pour les Pemberton... Mais il y a la crise économique. Rappelez-vous, on est en 1930... Alors, on ne se plaint pas, on courbe l'échine...
Et comme pour mieux porter cette histoire âpre et brutale, il y a les paysages grandioses et sauvages de cette région de Caroline du Nord. La nature ici est un personnage à part entière comme sait si bien la décrire Ron Rash, la nature et ceux qu'elle contient comme espèces dangereuses pour l'homme...
Mais comme espèce dangereuse, vraiment dangereuse pour l'homme, moi je n'en connais qu'une, vraiment...
Ils sont déterminés à couper tous les arbres de la région pour faire fortune et quand il n'y aura plus d'arbres sur les Smoky Mountains , ils iront faire la même chose au Brésil... Et quand ils auront fait la même chose au Brésil, ils iront ailleurs, rien ne peut arrêter leur ambition, surtout elle, car le Brésil c'est son idée...
Mais brusquement, un obstacle vient, le grain de sable qui peut faire bloquer la belle mécanique si bien huilée : le projet d'aménagement d'un parc national, pour lequel l'État convoite leurs terres, menace leurs ambitions. Putain d'écolos ! Bon, on ne disait pas cela, - pas encore cela, en 1930 aux States ou ailleurs... Cela n'émeut guère les Pemberton. Qu'à cela ne tienne : il y a les arrangements en tous genres, les spéculations, les combines politiques, les banquiers qu'on se met dans la poche, les dessous de table... Tous les moyens sont bons... Et si cela ne suffit pas...
On suffoque, on espère, on craint sans cesse pour ceux qui sont la proie de ce couple machiavélique, déterminé à ne pas se laisser embêter par les obstacles qu'ils rencontrent sur le chemin de leur ambition.
On court à perdre haleine avec eux, on voudrait les prendre par la main, les protéger, tandis que le sort leur tient des embuscades...
Le sort, c'est cet homme de main dévoué jusqu'au sang à la belle et dangereuse Serena...
Pas de doute, Ron Rash sait nous rendre l'atmosphère irrespirable.
Je pense à cette jeune femme Rachel et son petit qui vient de naître un peu plus tard, Jacob. Elle est la bonté, la candeur par excellence... Elle m'a touché au coeur. Elle est tout ce que ne sera pas, ne sera jamais Serena. Elle a cet enfant qu'elle protège... Cet enfant dont l'existence est insupportable aux yeux de la belle et terrible Serena. Rachel et son fils Jacob, fuyant plus tard d'une gare à l'autre, c'était comme si je voyais sous mes yeux Fantine et sa petite Cosette, fragiles, bousculées dans le fracas du monde et la méchanceté des hommes...
Oui, parce que la belle et terrifiante Serena n'arrête pas de penser à cet enfant engendré par cette Rachel, ce maudit enfant, « l'oeuvre » de son époux... Cela en devient une obsession...
La richesse de ce récit dense et prenant du début jusqu'à la dernière page, mêle tous les genres, le western, le thriller implacable, la tragédie antique, le pamphlet écologique...
Je ne sais pas ce qui est le plus dangereux, mettre le pied sur un crotale par inadvertance, déloger de sa tanière une panthère ou bien rencontrer sur son chemin la belle et intrépide Serena lorsqu'on ne partage pas avec elle la même vision du monde.
Et puis il y a ce style inimitable dans l'écriture de Ron Rash, poétique, parfois lyrique, magnifique, d'une beauté crépusculaire.
La force créatrice de ce récit, c'est aussi le talent qu'a l'écrivain à certains moments du récit, de déplacer la narration et de la confier aux voix des bûcherons. Les Pemberton leur donnent du travail, ils ne vont pas cracher dans la soupe, surtout en temps de crise économique, cependant voici que des voix s'étonnent peu à peu, évoquant la disparation d'une personne, le suicide d'une autre personne qui s'est défenestrée... Tout de même, ces coïncidences...
Ici l'horreur est subtilement traitée comme dans un procédé théâtral où nous regardons la scène, les acteurs qui s'y déploient, parfois surgissant des coulisses, quelqu'un rapporte un drame nouveau survenu. Je dois avouer que ces pages sont écrites également avec beaucoup d'effet.
Du grand art !
L'écriture poétique de Ron Rash rend cette brutalité somptueuse, comme le vertige abyssal d'une tragédie grecque dans toute sa splendeur.
Du grand Ron Rash ! Ce roman est pour moi un véritable coup de coeur.
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Suspense, western, polar, nature writing, poésie...

Un excellent Ron Rash, diabolique, envoûtant porté par le personnage de Serena, charismatique en diable.

Lu depuis quelques années, je garde en mémoire ce moment de lecture époustouflant , au milieu des sublimes Smoky Mountains , où s'affrontent jusqu'à l'extrême le pire et le meilleur , le fort contre le faible dans des combats tant physiques que psychologiques , des combats contre la nature aussi qui se défend comme elle peut...Sans oublier les rapports toujours passionnants, subtiles, de l'homme et de l'animal sauvage.
Ici, on se demande souvent lequel des deux est le plus sauvage !

Le livre met en valeur toute la sensibilité de son auteur ,délivrant comme à son habitude son message de révolte contre la maltraitance de la nature toujours au nom du profit .
Un crève- coeur quand il décrit l'aspect de la montagne à la fin de l'exploitation des coupes de bois , ..."une montagne chauve ....couverte de plaies..."
Et là, on est dans les années trente ...et depuis ......

J'ai eu envie de parler de ce livre car j'ai aussi vu l'adaptation cinématographique : un film loin de restituer l'âme du livre.
Des scènes essentielles supprimées ! Il n'a d'ailleurs pas bonne presse et c'est justifié ( certains critiques l'ont même qualifié de mélo ! ).
Dommage, vraiment .
Alors j'espère que malgré tout le livre tentera encore bien des lecteurs.
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La littérature est une vraie machine à explorer le temps, et Ron Rash l'a bien compris lorsqu'il nous téléporte dans les années 30 au fin fond de l'Amérique.

Sa voix est posée et précise et souligne avec grâce la complexité
de la nature, ses dangers, mais surtout sa beauté.
Dans un phrasé qui fait penser à Jim Harrison, l'auteur excelle dans le wild writing avec des descriptions très belles et empreintes d'une grande connaissance de la vie animale et végétale.

On ressent l'émerveillement face à la perfection de la nature, face à l'équilibre naturel des éléments, face à quelque chose de bien plus grand que nous.

J'apprécie les romans qui confrontent deux réalités et deux versants d'une même histoire, la juxtaposition de certains actes qui affectent différemment la vie des personnages.

Cette histoire est prenante, les personnages fascinants et le rythme engourdi est étrangement berçant.

Je me suis abandonnée à ce pur plaisir de lecture.






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Serena, femme fatale version redneck.
*
J'aurais aussi pu l'intituler "La désastreuse affaire écologique d'un futur parc national".
Oui, car ici on parle d'écologie, de spéculations, de surexploitation forestière, de misère ouvrière et un peu d'affaires meurtrières.
Un peu? Euh non, en fait, je n'ai jamais vu autant de cadavres au km2 .
C'est un roman noir écrit par un spécialiste de littérature de nature writing.
Le premier "Ron Rash" que je lis! Et je suis comblée et charmée par sa plume.
*
L'histoire se passe en Caroline du Nord, dans les Appalaches, près d'Asheville, dans les années 30.
Je connais ces lieux puisque je les ai arpentés le temps d'un week-end de randonnée. J'y ai reconnu la flore décrite (rhododendrons, lauriers, laîches, chêne nain...), les différents blocs de rochers disséminés un peu partout, les fameuses montagnes bleutées (Smoky Mountains) et cette forêt qui s'étend à perte de vue.
Perte de vue? Euh, peut-être pas, hein! Puisque il y a eu une intense activité d'exploitation forestière ces cinquante dernières années. Ce n'est pas de la fiction ça!
Chaque fois qu'il était question d'abattage d'arbres, mon coeur a saigné. L'auteur pointe du doigt ce massacre frénétique , cette avidité sans nom.
*
Et parlons d'un autre type de tragédie. Celui d'un couple machiavélique, sans scrupule, flamboyants dans leurs actes de malveillance. Et surtout la femme, Serena.
Quelle manipulatrice hors pair ! Son animal totem - l'aigle- étant son alter-ego dans sa façon de chasser sa proie. Sans limites.
Oh ce n'est pas elle qui va s'abaisser à tuer bien sûr, pour cela, elle utilise son homme de main.
J'ai été étonnée et choquée par cette accumulation de meurtres. Ce sont les dialogues des employés-bûcherons qui nous apprennent ce qui se passe de terrible dans ce coin perdu. Des textes savoureux dans un parler local du crû. du brut, du rural.
*
Un moment de lecture époustouflant car de genre inconnu pour moi. Une prose poétique aussi avec des descriptions sublimes de la Nature. Les animaux sauvages en ligne de mire (mais qui est le plus perfide: le serpent à sonnettes ou l'homme?)
*
Un message de révolte contre cet acharnement de destruction d'un équilibre si fragile.
*
J'ai visionné le film éponyme après ma lecture. Quelques scènes oubliées et un peu trop mélo à mon goût.
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♫ se-re-naaa, ton univers impi-toy-aaaa-ble ♪... Oui, Serena est pire que le très célèbre J.R ! Plantons le décor : nous sommes en plein coeur des Appalaches, en Caroline du Nord, peu après la grande dépression de 1929, au milieu d'une exploitation forestière. Presque «sur» exploitation parce qu'après leur passage, il ne restera plus un arbre debout, hormis les croix du cimetière.

L'exploitation appartient à la société de monsieur Pemberton qui la gère avec deux associés. Tiens, d'ailleurs le voici, Pemberton, avec son épouse. Son épouse ? Oui, messieurs les ouvriers, votre boss vient de se marier lors de son séjour à Boston et, croyez-moi, vaudrait mieux pas chercher des crosses à sa femme.

Non, pas en raison de la haute stature de votre patron... Juste en raison du caractère intraitable de sa femme ! Un ouvrier en fera les frais : non seulement il perdra son pari contre elle (2 semaines de travail sans salaire), mais en plus, madame le fera renvoyer ensuite, pour en faire un exemple.

Serena, c'est le genre de femme qu'on n'a pas envie de croiser sur son chemin, surtout si on à l'intention de lui mettre des bâtons dans les roues. Elle ne se laisse pas faire et elle a de la répartie... Sa langue est comme un fouet, elle claque. Ou comme la langue d'un serpent qui siffle avant de mordre.

En comparaison, les autres femmes du roman font pâle figure, hormis la petite Rachel, 17 ans - qui s'était faite monter par monsieur Pemberton avant qu'il ne parte à Boston et revienne marié et qui est grosse de ses oeuvres... La pauvre gamine perdra son père lorsqu'il défia Pemberton au poignard.

Elle a du courage, cette brave Rachel, mais elle aura intérêt à raser les murs parce que Serena l'a mauvaise à cause du fait qu'elle ne saura pas donner un enfant à son mari. Heu, tout compte fait, Rachel ferait mieux de fuir !

Serena... On ne sait pas si elle crève d'ambition ou si elle a soif d'une revanche sur la vie. Notre dame a les cheveux courts, porte des pantalons, monte à cheval comme les hommes et parcourt, sur son cheval arabe blanc, son fief boisé, au coeur des Smoky Mountains, un aigle perché sur le bras droit.

Serena... Plus diabolique que romantique. À beaucoup, elle inspire la peur, le respect, le désir, la haine. Biffez la mention inutile.

Pemberton, elle l'a vu et elle l'a voulu, s'offrant à lui le premier soir. Ce qu'elle veut, elle l'obtient, par tout les moyens.

Que voilà un personnage antipathique à 200%, la Serena. Surtout lorsqu'elle se met à régler tout ses problèmes à coups de cadavres, alors que son mari, lui, utilise sa fortune pour soudoyer les banquiers et politiciens, afin de tirer un maximum de ses terres avant de les laisser au futur Parc National. Totalement exsangue, bien entendu.

Ne vous y trompez pas : le mari a beau être fasciné par son épouse, ce sont tout les deux des prédateurs. Par contre, seule Serena a un coeur de pierre. Elle est bien plus dangereuse que lui, aussi.

Au fil des pages, elle devient de plus en plus froide, implacable, meurtrière, calculatrice, éliminant tout ceux qui sont dans son chemin, comme on abat un arbre. Aussi froide et impitoyable que les hivers rigoureux et mortels des Smoky Mountains. Aussi sèche que le sable des déserts brûlants.

Mais Serena ne tue pas elle-même... Non, tout comme elle utilise un aigle pour chasser les serpents, elle a un homme de main. Ses mains restent propres.

Roman noir, sur fond de misère sociale, de chômage et de crève-la-faim qui sont prêt à tout pour avoir un travail, même dans le milieu des bûcherons où on ne fait pas de vieux os. Ici, l'écologie est considérée comme un gros mot.

Quant aux droits des travailleurs... Les droits de qui ? Ce sont des esclaves, rien de moins. Un meurt ? Ils sont des dizaines à vouloir sa place.

Ce que j'ai aimé, en plus du contexte social, c'est que le roman ne soit pas centré uniquement sur la vie du couple Pemberton. Il nous parle aussi des ouvriers, de leur travail, nous fait partager leurs pensées philosophique, le cimetière qui se remplit des leurs, des concessions nouvelles qu'il faut négocier, sur ce parc National que certains veulent faire là où se trouve l'exploitation forestière. Bref, pas un moment de répit. Un roman profond.

Une écriture simple, mais pas simpliste, limite venimeuse comme Serena. Un récit lent, mais pas ennuyant, grâce au récit de la vie des Pemberton entrecoupé des récits des bûcherons, de la vie de Rachel qui élève seule son fils, des négociations pour d'autres terrains, des manigances de Serena et des bons mots qui parsèment le récit.

Argent, corruption, pas de justice - hormis celle du plus fort (ou de celui qui tue le premier) - un shérif qui fait tout ce qu'il peut pour lutter contre la puissance des Pemberton. Ce shérif, il en a dans le caleçon. C'est le seul a ne pas baisser les yeux et son froc devant eux.

Un personnage que j'ai apprécié, avec la petite Rachel. Deux personnages auxquels on s'attache, on tremble pour eux, on souffre avec la jeune maman qui fait ce qu'elle peut pour élever son gamin, sachant très bien qu'elle ne doit rien attendre du père biologique.

Un roman fort sombre, aux personnages travaillés, torturés, dont les quelques bûcherons dont nous suivons le parcours et leurs réflexions sur la femme du patron, le monde,...

Du venin dans les dialogues, dans les descriptions des hommes au travail et dans les paysages saccagés, sans parler du venin dans les pensées et les gestes de Serena et de ses sbires.

La fin m'a scié... Mais j'aurais dû m'en douter, avec Serena !

♫ Oh Serena, ton coeur est trop dur ♪
Lien : http://the-cannibal-lecteur...
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Premier roman de Ron Rash que je lis et je suis vraiment déçue car Serena n'a pas su me convaincre. Il m'a fallu presque deux mois pour venir à bout des 500 pages, tant je me suis ennuyée.

Je ne remets pas en cause que l'écriture et la plume de l'auteur n'est pas belle bien au contraire. LE livre m'a vraiment transporté dans les années 1930 au coeur des Etats-Unis. Mais je n'ai pas aimé l'intrigue et les personnages. Serena est une femme froide, sans scrupule, son mari Pemberton est juste méprisable quant aux personnages secondaires, aucun n'a réussi un tant soit peu a touché mon coeur.

Le roman est noir, violent, dérangeant parfois et l'auteur ne nous épargne rien. Il y a de bons dialogues mais malgré ça je ne suis vraiment pas conquise. J'ai d'autres romans de l'auteur dans ma PAL, peut-être que j'aurais plus de chances avec ceux-là mais pour Serena, je suis passée à côté.
Lien : https://missmolko1.blogspot...
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