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3,66

sur 591 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
La Fractale des raviolis est à déguster d'une traite ! Comme Pierre Raufast vous le suggère allègrement avec des chapitres aussi courts que percutants, gobez chaque historiette avant d'en découvrir le sens ou l'origine dans la suivante.

Décidément, les éditions Alma me permettent de découvrir des récits osés et originaux. Après le recherché American Gothic de Xavier Mauméjean et le plus émotif Versant féroce de la joie d'Olivier Haralambon, La Fractale des raviolis de Pierre Raufast consiste en une succession de petites intrigues dites « gigognes » car elles se contiennent les unes les autres. Un souvenir, une justification, un rappel, n'importe quel événement peut servir de transition, mais il y en a toujours une.
Nous démarrons et nous terminons avec une épouse trompée déterminée à éliminer son mari grâce à des raviolis maison, un souvenir interrompt son geste. C'est le début de nos allers et retours dans des intrigues décousues mais qui sont autant de récits courts se suffisant à eux-mêmes. Dans cet enchaînement qu'il justifie dans l'autoportrait clôturant cet opus, l'auteur réussit à glisser des histoires qui lui tiennent à coeur ou bien des sortes de contes à la morale claire, sachant que nous retrouvons des lieux proches de nous que l'auteur connaît bien comme la ville de Marseille ou le Massif central. Ainsi, nous voguons d'un bar à hôtesses à l'ermitage reculé d'un stratège militaire, de la cité phocéenne en proie à la peste de 1720 à des interrogatoires où le détecteur de mensonges est un enfant voyant les infrarouges, voire même d'un arnaqueur de vieilles dames à un jeune garçon exterminateur de rats-taupes !
Les pages défilent très vite, car le rythme est soutenu et les personnages intrigants. Nous devinons, par habitude, qu'il survient à un moment donné un choc dans leur vie, d'autant plus que chacun semble déterminé par un souvenir, par un rappel à son passé, à agir de manière troublante. Notons que nous tombons régulièrement sur des sociopathes ce qui rend parfois le récit plutôt sanglant ou, pour le moins, malsain. Mais c'est bien trouvé et surtout cela constitue un vrai bon moment de lecture.

La Fractale des raviolis, malgré son titre racoleur qui peut faire peur, ne déçoit pas. Nous pouvons comprendre qu'il est compliqué d'étirer davantage une telle forme d'écriture. Je suis donc ravi d'accueillir ce petit volume très sympathique dans ma courte collection Alma, merci à eux.

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Si vous pensez que l'auteur vous a servi un simple plat de raviolis, et bien détrompez-vous : vous allez être étonné de tout ce qui se cache dans cette recette d'une grande simplicité apparente !

Et déjà l'entame de ce roman pique la curiosité. Je ne résiste pas à vous la partager.
« Je suis désolé, ma chérie, je l'ai sautée par inadvertance.
Je comprends que l'on puisse sauter une femme par dépit, par vengeance, par pitié, par compassion, par curiosité, par habitude, par intérêt, par gourmandise, et même parfois par amour. Par inadvertance, ça non. »

C'est vrai, ce genre de réponse, ça met en colère et comme la vengeance est un plat qui se mange froid, notre pauvre cocue va tout faire pour se débarrasser de ce mari volage. Mais parfois, la mise en place se révèle difficile...
Surtout lorsque au cours du processus, il est question d'un jeune homme capable de distinguer les infra-rouges, de l'arnaqueur des cimetières qui détrousse les veuves éplorées, d'une armée de rats-taupes qui envahit un champ, d'un écrivain en mal d'inspiration, de l'importance de se laver les mains, de la peste qui se répand à Marseille au 19e siècle... Non, décidément rien ne s'annonce comme prévu !

Voilà un roman très singulier que j'ai pris grand plaisir à lire. La construction est un assemblage de récits imbriqués comme des boîtes-gigognes que le lecteur découvre peu à peu et replace en sens inverse pour retrouver le fil de départ.
C'est un roman cocasse et plein d'humour, délicieusement écrit par Pierre Raufast qui possède un talent indéniable de conteur.
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La fractale des raviolis est un roman réalisé en forme de nouvelles gigognes, les récits s'enchaînent à partir d'un personnage, d'un objet, on zoome sur un détail qui nous entraîne dans une nouvelle affaire, ces histoires s'imbriquent les une dans les autres pour ressortir de l'autre côté, chaque histoire incluse est intrigante, passionnante, cela forme une toile d'araignées où tous les destins sont liés, comment un crime qui a eu lieu il y a plus d'un siècle peut-il avoir de l'influence sur celui qui pourrait bien arriver aujourd'hui, tout cela donne une image assez vile de la nature humaine, bassesses, mesquineries, mensonges, crimes, vengeances, violence gratuite… Cette lecture est vraiment très ludique, drôle, et aussi vertigineuse, le processus peut être décliné à l'infini, on peut imaginer une autre histoire qui débuterait et qui terminerait ce livre, et encore une autre. La fractale des raviolis est un roman oulipien par excellence.
Vous reprendrez bien quelques raviolis ?
Même si je n'ai pas goûté aux fameux raviolis aux herbes, j'y ai pris beaucoup de plaisir.
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Je découvre enfin Pierre Raufast, depuis le temps qu'il traînait (enfin son livre, pas lui) dans ma PAL…

L'astuce narrative consiste à embrayer à la fin de chaque chapitre sur une histoire différente pour, au final, revenir exactement au point de départ. Un peu comme dans la chanson de mon enfance celle des « Trois petits chats » !
Malin, parce qu'on se laisse entrainer par l'envie de connaître le développement suivant et de voir comment tout cela va s'articuler.

Si certains chapitres m'ont posé problème en raison du sujet abordé, j'ai quand même bien apprécié cette lecture et je me pencherai dès que l'occasion se présentera sur les autres oeuvres de l'auteur…

Challenge Multi-défis 2017
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Cette fois s'en est trop ! La narratrice ne supporte plus les infidélités à répétition de son mari et décide de se venger. Pour son dernier repas, elle choisit de lui préparer des raviolis, son plat préféré, dans lesquels elle a glissé une bonne dose de poison. Mais au moment où ils s'apprêtent à passer à table, la voisine arrive en urgence et leur confie son fils Théo, cinq ans. Voilà un imprévu qui pourrait bien coûter la vie à un innocent… Mais alors que l'on s'attend à découvrir l'issue du drame, le récit bifurque sur une autre histoire, tout droit sortie des souvenirs de la narratrice et qui la replonge l'année de ses 19 ans. Une histoire en entraînant une autre, les récits s'enchaînent, les décors changent, les protagonistes aussi. Des raviolis empoisonnés, on passe au mythe des vierges de Barhofk, puis à la découverte du syndrome Sheridan, à l'extermination des rats-taupes, à l'épisode de la peste à Marseille et à l'arrivée imminente d'une météorite ! Mais, au final, qu'en est-il des raviolis empoisonnés ?


Bon, pour ceux qui ignoreraient (comme c'est mon cas) ce qu'est une fractale, il s'agit en fait d'un terme mathématique désignant un objet, une forme qui se définit par son irrégularité et sa fragmentation et formant néanmoins un ensemble cohérent. (hum, je ne sais pas si je suis bien claire là…). Un titre parfaitement choisi donc pour illustrer la construction de ce récit composé de vingt-quatre petites histoires liées les unes aux autres par un même fil conducteur. Difficile au début de ne pas être frustré lorsque l'on découvre que l'intrigue est stoppée au moment de son apogée ! Mais la frustration est de courte durée tant les histoires qui prennent le relais s'avèrent toutes aussi captivantes !


On saute d'une histoire à l'autre avec une facilité déconcertante et un intérêt sans cesse renouvelé ! Par ailleurs, Pierre Raufast prend soin d'apporter une conclusion à chaque intrigue et ainsi de « boucler la boucle », évitant au lecteur de rester sur sa faim ! L'auteur fait preuve d'un véritable talent de conteur, alternant récit graves et situations burlesques, voire loufoques. Un texte original donc, habilement construit, qui se lit d'une traite et avec un immense plaisir ! Une très jolie découverte en somme !
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Mais où allons-nous ? C'est la question récurrente que se pose le lecteur au fur et à mesure qu'il tourne les pages de ce qui fut le premier roman de Pierre Raufast (depuis, il y en a eu deux autres et il me semble que quelque chose est annoncé pour octobre... il était donc grand temps que nous fassions connaissance). C'est vrai quoi... comment se retrouve-t-on, à partir d'un plat de raviolis amoureusement cuisiné (nous y reviendrons) à explorer le destin d'un certain Franck Vermüller, passionné par l'éradication des sauterelles (ce qui le mènera loin, mais nous y reviendrons) ? Que vient faire dans tout ça une épidémie de peste au Moyen-Âge ? Je rappelle tout de même que nous partons d'une situation certes un peu tendue - la narratrice s'apprête à supprimer son mari adultère grâce à son plat préféré un peu spécialement assaisonné - mais enfin, théoriquement assez linéaire...

C'est sans compter sur l'esprit de l'auteur (que j'ai trouvé ma foi fort sympathique lorsque nous nous sommes croisés récemment, même si je me sentais un peu gênée de ne pas l'avoir lu, mais je m'éloigne du sujet...) qui m'a donc obligée à me référer à Wikipedia pour me rappeler (j'ai fait des maths, même pas mal mais c'est loin) ce qu'est une fractale... Je vous fais ici profiter de la définition :

"Une figure fractale est un objet mathématique, telle une courbe ou une surface, dont la structure est invariante par changement d'échelle1.

L'adjectif « fractal », à partir duquel l'usage a imposé le substantif une fractale pour désigner une figure ou une équation de géométrie fractale, est un néologisme créé par Benoît Mandelbrot en 19742 à partir de la racine latine fractus, qui signifie « brisé », « irrégulier », et de la désinence -al présente dans les adjectifs naval et banal (pluriels : navals, banals, fractals). de nombreux phénomènes naturels – comme le tracé des lignes de côtes ou l'aspect du chou romanesco – possèdent des formes fractales approximatives.

Les fractales sont définies de manière paradoxale, à l'image des poupées russes qui renferment une figurine identique à l'échelle près : « les objets fractals peuvent être envisagés comme des structures gigognes en tout point – et pas seulement en un certain nombre de points, les attracteurs de la structure gigogne classique. Cette conception hologigogne (gigogne en tout point) des fractales implique cette définition tautologique : un objet fractal est un objet dont chaque élément est aussi un objet fractal (similaire) 3."

Voilà. C'est plus clair, non ? Sachez donc que pour découvrir ce qu'il va advenir de ce plat de raviolis dont Marc se lèche déjà les babines mais dont la dégustation va être soudainement compromise par quelques imprévus, il y a un certain nombre de paramètre à prendre en compte. Parce que la vie n'est pas une ligne droite, parce que quand on parle de destin, on ne sait pas toujours ce dont il s'agit exactement. Et s'il faut pour cela faire connaissance avec Paul Sheridan, les vierges de Barhofk ou rejouer la bataille d'Austerlitz avec Rémy... eh bien soit !

Ah, encore quelques mots : j'adore !

Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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J'étais sorti de la lecture d'Habemus piratam, le quatrième roman de Pierre Raufast, avec la ferme intention de découvrir davantage cet auteur et de vérifier si ses autres oeuvres me plaisaient autant. Chronologie oblige (et disponibilité de l'ouvrage à ma médiathèque), je me suis plongé dans le premier opus de Pierre Raufast, La Fractale des raviolis. Et, disons-le tout de suite, je n'ai pas été déçu !

Comme je connaissais déjà le style de cet auteur, je n'ai pas été surpris par la structure en poupées russes de l'ouvrage : on commence avec une histoire, qui en lance une autre, qui en lance une autre. Et ainsi de suite. Jusqu'à ce qu'elle se referment toutes. Cette construction, en fractales donc, est très ingénieuse et, si on lit le livre très vite (cela tombe bien, il se lit très vite, de par son style fluide et agréable, mais aussi de par son intérêt tel que le lâcher avant la fin est difficile), on n'a aucun problème de mémoire (car il en ouvre, des histoires, l'auteur).

Le départ est classique : une femme trompée cherche à se venger. Mais elle veut le faire de manière particulièrement radicale. Un meurtre, tout bonnement ! le ton est léger, dès les premières lignes. On comprend aussitôt que Pierre Raufast ne va pas hésiter à traiter de thèmes parfois durs (tuer son conjoint, par exemple), mais sans complaisance dans le macabre. Au contraire, il survole cela avec humour et finesse. Et quand la tension est à son comble, avec sadisme, paf, il change d'histoire et nous embarque avec un autre personnage aussi intéressant que le précédent, dont on a envie de connaître le destin (ou, du moins, la résolution de ses mésaventures). Tout cela est contrôlé, géré avec un certain talent. Et la boucle se referme avec habileté dans les dernières pages.

La Fractale des raviolis m'a enchanté pendant quelques heures, a su me faire rêver, me faire rire, me faire voyager dans le temps et dans l'espace. Tout cela en moins de 300 pages. Merci, monsieur Raufast.
Lien : https://lenocherdeslivres.wo..
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Un de ces livres originaux, tendres et loufoques comme on les aime !

Conteur né, Pierre Raufast, doué d'une imagination débordante et d'un talent indéniable pour commencer des histoires sans toujours savoir les terminer - encore que la fin du livre démente cette première impression - a trouvé un moyen ingénieux d'enfiler ses récits sans les accumuler ni se disperser : les textes gigognes ! A chaque dénouement se substitue l'allusion à une autre histoire, reliée plus ou moins à la précédente, et ce saut régulier dans de nouvelles aventures est tout à fait plaisant.

De page en page et de récit en récit, on suit les thèmes emboîtés de l'enfant génial, précoce mais incompris, de l'oeuvre d'art par le crime (on pense au Parfum de Süskind), de la science et de l'intelligence au service de l'art, le plus déjanté toutefois (Les vierges de Barhofk). le suspense est à son comble quand une pirouette nous fait partir sur une autre vague narrative... Fantaisie, humour, ingéniosité, histoire même parfois, de l'art de la guerre (Rémy, le grand tacticien) à la chronique de la peste à Marseille (La lettre), sans compter une leçon hilarante de géopolitique (Le robot était presque parfait), le lecteur est a chaque fois surpris, ravi et enchanté.

Un charmant petit livre, à conseiller vivement à tout public amateur d'humour et de belles histoires.
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Trompée par son mari, une femme décide de s'en débarrasser. Pour cela, rien de bien compliquer : des raviolis faits maison, de la digitale pourpre, et le tour est joué. Sauf, bien entendu, si le hasard s'en mêle et qu'un pauvre enfant se trouve sur le point d'être convié à partager le repas destiné à l'époux volage. Et puis tout s'arrête. Car à ce moment-là la narratrice prête à assassiner son mari se souvient de sa jeunesse. Dès lors, les récits s'enchaînent, s'imbriquent, oscillant entre réalité et fiction jusqu'à ce final qui nous ramènera au début.
Ce roman fractal enchaîne donc les histoires : prostitution, élimination de rats-taupes envahissant, trafic d'art, robotiques… les thèmes s'accumulent, se répondent, s'emboîtent sous forme de contes tour à tour tragiques ou comiques mais toujours enlevés. C'est là la réussite de Pierre Raufast : transformer son lecteur en sultan des Mille et une nuits suspendu aux lèvres de Shéhérazade et entrainé sans y prendre garde dans cette suite de récits enchâssés.
Et c'est donc avec un plaisir enfantin que l'on se laisse aller à suivre l'esprit en escalier de Raufast qui, sans révolutionner la littérature, offre à son lecteur un moment de lecture incontestablement bon, amusant sans être creux. Un joli petit bouquin.

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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« La fractale des raviolis » de Pierre RAUFAST (Ed.Alma,2014) est un roman que j'ai choisi, d'abord, pour son titre incongru. ...Et puis je tente deme souvenir de ce que ce mot fractale peut bien signifier. Et je redécouvre, au fond de moi, cette notion étudié lors d'une vie antérieure . C'était au temps où je pratiquais les sciences mathématiques. [Au départ, en mathématiques, fractale désigne une figure ou volume qui a des formes régulières ou fragmentées qui se reproduisent par successions de structures identiques. L'exemple le plus souvent cité est le flocon de neige, où fini le cristaux , où commence son suivant, si proche et pourtant différent ?] Et tous ces flocons, nos coeurs d'enfant n'ont qu'une envie, courir après, tenter de les happer et rire de nos réussites comme de nos ratés.

On se dépouille de notre sérieux de matheux, de nos jouissances enfantines et on entre dans le récit de Pierre RAUFAST en dilettante, avec l'humour qu'il nous inspire dès les premières lignes.

Car, « La fractale des raviolis » est bien construire sur ce modèle insaisissable d'une succession d'histoires emboîtées, l'une n'étant jamais tout à fait finie alors que déjà elle nous embarque sur une deuxième, emboîtée cigogne, qui nous entraîne très loin et pourtant nous permet de nous sentir très proche et dans le droit fil, de celle qui précède. Et si la troisième change, elle aussi, le cap, elle ne bouleverse en rien nos repères sur la boussole de ce voyage qui se poursuit dans un chaos nous entraînant de récits en rencontres, d'analyses surréalistes en décisions de sagesse et d'utopies dominatrices et victorieuses en grains de sable destructeurs et bloquant tout avancement vers une fin convenue !

Jubilatoire cette écriture fraîche, traversant le monde littéraire comme un ovni, une oeuvre volontairement non identifiable à ce qu'on connaît d'habitude en littérature. Perso, j'aime le théorie du chaos (très présente dans les fractales) qui est toujours (ou le plus souvent) beaucoup plus organisée qu'on le croit... C'est le cas de ce bouquin finalement plein d'humour, de sagesse et de ces aléas de la vie qui font qu'à un poil prêt, la vie aurait été tout autre !
Pour sa fraîcheur, un livre coup de coeur. Un vrai petit court, serré qui se déguste avec bonheur sous un soleil d'été !
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