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La trilogie baryonique tome 1 sur 3
EAN : 9782266335645
336 pages
Pocket (07/03/2024)
3.98/5   154 notes
Résumé :
2173. L'humanité se remet progressivement de la grande migration climatique qui a décimé sa population. Le progrès scientifique est au point mort.
Seule perspective possible : mettre la main sur les gisements d’antimatière qui doivent se cacher quelque part dans l’espace. A cette fin, des mineurs d’espace-temps génèrent des trous de ver pour explorer les strates de l’Univers. Sara et Slow sont ainsi embarquées dans le module Orca-7131. Mais une avarie improba... >Voir plus
Que lire après La Trilogie baryonique, tome 1 : La Tragédie de l'orqueVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (71) Voir plus Ajouter une critique
3,98

sur 154 notes
J'ai traversé le premier chapitre de ce livre comme un champ d'antimatière, me demandant à quel moment l'intérêt de ma lecture allait y être irrémédiablement aspiré.
En l'espace de quelques huit pages, l'auteur nous y a refourgué l'universalité de la bière, l'endroit étonnamment le plus chaud de l'univers et le destin tragique du papillon monarque ...
Que Dieu me savonne et que Wiki me pardonne, c'est la foire à l'anecdote !
On a frisé là la tragédie Baryonique !
Mais heureusement, à bord fr l'Orca 7131, la commandante Sara Mc Teslin et son adjointe Slow Resende ont pris les choses en main, se sont emparées du récit jusqu'à le porter au delà des strates de l'univers et jusqu'à le ramener au centre d'une lecture passionnante ...
"La tragédie de l'orque" est le premier opus de la "trilogie Baryonique" de Pierre Raufast.
L'ouvrage a été publié en mars 2023 aux éditions des "Forges de Vulcain".
Il a été sélectionné, à Nantes, pour concourir à l'obtention du prix littéraire "Utopiales" 2023.
C'est là un concurrent sérieux aux autres ouvrages en lice !
La lutte promet d'être chaude et les discussions du jury aussi tumultueuses qu'un forage à travers un trou noir.
En attendant début novembre, le suspens sera d'un silence assourdissant !
"La tragédie de l'Orque" est un livre de science-fiction, un roman de genre.
Il est tout simplement passionnant.
Sara Mc Teslin et Slow Resende, à bord de l'Orca 7131, sont entrées dans un trou noir un lundi d'avril 2173 à 5H31 GMT.
Depuis il n'y a pas eu ni de fermeture du bure, ni de fontaine blanche qui annonce la fermeture du trou noir ainsi créé.
Le 3 mai 2173, au centre de commandement de l'ARA, sur terre, une alarme P1-906 a retenti ...
La France n'est plus alors qu'un pays touristique où seule la moitié nord est vivable.
Mais le monde n'a pas changé.
Ses dirigeants, sous couvert d'une recherche d'antimatière à laquelle ils ne croient pas, ont organisé un pillage en bonne et due forme de toutes les planètes exploitables rencontrées.
C'est que le voyage sidéral a bien évolué.
La clef de l'espace était dans ses trous noirs ...
Le monde est divisé entre modernes et anti-modernes, entre partisans du progrès et opposants à toute technologie tels que les "Bernanos" et autres néoluddistes ...
"Ah ! non ! c'est un peu court, jeune homme ! "
La référence est un peu expéditive.
"On pourrait dire… Oh ! Dieu ! … bien des choses en somme" !
Quoiqu'il en soit le livre est bien écrit, dans un un style agréable et fluide.
Le récit est habile et prenant.
Sans pouvoir aucunement résister à la plume de Pierre Raufast, on y est inéluctablement projeté à l'autre bout de l'espace à la remorque d'une tortue vers une terre inconnue ...
Le monde décrit y est de façon plausible et cohérente.
Les personnages y sont attachants.
A la fois héroïques et communs, ils sont pleins d'un passé qui s'accroche à eux et, comme chez tout un chacun, vient résonner dans leurs actions et leur réflexions.
Ce premier tome, tout passionnant qu'il est, se clôt sur un épilogue aussi dramatique qu'énigmatique.
Promesse d'un second volet plus prenant encore ...
Reste qu'il va falloir attendre !
Ne pourrait-on pas envoyer vers Pierre Raufast un S-Orca afin de gagner un peu de temps sur le suspens ? ...

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Nous sommes en 2173. La tragédie du réchauffement climatique a eu lieu et une bonne partie de la terre n'est plus habitable, comme la partie sud de la France, par exemple ; des vignobles sont apparus en Scandinavie, en Russie, au Canada. Une « Grande Migration » a eu lieu. Pour donner un nouvel essor au progrès scientifique et technologique, des « mineurs d'antimatière » sont envoyés dans tout l'espace pour dénicher cette source d'énergie illimitée. Les scientifiques ont trouvé le moyen de créer des trous de ver pour passer rapidement d'une strate de l'univers à une autre et ainsi s'éloigner de la Terre de millions d'années-lumière sans avoir à parcourir réellement cette distance. Mais un des vaisseaux engagé dans cette recherche, l'Orca-7131 connaît un gros problème puisqu'en raison d'une avarie technique, Sara et Slow, les deux femmes à bord, ne peuvent faire le voyage de retour à partir de la strate qu'elles ont atteinte et qui est distante de soixante millions d'années-lumière du système solaire. Un autre vaisseau est appelé à la rescousse mais le problème tout entier va se trouver au centre de rivalités entre deux institutions rivales, l'Institut et l'Agence. ● Ce roman de science-fiction marque une réelle inflexion dans l'écriture de Pierre Raufast, qui jusqu'à présent créait des romans à tiroirs pleins de fantaisie dans lesquels des récits s'ouvraient sur d'autres récits, dans un mouvement parenthétique presque infini, à la manière des Contes de Canterbury ou de l'Heptaméron et avec des échos d'un livre à l'autre (même ici on retrouve le capateros, jeu de cartes chilien). Il est vrai que cette technique commençait à s'essouffler et cette nouvelle veine est tout à fait bienvenue. ● D'autant que ce premier tome d'une trilogie à venir est très agréable à lire. Les données scientifiques et techniques, complexes, m'ont semblé bien vulgarisées et compréhensibles. L'histoire est bien construite et le suspense maintenu tout au long du récit. ● Certes, le début est assez maladroit : l'exposition de l'état du monde en 2173 passe par de grosses ficelles et il aurait sans doute été possible d'introduire le lecteur dans cet univers de façon plus subtile. ● La rivalité entre l'Agence et l'Institut n'est pas des plus claires ; pour ma part j'ai eu du mal à identifier les prérogatives de l'un et de l'autre organisme pendant toute ma lecture. Leurs dirigeants ne m'ont pas non plus paru suffisamment caractérisés pour marquer la mémoire du lecteur. ● Bien entendu, si le roman parle du futur, il parle aussi de notre présent, comme tout récit de SF. le réchauffement climatique est à la base du roman de Pierre Raufast et on y retrouve également des formes de complotisme, de désobéissance civile, de germes révolutionnaires par rapport à une société future qui ne satisfait pas tout le monde. ● L'intelligence artificielle est également évoquée, de façon assez originale, avec la « théorie des plafonds » de Tao, que je vous laisse découvrir. ● Il ne fait aucun doute que je vais lire les deux tomes suivants. ● Je remercie NetGalley et les éditions Aux Forges de Vulcain de m'avoir permis de lire ce livre.
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De Pierre Raufast, je n'avais lu que "Le Cerbère blanc", publié en 2020, et ce dans le cadre d'une lecture commune à l'issue de laquelle je restais perplexe. Si l'auteur m'avait bien "embarquée" dans son univers, la porte ouverte en fin de récit sur le fantastique m'avait déconcertée. Pendant que certains de mes compagnons de lecture estimaient justement que c'était là tout le sel du roman.

J'en étais restée à ce sentiment de perplexité lorsque l'on me propose la lecture du dernier ouvrage de ce même auteur, premier d'une trilogie annoncée, cette fois-ci clairement revendiqué comme récit de science-fiction. Un défi intéressant pour moi qui en lis très peu, et puis, une chance de repartir à la rencontre de cet auteur. Merci donc à Babelio et aux éditions de FORGES DE VULCAIN !

Je pars donc à la découverte de "La tragédie de l'Orque" dans son volet premier "La Trilogie Baryonique". On commence dès le titre puisque n'ayant aucune fibre scientifique, je m'interroge avant même d'avoir ouvert le roman : "baryonique... Quèsaco ?"

Le ton était donné car si l'on veut un tant soit peu appréhender l'univers dans lequel Pierre Raufast nous invite, il va falloir concéder à la lecture quelques allers-retours avec des articles de vulgarisation scientifique.

L'auteur en profite pour me catapulter en 2173... Force est de penser que je ne serai plus là depuis longtemps, et grand bien m'aura pris, car le réchauffement climatique a "tenu sa macabre promesse". Malgré une prise de conscience certainement trop tardive et un nouveau mode de production d'énergie délaissant enfin les énergies fossiles, le mal est fait.

Le réchauffement climatique perdure jusqu'en 2100, provoquant de gigantesques migrations et la disparition de 4 milliards d'êtres humains. de nombreux territoires sont devenus des déserts inhabitables et, comme des ruines antiques, des centaines d'éoliennes gisent au sol.

Après avoir planté ce décor climatique, l'auteur redistribue les cartes géopolitiques: l'ordre mondial est impacté puisque la grande majorité des pays signe le pacte de l'EPON (Energy Pact of Nations), leur permettant d'utiliser la technologie de la fusion nucléaire, à condition d'une perte partielle de souveraineté. Ahhh... Voilà qui n'évoque guère un modèle démocratique ! L'énergie est donc comme aujourd'hui un véritable enjeu et c'est elle qui modèle ce qui reste de notre monde.
En effet, l'énergie est fournie gratuitement si les pays adhérents signent une Charte de coopération écologique, économique, sociale, migratoire, médicale... l'EPON est donc, de facto, une organisation mondiale tentaculaire et omniprésente qui, contrôlant les clés de l'énergie, a le monopole du pouvoir des directions géopolitiques. Hum... Pourquoi lorsque je ferme les yeux, m'apparaît Palpatine ?!

Mais revenons sur Terre... Pour mieux en repartir ! Car inutile d'être devin pour prédire qu'il serait temps de chercher un plan B et de projetter un déménagement sur une planète à l'habitabilité similaire à celle que l'on vient de syphonner.

Fort de sa motivation à inscrire cette trilogie baryonique dans le genre de la "hard science-fiction", Pierre Raufast apporte de nombreuses descriptions scientifiques et techniques pour habiller cet univers futuriste avec autant de cohérence que possible en tentant de se projeter 150 ans plus tard.

Et il se concentre autant sur Terre que sur l'espace, via les vaisseaux qui y sont envoyés. Les Orcas, vaisseaux spatiaux sphériques supportant les grandes pressions radiales à l'intérieur d'un trou noir, sillonnent les galaxies grâce au franchissement de plis d'espace-temps.

Outre la "prospection immobilière" pour exporter le genre humain, la mission de ces vaisseaux est la recherche d'antimatière, source d'énergie incroyable, grâce au "minage d'espace-temps". Les mineurs et mineuses d'espace-temps, qui embarquent en binôme, ont donc pour objectif de prospecter à travers les galaxies à la recherche de cette antimatière, permettant la création d'une nouvelle génération d'ordinateurs quantiques miniatures, ultra-puissants et qui pourront être embarqués à bord des vaisseaux Orca. Ainsi les vaisseaux pourront constamment rester en contact avec la Terre, même lors de missions très éloignées.
Mais pour ce faire ils créent des trous noirs et plus spécifiquement des trous de ver, qu'il faudra être capable de refranchir en sens inverse une fois achevée l'exploration, sous peine d'errer comme Ulysse, et surtout avec le risque de ne pouvoir le refermer, celui-ci étant capable d'avaler la matière, et donc les planètes proches !
En l'occurrence, celui crée à proximité de Mars, par Sara et Slow, binôme de l'équipage exclusivement féminin de l'Orca-7131, a été ouvert sans pouvoir être refermé, suite à une avarie sur le vaisseau... le trou noir menace la Lune de s'éloigner de la Terre, ce qui réduirait l'effet des marées et bouleverserait le climat... Et franchement, niveau climat, la "coupe est déjà pleine"!

Sur Terre, c'est la panique. Comment secourir l'équipage avec qui la liaison est rompue ? Les deux équipières sont-elles d'ailleurs toujours vivantes ? Et surtout, comment refermer ce trou noir menaçant qui ne cesse de grossir, si proche de notre planète ? Un autre équipage, à bord de l'Orca-7013 est désigné pour cette mission de la dernière chance.
Sur Terre des organismes concurrents se déchirent et font de la réussite de cette mission un enjeu de leur rivalité.

Pierre Raufast, après force détails scientifiques, se focalise sur les rapports humains et les problématiques soulevées par ce monde ultra technologique.
Il explore les liens familiaux entre ceux restés sur Terre et ceux embarqués sur les Orcas.
Ainsi il il y a ceux qui "restent à terre" et ceux qui partent à l'aventure.
De nombreux passages, sur le plaisir de quitter la planète, m'ont beaucoup plu, car totalement transposables aux aventuriers des siècles précédents, partant à la conquête de territoires inconnus. Si les pionniers américains fuyaient la pauvreté ou la persécution de leur pays d'origine, les mineurs d'espace-temps poursuivent eux aussi un rêve de liberté à bord de leur vaisseau. Parce que l'exploration spatiale permet de couper ce lien envahissant et unilatéral, ce contact permanent avec la Terre ressenti comme un contrôle omniprésent, les mineurs d'espace-temps présentent de fortes similitudes avec ces explorateurs des contrées vierges terriennes: "J'envie les grands navigateurs d'antan, ou les chevaliers qui partaient en croisade. C'étaient des sacrés aventuriers ; 2 ans, 5 ans, sans recevoir d'ordre, sans donner d'information. En totale autonomie. [...] Sur Terre ou même dans le système solaire, tu es tracé en permanence. Tu ne crois pas que nous avons perdu quelque chose? Une forme de liberté élémentaire et fondamentale?"


Ils fuient une Terre où, sous prétexte de faciliter le quotidien, l'intelligence artificielle régit les vies humaines.
Les humains sont assistés en permanence de robots, "les Experts", soit comme aide technique dans leur domaine professionnel, soit par un robot-nounou dans leur sphère privée, les "Sofia". Certains êtres humains en viennent à regretter un temps qu'ils n'ont pas connu : "Il faut s'éloigner de la Terre , berceau de l'humanité , pour retrouver un semblant d'humanité; pour penser par nous-mêmes, nous affranchir de tous ces Experts artificiels et tous leurs algorithmes qui nous disent à longueur de journée quoi faire, quoi dire et quoi penser."(P55)
Sara et Slow s'interrogent sur leurs libertés quand tous leurs choix sont guidés (voire imposés habilement?) par des êtres artificiels et par un pouvoir numérique: "Je me demande quand même si toute cette technologie n'est pas une forme de castration émotionnelle. Pourquoi se confier à des machines dont l'empathie n'est qu'une simple imitation, le résultat d'un algorithme quantique"?(P57)

D'une façon plus générale, ce roman soulève la question de la perte de liberté dûe à l'avancée technologique. La technologie, si elle peut soulager l'humain de tâches pénibles ou rébarbatives, si elle lui permet de gagner en vitesse d'exécution, a aussi une contrepartie dans la perte de liberté qu'elle induit : "Depuis l'invention du télégraphe, il y a presque 3 siècles, les gens sont toujours sous la supervision constante de leur patron. Quelque soit la distance qui les sépare, un chef a toujours un moyen pour surveiller ses subordonnés ou communiquer avec eux. Moi je n'en peux plus de cet oeil permanent, de ce fil à la patte invisible, de cette injonction à faire son petit compte-rendu quotidien. Quand on traverse un trou de ver, là au moins, on est tout seul. Peinard."(P.173)
Beaucoup de ces remarques m'ont fait sourire car depuis la démocratisation des smartphones, les interrogations des protagonistes, sur le thème de la liberté, sont déjà d'actualité.

Pendant que certains s'interrogent sur les risques induits par la technologie, d'autres sont très clairement dans la défiance et des communautés anti-progrés, comme les Bernanos, se multiplient.
L'utilisation de ces robots ne fait pas l'unanimité. Beaucoup de Terriens s'interrogent sur leur capacités à se retourner contre les Humains, car ces machines peuvent constituer en tant qu'armée l'outil d'un pouvoir. "La peur des machines était viscérale, similaire à la peur des loups et à celle de toutes ces bêtes sauvages et imaginaires que l'on ne connaît pas" (P.124) Les plus jeunes voient émerger une menace lancinante : "On met la lumière sur l'antimatière et pendant ce temps, TT-Bot monte des armées de robots en catimini sur d'autres planètes [...] Et c'est nous qui serons les premières victimes une fois que tout le système se mettra en place."(P.139)

On pourrait les taxer de complotiste dans un monde "bien huilé" en apparence, pourtant Pierre Raufast laisse émerger le côté sombre de certains personnages, et laisse filtrer des manoeuvres inquiétantes, laissant présager qu'une lutte s'annonce dans les 2 prochains volets.

Au final, je dois quand même souligner que j'ai dû accompagner ma lecture de nombreuses prises de notes, car le récit est dense, bien sûr déjà au niveau scientifique où je me suis régulièrement sentie perdue, mais aussi concernant la pluralité des personnages, afin de m'aider à me repérer dans les liens entre chacun et leur rôle sur Terre ou dans l'espace.

L'investissement de l'auteur dans l'application à créer un univers futuriste cohérent engendre quelques lourdeurs qui affectent la fluidité du récit et, à mon avis, au détriment de la finesse dans la description des personnages. Certains traits sont trop appuyés et parfois caricaturaux. Je repense à un des rares ouvrages de science-fiction que j'ai lu, plutôt Space Opera: "Cantique pour les étoiles" de Simon Jimenez. le cadre avait été long à s'installer, mais c'est sûrement une nécessité lorsqu'on veut immerger le lecteur dans un monde qui ne va pas de soi puisque intrinsèquement, il n'existe pas (encore !). Malgré cela, la longueur du récit avait permis un développement en finesse des personnages.

C'est pourquoi j'espère que les prochains tomes permettront à Pierre Raufast de relâcher un peu le côté scientifique pour laisser éclore une belle gamme de comportements et sentiments humains.
Pour terminer, j'ai apprécié certains passages qui m'ont vraiment donné une idée de ce que serait le 22ème siècle, parfois à travers un aspect anecdotique, mais ils restent à mon goût trop ponctuels et je ne parviens pas à m'immerger totalement dans ce récit du fait de "trous" dans une trame incomplète. J'aurais aimé plus de passages comme celui-ci:
"Dans le silence du cimetière, il aimait marcher lentement. Sur son passage, les hologrammes mémoriels se déclenchaient et racontaient la vie de tous ces disparus. Certains défunts se mettaient en scène dans des séquences troublantes, tournées de leur vivant, expliquant combien ils étaient désormais en paix. D'autres retraçaient leur vie avec des hologrammes d'archive." (P.328)
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Mars 2173. Après que le réchauffement climatique ait fait périr une partie de l'humanité, des découvertes scientifiques ont redonné un espoir. On sait maintenant traverser le temps, pour partir à la découverte de galaxies situées à des années-lumière.
Cette innovation permet aux hommes d'aller à la découverte de l'antimatière, seule susceptible de fournir l'énergie qui va bientôt manquer... À bord de leur vaisseau, Youri et Tom rentrent d'une de ces missions de recherche. Aux commandes du leur, Sara et Slow en démarrent une nouvelle.
Mais soudain, un "grain de sable" provoque l'accident...

Je ne suis pas un grand amateur de science fiction, et pourtant j'ai bien aimé. Les talents de conteur de l'auteur sans doute ! Je ne ferai qu'un reproche : l'issue est assez prévisible. C'est un peu comme dans Stars Wars, on sait que les gentils vont s'en sortir sans trop de dommages et que les méchants vont souffrir...
J'ai bien aimé le traitement des personnages : ils ont des doutes et des certitudes, mais les événements les conduisent à s'interroger, à se remettre en cause. Enfin, presque tous... Cela reste néanmoins assez superficiel ; on sent que l'auteur "en garde sous le coude" en prévision des prochains tomes...
Pas facile d'écrire un roman de science fiction sans créer des néologismes. P. Raufast n'y échappe pas, mais il parvient à leur donner une musique ou une consonnance très parlantes. On n'est pas trop dérouté et on visualise assez bien ce dont il veut nous parler.
Je passe sur la qualité de l'écriture : ce n'est évidemment pas du Proust ou du Céline, mais la narration est dynamique et la lecture facile et agréable. J'ai pris beaucoup de plaisir à cette lecture.
Je termine sur un coup de gueule : le travail d'édition est déplorable ! La correction est inachevée : j'ai compté une bonne dizaine de fautes, de mots répétés, d'incohérences de noms, etc. le titre est sans rapport avec le texte : où est la tragédie ? Cela m'a beaucoup agacé pendant la lecture, et coûte certainement un ♥ à cet ouvrage qui mérite mieux.

Je remercie Babelio, Pierre Raufast et les éditions Aux forges de Vulcain de m'avoir permis de découvrir ce livre et son auteur.
Lien : http://michelgiraud.fr/2023/..
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L'avenir est dans l'espace. Et l'avenir proche. 2173. Pas si loin, tout ça. Mais avant l'exploration intensive de l'espace qui nous entoure, Pierre Raufast imagine à la Terre un avenir bien noir, hélas trop réaliste pour être laissé de côté : la Grande migration climatique. Elle a eu lieu et avec elle, des décès en cascades et une remise en cause de nos sociétés. Quant à la science, elle plafonne : le célèbre théorème de Tao a bloqué l'humanité sur sa planète. Tous les espoirs d'un réel progrès reposent sur la découverte de gisements d'antimatière. Et encore ! Mais pour cela, il faut sillonner l'espace et espérer un coup de chance.

L'espace est au centre du roman. On y passe la majorité des chapitres, avec deux équipages d'Orca, ces vaisseaux spatiaux sphériques destinés au minage de trous de ver. On y apprend progressivement quoique parfois de façon un peu longuette le contexte scientifique imaginé par Pierre Raufast. Mais cela reste très clair, puisque j'ai tout compris. Pour résumer, on peut dorénavant voyager à travers l'espace grâce à une technique qui permet de créer de petits trous noirs et, ainsi, un passage quelque part ailleurs. Je dis quelque part ailleurs car on ne découvre sa destination qu'une fois arrivé de l'autre côté de la fontaine blanche. Il faut alors refermer le passage afin que le trou noir d'origine ne grandisse pas trop et n'avale pas la Terre. Et on peut alors fouiller ce nouveau coin de l'univers à la recherche de quelque chose de différent. Mais surtout, d'antimatière. Cependant, malgré les années de fouille, rien. Toujours rien. Et ce travail, qui paraît si merveilleux aux jeunes qui le débutent, se transforme vite en routine et en vaste déception pour la plupart des futurs retraités.

Mais l'histoire va évidemment déraper avec un accident. Accident sans doute dû en grande partie aux économies de bout de chandelle effectuées par l'administration spatiale qui doit gérer avec un budget toujours insuffisant. Mais aussi aux hasards malheureux qui ponctuent l'existence. En attendant, le résultat peut être catastrophique. Car un trou noir n'est pas refermé. Et, donc, comme de bien entendu, il grandit. Pas d'un coup, ni uniformément. Mais par à-coups. Dans tous les cas, si on ne le réduit pas, il s'occupera définitivement du système solaire.

Hard-science, vaisseaux spatiaux, trous noirs. Des mots qui évoquent le grandiose, les scènes épiques, les explosions fantastiques. D'où, peut-être, une certaine surprise à la lecture de la tragédie de l'Orque. Car, dans ce roman, on est dans la SF intimiste. de nombreux chapitres se déroulent dans des Orcas. Or, leurs équipages sont composés de deux hommes ou deux femmes. On est donc dans un petit cocon, isolé dans l'espace noir et silencieux. Cela m'a d'ailleurs fait un peu penser au film Gravity (2013) d'Alfonso Cuaron. D'autres chapitres nous conduisent dans la famille de l'une des occupantes d'un Orca. Là encore, cocon. Familial, cette fois, mais l'impression est la même : petit comité, préoccupations essentiellement personnelles. Et quand on se retrouve dans les centres de décision, les protagonistes sont rarement nombreux. J'ai d'ailleurs plutôt imaginé des scènes dans de petits bureaux que dans de grands centres de commande.

Autrement dit, j'ai été surpris par les choix opérés, par le ton employé par Pierre Raufast. J'ai écrit « surpris ». Pas « déçu ». Mais je me suis longtemps demandé ce qui me titillait dans un coin de mon esprit durant ma lecture. C'est sans doute cette différence entre ce que j'avais imaginé et ce que je lisais. Mais en aucune façon je n'ai été déçu. Car la lecture de ce roman a été rapide et agréable. Peut-être trop rapide : j'attends déjà la suite avec impatience et reste vraiment sur ma fin. D'autant que l'auteur nous laisse dans l'expectative, avec plusieurs pistes ouvertes.

Pour en terminer, reprenons rapidement les thèmes de SF abordés par ce roman. On a tout d'abord l'exploration spatiale. La recherche d'une planète habitable. Mais aussi l'exploitation des ressources situées en dehors de notre planète. Et la rivalité entre agences spatiales, amenant à des aberrations. On peut ajouter un point non négligeable et bien dans l'air du temps : les I.A. Car chacun possède sa propre I.A. qui le suit et l'aide. le guide. Trop ? Cela reste à voir. En tout cas, Pierre Raufast, pour nous donner différents points de vue, met en présence des membres de plusieurs générations. Celle qui a toujours connu cette « prothèse » et celle, plus vieille, qui en a vu le développement, mais a vécu une part de son existence sans cette aide. D'un côté, on a les tenants de cette technologie, qui conseille en permanence, de façon apparemment impartiale. Elle remplace en quelque sorte les adultes quand ceux-ci font défaut ou qu'on veut aborder des sujets trop intimes. Mais, de l'autre côté, on remarque qu'elle s'est immiscée partout et que pas une décision dans la journée n'est prise sans consulter cette I.A. personnelle. du pour et du contre. Je serais bien en peine de choisir. Mais une ombre se profile à l'horizon, car ces I.A. ne sont pas encore totalement indépendantes. Régulièrement, elles doivent vérifier des éléments, poser des questions à des humains, quand elles ne comprennent pas un comportement, par exemple. Pour cela, il existe des spécialistes : une sorte de centre d'appels réservé aux I.A. Amusant retournement de situation.

De Pierre Raufast, j'avais adoré Habemus piratam, La Fractale des raviolis et La Baleine thébaïde pour leur ton enlevé et leur travail sur la structure des récits. La tragédie de l'Orque a un autre but : nous proposer un avenir possible et structuré. Ce premier volume d'une trilogie dont les dates de parution sont déjà arrêtées (et ça, c'est bien) et assez proches (et ça, c'est très, très bien), est une lecture agréable, peut-être un peu trop « facile » cependant quand on est un habitué de SF. Mais sa construction est sans faille et le plaisir que j'ai pris au fil des pages a été total. J'attends donc le système de la tortue en octobre 2023 et le dôme de la méduse en mai 2024. Histoire de confirmer les paris que j'ai pris avec moi-même sur la suite de cette histoire qui décidera sans doute de l'avenir de l'humanité.
Lien : https://lenocherdeslivres.wo..
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critiques presse (1)
Liberation
27 mars 2023
e premier volet d’une trilogie, par un écrivain ingénieur des Mines et auteur de plusieurs livres depuis quinze ans, se lit comme un roman d’aventures à rebondissements, prospérant sur des pans irrésolus de l’astrophysique, et laissant pour fin de ce premier volet un énorme cliffhanger susceptible de donner des impatiences pour le deuxième.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
(Les premières pages du livre)
Orca-7013, mars 2173
Un mois avant l’accident
« Voilà, Tom, nous tenons le record de la bière décapsulée le plus loin de la Terre. Cinquante millions d’années-lumière et des brouettes, rien qu’avec un seul forage. Personne n’est jamais allé aussi loin. C’est un joli lot de consolation. »
L’autre ne répondit pas et dégusta la première gorgée. Youri observa sa bouteille et continua : « Moi, je trouve ça fascinant. N’importe où dans l’univers, on ne retrouve que les 118 mêmes éléments chimiques. L’homme vient là, et en rajoute un 119e : la bière. »
Son coéquipier sourit et fit un mouvement de tête pour l’inciter à poursuivre.
« Note bien que ce n’est pas récent. La bière est un marqueur, pour ne pas dire le seul, de l’humanité. Depuis l’Antiquité, toutes les civilisations, sans exception, ont découvert la fermentation des céréales. Sur la Terre, tu ne trouves pas un pays où tu ne peux pas boire de la bière. C’est encore plus universel que l’eau. Là où l’Homme s’installe, il installe une brasserie. »
Tom fit tourner lentement sa bouteille et contempla la mousse.
« Tu as raison. J’aime bien boire une blonde loin de chez moi ; ça a quelque chose de rassurant, de familier.
— Ouais. Les humains ont sans doute développé le gène de la bière pour ça.
— Tu crois que c’est universel ? Je veux dire, est-ce que la première chose que l’on partagera avec des extraterrestres, c’est une canette de bière ? Une sorte de constante extragalactique ?
— Le test ultime, signe qu’une civilisation a atteint un stade avancé ? C’est une idée, surtout que les levures sont des organismes monocellulaires à la base de tout… »
Tom sourit à cette nouvelle théorie et balança ses jambes. Assis sur la table blanche, les deux hommes contemplaient l’immensité de l’espace au travers de l’écran panoramique. La musique de fond réglementaire empêchait le vide omniprésent de prendre trop de place. Youri plongea son regard dans l’immensité noire. Il aurait fallu éteindre les lumières de la salle de repos pour distinguer la kyrielle d’étoiles, mais pour leur moral, il était recommandé de maintenir les lumières durant tout leur cycle d’éveil. Il se retourna légèrement et ordonna à voix haute :
« Expert, affiche la maison. »
Une vallée enneigée apparut sur l’écran. Tom plissa des yeux, incommodé par cette nouvelle clarté.
« Oh oh ! On dirait qu’il a neigé !
— Au mois de mars, c’est encore possible.
— Déjà en mars ? Je ne vois pas les semaines filer. »
Youri sauta de la table et fit quelques pas.
« Pourquoi crois-tu que l’Expert nous simule les saisons sur la Terre ? Pour nous donner un repère tangible… Sans ça, j’ai toujours du mal à appréhender le temps qui passe à bord de ces satanés vaisseaux.
— Quand j’étais petit, je faisais pousser des plantes avec ma mère. Elle disait que c’était un excellent exercice pour apprendre la patience et la mesure du temps. »
Youri toucha une branche enneigée sur l’écran et un frisson le traversa. De la patience, il lui en avait fallu. Trente-cinq ans de missions spatiales à miner l’espace-temps sans aucun résultat probant. Engagé à l’Agence de recherche de l’antimatière à sa sortie d’école, il en était à son sixième et dernier voyage. Depuis qu’il était mineur, il avait passé moins de neuf ans sur Terre. Aujourd’hui, à cinquante-neuf ans, le commandant de l’Orca-7013 était un homme fatigué. Grand, les cheveux désormais gris, mais le regard d’un bleu métallique toujours tranchant, il avait ce profil longiforme de ceux qui ont passé trop de temps dans l’espace. Il jeta la bouteille à la poubelle et se tourna vers son jeune second.
« Sais-tu où est l’endroit le plus chaud de l’univers ?
— Je dirais une naine blanche, vers le milieu de sa vie.
— Non, tu cumules à peine à 300 000 °C. C’est à Randers, au Danemark.
— Comment ça ?
— Dans un des derniers super-collisionneurs de hadrons de plus de cinq cents kilomètres de circonférence. Quand deux particules se rencontrent, ça crée un plasma temporaire de quarks et de gluons à plus de quinze milliards de degrés. Soit la température des premières secondes du Big Bang.
— Incroyable ! Et alors ?
— Attends la suite… Et l’endroit le plus froid de l’univers ?
— Je dirais dehors, là, dans le vide.
— Pas du tout ! Encore à Randers, dans un des centres de calcul quantique. Les puces des ordinateurs sont refroidies pas loin du zéro absolu, à – 273,15 °C. Dehors, là, il fait 3 °C de plus. Tu te rends compte ? »
Tom observa le fond de sa bouteille : « Oui, et alors ? »
Youri regarda son collègue pendant quelques secondes sans vraiment le voir. La perspective d’arrêter ce métier, la passion de toute une vie, changeait sa façon d’aborder les choses : « À moins de cinq kilomètres de distance, tu as les deux températures extrêmes de l’univers ! Parfois, je me demande vraiment ce que l’on vient foutre ici, si tout est déjà sur la Terre.
— Nous faisons le plus beau métier du monde ; nous travaillons pour les générations futures, tu sais bien… »
Youri soupira. Il savait bien qu’en choisissant le métier de mineur d’espace-temps, à des milliers d’années-lumière de son ranch, il avait sacrifié une vie terrestre confortable au profit d’une grande espérance, aujourd’hui réduite à peau de chagrin.
« Quand j’étais petit, ma mère me racontait l’histoire des papillons monarques. Jusqu’à la moitié du XXIe siècle environ, des millions de papillons partaient du Canada pour rejoindre le Mexique. Une migration annuelle de plus de quatre mille kilomètres. Il fallait six générations de papillons pour atteindre leur but. »
Tom baissa la tête, c’était au moins la troisième fois depuis le début de la mission que le commandant lui racontait cette anecdote. Il prit une boule de karikozam et la mâcha longuement.
« Tu te rends compte de l’altruisme de ces bestioles ? Sacrifier trois générations pour que la quatrième puisse batifoler au milieu des fleurs mexicaines ? »
Tom s’étira, il connaissait la suite.
« Parfois, j’ai l’impression qu’on est des putains de papillons monarques. On risque notre vie pour que des petits-petits-petits-enfants puissent un jour tirer profit de l’antimatière, de son énergie et de la miniaturisation des centres de calcul quantique.
— Ça a toujours été comme ça. L’humanité a progressé au fil des générations, chacune apportant sa petite pierre à la suivante… »
Tom ouvrit le réfrigérateur et proposa une seconde bière que Youri refusa d’un bref signe de main. Tom referma la porte et interrogea son supérieur :
« À propos, l’analyse est terminée ?
— Oui. La spectrographie des étoiles environnantes n’a rien donné. Aucune habitable, aucune trace de vie, il fallait s’y attendre.
— Et l’antimatière ?
— La récolte des informations s’est terminée il y a deux heures. Demain, on retourne au front de taille, on fore et on retrouve notre vénérable système solaire. Là-bas, on enverra tout ça sur Terre pour connaître le résultat.
— Tu crois que l’Expert va nous annoncer une bonne nouvelle ? »
Youri secoua la tête. Sur l’écran, le soleil couchant teintait la neige d’une couleur orangée. Les branches ondulaient lentement, laissant tomber des blocs blancs.
« On a vu des soleils dans les parages, on a détecté quelques planètes gazeuses. La spectrométrie n’a rien trouvé d’extraordinaire. Ce système ressemble étrangement à la soixantaine de systèmes que j’ai déjà visités. »
Tom baissa les yeux. Il ne se faisait aucune illusion sur les résultats, mais il avait posé la question pour sonder le moral de son collègue. Ces derniers temps, la perspective d’une fin de carrière vierge de tout résultat positif avait tendance à déprimer son supérieur.

Sur l’écran, la nuit était tombée et des flocons illuminaient d’une pâle lumière l’obscurité. Tom se souvint de ses cours, là-bas, à l’Institut : normalement, depuis le Big Bang, l’antimatière et la matière devraient être également réparties dans l’univers. Problème : à ce jour, personne n’avait réussi à localiser cette fichue antimatière à part quelques particules éparses dans l’atmosphère et cette asymétrie intriguait les scientifiques depuis très longtemps. Son existence avait pourtant été formulée depuis plus de deux cent cinquante ans par un certain Dirac. Vers la fin du XXe siècle, un centre de recherche avait même réussi à en générer quelques particules et à les stocker. Pourtant, depuis que l’Agence de recherche de l’antimatière avait été créée en 2126, aucun vaisseau n’avait réussi à en détecter parmi les multiples strates de l’espace-temps répertoriées par l’Institut de la stratigraphie. La théorie dit que lorsqu’une particule de matière rencontre sa particule d’antimatière, elles se détruisent mutuellement en libérant une quantité d’énergie considérable. Aussi, si matière et antimatière cohabitaient dans l’Univers, on devrait détecter des éclairs lumineux extrêmement puissants à leur point de rencontre. Ce qu’aucun satellite n’avait jamais observé. L’hypothèse la plus probable était que l’antimatière, repoussée par la matière, se cachait dans un endroit de l’Univers, très loin de nous, donc inobservable depuis la Terre. Cette fuite continuelle de l’antimatière expliquerait même l’expansion de l’Univers, à l’image d’un filet de pêche qui se déformerait par deux bancs de poissons s’éloignant l’un de l’autre. C’était l’image utilisée par sa professeure de cosmologie.

Le commandant posa la main sur l’épaule de Tom qui sursauta.
« J’ai lancé l’Expert pour la localisation du front de taille et le calcul du boutefeu. Il n’y a plus rien d’autre à faire que dormir maintenant. Demain est une journée importante. »
Tom s’étira de nouveau. Malgré les deux heures de sport quotidiennes, son corps athlétique était en manque d’action. À trente et un ans, c’était son premier vol. Un voyage d’une année et demie pour atteindre le front de taille, dix-huit mois à miner frénétiquement une dizaine de strates différentes et déjà la perspective du voyage retour. Tout cela avait filé à une vitesse incroyable et To
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Il faut trois jours pour traverser un trou noir en temps universel.
Si on ajoute les trois jours pour que l'autre trou noir tête-bêche génère la fluctuation de l'espace-temps, on arrive à une petite semaine.
Si rien n'a bougé au bout de huit jours, c'est qu'il y a eu un problème quelque part.
Soit un effondrement a broyé le vaisseau à l'intérieur ...
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Je ne sais pas si tu t'en rends compte, mais depuis l'invention du télégraphe, il y a presque trois siècles, les gens sont toujours sous la supervision constante de leur patron. Quelle que soit la distance qui les sépare, un chef a toujours un moyen pour surveiller ses subordonnés ou communiquer avec eux. Moi, je n'en peux plus de cet œil permanent, de ce fil à la patte invisible, de cette injonction à faire son petit compte rendu quotidien. Quand on traverse un trou de ver, là au moins, on est tout seul. Peinard.
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Quand les gens lui demandaient comment elle faisait pour supporter les longues périodes d’absence de sa femme, Ness répondait spontanément que c’était grâce à sa fille, sans jamais s’étendre sur le sujet. Sans doute par pudeur, elle ne parlait pas de ses cactus ni de ses robots.
En vérité, Ness aimait la sincérité troublante des robots, leur courtoisie et leur dignité. Les choses étaient simples avec eux ; ils n’avaient aucun de ces travers narcissiques et belliqueux qui l’horripilaient chez les humains. Naturellement portés sur l’entraide, ils échangeaient entre eux dans la cosmocène toute difficulté personnelle. Ils étaient individuellement et collectivement doués, ils savaient beaucoup de choses, mais restaient humbles : en plein milieu d’un raisonnement fort savant, ils interrogeaient le centre de calcul quantique sur une futilité, un détail que bien d’autres auraient tu, ignoré ou évacué. C’est cette contradiction qui lui rendait les robots attachants. Un peu comme les cactus, qui, sous une apparente rusticité, cachaient une grande ingéniosité dans leurs nombreux stratagèmes de survie. Cactus et robots étaient les deux facettes d’une réalité nuancée qui convenait tout à fait à l’état d’esprit de Ness.
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Vous êtes comme tous ces vieux en pleine santé qui, ne craignant plus la maladie, n'osent plus sortir de chez eux par peur d'un accident. La peur est le revers du progrès technique. Toute cette technologie ramollit le genre humain.
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FESTIVAL DES UTOPIALES 2023
Battlestar Galactica
Dans la Série Battlestar Galactica, l'humanité doit échapper à ses ennemis et se reconstruire avec seulement 50 000 rescapé·e·s. Dans l'Histoire, on émet désormais l'hypothèse que la survie se serait déjà jouée avec moins d'individus encore : il y a 930 000 ans et pour une période de 117 000 ans, 1 200 survivant·e·s environ auraient représenté toute une partie de l'humanité à venir. Ce goulet d'étranglement serait dû à un bouleversement climatique majeur…
Avec Ugo Bellagamba, Bonaventure, Pierre Raufast Modération : Mel Andoryss
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