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sur 206 notes
Quelques derniers combats dans les tranchées, un armistice qui arrive enfin et voici venu le temps d'une après-guerre trouble, le tout édité chez Albin-Michel...Ca ne vous rappelle rien ? "Au-revoir là-haut " de Pierre Lemaître peut être ? Vous avez sans doute raison, les similitudes peuvent apparaître nombreuses surtout que les deux romans adoptent une trame résolument romanesque. Antoine Rault se singularise toutefois de son glorieux prédécesseur en adjoignant à son intrigue un fond historique beaucoup plus précis.
"La danse des vivants " se présente comme un véritable tourne pages.Quoi de plus attrayant et de mystérieux qu'un personnage amnésique ? Je sais que c'est un vieux ressort d'écrivain, souvent employé au siècle dernier et dont on a l'impression de connaître depuis longtemps les rouages narratifs, mais balayons de suite ce supposé écueil, l'auteur arrive à surprendre encore.
Charles, soldat français, blessé, a peut être, suite à un combat, perdu une grande partie de sa mémoire, mais pas ses connaissances acquises dans une grande école de la République.A la fin de la guerre, sa prestance, sa culture, son bilinguisme (français/allemand) et sa remarquable intelligence le font remarquer par les services secrets français. Profitant de son amnésie comme d'une aubaine, on le rendra allemand. Il prendra le patronyme d'un lieutenant dont la mort ne fut jamais déclarée. Pourvu de cette nouvelle identité, il va intégrer l'armée allemande, pourtant vaincue mais qui combat encore sur le front de l'Est contre les russes, et exercer en parallèle sa mission d'espion.
Tout le potentiel romanesque de cette situation sera exploité par le roman. le désarroi de Charles face à cette vie brisée qu'il n'arrive pas à reconstituer et qu'un autre recréé pour lui. Cette envie de revoir sa mère, peut être une fiancée, une soeur qui le taraude alors que petit à petit il doit se glisser dans la peau d'un autre. Et cet nouvelle personnalité qu'il a du mal à maîtriser et qui lui offre une nouvelle famille. On se passionne pour cet homme dont les sensations à fleur de peau lui font ressentir chaque événement avec intensité. Fort et fragile à la fois, il sera ballotté dans un monde qu'il comprend de moins en moins, où la paix a essentiellement un désir de revanche, où son humanité va se heurter à cette soif de vengeance mais surtout à cette violence qui naît lors des conflits.
Si le roman ne prend jamais vraiment les directions que l'on pense, il nous perd par contre un peu dans une accumulation de détails politico/historiques. Bien qu'Antoine Rault, documenté comme une encyclopédie, arrive à rendre légers ces réunions et conciliabules entre représentants des états qui effectueront une nouvelle partition de l'Europe, et nous montre de façon très pédagogique les multiples résonances qu'auront ces décisions, parfois on se surprend à regretter de ne plus entendre parler de ce pauvre Charles qui se débat dans les affres de la reconquête de sa vie.
Ce personnage très attachant, entouré de quelques seconds rôles passionnants ont rendu la lecture de ce livre passionnante. le petit précis d'histoire qui nous est donné à lire en alternance à ses tribulations ne manque pas de piquant ni d'informations voire d'anecdotes, mais a parfois un peu tendance à freiner le rythme du récit. Toutefois, le livre se dévore jusqu'à la fin ...qui m'a laissé sur ma faim... ( mais, là aussi, comme dans "Au revoir, là-haut"). Je n'en dis pas plus, Si le romanesque vous attire, si la période vous fascine ou si les beaux et jeunes militaires vous font frémir, n'hésitez pas ! Foncez lire "la danse des vivants" , à coup sûr, un roman ambitieux qui n'a pas peur d'un peu de légèreté.
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Un livre pris à la bibliothèque u peu par hasard. Il était sur un présentoir, la couverture toute colorée et toute rétro m'a attirée, le titre ne m'a pas laissée indifférente, et le résumé a fini à me décider. Je m'aperçois maintenant que ce livre a eu une certaine audience quand il est sorti il y a quelques années, mais j'étais alors passée complètement à côté. Ce fut donc une découverte tardive pour moi, mais une découverte qui en valait la peine.
Le sujet, d'abord, n'est pas banal. Un soldat parlant aussi parfaitement français qu'allemand est retrouvé sur un champ de bataille quelques mois avant l'armistice de novembre 1918. A peine quelques égratignures, mais un blanc complet au niveau des souvenirs. On est sûr qu'il est français puisqu'il avait des chaussettes et un caleçon de l'armée française, mais c'est tout. Personne ne le réclame, c'est une aubaine pour les services d'espionnage français qui l'envoient infiltrer l'armée allemande, pour mieux comprendre comment cette armée ennemie que le traité de Versailles veut réduire à sa portion congrue tente de résister et de continuer à exister. Mais c'est quoi, être patriote, quand on n'a plus de mémoire ? le livre ne répond pas directement à la question, mais en explore les différents aspects. le scénario de ce point de vue-là n'est pas toujours très réaliste, mais il permet de faire avancer le personnage, et au lecteur de cheminer avec lui face à cette question. Qu'est-ce que ne plus avoir de passé, est-ce plus grave ou moins grave qu'être une gueule cassée ? Notre personnage, appelez-le Charles, ou Gustav ou encore Robert, ne veut qu'une chose, savoir que quelqu'un l'attend quelque part, que quelqu'un serait capable de pleurer pour lui, ou de le prendre dans ses bras. Et c'est finalement peut-être la seule patrie qu'il se rêve.
Ensuite, la toile de fond de ce roman historique est elle aussi peu banale. le livre commence donc quelques mois avant la fin de la première guerre mondiale, et s'étend sur environ deux ans. En parallèle de sa petite histoire, Antoine Rault nous décrit la grande histoire, nous fait assister à des réunions entre les chefs d'Etat des pays vainqueurs, nous montre leurs raisonnements. Mais nous voyons, et cela est beaucoup moins fréquent, l'autre côté de la médaille, les vaincus, ce qu'ils ressentent, ce qu'ils veulent. On vit la signature du traité de Versailles comme si on y était, avec tout ce que cela comporte de rancoeurs qu'on ne cherche pas à dissimuler ou d'incompréhensions qu'on ne cherche pas à dissiper. Les logiques de politique étrangère des principaux acteurs s'entrechoquent dans ce qui pourrait être un dialogue de sourds s'il y avait dialogue. 
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Il y a longtemps, et particulièrement sur ce sujet, la der des ders, que je n'avais lu un aussi bon roman, tant du point de vue du style que de la conformité historique. Antoine Rault passe au crible maints aspects de la guerre : d'abord l'absurdité, puis la déshumanisation des combattants, sans oublier le machiavélisme des chefs et la cupidité des marchands d'armes de guerre en tout genre ! Pour connaître un peu l'histoire de la Lettonie, j'ai retrouvé là une juste description des exactions dont a été victime ce peuple déjà bien malmené par des conditions de vie misérables et qui n'avait pas grand chose à voir avec cette guerre.
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Voici un roman qui donne un point de vue peu courant dans la littérature française: le point de vue de l'Allemagne durant l'entre-deux guerre. Il s'agit de l'histoire d'un homme qui suite à un choc psychologique violent durant la fin de la première guerre, perd la mémoire ou n'en a plus que des bribes. Il ne connaît plus rien de sa personnalité, mais on s'aperçoit qu'il parle allemand sans accent, qu'il a une culture littéraire intéressante. Bref c'est un intellectuel. le service de renseignement français va l'utiliser car c'est bien le mot, pour se rendre compte de l'état d'esprit qui règne en Allemagne au sortir de ce conflit meurtrier. On suit ce personnage, Charles, dans sa quête d'identité, ses doutes, ses désespoirs parfois, dans une société qui a placé l'art de la guerre comme fondement et objet de la cohésion nationale.
Au final, cela donne un très bon roman, passionnant, qu'on ne lâche qu'à regret pour laisser Charles dans son choix de vie.
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J'ai aimé suivre ce héros sans mémoire : qui est-il ? Il ne le saura jamais, le lecteur, si.

Comment va-t-il gérer cette double identité d'espion ? Ne va-t-il pas se dévoiler malgré lui ?

J'ai aimé également suivre l'après-guerre du côté français et allemand : la façon dont les hommes politiques ont géré la victoire ou la défaite vis-à-vis de l'opinion publique.

J'ai ainsi appris que les soldats allemands, après la démobilisation, sont partis directement se battre dans la Baltique contre les Bolchéviques.

On découvre Clemenceau dans ses tractations. Un roman riche historiquement et qui pose la question de la fin de la guerre et de l'identité.

L'image que je retiendrai :

Celle du traitement à l'électricité que subit Charles, censé faire retrouver la mémoire. Une torture avant l'heure (serions-nous, nous français, les spécialistes de la torture à l'électricité ?…..)
Lien : http://alexmotamots.fr/?p=2515
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J'ai reçu ce livre dans le cadre de Masse Critique et en voyant la taille (un pavé), j'ai eu un peu peur mais la magie a opéré rapidement et je n'ai plus lâché de roman d'Antoine Rault.

Été 1918 - Un jeune homme se réveille tout doucement - il est dans un hôpital militaire - mais l'homme ne souvient ni de son nom, ni de son passé - tout juste découvre-t-il qu'il passe de l'allemand au français sans s'en rendre compte. On l'a retrouvé à moitié nu sur le champ de bataille, aussi l'armée ignore son identité. A cette époque, de nombreux soldats feignent la folie afin d'éviter d'être renvoyé au front, aussi soupçonne-t-on au départ le jeune homme de la même chose - le jeune homme est alors transféré dans un autre centre où un médecin peu scrupuleux lui fait subir des électrochocs. Deux images hantent le jeune homme : son ami Marcel, mort sur la champ de bataille à ses côtés et lui enfant, regardant le visage doux de sa maman.
Ses connaissances, son parler et et sa culture font que les renseignements comprennent rapidement qu'il s'agit d'un officier et d'un fils de bonne famille. Ses connaissances en langue étrangère (allemand et russe) font bientôt du bruit et les services secrets français voient en lui l'espion idéal. La fin de la guerre est proche - l'armistice est signée en novembre mais les allemands continuent de se battre sur le front balte.

Les services secrets français souhaitent l'utiliser en le faisant passer pour un officier allemand qui aurait réussi à fuir un camp de prisonnier dans l'Est de la France et aurait réussi à rejoindre Berlin. Un an et demi a passé, nous sommes en 1919 et le jeune homme, qu'on a renommé Léon, finit par accepter cette mission périlleuse. Il devient Gustav Lerner. Un officier allemand, originaire de Hanovre et qui parlait couramment le français. L'homme est mort au combat.

Le personnage est fascinant, son histoire personnelle également - puisqu'il sera identifié formellement mais ne l'apprendra jamais (je vous laisse découvrir pourquoi). Nous voici plongé dans cette Europe de l'entre-deux-guerres - où la guerre n'a pas réellement pris fin et où les grands de ce monde se battent, cette fois-ci, sur le terrain politique.

Car rapidement l'auteur nous transporte dans le cabinet de Clemenceau en premier - les tractations avec l'Allemagne - qui a du avouer sa défaite - se font dans la douleur et la violence. Les français réclament la tête des Allemands, tandis que les Américains (Roosevelt) ont pour ambition de créer une Société des Nations (le prédécesseur de l'ONU) et veulent que l'Allemagne y participe. Pareil pour les Anglais. Il faut dire que les Européens craignent la montée puissante des Bolchéviques en Europe - les Russes sont déjà bien implantés dans les pays scandinaves, baltes et la Pologne. Ils craignent aussi la montée des nationalistes.

Chacun voit midi à sa porte - la proposition transmise à l'Allemagne ne convient nullement aux représentants allemands qui voient en ce document la mort de leur Empire : on veut leur prendre toute une partie de leur territoire (Rhénanie et Silésie) réduire leur armée à 100 000 hommes (sans artillerie lourde) et leur faire payer un lourd tribut (monétaire) aux veuves et orphelins des pays victorieux. Et les soldats allemands prisonniers sont toujours retenus en France plus d'un an après la guerre. le pays est dévasté - Berlin a été lourdement bombardé.

Antoine Rault nous livre une fresque historique magnifique, mêlant avec talent des personnages historiques réels et imaginaires. Lorsque Gustav Lerner retourne au pays, il réintègre l'armée allemande, les Freikorps - les derniers partis se battre en Lettonie - car les Allemands croient toujours en leur supériorité (on y voit ici les prémices d'Hitler et de ses croyances) - et se croient dans leur bon droit en occupant des terres étrangères. Rejoint par les Russes Blancs, qui veulent lutter contre les Russes bolchéviques, c'est une guerre idéologique et militaire qui a lieu. Je me souviens de mon séjour dans les Pays Baltes et où j'avais appris le sort de ces petits pays - occupés par les Allemands et les Russes, successivement.

Gustav va revivre alors les combats au corps à corps et bientôt mélanger ses rares souvenirs avec ces derniers. Transféré au cabinet d'un des chefs, Gustav peut transmettre des informations aux services secrets français mais malheureusement n'est pas espion qui veut et il commet deux erreurs qui attirent à son tour la curiosité des services secrets allemands - bientôt sa vie est en danger ..

Je ne me suis pas ennuyée une seconde en passant du personnage de Gustav au cabinet de Clemenceau ou au quartier des forces allemandes de Weimar - même si parfois, j'avoue mettre un peu emmêlée les pinceaux en mélangeant tel ou tel général ou colonel.

J'ai énormément appris sur ces mois de transactions, sur ces batailles politiques et sur la situation si confuse au lendemain de la guerre. Sans oublier que l'auteur mène ici une belle réflexion sur l'identité (qui sommes-nous ?) avec le personnage de Gustav/Léon qui doit un jour choisir un camp et sur son destin en tant qu'individu emporté et bouleversé par la Grande Histoire.

Et que dire des prémonitions de certains grands hommes (dont Foch) qui prédisaient déjà, au grand dam de Clemenceau, une nouvelle guerre vingt ans plus tard ?

Passionnant ! J'attire cependant l'attention sur les nombreux chapitres consacrés à plusieurs hommes clés (allemands, américains ou français) de l'Histoire avec un grand H, qui pourraient décourager les lecteurs qui voudraient simplement suivre l'histoire de Gustav.

Le livre sort mercredi dans toute bonne librairie. Passionnant de bout en bout.
Lien : http://www.tombeeduciel.com/..
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La guerre. Celle de 14-18. Celle des tranchées, de la bataille de la Marne et de Verdun. Les milliers et milliers de morts et de blessés, les gueules cassées, l'armistice, le traité de Versailles... Vous croyiez à peu près tout savoir, en tout cas l'essentiel, sur celle que l'on appela la der des Der? Moi aussi. Et voilà que m'arrive par le biais de Babelio (merci Babelio, vraiment) La danse des vivants, d'Antoine Rault. 491 pages bien denses, bien écrites, qui racontent autre chose de cette guerre pas encore finie lorsque commence le roman, ses effets sur l'humain et ses suites.

Nous sommes en juillet 1918, pas dans les tranchées mais dans un hôpital militaire. Au milieu des cris de douleur et des gémissements des blessés, un homme s'éveille. Physiquement intact, mais sans souvenir. Ni de qui il est, ni de ce qu'il a vécu. Il aurait pu, comme d'autres, être renvoyé sur le front. Lui aussi subit les électrochocs réservés aux "simulateurs", mais sa façon de s'exprimer, sa culture, le fait qu'il parle aussi bien le français que l'allemand, intrigue. Et l'on souffre avec lui, on a envie qu'il ait plus que ces quelques bribes qui, parfois, remontent de sa mémoire enfouie.

Dans le service qui chaque jour informe des familles de la disparition, de la mort au front d'un enfant, on cherche. Je ne vous raconterai rien de cet aspect des choses, histoire de ne pas trop dévoiler l'intrigue. Antoine Rault joue en tout cas sur les sentiments de lecteurs tout acquis à ce malheureux jeune homme de façon très efficace.

Il permet aussi à ceux qui n'en auraient jamais entendu parler de s'imaginer ce que fut ce service, de même qu'il fait entrer son lecteur dans les négociations du traité de Versailles ou, plus tard dans le roman, des manoeuvres des services secrets, qu'ils soient français ou allemands. C'est là une des particularités réussies de la danse des vivants : mêler l'histoire de son malheureux officier amnésique et L Histoire, celle écrite par Clemenceau, Wilson, Lloyd George et les grands du monde de l'époque. On croise même, très brièvement mais quand même, un Hitler pas encore au pouvoir, mais aussi Hindenburg et Ludendorff.

En déroulant l'histoire du personnage attachant qu'est Charles (oui, l'amnésique s'appelle en vrai Charles), c'est à la fois une quête d'identité personnelle et toute une époque que raconte Antoine Rault. Celle de l'après-guerre, qui n'est finalement que l'avant-guerre suivante. Charles devient espion pour la France, part pour l'Allemagne. Et nous voilà dans l'Allemagne de la République de Weimar, qui panse ses plaies, mais aussi - et on connaît beaucoup moins cet aspect de l'histoire allemande - dans l'Allemagne toujours en guerre, contre les Russes, dans la Baltique. Et l'on espère toujours que Charles sortira heureux de ce bourbier... La réponse est au bout des 491 pages. Ou au-delà...
Lien : http://wp.me/p63dHl-4oK
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Charles est un jeune soldat français et combat sur le front de la première guerre mondiale. Ce 14 juillet 1918, sa vie bascule, son identité vacille. En se réveillant dans un hôpital militaire, il ne retrouve plus la mémoire de son passé, ni même son nom. Pour Charles, c'est une tragédie qui commence. Pour les services secrets français, a contrario, c'est une belle opportunité qui s'offre. Charles va devenir espion en infiltrant le camp allemand, endossant l'identité d'un soldat allemand disparu. Mais qu'il soit Charles, Léon ou Gustav, ce jeune amnésique se heurte toujours aux parois opaques de son identité perdue.

J'ai pu lire ce roman grâce à une opération spéciale Masse Critique organisée par Babelio.
« La danse des vivants » est un roman historique écrit par Antoine Rault, « lauréat de l'Académie française et auteur du Diable rouge et du Système » (quatrième de couverture).
Ce roman polymorphe est d'une extraordinaire densité, non seulement en termes de pages (presque 500), mais aussi et surtout, au niveau des émotions qu'il suscite chez le lecteur. Il relève tout à la fois du roman historique, d'aventures, mais aussi d'espionnage et fait entrer en résonance l'Histoire, celle de l'entre-deux guerres, et l'histoire d'un homme, jeune soldat amnésique.
La mémoire est bien au coeur de l'intrigue, en fil conducteur ; mémoire de pages sanglantes et troubles de l'humanité qui ne peuvent s'oublier et se rappellent à chacun au gré des commémorations ; mémoire d'un jeune homme qui se dérobe sans cesse à lui malgré les efforts qu'il déploie pour la retrouver. le lecteur s'attache d'emblée à ce héros, tant il semble décalé dans les pages de l'Histoire : sans passé, comme en marge des violences et de la barbarie - même s'il est acteur des combats en tant que soldat - naïf, presque lisse, curieux et dénué de toute malveillance à l'égard des autres.
Au fil de l'intrigue, Charles endosse à la lettre le rôle que les services secrets français lui ont confié, cherchant par ce biais à retrouver qui il est, à assurer la permanence de son être en dépit de son amnésie. Et pourtant, l'absurdité de sa situation lui explose au visage comme l'obus qui a altéré sa mémoire. Alors, pour sortir de ces rôles qui l'enferment, quels choix s'offrent à lui ? C'est ce que vient narrer avec brio « La danse des vivants ».
Si ce roman est d'une grande densité émotionnelle, son style reste pourtant sobre, épuré, sans pathos. Certains passages sont conjugués au présent, ce qui donne une actualité et une force plus grandes aux propos, même si le temps du passé reprend ensuite.
Malgré quelques longueurs (notamment les chapitres historiques qui m'ont moins captivée), ce roman est brillant, bouleversant, notamment la fin qui vient donner à Charles une place de choix dans « La danse des vivants ».

Je tiens à remercier Babelio et les éditions Albin Michel pour cette très belle découverte.
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Dès le début on est happé par le récit, celle de ce jeune lieutenant amnésique, qui sert de prétexte à l'auteur pour expliquer et commenter la Grande Histoire. L'immédiat après-guerre, le traité de Versailles, l'incroyable imbroglio des alliances diverses et la confusion des peuples. Antoine Rault décrit à merveilles les guerres entre alliés pour faire triompher leur vision de ce que doit devenir le monde après la « der des der s », il nous fait vivre la construction des traités, la rivalité Foch, Clemenceau mais aussi, en Allemagne la création de la République de Weimar, les émeutes, le chaos qui voit même des allemands continuer à combattre avec ou contre la Russie des bolcheviks...
Les descriptions de la vie quotidienne sont formidables et très crédibles.
Un superbe roman qui ne pèche que par la situation du héros, d'abord espion français en Allemagne, puis combattant allemand en Silésie avec la Division de Fer, démasqué, utilisé contre son pays d'origine, et à la fin du livre refusant toute collaboration avec les services d'espionnage des deux pays. Une histoire d'amour dispensable et un dénouement totalement invraisemblable (et très frustrant) donne l'impression que l'auteur ne savait pas se comment se dépêtrer de la situation plus que compliquée où il avait plongé son personnage et s'est débarrassé un peu n'importe comment d'une fin impossible.
C'est dommage mais ne doit pas vous empêcher de lire ce livre passionnant à tous points de vue, abstraction faite des dernières pages trop vites amenées et d'un final plus qu'improbable.
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Nous sommes à la fin de la Grande Guerre. Une guerre terrible, d'une violence inouïe, qui a laissé une profonde marque sur les nations. Un jeune homme se réveille dans un hôpital militaire français. Il a tout oublié, jusqu'à son nom, mais découvre vite qu'il parle couramment le français et l'allemand.

Après un séjour en hôpital psychiatrique, où des médecins sévissent sur les « faux patient » qui font semblant d'être atteint pour ne pas être renvoyé au front, il est repéré par les services secrets français. Ne serait-il pas l'agent idéal ?

Ne sachant même pas qui il est, il devra prendre l'identité d'un officier allemand, afin de s'infiltrer dans les mouvements extrémistes qui n'acceptent pas la fin de la guerre et l'humiliation de l'Allemagne de Weimar. Mais comment serait-ce possible d'être un autre quand on ne sait même pas qui l'on est ?

Mon avis

Un livre que j'ai pris au hasard en librairie car (oui je sais, c'est bête), j'ai aimé la couverture. Mais quel bon choix ! Je trouve que rare sont les vrais bons romans qui cochent tous les requis de nos jours (intrigue, personnages, rigueur), mais celui-ci en fait partie.

Antoine Rault a une plus précise et assurée qui sait faire passer un message fort et nous attacher aux personnages. Cela dit, j'aurais aimé que le livre soit plus long, j'ai l'impression que la fin est venue d'une manière un peu abrupte. Mais il y a une suite. Donc ça va.

En bref, un roman qui nous relate le conflit de l'entre-deux guerres, le nationalisme exacerbé, le pouvoir et l'honneur, à travers les yeux d'un héros amnésique, et ce fait, objectif et dépourvu de haine.

Foncez !
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