Combien de temps ai-je joué avec, il m’est
impossible aujourd’hui de le dire. Ce dont je me
souviens, en revanche, c’est que durant tout le
temps où je jouais avec la natte, mon esprit était
ailleurs, comme parti à la recherche des années
écoulées.
En remettant la natte dans son papier, je remarquai
une écriture à moitié effacée comportant
quatre lignes de ce qui s’apparentait à un court
poème. Il était écrit à l’encre sépia :
À celui qui natte trouvera
La défunte se donnera
Forme humaine alors prendra
Dans l’éternité lui appartiendra
Ce quatrain me bouleversa, j’avais l’esprit en feu
et imaginais que ce verset était écrit avec le sang de
la défunte, et qu’ainsi, dorénavant, un pacte nous
liait.
Je remis l’objet dans sa cachette et pris bien soin
de refermer la cache secrète.