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sur 1535 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Deux beaux portraits de femmes dont l'histoire se déroule dans le cher, en 1908, au sein d'un couple bourgeois Victoire et Anselme, notaire, mariés depuis cinq ans.
D'un côté, Victoire s'ennuie et s'étiole dans un mariage où l'amour est absent.
De l'autre, Céleste, la jeune servante, soumise au "droit de cuissage" de son patron, se retrouve enceinte.
Cette grossesse non désirée va réveiller chez les deux femmes, des désirs intimes, des envies d'amour et de sexe et va bouleverser les convenances.
Les corsets s'envolent,les barrières sociales explosent. Victoire et Céleste découvrent leur corps, apprennent à l'aimer. Elles apprivoisent leur nudité, et s'adonnent à des plaisirs charnels inconnus.
Une écriture fine et délicate, légère et puissante à la fois, des mots choisis avec justesse.
Un beau roman sur les moeurs du début du XXème siècle et une histoire d'amour romanesque qui rend hommage à la féminité et à la sensualité.
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1908 dans un bourg cossu du Cher. Victoire a épousé Anselme, notaire. Tous deux issus de bonne famille, elle a fait connaissance avec lui suite à une annonce qu'il avait publiée pour trouver une épouse suite au décès de sa précédente épouse. Un mariage arrangé qui satisfait les deux familles. Anselme a besoin d'un héritier. le couple emploie trois domestiques, Huguette et Pierre, elle aux cuisines, lui cocher et jardinier et Céleste la bonne.


Victoire a reçu une éducation très stricte dans laquelle le corps n'a pas sa place. Elle refuse ce corps, elle se trouve laide. Son couple avec Anselme est plus une cohabitation qu'autre chose. Elle évite le plus possible les contacts avec son mari. Anselme, lui, satisfait les besoins de son corps avec Céleste qui ne peut que subir ses assauts sans rien dire de peur de perdre sa place. Alors que le couple Anselme-Victoire reste stérile, Céleste elle est enceinte de Monsieur.


"Céleste ira aux champs aider son père. Elle transpirera, exténuée par le labeur et la chaleur, elle vomira parfois au bord du chemin. Elle ira dans sa clairière s'asseoir sur une souche en se demandant pourquoi elle se est si émue à la vue des fougères vert tendre, pourquoi elle se sent à l'affût de la vie, les larmes toujours au bord des yeux. Instants de bonheur fugaces où Céleste, à son insu, entre dans la danse de la nature, lui donnant corps."



Pour éviter le scandale, Céleste doit avorter mais malheureusement il est trop tard. Victoire y voyant son intérêt, décide que l'enfant sera celui du couple, ainsi plus de problème d'héritier, et peut -être qu'Anselme la laissera tranquille. de plus elle veut connaître le bonheur d'être mère. Cet enfant, Adrien va rapprocher les deux femmes. Il va être le déclencheur de leur passion amoureuse. Toutes les nuits les deux femmes se rejoignent dans le petit lit métallique de la bonne, d'abord très chaste leur amour devient plus sensuel, les deux femmes découvrent qu'elles ont un corps. Mais que va devenir cet amour dans un monde verrouillé par les conventions sociales, par la morale.


Dans ce superbe roman, nous assistons à la naissance d'un amour. Un amour "contre nature" d'abord étouffé par la morale. Un amour qui ne peut se développer dans le huis-clos de cette maison bourgeoise, métaphore de la société, de ces convenances, de ses obligations. Une amour qui connaîtra son apothéose que quand il prendra l'air lors d'une escapade à Paris, la grande ville où tout le monde est invisible. Un roman porté par un style poétique, musical. La musique très présente dans ce roman, sous la forme du piano, de la Sonate au Clair de Lune qui fera prendre conscience à Victoire de la force de son amour pour Céleste.

"Oui ce morceau a été écrit pour elles, une délicatesse infinie, sans sourdine. Plus exactement pour eux trois. Les trois croches du triolet sont liées ensemble, chacune découlant de l'autre. Victoire, Céleste, Adrien."
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Ce roman nous emmène au coeur de la France provinciale du début du XXe siècle, une époque de conventions sociales strictes et de préjugés profondément enracinés. L'intrigue semble tout d'abord dépeindre la vie bourgeoise traditionnelle, avec une maison de maître, un mari notaire nommé Anselme, et son épouse Victoire. Cependant, derrière cette façade, se cachent des désirs refoulés, des secrets bien gardés et une complexité émotionnelle réelle.
Au coeur de cette histoire se trouve Céleste, bonne de la maison, dont le destin prend une tournure inattendue lorsque le notaire Anselme succombe à des pulsions inavouables. Céleste tombe enceinte, une situation qui aurait pu conduire à un scandale social dévastateur. Pourtant, Victoire, l'épouse d'Anselme, prend une décision inattendue : elle adopte l'enfant à naître pour préserver les apparences.
Ce choix marque le début d'une relation complexe entre Céleste et Victoire, dépassant les conventions de l'époque. Au fil des pages, leur connexion évolue, remettant en question les normes sociales et les attentes de genre. Léonor de Récondo décrit avec une élégance précise la transformation de cette relation, évoquant les désirs refoulés, les émotions interdites et les sacrifices au nom de l'amour.
L'écriture se distingue par sa simplicité et sa fluidité. Ses phrases courtes et concises, ainsi que son choix du présent, apportent vivacité et urgence à l'histoire. Toutefois, malgré la passion et la force de l'amour qui se dégagent de ces pages, les contraintes sociales de l'époque finissent par peser sur les protagonistes. La fin du roman est et marquante, rappelant que même les passions les plus ardentes ne peuvent défier indéfiniment les conventions. Mais lorsqu'on repense à cette époque et qu'on la compare à ce que nous vivons aujourd'hui, est-il plus « facile » et accepté de sortir des conventions ?
En bref : "Amours" de Léonor de Récondo est une exploration émotionnelle fascinante des désirs interdits, des barrières sociales et de l'évolution des rôles féminins au tournant du siècle. Il offre une expérience littéraire intime et provocante, touchant le coeur grâce à sa profondeur et à son humanité. Pour ceux en quête d'une lecture réflexive célébrant la puissance de l'amour, ce roman est une réelle option.
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Nous sommes en 1908, dans le Cher. Victoire est mariée à Anselme de Boisvaillant et ils attendent en vain un héritier. Par contre, Céleste, la bonne, attend un enfant d'Anselme qui lui rend souvent visite la nuit, visite dont elle se passerait bien.

Ces quelques lignes ne résument pas l'intrigue qui est faite de multiples rebondissements. Malheureusement, trop en dire vous gâcherait la surprise du récit (ceci-dit, on apprécie d'arriver au chocolat fondant dans le Michoko, même si on sait par avance qu'il y en aura mais je préfère vous laisser découvrir par vous-même la teneur de ce chocolat fondant). Mais ne rien vous dire m'empêche aussi de vous expliquer clairement pourquoi ce roman m'a touchée et pourquoi j'en fait un coup de coeur. Sachez donc juste que les liens entre les personnages sont très forts, que les rebondissements sont à la fois inattendus et plausibles, qu'aucun personnage n'est noir ou blanc et que chacun à sa façon est touchant parce qu'il contient ses failles et que ces failles s'expliquent. C'est un roman à la fois sensible, sensuel et pudique et une plume précise et délicate.
Lien : http://parenthesedecaractere..
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Le récit se situe au début XXème siècle, dans la demeure d'un notaire français du Cher. Son épouse, qui n'éprouve aucun plaisir à ce qu'elle appelle les « enchevêtrements immondes » avec son mari, se désespère de ne pas arriver à tomber enceinte de l'héritier tant attendu. le mari, quant à lui, se console du peu d‘appétit de sa femme en exerçant régulièrement ce qu'il estime être sans doute son droit de cuissage sur la jeune bonne, qui subit en silence. Jusqu'au jour où cette bonne tombe enceinte. Cette grossesse vient tout chambouler dans la maisonnée et l'amour va faire son apparition dans cette demeure, de manière tout à fait inattendue. Amours est un très beau récit, surprenant, où Leonor de Recondo nous décrit avec beaucoup de tendresse et de sensualité une belle relation amoureuse qui fait totalement fi des conventions sociales et des préceptes religieux…
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Amours Léonor de Récondo

Une jeune bourgeoise tombe amoureuse de sa servante.

Tout au long du roman on voit l'évolution de ces deux jeunes femmes. La jeune servante Céleste, malgré son amour pour sa patronne comprend très vite que cette histoire ne la mènera nul part. Victoire quand à elle prise entre les conventions de sa "caste" et son amour passionné pour Céleste se débat dans des contradictions, vivre sa vie, sa liberté, rester dans sa famille ou quitter son mari.

Très beau roman et très belle écriture tout en douceur et en musicalité, on ressent profondément les émotions de ces deux femmes. L'auteure décrit bien l'atmosphère de cette époque, les non-dits, les secrets de famille. Époque où les mères lâchent leur fille dans la vie sans rien leur avoir appris de la vie et advienne que pourra.

Vraiment belle histoire à lire et à savourer, mais les émotions suscités par cette lecture ne sont pas faciles à transformer en mots.
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Quel beau roman !
Victoire est la jeune épouse du notaire. Depuis 5 ans qu'ils sont mariés, l'arrivée d'un enfant se fait attendre. Pourtant, quand Céleste, la bonne se retrouve enceinte des oeuvres d'Anselme la fertilité de celui-ci n'est plus à mettre en doute. Pour éviter le scandale, Victoire décide d'adopter l'enfant. Mais rien ne l'a lie à ce petit être, qui délaissé, dépérit.
Céleste, alors, pour sauver son fils, va, chaque nuit le chercher, et dans sa chambre, le réconforte, peau à peau. Quand Victoire les découvre, au lieu de s'offusquer, elle se glisse dans le lit avec eux et découvre enfin, la sensualité.
Avec beaucoup de pudeur, l'auteure évoque non seulement les amours défendus mais aussi l'obsession de l'enfant qui va perpétuer la lignée. Les portraits des deux femmes sont parfaits. Chacune reste à la place que la société lui a assignée : égoisme contre sacrifice...
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Le mari, la femme, la bonne, l'enfant, trio puis quatuor amoureux et parfois vulgaire sont souvent les personnages principaux de trop nombreux romans de gare, assemblages de feuilles de papier devant lesquels je passe sans même jeter un regard. Certains éditeurs en ont fait leur fond de commerce.
J'avoue bien sincèrement que ni la couverture austère de l'édition "Sabine Wespieser", ni l'édition plus sexy de l'édition "Points", ni surtout le titre ne m'auraient poussé à feuilleter et à lire ce livre, sipar hasard sur les réseaux sociaux, je n'avais été accroché par le commentaire d'un auteur journaliste travaillant à l'AFP et lauréat de prix littéraires, qui avait mentionné les simples mots "Coup de coeur"...
On peut encore écrire avec finesse, pas uniquement un roman d'amour, mais aussi un roman qui vous transporte dans le milieu bourgeois du début du XXème siècle de la campagne française.
Un roman sur cette société, dominée par les hommes, dans laquelle l'argent est roi, donne la puissance et donc le droit. Secrets de famille jalousement gardés, éducation sexuelle et émancipation des femmes, amours interdits, homosexualité, argent, pouvoir de la religion et de ses interdits, transmission du nom, morale bourgeoise, mariages arrangés, rapport au corps et nudité, éducation des filles, éveil de la sensualité, tabous et peurs ancestrales, bassesse de la petite noblesse bourgeoise,....autant de traits de cette société hypocrite dominée par les hommes, autant de thèmes évoqués par "Amours".
Une société dans laquelle les femmes sont selon leur naissance, des bonnes à tout faire dont on peut abuser sans vergogne, et qu'on peut jeter après usage ou des femmes n'existant que par le pouvoir de leur mari. Quelques unes commencent à rechercher leur indépendance, à se libérer des conventions, des corsets réels, et de tous les corsets religieux ou autres qui les oppressent et qui leur sont imposés.

L'écriture de Léonor de Récondo, également musicienne précoce et de talent, n'est jamais vulgaire, jamais mièvre ou insipide, mais toujours précise, empreinte de pudeur et de retenue y compris pour décrire ces hommes et femmes, ces amours, ces scènes de viols ou de tendresse, ces "enchevêtrements immondes", les sentiments qu'éprouvent ses personnages, cette campagne berrichonne.

Amours interdites, amours vraies, amours arrangés, amours homosexuelles, "Amours" est un plaisir à partager reconnu par plusieurs prix littéraires

Lien : https://mesbelleslectures.co..
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J'ai retrouvé la plume et le talent de Leonor de Recondo qui m'avait déjà séduite avec son Pietra Viva. Je me suis de nouveau régalée.

Après les hommes de Pietra Viva, l'auteur s'est penchée cette fois sur un univers très féminin, et elle a bien fait. J'ai rencontré ici Victoire et Céleste, opposées en tout. L'une comblera ses manques aux sources des débordements de l'autre et vice versa. Et cela, grâce à l'événement le plus prodigieux, celui qui donne la vie.

L'histoire se passe au 19ème. A l'époque, les bonnes étaient bien pratiques non seulement pour faire le ménage, mais aussi pour les hommes de la maison lorsqu'ils ne voulaient pas se déplacer pour "aller au bordel". Alors, ceux-ci montaient à l'étage, et abusaient la bonne qui, bien-sûr, était considérée comme jeteuse de trouble, car évidemment, un homme a toujours le beau rôle, c'est bien connu. C'est comme ça que Céleste est engrossée par son maître. Celle-ci souffre, et silencieuse, cache son ventre sous un corset qu'elle a volé à Victoire, sa maîtresse.

C'est une histoire qui surprend, qui parle de la foi qui tient les hommes ironiquement, d'amour et de complémentarité. Mais qui dit amour ne dit-il pas complémentarité ? A méditer. On espère de tout coeur que les rêves des uns et des autres puissent s'accomplir. Une histoire inattendue se crée. L'amour d'un enfant s'épanouit, au détriment de l'amour d'un homme qui, lui, n'a plus beaucoup d'importance dans le récit au fur et à mesure que l'histoire prend de l'ampleur.

Une lecture à conseiller. C'est passionnant et ça se dévore.
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Ce court roman évoque la condition des femmes au début du XXe. Une bourgeoise mal mariée, une petite bonne à tout faire violée par le maître, elles vont se découvrir, s'aimer et faire éclater les conventions en cachette.
Ecriture fine, le roman se lit d'une traite, les personnage sont attachants, la passion qui lie les deux femmes est merveilleusement traitée.
Le récit est écrit au présent, loin d'être une facilité narrative, il permet au lecteur de vivre aux côtés de Céleste et de Victoire et d'éprouver avec elles leur bonheur et leur désespoir.
La fin pleine de pathos peut déranger mais si on accepte les codes du mélodrame, on se laissera porter...
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