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4,04

sur 1535 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Un roman de la tradition classique, un roman d'amour qui ne l'est pas, classique.

Début XX°, dans un milieu très bourgeois (le mari notaire, le mariage arrangé, les trois domestiques et la femme oisive qui vient compléter le tableau), Anselme de Boisvaillant, de manière régulière, par ennui plus que par désir, "rend visite" à la bonne, Céleste, assouvissant ainsi ses pulsions sexuelles quand les bavardages de sa femme le découragent de toute approche (bavardages qui n'ont d'ailleurs d'autre fin que celle-ci)

Céleste, pour Anselme et sa femme Victoire, n'est qu'une domestique : elle n'a pas d'identité propre. Pas un mot, pas un regard, elle est donc violée régulièrement, mot inapproprié tant son acceptation ou son refus importent peu au regard du désir du maître.

Victoire s'ennuie, rêve sa vie, tandis qu'Anselme se réfugie dans le travail et que l'attente d'un descendant se fait interminable, jusqu'au jour où... Victoire surprend le reflet de sa bonne, nue, dans le miroir et s'aperçoit ainsi que celle-ci est enceinte.

Au-delà de la révélation de la prochaine maternité de Céleste (et de l'identité du père de l'enfant à naître), la vision du corps de l'Autre est un bouleversement pour cette femme qui n'a même presque jamais vu son propre corps. La religion agissant comme un garde-fou de toutes les pulsions, de toutes les idées "impures" ou charnelles. Dieu étant le meilleur compagnon pour supporter les douleurs et les frustrations.

Dès lors, les sentiments et les histoires s'entremêlent et se superposent : la paternité et la maternité sont tout autant au coeur du roman que l'amour et la sexualité. La naissance de l'enfant, Adrien, permettra à chaque personnage de trouver sa place affective et sociale.

Les amours sont vécues pleinement, dans l'abandon le plus total, à condition de ne pas renverser publiquement l'ordre social établi. On feint, on trompe mais naïvement : les sentiments ne se disent pas, à trop grande émotion on répond maladie (hystérie). Ces mots que les personnages s'interdisent, l'auteure les raconte, leur donne une musique, une puissance évocatrice bouleversante.

La langue est superbe, il y a une universalité dans la danse des émotions et l'intimité des sentiments. C'est très beau. Et très triste.
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Magnifique. C'est le premier mot qui me vient à l'esprit après cette lecture.

Victoire et Céleste sont deux femmes que tout oppose, qui vivent sous le même toit sans se connaître réellement. L'une est la maîtresse de maison, mariée à un notable qu'elle n'aime pas. Elle s'ennuie dans cette vie étriquée et sans intérêt, sans passion. Céleste n'a pas le temps de s'ennuyer, la jeune bonne travaille sans relâche et subit régulièrement les assauts d'Anselme, le mari de Victoire. Deux femmes prisonnières de leurs conditions, qui vont se rapprocher et découvrir ensemble la passion suite à la naissance du fils de Céleste et de son patron. Céleste et Victoire vont découvrir ensemble l'amour et le plaisir, découvrir leur corps. le corps consacré au travail et violé de Céleste, le corps caché et prisonnier des corsets de Victoire.
Si Adrien est issu d'un viol, c'est par leur amour que Céleste et Victoire lui donnent vie. Cet enfant né sans amour d'une relation sans amour, dont Victoire sa mère adoptive ne sait que faire. Elle le délaisse et l'enfant dépérit jusqu'à ce que Céleste le prenne auprès d'elle la nuit. Victoire les rejoint, et ensemble par leurs corps et leur amour elle l'amènent à la vie.

Amours. Au pluriel est un titre parfaitement bien choisi pour ce roman. Amour de Céleste et de Victoire. Amour de chacune d'elle pour le petit Adrien. Beaucoup d'amour dans ce roman. Mais des amours cachés, tus, secrets.

La plume délicate de Léonor de Récondo m'a une fois de plus totalement séduite. Ses mots coulent avec fluidité. Elle explore avec pudeur cet amour inavouable d'une beauté pure et tout en retenue, cette liberté secrète au sein du carcan des conventions sociales, cet amour caché derrière les apparences de la maison bourgeoise. Mais aussi la honte, le doute et la peur.

Un pur bijou ciselé avec délicatesse à découvrir.
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Quelle belle histoire !! Quelles belles Amours !! Ce livre a su me toucher, me boulever. L?écriture, le style de Leonor de Recondo sait nous emporter, nous faire tourbillonner ! Ce roman met en avant l?Amour dans ce qu?il a de plus beau, de plus profond. Je lisais Léonor de Recondo pour la première fois, mais j?y reviendrai.
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Un petit bijou que j'ai lu d'une traite.
Nous sommes au début du 20 è siècle dans une famille bourgeoise du Cher.
Monsieur, notaire, aime bien la bonne Céleste et elle se retrouve enceinte.
Victoire, sa femme rêve d'avoir un enfant.
Alors pourquoi ne pas l'adopter ?
L'écriture est remarquable et dessert parfaitement l'histoire qui est beaucoup plus complexe que le résumé peut le laisser penser.
Deux beaux portraits de femmes qui tentent de s'émanciper
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L'ambiance bourgeoise du début du siècle romantique et réaliste est très bien rendue. J'y ai trouvé des airs de Flaubert dans cette atmosphère que j'ai beaucoup aimés. Fan ou pas de cet univers, je vous conseille chaudement de lire ce magnifique récit qui se révèle d'une fluidité incroyable. Porté sur la suggestion plutôt que dans de longues descriptions, Amours est très très bien écrit.
Il y a une harmonie entre la dureté des scènes et des émotions et la beauté des mots qui vous empêche de reposer le livre. On tombe vite sous le charme de cette histoire qui se lit bien trop vite...............................
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Dès les premières pages, Léonor de Recondo nous plante un décor digne d'un roman De Maupassant. Tout y est : l'ambiance fin XIXe siècle, la famille bourgeoise, les petites bonnes, la campagne, les calèches, une jeune fille bourgeoise qui ne connaît pas trop l'amour, un enfant naturel entre le "patron" et la bonne...tous les éléments pour un bon roman réaliste.

Cependant, une histoire d'amour insolite (pour l'époque) vient pimenter ce roman vers le milieu, ce qui rend l'intrigue encore plus passionnante et nous amène, tout simplement, à ne plus décrocher du livre, jusqu'à la fin, que l'on peut qualifier de tragique.

En bref, ce roman est un savant mélange entre un roman réaliste à la Maupassant (je pense que le roman qui s'en rapproche le plus est Une vie) et une histoire d'amour insolite à la fin pour le moins tragique. Un roman dont on ne peut décrocher, une fois la lecture entamée, et qui, il faut le dire, mérite bien les prix qui lui ont été attribués.
Lien : http://leslecturesduprofesse..
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Mariée depuis cinq ans à Anselme, Victoire n'est pas heureuse dans son couple. Il n'y a pas d'amour dans leur foyer, qui s'est créé suite à un mariage arrangé. Aucune passion, aucun désir.

Anselme est très pris par son travail de notaire, et délaisse sa femme. Il fait subir à l'une de ses employées de maison, Céleste, ses envies et ses pulsions.

Cette dernière va finir par tomber enceinte. Ne pouvant avorter, Céleste voit son corps grandir, et son ventre pousser. Victoire n'étant pas née de la dernière pluie, va découvrir avec dégoût la "relation" qu'entretien son mari avec la bonne.

Ne réussissant pas à avoir d'enfant, Victoire va faire proposition étonnante à Céleste : celle de garder l'enfant, pour l'élever avec Anselme.

Un petit Adrien naît, et Victoire va retrouver un désir qu'elle n'a jamais eu avec Anselme. Victoire et Céleste vont se découvrir et un sentiment jusqu'alors inconnu va se propager.

J'ai écouté ce livre, narré par l'auteure, d'une traite. 4h15 environ pour une histoire du vingtième siècle, une relation taboue, un roman que j'ai adoré.

La voix de Leonor de Recondo m'a tout de suite entraînée dans l'histoire, et m'a permis de cerner rapidement les personnages.

J'ai eu de la compassion pour Victoire, cette femme que la vie n'a pas épargnée, ne lui permettant pas d'obtenir ce qu'elle souhaite le plus : un enfant.
Je me suis également attachée à Céleste, cette jeune femme devant se taire face aux pulsions d'Anselme, et qui voit sa vie bouleversée par la naissance future de son enfant, qu'elle ne peut élever. Cette jeune femme forte, et pourtant si fragile à la fois.

Ce livre est une très belle découverte, que je pourrai qualifier de coup de coeur. Son écoute a été addictive, puisque je n'ai pas pu la laisser de côté. Il fallait absolument que je découvre la destinée finale de cette relation et des personnages.

C'est un roman que je vous recommande vivement !

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Le roman « Amours » est vraiment puissant et bouleversant.
Son auteur Léonor de Récondo, par sa plume vibrante, a raconté avec douceur, avec poésie et surtout avec une grande pudeur, l'amour de deux femmes que tout pourtant sépare.


La première s'appelle Victoire, c'est une petite bourgeoise de ce début du 20e siècle, étouffée par ses corsets et par ses conventions sociales. Sans belle apparence, presque transparente. Elle mène une vie mélancolique, désespérée parce qu'elle ne peut pas avoir d'enfant, triste parce que les moments intimes avec son mari la dégoutent. Tout semble pour elle être une souffrance.


Et puis il y a Céleste, belle, charnelle, pieuse, dévouée qui est la bonne à tout faire dans cette grande maison. Céleste qui subit sans rien dire les assauts répétés, les viols abjects de Monsieur Anselme, le mari de Victoire, lorsqu'il a une envie pressante à satisfaire.


Le monde aurait pu tourner ainsi longtemps, mais un jour, Céleste tombe enceinte de son patron. Et c'est le drame, le scandale, l'infamie.
C'est Victoire qui a eu cette idée et elle va sceller ce pacte avec sa bonne.
C'est elle qui prendra en charge l'enfant, qui l'élèvera, qui fera croire à tout le monde et même à son mari, que le fils tant attendu, vient de ses entrailles.
Céleste, résignée à donner son enfant, pourra donc rester dans cette maison bourgeoise et devra cependant garder ce secret très pesant.

Ainsi Adrien deviendra officiellement l'enfant du couple que forment Victoire et Anselme.
Céleste pourra l'avoir auprès d'elle seulement quelques heures en secret, dans la nuit.


Des liens très troublant vont alors se créer petit à petit entre ces deux femmes liées par la solitude, par le désespoir mais surtout par cet enfant qu'elles se partagent.
Toutes les deux vont s'éveiller à la sensualité et à la maternité de l'autre.
Toutes deux vont doucement se découvrir, découvrir leur corps et découvrir leurs désirs.
Toutes les deux vont commencer à vivre l'incandescence de la passion amoureuse et inattendue.
Une passion charnelle, pleine de vie et pleine de fraicheur.


Mais cet amour aura-t-il une issue heureuse et radieuse ?
A une époque où l'émancipation des femmes était à son balbutiement et que la libération sexuelle était cruellement condamnée.

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l'histoire bouleversante de l'amour entre deux femmes au début du siècle dernier. La découverte de l'amour physique et sensuelle entre elles, jure avec la relation assez bestiale que l'homme leur a fait subir. Cette attitude dominante de l'homme, les considérant comme des "objets" les a approché et leur a permis de se découvrir mutuellement.
Le sacrifice final de l'une d'elle est finalement encore dictée par cette société de la convenance et du patriarcat.

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La réaction de Victoire, épouse bourgeoise insatisfaite et stérile, lorsqu'elle découvre Céleste, sa bonne, nue dans sa chambre, est tout à fait inattendue et l'histoire qu'elle vont vivre toutes les deux est plutôt improbable mais qu'importe ! Cette histoire me touche parce qu'elle parle du corps des femmes et de leur rapport à celui-ci. Puberté, sexualité, maternité, pendant des siècles toutes ces étapes naturelles ont été entourées de tant de tabous, et de tant de souffrances dues à l'ignorance... On ne peut qu'approuver Victoire et Céleste qui osent s'affranchir de tout cela. Certains passages sont très beaux, très poétiques : "le lien qui unit maintenant leur corps brise en un instant l'interdit de leur amour et des conventions sociales. Toutes ces épaisseurs inutiles qui, lorsqu'elles sont nues, restent cousues à leurs habits".
L'écriture est fluide et agréable, tout en finesse. J'ai vraiment beaucoup aimé ce roman, j'ai juste un tout petit bémol pour la fin que je trouve un peu décevante.
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