Quelques histoires des pluies d'amour et de mort, d'
Abbas Nalbandian est une étrange pièce de théâtre à la fois absurde et surnaturelle, mais aussi angoissante et morbide. La pièce a été publiée en 1977 -et son auteur s'est suicidé en 1989 alors qu'il est contraint de ne plus exercer son activité.
Nos quelques histoires sont en fait au nombre de 5 ("une pentalogie") et ne semble reliées entre elles que par de maigres indices, ou du moins un contexte particulier (qui pourtant n'existe pas). L'anxiété de tous les personnages est palpable, peu importe ce qui en est la source (un cadavre à dissimuler, la maladie qui vous ronge, un amour impossible, la peur d'être mis en prison, paranoïa, etc.). C'est bien là le tour de force de l'oeuvre, car via des échanges limités, on ressent des émotions intenses.
Les manifestation surnaturelles, ou au minimum étranges, semblent être le fil conducteur pour avancer dans les "histoires" : on croisera à plusieurs reprises une radio qui énonce des textes en avance ou après coup, un fantôme, un cadavre qui semble encore bien vif, etc. Cet étrange bestiaire contribue évidement à exacerber l'anxiété mentionnée ci-dessus tout en servant de métaphore au contexte politique et social dans lequel l'auteur vivait. Un des personnages évoque un cauchemar où seule sa tête dépasserait du sol, et qu'à force de se faire lancer des choses dessus, celle-ci se décroche -une façon comme une autre de référer à la lapidation, méthode d'exécution utilisée pour punir les désirs sexuels "illicites" (thème qui revient dans plusieurs "histoires"). On rappellera aussi que les personnages ont peur d'être arrêtés, peu importe la raison.
La solitude revêt l'apparence d'un genre de schizophrénie : le personnage parle, un interlocuteur répond. Il est en réalité tout seul et se fait la conversation, comme pour se rassurer et avancer.
La lecture est très facile d'accès, et presque un peu frustrante tant elle est courte. le message et l'engagement sont forts, mais on en ressort trop tôt pour être marqué durablement à mon avis, sauf si bien sûr certaines situations nous sommes connues (et je ne parle pas de transporter des cadavres, allons !).
Paradoxalement, l'histoire que j'ai trouvé la plus touchante est "Troisième épisode : le vin pleut, le blanc" qui est une histoire de fantômes plus classique. Ca me frustre un peu de préférer l'histoire la plus déjà vue sur un texte qui me sort totalement de mes habitudes, mais on ne se refait pas.
Enfin, bien que
Quelques histoires des pluies d'amour et de mort n'aie strictement aucun rapport avec la culture jeu-vidéo plus moderne, je n'ai pas pu m'empêcher de penser à Silent Hill -un jeu d'horreur psychologique où la radio nous transmet des messages plus ou moins cryptiques de l'au-delà, ou de moins loin? Avis aux amateurs de la saga en question. Aussi, je ne saurais pas expliquer pourquoi, mais j'ai eu une pensée pour Dry September -sans doute l'ambiance pesante, et l'attente d'un dénouement difficile.
C'est une lecture qui vaut le détour et n'engera pas beaucoup de votre temps, tout en proposant une intrigue originale qui vous amènera à réfléchir sur ce qui peut bien s'y passer, mais aussi sur le sens de l'amour et la mort dans notre existence.
Note : Je remercie Babelio de m'avoir fait parvenir ce livre via l'opération Masse Critique.