Ce troisième numéro de la revue "Multimondes" paru à l'été 1999 est un bon cru.
Et le dossier extrêmement complet sur le personnage de Conan en est la cause. Un premier article, sous la forme de témoignages, lors de son procès fictif, de femmes qu'il a croisées, permet de relater quelques-unes de ses aventures. Ensuite, nous avons droit à un historique de l'âge hyborien puis à une description détaillée de toutes les provinces du monde sans oublier les Îles Barachéennes et les Antillies. Un Quelques sujets comme sa haine de la magie, son regard sur les femmes ou sa soif d'aventures sont abordés au cours d'un entretien avec le célèbre barbare. Et pour finir, après une biographie de l'auteur Robert E. Howard, courte car il s'est suicidé à 30 ans, trois pages récapitulent chronologiquement toutes les nouvelles de Conan, quel qu'en soit l'auteur (Robert Howard, Lin Carter, Lyon Sprague de Camp, Robert Jordan, Poul Anderson, Steve Perry, Andrew Offut, Leonard Carpenter, John Maddox Roberts, et Björn Nyberg).
Le reste du magazine n'est malheureusement pas du même niveau et les thèmes étant tellement disparates que les articles semblent être des bouche-trous. Nous passons du space-opera avec des conseils donnés à un apprenti négociant interstellaire dans l'univers de Star Wars, à un guide de survie en cas de naufrage mais dénué de la plus petite once d'humour, sans oublier le fantastique avec une double-page sur la légende du fantôme de l'Opéra et une autre sur les fungi de Yuggoth, des créatures inventées par H.P. Lovecraft.
Heureusement, une interview de Terry Pratchett remet de l'humour dans la revue en nous présentant les vingt-trois premiers tomes de son oeuvre "Les annales du Disque-Monde".
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Terry Pratchett : Malheureusement, il y a beaucoup de gens comme ça dans ce pays - en général ils sont à la tête des journaux - qui utilisent avec délice des termes comme "frog", seulement parce qu'un camionneur français a renversé quelqu'un. Ils ne réalisent pas à quel point ils sont stupides. C'est une honte que la belle idée d'Union Européenne ait changé à un tel point que des pays entiers sont devenus de simples copies de l'Amérique. Mais c'est tellement mieux qu'une troisième guerre mondiale. [...]
Oh ! La prochaine fois on la fera aux États-Unis. Ils n'ont pas eu de guerre mondiale aux États-Unis ! Et on en a tellement eu en Europe. Ce serait intéressant une guerre mondiale au Wisconsin... certainement très amusant, avec Mickey et tout.
Terry Pratchett : Je me souviens être allé à une rencontre où des écrivains confirmés enseignent à des apprentis écrivains ; et il y avait une très gentille dame anglaise de la classe moyenne qui avait une voix comme ça, vous voyez ? [il prend une voix de fausset un peu pincée]. Elle voulait écrire du fantastique, mais c’était très propre, une sorte de vision romantique. Il n’y avait aucune saleté, pas de merde. Je lui ai parlé du jeu de rôles grandeur nature. Elle était fascinée par ça ; alors je l’ai mise en contact avec des gens qui organisaient des grandeur nature. Et je l’ai revue environ six mois plus tard. Elle m’a dit que c’était magnifique ! [encore cette voix de fausset] J’ai passé toute la semaine à crapahuter. Elle avait tué, massacré… Et c’était une dame très comme il faut, avec des perles… Elle s’était éclatée à tuer des trolls, à courir dans les bois ; et ça avait énormément changé sa vie.
Terry Pratchett : Nous n'aimons pas les politiciens, nous haïssons les politiciens. D'un autre côté, on n'est pas en guerre. Et combien de temps cela prendrait pour que la Grande-Bretagne se retrouve en guerre contre la France ? Environ trente secondes, je pense. Un gros titre dans les journaux suffirait à déclencher ça. Mais, à cause de ces satanés politiciens, il y a très peu de chances que nous soyons en guerre. Alors, on peut râler, se lamenter, grogner, mais pendant ce temps, les enfants visitent d'autres pays, et ils vont tous manger chez MacDonald, regarder les mêmes films... Je suis peut-être vieux jeu, mais c'est quand même mieux que s'entre-tuer. Et tout ça, c'est grâce à la politique.
Terry Pratchett : Si on sait comment fonctionne une ville du Moyen-âge, on peut imaginer comment elle fonctionnerait avec des trolls, des vampires, des golems, des dragons. Si on regarde attentivement la réalité, on peut parfois y trouver la saveur de la fantasy.
Terry Pratchett : L’auteur anglais G.K. Chesterton disait qu’il n’y a rien de magique dans la magie. Un sorcier fait Kazoum et une lumière apparaît. Il n’y a rien de magique là-dedans : c’est un sorcier ! Les sorciers font ce genre de choses.