Elle pourrait gagner davantage, dénicher d’autres clients, mais se refuse à accroître cette activité, que finalement elle trouve répugnante. Virginie a un défaut majeur. Elle est dépensière. Elle raffole surtout d’acheter des fringues, des chaussures, et non pas de bas de gamme, mais de marque. Les placards de son studio regorgent de vêtements et de chaussures, dont certains n’ont encore jamais été utilisés. Elle privilégie les tenues, mais aussi les produits de maquillage et les parfums, aux dépens de la nourriture.
Elle n’a plus que sa mère, et celle-ci est bien incapable de l’aider financièrement, de lui payer la location de son petit studio de Lille, ainsi que la nourriture et les habits nécessaires. Madame Delattre exerce la fonction d’agent hospitalier et son maigre salaire est rapidement avalé par son propre loyer, les frais de nourriture, de chauffage et d’eau. Elle a encore deux autres enfants âgés de seize et treize ans à charge. Alors, à contrecœur, il a bien fallu s’y résoudre, elle se prostituera. Après tout, ce n’est que pour deux ans, au pire.
Le revoir, elle ne sait pas. C’est dur, pénible, humiliant, mais quand même cinq ou sept-cents euros par mois, quelquefois davantage, c’est presque le prix de son loyer, alors…
Elle n’aime pas ce qu’elle fait, elle sait que non seulement sa mission est immorale mais aussi pénalement répréhensible par la loi. Elle est bien placée pour le savoir : la prostitution est interdite en France, et dorénavant, même les clients encourent la sanction d’une amende conséquente.
Il la caresse partout et doucement, en prenant son temps. Après s’être extasié sur la beauté de ses seins, la douceur de ses cuisses, la finesse de son visage, il lui demande de se retourner afin qu’il puisse aussi profiter du joli fessier, de sa chute de rein, du dos et de la nuque de la demoiselle.
Il n’y a aucune pénétration de sa part, jamais le médecin n’a tenté de faire l’amour à Virginie. Il lui demande parfois, si elle y consent bien sûr, de le masturber, quand il le peut, car parfois, malgré les efforts de Virginie, son sexe reste flasque et il s’en excuse. En fait, ce n’est pas un client ordinaire, l’homme est un contemplatif, un esthète, un amoureux du beau, admiratif en cette occasion de la beauté du corps d’une femme.
Pour avoir la paix, elle a convenu comme lui que c’était inévitable à cet âge-là, et qu’elle était là pour pallier la carence bien compréhensible de son épouse, pour satisfaire ses désirs et que c’était souvent le cas pour beaucoup d’hommes de son âge. En fait, elle pense surtout qu’il n’était qu’un petit salaud vis-à-vis de sa conjointe.
Ce professionnel a remarqué un unique et petit grain de beauté de couleur brune, sous le sein gauche, d’à peine deux millimètres de diamètre, qui ne gâche rien à la beauté de l’enveloppe de la dame. Ce grain de beauté, qu’il nomme « naevus » pour les autres, le ravit. Pour lui, il s’agit d’une minuscule petite faille qui fait qu’il n’est pas dans un l’irréel, mais dans la normalité. En fin de compte, à ses yeux de professionnel, ce petit grain fait que la jeune femme est bien naturelle. Il complimente exagérément par des mots choisis, sa ravissante visiteuse sur sa plastique de rêve.