Amours fragiles, tome 6 : L'Armée indigne

Nous poursuivons notre avancée dans la seconde guerre mondiale et le regard porte par Martin, solde allemand, jeune humaniste.
Envoyé dans une petite ville en Ukraine, à l'arrière du front, il découvre le sort réservé aux ukrainiens ayant pourtant accueillis les Allemands en libérateurs.
La notion de sous-hommes est de plus en plus forte autour de lui, de plus en plus dramatique pour sa justification de la politique de terre brûlée d'Hitler.
Un T6 qu'une grande qualité ou l'Histoire prend le pas sur celle des personnes.

Le rouge au Front.
Le Front de l'Est requiert toujours plus de soldats allemands pour combattre d'abord puis contenir ensuite le rouleau compresseur russe avant la Bérézina annoncée. Fin 1943, Martin Mahner est cantonné en Ukraine, occupé à des tâches administratives mais le jeune homme finit par comprendre, en fouillant les archives, la collusion entre la Wehrmacht et les nazis notamment dans l'élimination massive des populations civiles d'obédience juive. 
Ballotté par les événements, Martin Mahner sert son pays contre son gré d'autant que l'idéologie nazie révèle l'amplitude de ses délires criminels dans les mornes plaines slaves. Entre l'ardeur d'un führer dément claquemuré dans son blockhaus et l'abattement du soldat sur le front russe, l'histoire rejoue ses tragédies. La déroute napoléonienne est dans tous les esprits. Quand Mahner ouvre enfin les yeux et semble prendre parti, le couperet tombe. 
Une nouvelle fois les auteurs réalisent une oeuvre forte et cohérente, documentée, déroulée avec fluidité. Chaque événement échafaude, éclaire et enrichit l'histoire, de l'altercation entre Martin Mahner et Gustav Flohe, le vieil ami cocufié de son père au gommeux représentant allemand vendant des préservatifs en Ukraine en passant par la désertion de l'interprète ukrainien. Chaque case parle, s'assemble sur l'échiquier et décline en nuances toute une époque révolue dont les échos perdurent aujourd'hui.
Le dessin de Jean-Michel Beuriot s'est sensiblement amélioré dans le rendu des visages, exacerbant l'expression des sentiments. L'amour semble bien fragile face à la force de la barbarie omniprésente.

Dans ce tome, nous retrouvons Martin dans le rôle principal. Comme il le craignait à la fin du tome précédent, il a été réquisitionné et part pour l'Ukraine.
La il se retrouve confronté à des exactions de la guerre, à la solitude des soldats.
Un tome intéressant mais qui n'est pas exempt de maladresses. Il y a des histoires secondaires dont on se demande quel est leur intérêt si ce n'est de souligner tel point en marge sans pour autant s'arrêter dessus.
Le dessin est sympathique mais manque parfois de régularité. Je suis un peu dubitative sur certains personnages que l'on a parfois du mal à identifier.

La montée des Rouges au Front

Nous sommes en 1943 et Martin vient d'être envoyé juste à l'arrière du front Russe, en Ukraine.
Cette province est tiraillée entre son ressentiment anti-russe (Staline a affamé ce peuple par des prélèvements étatiques criminels en 1932-1933 occasionnant des millions de victimes) et son calvaire causé notamment par les SS qui considèrent les Slaves, comme des sous-hommes.

Tandis que l'armée Russe regagne du terrain, Martin va perdre ses dernières illusions sur le régime, mais également sur la Wehrmacht, armée complice au delà de ce qu'il imaginait. Plus que jamais, il se sent prisonnier de ce système qu'il réprouve mais auquel il participe.

Avec ce nouveau volume, Beuriot et Richelle reviennent à une histoire beaucoup plus linéaire et donc lisible, que celle qui rendait le 5ème tome (Amours fragiles, Tome 5 : Résistance) , un peu difficile à suivre.

Comme d'habitude, les personnages sont montrés sous toutes leurs facettes, de manière intelligente et nuancée. L'Histoire n'est pas maltraitée. L'âpreté et la cruauté de cette guerre qui ne respecte pas, ici moins qu'ailleurs encore, les règles conventionnelles sont exposées sans pesanteur, mais sans complaisance non plus.

Ainsi, le tragique événement "Babi Yar" (massacre de plus de 33 000 personnes par les Einsatzgruppen -auquel la superbe 13ème symphonie de Chostakovitch rend hommage) est évoqué avec concision et sans rompre le récit.

Le dessin de Beuriot n'est sans doute pas techniquement irréprochable, mais j'avoue que j'aurais du mal aujourd'hui à en imaginer un autre. Son trait précis et délicat donne tout son attrait et son charme à cette série.

A noter que ce volume comprend aussi 7 pages de présentation de la série et des auteurs.

En manque d'effectifs, Martin fait parti des hommes qui sont envoyés sur le front de l'Est. Il n'est pas au plus prêt des combats mais peut observer toute la monstruosité de la guerre menée par les troupes allemandes : exactions commises par les einsatzgruppen SS, traitement ingrat des populations locales, éliminations des civils lors de la retraite allemande… Martin s'offusque de ces agissements odieux mais ne peut se rebeller sans risque pour sa vie, jusqu'au jour où il s'oppose au Colonel Ricken…
On s'approche un peu plus de la guerre avec cet album qui nous décrit la situation à l'arrière du front de l'Est. La brutalité de la guerre n'est du coup que suggéré plutôt que montré, même si c'est bien suffisant pour décrire toute la cruauté d'une guerre qui ne porte que le nom face à des actions militaires exécrables : massacres, agressions sur les civils, asservissement de la population…
Plus on avance dans les albums, plus on découvre les horreurs de la guerre ; tout comme le déroulement de cette Seconde Guerre mondiale qui est devenu de plus en plus abominable au fil du conflit.

1943, Martin se retrouve sur le front de l'Est en Ukraine.

Il est bouleversé et révolté par les crimes contre l'humanité commis par les Einsatzgruppen, groupes de "nettoyage" qui assassinaient Juifs et partisans à l'arrière de la Wermacht.
Il se heurte à sa hiérarchie.

La triste situation des Ukrainiens, suite aux crimes de Staline avec les grandes purges et la famine dans les années trente, est évoquée.

Epoque terrible où des peuples entiers se trouvaient pris entre Hitler et Staline...

Un scénario et un dessin excellent.

Pour ce tome 6 nous retrouvons Martin Manher envoyé en quarante avec les troupes allemandes. On y découvre les exactions de l'armée allemande : tuerie de Juifs enterrés à la va vite et dont on brûle les corps à l'arrivée des Russes, viols par l'occupant... Martin ne soutient pas le régime mais n'est pas fier de lui qui marche avec cette armée indigne. Une nouvelle page de la vie de la seconde guerre mondiale vue par les Allemands.

Mahner est envoyé sur le front de l'Est. La situation ne le prédispose pas à voir le régime sous un jour agréable. Dès lors, son scepticisme et ses doutes par rapport au nazisme risquent de lui porter préjudice. C'est d'autant plus le cas qu'il est témoin d'exactions des Einsatsgruppen, qui déterrent et brûlent les corps de juifs abattus deux ans auparavant. Il se rend compte que, malgré la position officielle, l'armée allemande a fermé les yeux et même -parfois- participé aux massacres.

Il est également question de défaite globale. le moral est au plus bas. L'armée allemande reproduit la débâcle de Napoléon. Ils sont obligés de progresser dans les plaines ukrainiennes dévastées par eux-mêmes et par les Ukrainiens ou les Russes. La violence aveugle, synonyme de désespoir, engendre des actes de cruauté incroyables, comme quand le commandant fait marcher un de ses hommes avant la troupe en plein terrain miné.

Un tome très sombre. de nouveau, tout est fort bien documenté. Les visages qui changent d'une case à l'autre m'ont posé moins de problème que d'habitude.

*** Sur le Front Russe ***


Second semestre 1943. Après une brève escale en Allemagne, Martin se retrouve dans une petite ville en Ukraine, à l'arrière du front.
Les Ukrainiens qui avaient accueilli les Allemands en libérateurs, alors que Staline les avaient affamés depuis plus de 10 ans, se rendent compte qu'ils continuent à être privés de nourriture et de soins.
Hitler considérant les Slaves comme des sous-hommes, aucun égard ne doit être appliqué.
Alors que Martin découvre des documents secrets et qu'il se fait prendre par son supérieur, ce dernier l'envoi sur le front Russe pour nettoyer les villages et surtout pour que Martin ne dévoile pas le contenu de ces documents compromettants ....


Ce tome 6 est une fois de plus très intéressant historiquement parlant et plus on enchaîne les tomes de cette saga, plus le graphisme et le texte sont plaisants.

Un tome intéressant où l'on voit l'envers du décor de cette Histoire (la seconde guerre mondiale), un point de vue rarement abordé "en France".

En revanche : au bout de 6 tomes je ne comprends toujours pas le titre de cette série ("amours fragiles")...
Il doit y avoir un sens caché ou un double-sens ou une référence à je-ne-sais-pas-quoi , sans doute, mais je trouve que le titre n'est pas du tout bien choisi. Il attire des niaiseuses comme moi qui finalement n'y trouvent pas totalement leur compte (car on ne peut pas dire qu'il y ait une histoire d'amour , fragile ou pas, toutes les 2 pages hein ... loin de là... ) et doit rebuter des passionnés d'Histoire qui seraient pourtant très intéressés par le traitement de la chose mais qui ne sont probablement pas interpelés par le titre ...