Ce livre sent la rose. La rose venant d'éclore, belle, éclatante, imaginant sa nouvelle vie parfaite dans un monde qu'elle a tant rêvé ; puis elle fane, petit à petit, son odeur se fait âcre, amère, elle monte dans notre nez, nous prend à la gorge, nous étouffe. Elle nous maintient là, paralysé.e, nous obligeant à sentir cette odeur que laisse les mots dans leur
sillage. Les notes rances qui se dégagent sont toxiques, mais on ne sait plus si cela vient du rêve brisé de l'héroïne, des personnes qui l'entourent ou de cette jeune fille elle-même qui se découvre sous nos yeux. Peut-être que l'odeur du poison se fondait déjà dans ses veines. Peut-être que c'est le monde lui-même qui empeste le poison. Je ne sais pas si j'aime cette fille que j'ai appris à connaître. Je ne sais pas si je comprends ces obsessions, ses dérives, ses pensées. Je ne suis même pas sûre de m'être attachée à elle. Mais je crois que je l'ai comprise, elle, et tout ce qu'elle a vécu. J'ai ressenti son désespoir, le débordement, la goutte de trop d'un parfum acerbe. J'ai vu sa douleur et j'ai souffert avec elle. J'ai vu la destruction de son rêve, de sa vie, je l'ai vu se détruire elle-même sans s'en rendre compte. Je ne savais plus comment réagir. Je crois que j'avais envie de refermer le livre et d'éloigner ses odeurs nocives. Sauf que c'était impossible, l'effluve des mots me retenait prisonnière. J'ai adoré le style de l'autrice, sa manière de sculpter son récit, de créer une réelle atmosphère dans laquelle on se fond. Même si cette atmosphère ne m'a pas totalement absorbé. L'histoire en elle-même m'a déroutée, et l'histoire d'amour m'a refroidi. Pour moi elle était trop. Trop terrible. Trop dramatique. Pas assez réaliste, à mon goût. Ou bien pas assez développée pour que j'y crois. La plupart des personnages secondaires m'ont laissé de marbre, même si chacun a sa propre personnalité, j'ai parfois détesté leurs relations avec l'héroïne, notamment les hommes, me laissant l'impression que, la plupart du temps, ils ne s'intéressaient à elle que pour ses attributs féminins, et elle, elle aimait ça, en redemandait. Je me suis parfois sentie mal à l'aise et je n'y ai pas toujours cru. Bref, c'est un roman vraiment bien écrit, qui me laisse un goût étrange mais que je ne regrette pas d'avoir découvert !