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EAN : 9782924924143
192 pages
M éditeur (01/10/2019)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :
Si l’on en croit le discours dominant, l’endettement est un phénomène individuel ancré dans une mauvaise gestion des finances personnelles lié à une sorte d’analphabétisme économique. C’est également la faillite morale d’individus vivant au-dessus de leurs moyens. Or, l’argument de la responsabilité individuelle ne peut expliquer l’augmentation importante du nombre de ménages vivant dans un état d’endettement permanent. En effet, le ratio d’endettement des ménages a... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Croissance des inégalités, augmentation de l'endettement et contrôle social

« Contrairement à ce qu'en disent certain·es économistes, l'endettement n'est pas réductible à une mauvaise gestion financière personnelle ou à une quelconque faillite morale. Bien au contraire, le phénomène de l'endettement plonge ses racines dans la restructuration néolibérale qui, depuis près de 40 ans, bouleverse les rapports de pouvoir ». Dans son introduction, Sébastien Rioux aborde, entre autres, la diminution des protections sociales, la précarisation du travail, l'accroissement des inégalités, la concentration sans précédent de la richesse au nouveau mondial, l'endettement comme « l'un des symptômes morbides les plus significatifs du capitalisme »…

« À contre-courant du discours dominant, ce livre avance l'idée que l'endettement n'est pas un phénomène individuel ancré dans la mauvaise gestion financière personnelle, mais une relation sociale caractéristique du capitalisme financiarisé. »

L'auteur insiste sur la relation de contrôle social, la perte d'autonomie, le rôle du crédit dans l'organisation économique, la distribution – inégalitaire – des revenus, « la nature fondamentalement politique de la distribution du revenu », le démantèlement de la forme d'Etat antérieur(la formule « Etat-providence » – de même que la notion de « compromis fordien » employée par certain·es – ne semble pas adéquate à l'analyse d'un régime particulier d'accumulation sous le capitalisme) par la contre-révolution libérale, la croissance du crédit hypothécaire et l'activité immobilière, l'endettement étudiant, la normalisation sociale « par un ensemble d'incitatifs, de contraintes et de pénalités visant à orienter nos comportements »…



Sommaire :

Endettement : les ménages dans le tordeur de la finance, Julia Posca

Les structures de l'endettement, Sébastien Rioux

Distribution du revenu et endettement des ménages au Québec, Mathieu Dufour

La dette du Québec : les zombies au service de la financiarisation, Philippe Hurteau

Crédit hypothécaire et croissance immobilière au Canada, Louis Gaudreau

L'endettement étudiant et les institutions financières au Québec, Charles Guay-Boutet

Le panoptique financier : le contrôle social par la normalisation de la dette, Patrick Ducharme

Chacun·e pourra trouver dans les différents articles des analyses détaillées de la construction et du rôle des crédits, des liens entre distribution des ressources et endettements, de la financiarisation et de la littératie financière, de individualisation du problème de l'endettement, des structures de celui-ci, des nouveaux engagements de l'Etat (nommés par les néo-libéraux : désengagement), de la dégressivité fiscale (les subventions aux plus riches et aux industries), de la distribution des revenus au Québec (je souligne que les analyses en terme de ménage sont insuffisantes et masquent les plus faibles revenus des femmes), des inégalités croissantes, des dynamiques de pouvoir et de la diminution du pouvoir de négociation des organisations de salarié·es…

Sont aussi discutés, la dette du Québec et les « zombies au service de la financiarisation », la réalités des actifs publiques associés à la dette publique, l'enjeu disciplinaire de la notion de « mauvaise dette », le silence construit sur la baisse des recettes, le crédit hypothécaire et son rôle dans la croissance immobilière, la marchandisation de l'habitation, la construction de l'« idéal de la propriété d'occupation », le marché lucratif des produits hypothécaires, les crédits consommation garantis par la valeur de la propriété immobilière…

Je souligne l'article sur l'endettement étudiant, la hausse des frais de scolarité, la baisse du financement public des universités…

Au delà du vocabulaire utilisé, j'ai apprécié particulièrement l'article sur « le panoptique financier le contrôle social par la normalisation de la dette », la surveillance des consommateurs et des consommatrices (j'ajoute, la réduction des citoyen·es et des salarié·es en consommateurs/trices), « de la carte de crédit à l'hypothèque en passant par le prêt automobile, la capacité des individus et des ménages à répondre à leurs besoins est de plus en plus liée à l'obtention du crédit. Ainsi, une telle dépendance tend à concentrer le pouvoir économique entre les mains des institutions financières et de crédit », le rôle coercitif du crédit, l'autorisation donnée aux banques de prêter de l'argent qu'elles ne possèdent pas, l'individualisation dépolitisante, « L'individualisation des problèmes liés au crédit tend ainsi à occulter la responsabilité des institutions dans l'augmentation de l'endettement », les standardisations des méthodes de contrôle des risques et d'attribution des crédits…

« Ce livre avait deux objectifs principaux : brosser un portrait général de l'endettement au Québec et corriger la myopie du discours dominant en démontrant l'origine sociale des difficultés économiques des ménages québécois. Loin d'être le résultat d'une mauvaise gestion financière personnelle, l'endettement est un phénomène systémique du capitalisme financiarisé qui vient supporter la croissance économique dans un contexte caractérisé par l'érosion de la santé financière des travailleur·euses ». En conclusion, Sébastien Rioux discute de l'enfermement des sujets endettés, des visions individualisantes et méritocratiques, des risques à venir.

Il propose des pistes pour des alternatives, la hausse du financement public de l'éducation post-secondaire, une politique pour favoriser l'accès au logement, la hausse du salaire minimum, « Il est tout simplement inacceptable que le salaire minimum soit le salaire de pauvreté », un rattrapage salarial, une véritable réforme fiscale et la révision à la hausse des taux d'imposition réels « pour les individus fortunés et les entreprises », la suppression des avantages fiscaux de la philanthropie, un revenu annuel maximum socialement acceptable, la création d'une banque publique voire la nationalisation du secteur bancaire…

J'ajoute, un véritable audit public des dettes, préalable à l'annulation des dettes illégitimes. Et derrière l'endettement des ménages, reste aussi à discuter du sexe de la dette, de la place de l'endettement dans la domination des hommes sur les femmes…
Lien : https://entreleslignesentrel..
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Ce livre avait deux objectifs principaux : brosser un portrait général de l’endettement au Québec et corriger la myopie du discours dominant en démontrant l’origine sociale des difficultés économiques des ménages québécois. Loin d’être le résultat d’une mauvaise gestion financière personnelle, l’endettement est un phénomène systémique du capitalisme financiarisé qui vient supporter la croissance économique dans un contexte caractérisé par l’érosion de la santé financière des travailleur·euses
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De la carte de crédit à l’hypothèque en passant par le prêt automobile, la capacité des individus et des ménages à répondre à leurs besoins est de plus en plus liée à l’obtention du crédit. Ainsi, une telle dépendance tend à concentrer le pouvoir économique entre les mains des institutions financières et de crédit
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À contre-courant du discours dominant, ce livre avance l’idée que l’endettement n’est pas un phénomène individuel ancré dans la mauvaise gestion financière personnelle, mais une relation sociale caractéristique du capitalisme financiarisé.
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L’individualisation des problèmes liés au crédit tend ainsi à occulter la responsabilité des institutions dans l’augmentation de l’endettement
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Il est tout simplement inacceptable que le salaire minimum soit le salaire de pauvreté
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