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Charpentier (01/01/1910)
3/5   1 notes
Résumé :
Les faits sont les faits, quoi qu'on puisse dire !... Dans notre affaire — elle est un peu à nous, n'est-ce pas?- — il y en a plusieurs qu'il serait difficile de contester. Récapitulons ! Primo, le général est mort d'une balle en plein cœur; secundo, cette balle était celle de Lermantes; tertio, le même Lermantes venait d'être institué par lui légataire de son immense fortune; et, quarto, il se trouvait aux prises avec les plus graves difficultés d'argent.. Comment... >Voir plus
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Son mari ne vint pas dîner; elle en conclut qu'il rentrerait tard, comme à l'habitude quand il passait la soirée dehors, et voulut profiter de sa solitude pour tenir son engagement. Sa correspondance remplissait l'unique tiroir d'un petit bonheur-du-jour, qu'elle vida sur un guéridon, devant la cheminée. Elle formait une liasse assez épaisse : Lermantes n'était pas un épistolier, mais sa grosse écriture couvrait vite des pages et des pages de son fort papier bleuté, et si la plupart de ses lettres, griffonnées à la hâte dans un but précis, étaient brèves, il y en avait de plus longues, écrites à loisir dans le salon d'un steamer ou d'un pullmann, dans le hall d'un hôtel (...).Celles-ci étaient d'un ton plus intime, vibrantes de la tendresse dont elles apportaient de si loin les effluves. Juliette se mit à les relire une à une, en oubliant les heures : elles ressuscitaient les ravissements et les angoisses du passé, les longues attentes inquiètes, la joie fiévreuse de reconnaître les enveloppes, l'émoi des moments qui précédaient le revoir, le désespoir de ceux qui suivaient les départs. Les cendres noires s'amassèrent; le temps était aboli; parfois, des bouffées de douleur lui arrachaient des sanglots; les affres de l'heure présente, le danger suspendu sur le bien-aimé, d'obscurs périls inconnus qui grondaient sourdement dans un arrière-fond impénétrable, tout cela donnait un accent solennel au massacre de ces feuilles bleuâtres. Elle les baisait avec passion, les déchirait lentement, comme si le crissement du papier lui rendait encore des parcelles de ce qui n'était plus, puis les lançait dans leur bûcher où elles se tordaient comme des lambeaux de chair encore vivante. Un affreux pressentiment l'étreignait : c'était leur amour qui mourait dans ce nuage de fumée et d'horreur; jamais l'avenir ne renouerait le lien rompu; jamais elle ne reverrait celui dont la main avait tracé ces lignes, qu'effaçait la flamme...

Chapitre XVIII
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(...) Anne-Marie. Elle avait seize ans. C'était une enfant disgraciée et charmante. Une infirmité mal définie gênait son développement physique : elle ne marchait qu'à l'aide d'une béquille, sa jambe droite étant presque inerte. Mais elle avait une tête délicieuse, éblouissante de fraîcheur, rose et nacrée, sous une admirable chevelure fauve. La parfaite beauté du visage, la splendeur du teint, l'apparence de santé radieuse qu'elle gardait au repos, mêlaient à la pitié qu'elle inspirait ce regret qu'on éprouvait devant une belle œuvre inachevée. Adorée et gâtée comme le sont les enfants malades, elle s'était développée en fleur solitaire, presque sans contact avec le monde. En l'ignorant, elle se le figurait à travers les livres dont on lui permettait la lecture ; prudemment choisis parmi les plus sages ou les plus ternes, ils n'en suffisaient pas moins à émouvoir son imagination, dont les essors étaient toujours solitaires; car sa mère, d'esprit , paresseux, de sens rassis, n'aurait pu la suivre, et la tendresse qu'elle vouait à son père se nuançait d'une sollicitude intimidée et craintive.

Chapitre XXI
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Leur sœur, Renée, atteignait à peine ses dix-huit ans. (...) Des cheveux abondants, d'une extrême finesse, d'une belle couleur de blés mûrs, et de grands yeux d'un gris rare, foncé, changeant, qui par moments semblaient d'un brun glacé d'or, faisaient toute sa beauté; car ses traits, sans être déplaisants, manquaient d'agrément, son teint de fraîcheur. Elle possédait cette sagesse un peu décevante des jeunes filles sans mère, prématurément dévouées aux soins du ménage, dont elle venait, quand éclata l'orage, de prendre la direction après avoir fait congédier une gouvernante infidèle. Elle avait des allures calmes, des manières douces, une de ces belles voix graves qui semblent révéler des âmes de cristal, et qui devenait émouvante quand elle chantait. Elle avait encore un cœur profond, où les plus légers chocs éveillent de lointaines résonances; mais elle se contenait si bien, qu'elle seule en entendait les échos. Depuis longtemps, elle pleurait toutes les nuits sans que personne eût jamais vu couler ses larmes.

Chapitre X
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Brévine improvisait entièrement ses plaidoyers sur un plan qu'il ne suivait presque jamais; de là, cette flamme, ce mouvement, cet entrain qui donnaient tant de vie à son éloquence; de là aussi, un certain désordre dans l'agencement du discours, et jusque dans le dessin des phrases, souvent chargées de parenthèses qui se chevauchaient, sans que ce désordre empêchât d'ailleurs les arguments de faire bloc, les détails de concourir au but final.

Chapitre XXII
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Il se répétait : " S'il ne surgit rien, si le hasard ne vient pas à notre aide, cet homme est perdu, cette tête va tomber ! " Tout ce qu'il y avait de généreux dans son le cœur se tordait à la pensée de cet innocent qu'il ne sauverait pas, lui qui avait sauvé tant de gredins et de coupables. Il se prit à murmurer : « Si Dieu existe, et s'il est juste !. . . » Hélas ! il connaît mieux que personne les défaillances de l'autre justice !

Chapitre Il
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