Vers 1240, deux grammairiens anglais, Roger Bacon et Robert Kilwardby, enseignent à Paris. Ils s'intéressent à l'influence de l'intention de signifier du locuteur dans la production d'énoncés. En élargissant son corpus d'étude, Irène Rosier en vient à dégager une approche "intentionnaliste" chez les grammairiens du milieu du XIIIème siècle, ce qui grille de sept siècles la priorité aux actes de langage d'Austin.
Si l'ouvrage est ardu à lire, c'est qu'il ne s'autorise aucune facilité. Pas d'image, pas d'analogies gratuites, chaque chapitre détaille une notion ou un couple de notions avec précision en s'appuyant sur de nombreuses citations. Au XIIIème siècle, la parole comme acte a plus d'enjeu que de nos jours : "hoc est corpus meum", que signifie "hoc" au moment où il est prononcé puisque la transsubstantiation n'a lieu qu'à la fin de la prononciation du dernier mot de la phrase, "meum" ??
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Les grammairiens intentionnalistes s'attachent à présenter un modèle général d'analyse qu peut valoir pour tous les types d'énoncés, canoniques, c'est-à-dire comporant un sujet et un prédicat exprimés et correctement agencés, ou non. Le recours au contexte linguistique et à la situation extra-linguistique s'avère souvent nécessaire.
Il est souvent difficile de dire si l'oeuvre des auteurs angais a été composée à Paris ou à Oxford, éant donné qu'ils allaient et venaient entre ces deux villes.