Cyrano de Bergerac /
Edmond Rostand
L'oeuvre d'
Edmond Rostand, et Cyrano en particulier, représente une des dernières réussites du théâtre en vers et elle apporte une nouvelle jeunesse au théâtre romantique.
L'histoire : Cadet de Gascogne,
Cyrano de Bergerac est affligé d'un appendice nasal hors norme qui l'affuble d'une laideur peu commune. Il aime secrètement sa cousine Roxane qui lui demande d'aider Christian de Neuvillette, un bel homme à la séduction de qui Roxane n'est pas restée insensible. Cyrano par amour pour Roxane fait tout pour Christian et c'est même lui qui lui dicte les mots pour plaire à Roxane. Avec l'aide de Cyrano, Roxane épouse secrètement Christian. À la mort de Christian, Roxane se retire au couvent. Plus tard, Cyrano est attaqué en pleine rue. Mourant, il rend une ultime visite à Roxane qui ignore tout de son état. Elle lui remet la dernière lettre de Christian qu'elle porte sur elle depuis toujours, ignorant que c'est Cyrano qui l'a écrite. Quiproquo romantique qui verra finalement s'ouvrir les yeux de Roxane.
le Duc : « Et son dernier billet, sur votre coeur, toujours ?
Roxane : « Comme un doux scapulaire, il pend à ce velours »
Et Roxane de s'écrier à la fin :
« Je n'aimais qu'un seul être et je le perds deux fois ! »
Puis Cyrano : « Que dites-vous ? C'est inutile ? Je le sais !
Mais on ne se bat pas dans l'espoir du succès !
Non ! non ! c'est bien plus beau lorsque c'est inutile ! »
Depuis 1897, Cyrano triomphe car il joint poésie, jeu et individualisme héroïque et sacrificiel. C'est un drame historique dont l'action se passe à la fin du règne de
Louis XIII.
On y retrouve des vers célèbres ; extraits :
« le voilà donc ce nez qui des traits de son maître
A détruit l'harmonie ! Il en rougit, le traître. »
Ou bien encore :
« C'en est trop Montfleury. Que Montfleury s'en aille
Ou bien je l'essorille et le désentripaille ! »
Et encore :
« Dîner, boisson, dessert ! Là je me mets à table
Ah ! j'avais une faim, mon cher, épouvantable ! »
À Lise qui s'approche un peu trop, Ragueneau dit magnifiquement :
«
Ma Muse, éloigne toi, pour que tes yeux charmants
N'aillent pas se rougir au feu de ces sarments ! »
Cyrano plus loin se défendant :
« Ah ! Mais pour le principe, et pour l'exemple aussi
Je trouve qu'il est bon d'exagérer ainsi. »
On a pu taxer cette oeuvre de facilité et de banalité avec une pointe de préciosité, mais la fougue et le lyrisme verbal ainsi que l'originalité ont assuré le succès et même le triomphe de ce drame à travers les décennies et jusqu'à nos jours. Cyrano est devenu un mythe avec le temps.