AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,55

sur 83 notes
5
7 avis
4
13 avis
3
5 avis
2
0 avis
1
0 avis
"Kiosque" constitue le 5ème tome d'un cycle autobiographique démarré en 2011, "La vie poétique". Jean Rouhaud nous y dévoile une certaine photographie de cette période, au-delà de son vécu, son quotidien, ses échanges de kiosquier (et d'aspirant auteur reconnu).
Ayant exercé cette activité pendant 7 ans, il nous en partage ici des moments délicieux, entre philosophie et sociologie.

Il y a en effet beaucoup de douceur, voire de nostalgie - mais qu'est-ce qu'on aime! - dans cette chronique sur le Paris populaire de ces années 80, ce temps où les lecteurs se pressaient dans les kiosques et où les journaux se vendaient.
Des réflexions aussi, bien ancrées dans les évolutions du monde de l'édition et la difficulté à sortir des carcans imposés pour voir éclore des propositions littéraires plus audacieuses (surtout lorsque l'on vient d'un milieu modeste et que l'on n'a pas tous les codes).

Un livre amusant et émouvant, qui dépeint toute une galerie de personnages attachants, et une part importante de la trajectoire de Jean Rouhaud, jusqu'à l'obtention du Prix Goncourt en 1990 (avec son fameux "Les champs d'honneur") et son changement de vie.

          《La phrase à retenir》
"J'ai appris au kiosque que les réactions des uns et des autres devant un événement pouvaient être surprenantes, et bien loin de l'idée queje m'en faisais pour eux".

Lien : https://www.instagram.com/mo..
Commenter  J’apprécie          10
Commencé avec enthousiasme, cette troisième lecture d'un livre de Jean Rouaud se finit péniblement.
Dans ce livre l'auteur nous parle de son travail dans un kiosque parisien dans les années 80, ce temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaitre.
On plonge dans ses souvenirs, on est ému quand il évoque avec beaucoup de finesse les habitués de ce quartier populaire qu'était le 19e (Norbert et Chirac par exemple) et cette atmosphère presque irréelle, où le journal papier était encore à l'honneur, faute d'internet et autres réseaux sociaux.
Mais les nombreuses digressions sur Beaubourg (tout neuf!), Roland Barthes (à peine mort) et ses revirements, la pyramide du Louvre,les propres considérations de l'auteur sur son parcours, tout cela s'enlise et j'ai eu du mal à ne pas trouver ça un peu ennuyeux, à la longue.

Je conseille aux personnes qui ne connaissent pas encore Jean Rouaud de plutôt lire Les champs d'honneur ou Des hommes illustres pour un premier contact, plutôt que ce livre un peu décevant au final.
Commenter  J’apprécie          150
Avant de devenir l'écrivain qu'il est, Jean Rouaud fut de longues années kiosquier rue de Flandre à Paris. le kiosque : voilà un magnifique lieu d'observation d'une société. C'est tout un monde qui vient à vous, découvrant à la une des journaux le monde en marche, ses conflits et ses drames ; et quand le kiosque est établi rue de Flandre, c'est souvent celui des humbles, des laissés pour compte, des démolis de la vie, des déracinés. L'auteur, plein de considération et de respect, nous livre toute une série de portraits d'hommes aux destins modestes et parfois discrètement héroïques, en usant d'une écriture superbe, chargée d'une mélancolie élégante sinon même d'une certaine tristesse.
Ce passage au kiosque fut également ce sas, ce temps suspendu, où le petit journaleux qu'il était, venu de sa Loire-Inférieure (c'est ainsi que l'on disait à l'époque, avant que le département ne devienne la Loire-Atlantique, dénomination bien plus séduisante), fit sa mue, laborieusement, pour devenir enfin le grand écrivain qu'il est aujourd'hui. le contact avec les humbles du quartier de la rue de Flandre y est sans doute pour beaucoup.
Commenter  J’apprécie          170
Kiosque – jean rouaud

Vous vous souvenez, pour les plus vieux d'entre nous (pas les jeunots et les gamins), Jean Rouaud à Apostrophe en 1990 ? le kiosquier propulsé Prix Goncourt ? Ce jeune homme pas vraiment à l'aise dans le jeu des médias, aussi sidéré que nous de le voir là ?

Et bien le revoilà 30 ans plus tard, écrivain reconnu et prolifique, qui nous livre les souvenirs qui ont fait de lui ce qu'il est aujourd'hui.
Jeune provincial monté à Paris dans le grand but de devenir écrivain, trouvant cet emploi de kiosquier pour subvenir à ses besoins et garder du temps pour écrire, voyant avec les années la peur grandir de ne rester que ce qu'il est. Comprenant peu à peu l'inanité de son projet d'écriture poétique conceptuelle. Se frottant à la vie, aux rencontres, aux lectures pour peu à peu garder la spécificité de son écriture, et la frotter au réel, à la vie maintenant et passée. Comprendre que la singularité c'est parler de soi et des autres à sa façon…

C'est un livre tout à fait charmant truffé de portraits détonants, touchant à l'histoire de la presse et d'un kiosque parisien, de l'auteur et d'un monde évanoui, le monde qui fut le sien dans sa ville natale et dans ses débuts parisiens, revenant encore et toujours à la bénace laissée par son père et son oncle, héros de la Grande Guerre.

L'écriture est un peu alambiquée avec de longues phrases un peu échevelées cela participe à l'attrait de ce livre très personnel, qui éveille une réelle sympathie pour son auteur.
Commenter  J’apprécie          00
Le passage qui suit est révélateur de ce qui constitue "Kiosque", de ce qu'y a déposé Jean Rouaud, ce kiosquier de Paris qui allait recevoir le Goncourt en 1990 ("Les champs d'honneur"). Il était vendeur des journaux car il fallait bien vivre – l'écriture ne nourrit pas son homme – en attendant la reconnaissance littéraire.
"[...] une journée au kiosque avait aussi sa cueillette de mots drôles. J'aurais été bien avisé de les collecter. Mais je ne crois pas y avoir pensé. Je considérais alors qu'écrire n'était pas un travail de greffier, et la haute fonction que j'assignais à la littérature n'était pas prête à recevoir ces perles de la rue. Non par dédain, ils me rendaient souvent admiratif, mais les critères de mon visa d'entrée en poésie étaient sévères qui passaient au tamis le vocabulaire et n'en retenaient que les mots épurés. Ce fut l'essentiel de mon travail de les adoucir. C'est précisément au kiosque, au cours de ces sept années, que s'est opérée cette transmutation. Laquelle consistait à admettre ceci, qui ne se réalise pas du jour au lendemain mais est un long processus : il n'y a pas de choses viles (et on ne parle pas des actes vils) sinon par le regard que l'on porte sur elles. Dès lors on peut déposer comme offrande dans le temple poétique toute une brocante d'indésirables au rayon des précieux : une 2 CV bringuebalante, des verres Duralex modèle Picardie (à côtes) ou Gigogne, un dentier en or, ou la statuette d'un Joseph en plâtre portant son enfant adoptif sur le bras."

Dans un premier temps, Rouaud nous plonge dans le théâtre qui se déroule devant le guichet de l'aubette à journaux [un kiosque en Belgique] où semble défiler le monde entier. C'est l'humanité au coin de la rue, tragique ou cocasse, vue d'un oeil empathique et généreux. L'actualité de ces années est ravivée. Dans les années 80-90, on était encore au temps de la "préhistoire de l'information" (sic), sans l'internet, et les publications en kiosque avaient encore leur importance. Certains clients, des étrangers dans ce quartier de la rue de Flandre, suscitaient l'intérêt : "J'apprenais beaucoup de leurs commentaires agacés ou désabusés quand ils démontaient devant moi les analyses des prétendus spécialistes de l'actualité étrangère, me prouvant par A+B que ce qu'ils racontaient ne tenait pas debout."

Dans un second temps, le récit revient au Rouaud qu'on connaît de "L'invention de l'auteur", celui qui réexamine la genèse de son premier récit familial et confie ses hésitations d'artiste. À l'époque de ce boulot au kiosque, il est encore sous l'influence des modes, le nouveau roman achève de s'expérimenter diversement, Rouaud tâtonne, mais les rencontres sont salutaires (Jérôme Lindon) et le chemin se fait : "Car la question qu'on pouvait poser aux maîtres du temps [l'avant-garde] qui jamais ne s'étaient confrontés au récit était celle-ci : comment pouvait-on ignorer le monde à ce point ?" Puis les descriptions de la pluie dans "Les champs d'honneur" germent au martèlement des averses sur le toit en plexiglas du kiosque, une pluie qu'il avait tout loisir de regarder tomber, il voit et entend celle du Campbon de ses origines : "Le kiosque patiemment recollait les morceaux de mon enfance". Il s'apprêtait à devenir soi, c'est-à-dire l'écrivain Jean Rouaud, cet "historien de poche" qui nous enchante depuis trente ans.

Une revue de presse (France Inter, janvier 2019) juge le livre merveilleux ou ennuyeux. Ni l'un ni l'autre, selon moi, je préfère reprendre les mots de Pierre Assouline : "... ces livres qui ne se présentent ni comme des romans, ni comme des récits, ni comme des essais, ni comme rien du tout d'ailleurs et dont les libraires ne savent pas toujours quoi faire tant ça les désempare alors que tant de ces livres nous ont emmené au plus loin et au plus profond de ce qu'on appelle encore « littérature » sans trop savoir de quoi il en retourne au juste."

Car ils possèdent la musique intérieure à laquelle nous sommes tant attaché.
Lien : https://christianwery.blogsp..
Commenter  J’apprécie          80
Rien de palpitant dans ce texte, un peu long, un peu plat, un peu répétitif, avec lequel je découvre cet auteur
Il m'a fallu changer mon rythme de lecture, quitter ma soif de rebondissements, pour apprécier le charme de la lenteur, du petit commerce, d'une époque où il existait un « face à face », des « habitués », et suffisamment de temps pour repérer leurs routines et leurs humeurs!
J'ai finalement aimé ces portraits hauts en couleurs et gonflés d'indulgence, le tout enrichi de réflexions politiques, culturelles et sociétales bien intéressantes…
Commenter  J’apprécie          10
Quelle expérience garde-t-on d'avoir été vendeur de journaux pendant sept ans, de 1983 à 1990, avant d'obtenir le prix Goncourt pour son premier roman publié ? le souvenir du froid l'hiver et de la chaleur étouffante l'été ? Des clients qui râlent lorsqu'ils découvrent l'actualité ? Des débats que celle-ci suscite auprès des habitués ? Des feuilles de chou détaillant les martingales alambiquées du Paris-Turf ? Sans doute tout ça, mais encore bien d'autres choses… En tout cas, Jean Rouaud a aussi retenu une dimension poétique, politique et sociale de cette expérience. Il nous la partage dans un livre à caractère autobiographique qui nous fait revivre cette époque et nous interroge sur notre rapport aux médias et à l'actualité. Un méditation sur l'Histoire qui se fait, sur l'écriture qui se trame pour tous les amoureux de littérature et de journaux !
Lien : https://www.instagram.com/p/..
Commenter  J’apprécie          30
Encore écrivain en gestation, Jean Rouaud a exercé le métier de kiosquier dans un quartier populaire de Paris pendant quelques années. Ce livre est le récit de cette période.
Il nous livre avec finesse , tendresse et humour quelques portraits de "figures" du quartier (clients, habitants ou collègue...).
Il restitue aussi l'atmosphère (et quelques faits d'actualité phares de l'époque) des années 80 avec une jolie pointe de nostalgie. En ajoutant à celà , quelques belles réflexions sur les vicissitudes du temps qui passe, j'ai vraiment beaucoup aimé ... les 3 premiers quarts environ du livre. Après, je trouve que l'auteur se perd un peu dans un dédale de réflexions sur sa recherche littéraire de l'époque. Dommage.
Commenter  J’apprécie          20
Dans ce roman, Jean Rouaud nous raconte l'époque où il vendit des journaux dans un kiosque situé rue de Flandre à Paris de 1983 à 1990.

L'auteur tel La Bruyère dans les « Caractères » nous dresse avec humour et tendresse des portraits savoureux de ceux qui fréquentaient le kiosque. Tout d'abord P. le gérant petit homme à la barbe roussie par sa pipe, un homme pacifique, méticuleux, honnête, se contentant de brandir ses convictions quand il a un coup dans le nez. Ensuite Chirac un SDF et Norbert son copain communiste, tels Laurel et Hardy toujours se chamaillant. Claude, un vieil homo provocateur, qui devant le kiosque s'extasie devant des photos d'hommes nus. Bien d'autres personnages vont compléter cette galerie.

Un récit nostalgique donc de ce Paris populaire où les habitués chaque matin analysent les actualités du jour, internationales, nationales ou les potins du quartier dans la diversité des opinions, mais sans aucun ressentiment afin de maintenir un esprit de tolérance.

Jean Rouaud, prix Goncourt en 1990 pour les « Champs d'honneur » a choisi ce métier essentiellement alimentaire dans le long et obscur chemin de l'apprenti écrivain qui a tout misé sur son écriture, essuyant refus sur refus des éditeurs et espérant toujours le salut.

L'auteur nous dépeint le dur travail du kiosquier, la température, glaciale l'hiver, brûlante l'été, ni chauffage, ni toilettes, un local de plus en plus exigu face à l'inflation galopante des revues publiées. Mais aussi son rôle social en participant à l'animation du quartier, en brisant la solitude de certains, une sorte de café du commerce de la culture.

Jean Rouaud évoque aussi la fin de l'âge d'or de la presse avec l'arrivée concomitante des journaux gratuits, des versions numériques des publications et d'internet, une mort clinique inévitable.

Mais souvent ce livre devient long et ennuyeux, car l'auteur part dans des digressions par exemple sur la modernité dont le centre Beaubourg et la pyramide du Louvre sont les piliers ou sur les Haïkus, petits poèmes japonais en trois vers et aussi sur quelques personnages célèbres.

Quel dommage que Jean Rouaud ne se soit pas contenté d'évoquer simplement ce petit théâtre, petite lucarne à travers laquelle il apercevait les scènes de la vie quotidienne, cela aurait été dans ce cas un véritable coup de coeur.
Commenter  J’apprécie          140
Très jolie chronique des années 83 à 90 autour du kiosque du marchand de journaux, de ses habitués, des évènements de ses années là doublée de la relation des angoisses du jeune écrivain qui peine sur ses feuilles.
J'ai beaucoup aimé mais je n'ai pas envie d'analyser. C'est un ensemble qui fait ressortir "mes madeleines de Proust" à moi, ma propre galerie de personnages, différents et pourtant si semblables. Jean Rouaud me touche avec sa faculté de s'intéresser aux autres et de les décrire aussi honnêtement.
Commenter  J’apprécie          30




Lecteurs (210) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1720 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}