AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782370711649
232 pages
Le Temps des Cerises (07/02/2019)
3.25/5   4 notes
Résumé :
Alors que l'avenir du président haïtien est en jeu, Port-au-Prince est envahie par les chiens : d'abord en petits groupes, puis de plus en plus nombreux, une véritable armée. Les thèmes majeurs, éternels pour Haïti, sont abordés et développés dans un esprit tragi-comique, tandis que sur la toile de fond bougent, agissent et avancent, jusqu'à croiser les personnages principaux, les chiens, symbole des exclus, des masses misérables. Une farce énorme et tragique où les... >Voir plus
Que lire après Les chiensVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
C'est l'idée des chiens qui envahissent Port-au-Prince alors que le pouvoir en place vacille qui m'a donné envie de choisir ce livre. Les chiens du changement, voilà un thème qui me titillait.
J'ai eu très peur en commençant ma lecture : plusieurs coquilles, un emploi de la conjugaison déroutant (l'auteur passe parfois étonnement du passé au présent). Mais très vite, la richesse et la gouaille de la langue m'ont happé. J'ai eu le sentiment de plonger profondément dans la vie haïtienne, avec des sonorités, des couleurs, un vocabulaire et une joie que je ne connaissais pas.
Heureusement, les deux premiers chapitres mettent en place tout ce que j'aime dans une histoire : deux personnages attachants, différents, Cocobé et Barsac, embarqués dans un engrenage qui les dépasse et dont ils ignorent encore tout. Mais l'engrenage se révèle pour ma part, une machine folle. Et cette fois, j'ai regretté de ne pas être un habitué de l'histoire d'Haïti car les personnages se multiplient, les intriguent politiciennes s'emmêlent. Qui est qui ? Qui veut la place de qui ? Qui trompe la maîtresse de qui ? Je m'y suis un peu perdu dans cette bordélique folie !
Les chiens, Cocobé et Barsac ne m'ont pas lâché, m'ont permis de tenir et m'ont emmené jusqu'au bout de ce voyage halluciné à Port-au-Prince mais ils m'ont laissé avec beaucoup de questions. Ces chiens haïtiens sont restés pour moi l'idée intéressante d'une fable symbolique dont la signification profonde m'échappe encore. Il me reste la sensation que l'histoire du changement à Haïti doit être un sacré sac de noeuds à démêler !
Commenter  J’apprécie          50
Mais que se passe-t-il à Port-au Prince ce matin ? Des chiens maigres et sales, inquiétants, débarquent de l'intérieur de l'île et, de plus en plus nombreux, créent des embouteillages monstres, un chaos, une panique, une ambiance de presque fin du monde.
Nous suivons sur une journée apocalyptique quelques personnages hauts en couleur, dont la prestance et la noblesse de caractère sont inversement proportionnelles au statut social.
C'est truculent, caustique, une véritable fable qui taille un costume aux personnages au pouvoir : corrompues, égocentriques, ridicules.
La première moitié du roman est plaisante, les descriptions des personnages, des paysages et des quartiers sont d'une grande richesse picturale.
La seconde, qui relate le coup d'État du Président, me perd dans la multitude des personnages, qui passent sans arrêt de leur nom à leur surnom, et dans des discours trop longs et parfois incompréhensibles pour quelqu'un de non initié à l'histoire et à la culture du pays.
Unique roman de Francis-Joachim ROY, exilé très jeune à Paris du fait de ses luttes politiques, écrit donc en exil en 1961, et toujours inédit en Haïti (!), il mérite d'être davantage connu. Mais il est finalement d'une lecture assez difficile, avec en plus quelques coquilles.

Une bonne pioche de la Masse critique Littérature. Merci à Babelio et aux éditions le Temps des Cerises pour cette découverte. Et la couverture est très belle.
Commenter  J’apprécie          20
Les chiens sont maigres, sales, mais surtout ils sont la transposition de l'animal à l'homme. Ce sont de vrais chiens qui servent à l'auteur à exprimer tout ces cas que la société repousse avec violence, les chiens sont donc un prétexte pour dénoncer ce qui ne va pas à Port-au-Prince, l'île haïtienne en est envahie. En lisant entre les lignes on comprend que les sacs à puces sont un symbole de l'exclusion des miséreux mais aussi, alors que la politique de l'île est instable, sont utilisés comme levier pour la déstabiliser encore plus. On a beau les chasser, les chiens reviennent toujours et ce qui était un événement anodin se transformerait presque en révolution.
Bon, c'est assez simple à comprendre mais ce qui m'a vraiment dérangé ce sont les fautes, dans un livre, ça ne fait pas sérieux et l'auteur passe d'un temps à l'autre sans vraiment qu'on sache pourquoi. J'ai l'impression qu'il y a eu des coupures dans le texte d'origine mais que la relecture n'a pas été refaite à ces endroits.
Commenter  J’apprécie          40
Il faut dépasser les vingt premières pages pour plonger avec délectation, dans la vie de Port-au Prince. le fond n'est pas drôle, misère, corruption, coup d'état... la trop longue liste de ce qui, régulièrement, secoue Haïti hélas!

Pourtant, tel que le raconte l'auteur on se prend à sourire devant l'énergie, la verve, l'adaptation de ses héros à la situation. Personne n'est dupe, tout le monde trompe tout le monde, personne ne croit en un avenir meilleur. Cocobé , le personnage phare du roman est une sorte de commère à la moralité douteuse, qui de rhums en punchs, voit tout, sait tout, connait tout le monde et usant de son énergie, de son humour, de sa débrouillardise et de la truculence de son langage nous promène dans Port-au-Prince. C'est lui qui nous amène à découvrir comment se tisse les liens politiques du pays, le rapport entre mulâtres et noirs, paysans et citadins.

Le choix d'écrire de nombreux dialogues avec des expressions haïtiennes donne une couleur unique à ce texte qui tout en dénonçant une réalité peu reluisante, traduit la vitalité d'un peuple qui en a vu d'autres et qui ne renonce pas à profiter de la vie.

Un grand merci à Masse critique Babelio et aux éditions "Le temps des cerises" pour ce roman.
Lien : http://theetlivres.eklablog...
Commenter  J’apprécie          71

Citations et extraits (4) Ajouter une citation
"Une vraie statue", pensait Etienne, pendant qu'elle cherchait ses mots pour l'insulter. Elle était certainement plus grande que lui, de dix bons centimètres, et pesait à peu près son poids. Elle devait descendre de ces nègres qu'un colon français, dans le temps, n'achetait qu'à la toise et qui, après la guerre d'indépendance, avaient fondé sur les terres de leur ancien maître un village de géants. Justement dans cette région où Lachaume lui proposait d'acheter des terres. Le visage est d'un bel ovale, les lèvres charnues ont un dessin ferme et pur, le nez droit aux ailes frémissantes de colère est court mais d'une grande noblesse dans le visage d'un noir mat. Le bras est rond avec des attaches fines et, sous la robe blanche semée de petits iris bleus et retenue à la taille par une ceinture de velours bleu ciel, la courbe des hanches évasées est éloquente.
- Une déesse, se répète Etienne, une vraie déesse.
Et le voilà parti à regretter de n'être pas sculpteur ou peintre. "Jamais une de nos bourgeoises n'aura cette élégance."
Commenter  J’apprécie          20
Une lumière dure et calme, faite d'impalpables voiles couleurs de miel, se meut lentement, presque à la verticale du ciel incandescent. Elle écrase les façades, déplace les masses, exaltant les ors, les rouges criards, l'acier pâle, elle fait exploser le blanc du lait de chaux, gonfle les ocres, assombrit l'outremer des petites épiceries vouées à la Vierge et à Erzilie. A mesure, le camaieu profond des coins d'ombre se teinte de violet, s'éclabousse de mille paillettes de soleil, s'irise de lueurs vertes.
Isolée, dans ce désert de pierre, de cris, de poussière, une bougainvillée, poussée on ne sait comment, dans un trou du trottoir, jette, par-dessus la grille d'une clôture, vers un palmier nain et tordu, une voûte vermeille telle une énorme blessure qui palpite.
Commenter  J’apprécie          10
- Tu ne comprends rien à la politique, mon pauvre ! Le général va se renverser lui-même. Pour le moment il n'est que Président de la République et généralissime des forces de terre, de mer et de l'air, et donc obligé de respecter la Constitution, d'autant plus que c'est lui qui l'a faite.
Commenter  J’apprécie          10
Le chien, dit la parole, a quatre pieds mais il ne court pas par quatre chemins.
Commenter  J’apprécie          10

autres livres classés : haïtiVoir plus

Lecteurs (6) Voir plus



Quiz Voir plus

Rome

En quelle année place-t-on traditionnellement la fondation de Rome ?

922 avant J.-C.
753 avant J.-C.
581 avant J.-C.

10 questions
4 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur ce livre

{* *}