Black Hammer : Streets of Spiral

Ce tome contient des numéros spéciaux se déroulant dans l'univers partagé Black Hammer, créé par Jeff Lemire. Il vaut mieux le lire après Black Hammer Volume 3: Age of Doom Part One car le présent tome contient des informations sur les mystères initiaux de la série. Il contient les numéros spéciaux : Black Hammer Giant Sized Annual, Black Hammer Cthu-Louise, World of Black Hammer Encyclopedia, Free Comic Book Day 2019, tous écrits par Jeff Lemire, ou coécrits par lui en ce qui concerne les articles de l'encyclopédie.

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Annual (2017, 35 pages) - À quelque distance de la ville de Rockwood, à la ferme, Abraham Slam interpelle Colonel Randall Weird qui se trouve devant l'enclos des chèvres. L'esprit de ce dernier est totalement accaparé par ce qu'il perçoit en dehors de ce monde, et il s'en va en flottant à la dérive passant au-dessus de Gail Gibbons couchée dans l'herbe et descendant un peu de whisky. Il repère une anomalie en forme de globe rouge avec des tentacules et disparaît à l'intérieur. Depuis son porche de la Cabane des Horreurs, Madam Dragonfly a assisté à la scène. À travers la para-zone, Colonel Weird se retrouve projeté dans le passé, et assiste à un match de boxe : Joe Lawson contre Abe Slamkowski. Une étrange créature apparaît en hauteur et chute jusqu'à englober la tête de Lawson et prendre le contrôle de son corps.

Jeff Lemire entame l'exploration de l'univers partagé de Black Hammer en 2016, avec le premier épisode de la série du même nom. En parallèle de la série principale, il écrit des miniséries consacrées à Sherlock Frankenstein, Doctor Star, Quantum League, et des numéros spéciaux. Cet annuel est dessiné et encré par Nate Powell (pages 1 à 4, 10, 16, 23, 29, 32 à 35), Matt Kindt (pages 5 à 9), Dustin Nguyen (pages 11 à 15), Ray Fawkes (pages 17 à 22), Emi Lenox (pages 24 à 28), Mike Allred (pages 30 à 35). Les explorations du colonel Randall Weird l'amènent à voir un moment dans la vie des superhéros qui finiront exilés dans la ferme proche de Rockwood. Chaque séquence est illustrée par un artiste particulier. le lecteur tombe tout de suite sous le charme rétro des pages de Matt Kindt (créateur de Mind MGMT), des incroyables pages au crayon de couleurs de Ray Fawkes (créateur de Underwinter), sous le charme faussement naïf des dessins de Mike Allred. L'aventure consiste pour Colonel Weird à suivre l'étrange créature d'un moment à l'autre et de voir comment le superhéros réussit à la neutraliser. Ce faisant, Jeff Lemire rend hommage à différents genres, à commencer par le match de boxe, mais aussi les courses urbaines de voiture. le lecteur apprécie ce voyage nostalgique rendant ainsi hommage à des genres ayant marqué la culture populaire, et rattachant cette épreuve à ce qu'il sait du caractère de chaque personnage. Il s'agit d'une lecture sympathique dont il ne sait pas si elle aura une incidence ultérieurement dans la série continue. Il se souviendra longtemps de l'enquête de Mark Markz.

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Cthu-Louise (2018, 28 pages, dessins et encrage d'Emi Lenox) - Toutes les nuits, Cthu-Louise ressent l'appel de son grand-père depuis les tréfonds de l'espace. Lorsqu'elle se lève, elle se lave les dents. Sa mère lui a préparé un petit déjeuner sommaire (elle a versé des céréales dans un bol), son père est déjà en train de rabrouer sa fille. Cthu-Lou a été un supercriminel pendant quelques temps, puis a pris sa retraite, une forme de chômage forcé au vu de son apparence avec une tête en forme de pieuvre avec des tentacules. Au collège, tous les autres se moquent de son apparence. le soir, quand elle rentre, sa mère n'est pas là, et son père la rudoie. Un soir, excédée, elle prend la décision de partir de l'appartement et de répondre à l'appel de son grand-père.

Le personnage de Cthu-Louise est apparu pour la première fois dans la minisérie Sherlock Frankenstein Volume 1: From the World of Black Hammer et il était évident que cette mignonne adolescente ostracisée méritait sa propre histoire. C'est chose faite avec ce numéro qui raconte une histoire courte, ne cherchant pas à tirer sur la corde, s'en tenant au potentiel réel de cette demoiselle. Bien évidemment, le lecteur sourit tout du long à ce qui s'apparente à un pastiche. Emi Lenox réalise des dessins mignons, volontairement simplifiés comme s'il s'agissait d'un récit tout public, à destination d'un lectorat plutôt féminin d'une dizaine d'années. Jeff Lemire évoque donc l'appel du grand-père : l'appel de Chtulhu, même si son nom n'est jamais nommé explicitement. le décalage entre la sage robe rose de Cthu-Louise et son apparence (peau verte et tête de pieuvre à 4 yeux avec des tentacules) fait sourire également, avec en plus le noeud dans les cheveux, euh non, dans les tentacules. le lecteur se rend compte que l'histoire développe malgré tout le thème du rejet, et l'acceptation progressive par l'enfant d'appartenir à un autre monde, d'accepter sa différence. Il y a là dans le fond une forme de rébellion douce, de franchissement de l'interdit, de retournement des valeurs qui est plus subversive que ne le laisse supposer la forme du récit, et qui fait que le lecteur adulte y trouve également son compte.

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Encyclopédie (2019, 35 pages, coécrit par Tate Brombal) - Comme son nom l'indique, cette partie est composée de fiches sur les personnages et quelques équipes, avec à chaque fois un dessin, le nom du personnage, une partie sur ses données personnelles (Alter Ego, profession, statut marital, parents, affiliation à un groupe, première apparition, poids, taille, yeux et cheveux), une partie sur sa biographie, et une troisième partie sur les armes qu'il utilise. Sont ainsi passés en revue : Abraham Slam, Anti-God, Barbalien, Black Hammer I, Black Hammer II, Black Hammer Farm & Rockwood, Black Hammer Squadron, … jusqu'à The Unbelievable Unteens. Plusieurs illustrateurs se relaient : Wilfredo Torres, Tyler Crook, Sina Grace, David Rubín, Rich Tommaso, Matt Kindt, Ray Fawkes, Emi Lenox, Sandy Jarrell, Lucy Sullivan, Brian Hurtt, Marie Enger, Christian Ward, Tonci Zonjic.

Tout est dans le titre : cette encyclopédie passe donc en revue les principaux personnages de la série mère, des personnages de miniséries déjà parues en 2019, des personnages de miniséries en cours de parution, et des personnages par encore apparus. le premier effet d'une telle encyclopédie est de prendre conscience de la richesse de cet univers partagé qui n'a que 3 ans d'âge au moment de sa parution. le deuxième effet est de voir que chaque personnage emprunte un petit quelque chose à des personnages déjà existants, et parfois des gros quelque chose, sans pour autant pouvoir être réduit à un plagiat ou une copie conforme. Pour prendre un exemple d'une minisérie à venir en 2019, le Black Hammer Squadron évoque les Blackhawk de DC Comics, mais avec d'autres uniformes, une autre attitude, une autre composition d'équipe. Même sans avoir lue la minisérie correspondante, le lecteur comprend que ce n'est pas un copié-collé. En plus des fiches, les auteurs ont inclus une frise chronologique qui passe en revue les 8 époques de superhéros de cet univers partagé. L'intérêt du lecteur pour ce Who's who est fonction de son attrait pour ce genre de guide.

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FCBD 2019 (2019, 12 pages, dessins et encrage de David Rubín) - Madam Dragonfly s'adresse à un interlocuteur indéterminé (vraisemblablement le lecteur lui-même), lui indiquant qu'elle va accéder à sa demande : lui présenter des histoires en lui ouvrant différentes portes de la Cabane des Horreurs. La première porte donne sur un champ de bataille de la seconde guerre mondiale en février 1945, en Belgique. Madam Dragonfly se laisse surprendre par Jack Sabbath qui se cachait derrière la deuxième porte. Ce dernier lui présente un comics de 1985 : le dernier épisode de la série des Unbelievable Unteens. Madam Dragonfly accepte de lancer un sort de prescience pour savoir ce qu'il adviendra de Jack Sabbath.

Depuis le début de la série Black Hammer, le lecteur a pu ressentir l'affection que Jeff Lemire porte aux anthologies d'horreur de type House of Secrets et House of Mystery, publiées à partir du milieu des années 1950 par DC Comics. Il a l'occasion de jouer avec ce concept, Madam Dragonfly ouvrant 2 portes qui permettent au lecteur de découvrir de nouveaux personnages de l'univers partagé de Black Hammer. David Rubín s'amuse bien avec des dessins en apparence tout public, et même un peu gentils mais comprenant un ou deux détails macabres ou facétieux, montrant qu'il s'adresse bien aux adultes. le lecteur apprécie cette mise en bouche, se disant qu'il lui tarde de pouvoir s'attaquer au plat de résistance, c'est-à-dire les épisodes à venir de la série mère.

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Au final, ce recueil n'est pas indispensable à la lecture de la série Black Hammer et des séries dérivées, mais il constitue une lecture agréable, avec d'excellentes surprises (les pages de Ray Fawkes), et le plaisir réel de retrouver des personnages qui sont déjà familiers au lecteur.