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3,6

sur 687 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Comment qualifier cette nouvelle enquête du petit consul? juste la plus enlevée depuis le début de la série. Tous les ingrédients sont réunis pour un moment d'intense satisfaction littéraire et pour une intrigue qui divertit profondément. le style incomparable de ce récit est un "bain de fraicheur" et les pages se dévorent tant qu'à la fin le seul regret est de devoir attendre un peu pour retrouver nos héros: l'auteur et le "petit consul".
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Après la Guinée et le Mozambique, où il s'était fait remarquer grâce à ses talents rien moins que diplomatiques, Aurel Timescu, consul de France titulaire (et donc non révocable) est envoyé en Azerbaïdjan à titre de pénitence. Dès son arrivée à Bakou à la fin de l'été, Aurel, in petto, remercie le Quai d'Orsay : le centre-ville, avec ses immeubles haussmanniens et ses terrasses de cafés, lui rappelle à la fois Bucarest, sa ville natale, et Paris, où il a vécu après avoir fui la Roumanie. Que demander de plus ? L'ambassadeur, sûrement briefé par sa hiérarchie, le reçoit sans réprimer son animosité et lui interdit toute activité en lien avec ses fonctions, persuadé qu'il repartira très vite. C'est pain béni pour Aurel, qui aux tâches administratives ou de représentation – mais il n'est guère présentable, invariablement attifé à la va-comme-je-te-pousse – préfère de loin la pratique du piano et même la composition.
L'épouse de l'ambassadeur est morte accidentellement quelques semaines auparavant mais Aurel, remué par son beau visage tel que le montrent des photos exposées, le temps du deuil, dans une salle d'attente de l'ambassade, entrevoit au cours d'une de ses rêveries alimentées au vin blanc qu'il ne s'agissait pas d'un accident. Il va bénéficier, pour corroborer son intuition, de l'aide d'une partie du personnel de l'ambassade mais aussi de son "petit oncle" émigré au Canada dont le réseau d'entomologistes amateurs aura tôt fait de découvrir les mauvaises fréquentations et les dérives de l'ambassadeur antérieurement à sa mutation au bord de la mer Caspienne, dans un pays où la corruption n'est pas non plus absente.
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"Tout était trop parfait et Aurel, habitué à la méchanceté des hommes, n'osait pas croire à son bonheur. " voilà la phrase d'introduction qui laisse présager du bien-être pour notre petit Consul. Il a été envoyé, cette fois-ci, à Bakou en Azerbaïdjan, mélange architectural, en son centre, du Paris haussmannien et de Bucarest, les deux villes qu'il aime le plus.

Au premier abord, tout le monde est charmant et aimable à l'ambassade de France, jusqu'à ce qu'il rencontre l'ambassadeur… un homme dur, mordant, blessant, imbu de lui-même et sans une once d'empathie. Après le choc de l'humiliation que cet homme lui inflige, Aurel, mortifié, décide de le faire tomber, persuadé qu'il cache quelque chose sur la mort de sa femme car il n'a pas du tout l'air affecté par son tout récent veuvage. Et comme d'habitude, il se met à enquêter en douce. Mais cette fois il a une alliée, Amélie, la jeune Consule.

On apprend au passage pourquoi Aurel s'ingénie à ne rien faire, pourquoi il met tant d'obstination à glander.

À la recherche d'indices et d'informations, Aurel multiplie les ruses et les excentricités. Entre l'abus de vin blanc qui lui ouvre l'esprit et le piano qui l'emporte dans des envolées lyriques et transcende tout son être, lui faisant oublier sa timidité, cet incroyable personnage qui s'habille n'importe comment en étant capable de varier et multiplier les "n'importe comment" à l'infini jour après jour, continue de me ravir…

On apprend beaucoup, à chaque nouvelle affectation, sur les régimes en place, les magouilles, la corruption, la politique, mais dans cet opus on est monté d'un cran.
J'ai trouvé cette enquête à rebondissements passionnante. de plus, un nouveau personnage fait son entrée, le petit oncle, qui prend grand soin de son grand neveu. Oui oui, c'est étrange… mais qu'est-ce qui ne l'est pas avec Aurel ?!

J'aime de plus en plus cet homme foncièrement bon, fantasque, intelligent, sensible, pochtron, virtuose au piano et paresseux pour une bonne cause. D'ailleurs il est mon nouvel ami, je l'adore !!! À chaque nouvelle histoire, il prend de l'ampleur, ses traits de caractère s'affirment, il est de plus en plus drôle et j'aime énormément faire du tourisme par Aurel Timescu interposé.

Tout m'a plu dans cette histoire, vraiment tout.
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Aurel Timescu, un personnage haut en couleur doté d'une épaisseur romanesque accrue dans cette troisième enquête, par ses aventures précédentes, mais aussi, paradoxalement, d'une réalité saisissante qui donne l'impression en le lisant de le rencontrer en chair et en os. Ouvrir le roman, c'est aller retrouver un vieil ami.

Par contre-coup, l'intrigue en elle-même passe au second plan. le mystère qui entoure la mort tragique de Marie-Virginie n'a pas d'autre fonction que celle d'aiguillonner la curiosité d'Aurel et de nourrir son entêtement. Car, elle, en revanche, tout aussi belle et charmante qu'elle ait pu être, n'a aucune réalité, pas même celle d'un fantôme. Elle n'a pas d'existence.
A contrario, tout chez Aurel fait sens et fait image : son noeud paillon à pois, son vieux smoking usé jusqu'à la trame, son vieux manteau trop long et trop chaud, ses bottes en caoutchouc... Tout cet accoutrement rocambolesque loin de le ridiculiser, le pose comme figure antithétique et vivante du consul classique soumis aux normes de sa profession. Aurel tire sa puissance romanesque de sa capacité à inverser les valeurs et les codes d'un univers conventionnel et figé dans ses conventions. Lui, Aurel, le roumain exilé, le petit consul français qui sillonne le monde au gré d'affectations improbables décidées par une administration qui ne sait pas quoi faire de lui, lui Aurel traîne après lui, comme accrochées à ses basques, comme rivées à ses poches trop grandes et déformées, toutes les tragédies de l'histoire de l'Europe du XXème siècle.

Alors cette rencontre avec Bakou, capitale de l'Azerbaïdjan, au bord de la mer Caspienne, aux confins du désert, cette vieille ville au croisement des anciennes routes d'Orient, Bakou tiraillée entre sa fidélité au vieux pouvoir clanique, sa fierté d'avoir été le fer de lance du pouvoir soviétique en Orient, et son goût immodéré pour l'or que lui garantit son pétrole, Bakou souvent conquise mais toujours acharnée dans sa volonté d'indépendance, Bakou, la cité du vent et la cité du feu qui défie le Caucase, cette rencontre avec Bakou est un trait de génie du destin, du narrateur, du conteur. A Aurel, Bakou offre ses terrasses de café et ses verres de vin blanc, ses vieux pianos cachés dans les recoins de ses appartements, une prison sinistre, les tours du feu et le hall luxueux de l'hôtel Fairmont, le souffle doux du Gilavar, le vent venu des terres chaudes, ou celui plus rugueux du Khazri né des soupirs de la mer Caspienne. Alors, Aurel Timescu ressent et frôle toutes les couches superposées du temps, comme si vibraient et planaient encore les frénésies du premier congrès du peuple d'Orient, les vicissitudes de la période soviétique, les horreurs des pogroms anti-arméniens et les saveurs de l'indépendance aux arrière-goûts de pétrole.

Jean Christophe Rufin, en brillant chef d'orchestre, conduit cette lumineuse association de sa plume subtile et affûtée. On n'est jamais autant en symbiose avec les personnages qu'au coeur de la nébuleuse histoire de ce flambeur de la Caspienne qui, face à Aurel, ne fera pas long feu. Dans la dernière scène, belle antithèse de la première, le face à face au milieu de la pierraille et des rochers, tout au bord d' « un cratère de glaise luisante », sur un volcan de boue, Aurel impose à son adversaire la vérité de sa personne et la réalité de sa vie. Ce sera sa seule victoire mais magistrale, un rondo final à deux voix où la virtuosité de l'une écrase allègrement, mais sans violence, avec une efficacité prestement maîtrisée, les tressaillements de l'autre.
Dans ce nouveau roman, Jean Christophe Rufin aiguise son art du contraste et du non-dit, renforce son personnage de consul marginal et démontre encore une fois sa capacité à faire surgir des univers si vivants, si humains, que le lecteur a l'impression en lisant de les toucher, de les vivre. Et lorsqu'il lui faut refermer le livre, c'est avec tristesse, de celle que l'on ressent lorsque le temps de la fête est fini et qu'il faut partir, quitter un ami et un lieu auxquels on est précieusement relié.
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J'ai eu un peu de peine à accrocher à cette enquête sur le décés 'accidentel' de Marie Virginie au Nakhichevan, mais le style agréable a permis de passer le cap du premier tiers à petite vitesse puis j'ai sorti le spi, déjaugé, et même surfé sur les pages jusqu'à 3h du matin. Intéressé par l'art roman, j'ai découvert avec notre toile d'araignée moderne que cette république autonome azérie était anciennement le Vaspourakan (Վասպուրական en arménien). Ce Caucase est un lieu d'histoire passionnante depuis quelques millénaires et on pourrait dire que l'histoire continue et même sans fin.. . Bakou, lieu qui me fut longtemps inconnu, me semble devenir de plus en plus familier au fur à mesure de mes lectures orientées vers la marche et la géopolitique. Haussmanienne, vénitienne, post-soviétique, peut être un peu 'astanienne', avec de l'odeur, de la rouille et des forêts de derricks, la présence du pétrole y est maintenant manifeste mais le désert l'entoure. Aurel, sans portable, et c'est peut être son avantage concurrentiel, fait chauffer ses neurones (et utilise un peu la toile) en analysant de visu, l'ambassadeur et ses collègues féminines de l'ambassade de France où il vient d'être muté, et où Marie Virginie était la femme de l'ambassadeur... ce sera tout de l'histoire.. Il ne vous reste plus qu'à foncer lire le reste et vous reconnaitrez les différents types d'hominidés qui forment la société azérie (mais peut être pas que...) et avant de lire l'épilogue, arrêtez vous comme moi, quelques instants, pour imaginer ce que vous y auriez écrit. Enfin bref, un livre à mettre dans ma pile à relire et à ce rythme là, mes chances d'être un lecteur de saga en plusieurs volumes s'amenuisent! Carpe Diem.
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Il y a chez Ruffin et dans ce livre, de belles consonances avec l'univers de Patrick Modiano.
Il nous fait voyager en nous perdant, en nous laissant nous enfoncer, bercés par la magie indolente de sa plume, dans des lieux improbables, brumeux. Dépaysement dans un espace incertain imprégné d'un temps lointain. Un pays de l'ancien bloc communiste à l'économie artificiellement boostée par la richesse en ressources pétrolières. Un pays attaché à son passé marxiste, et se précipitant, tout à la fois, dans la modernité. Cette brume que diffuse Ruffin dans la prose de ce livre c'est un peu celle de l'impermanence, celle d'un monde en éternel devenir, mais où le dilemme entre l'attachement au passé et le passage à la modernité semble être le jeu de forces obscures, opaques. La peinture de la démocratie et de son influence diplomatique n'en est pas moins épargnée. On navigue à vue dans un univers de gris. Quel que soit le régime politique.


Et quel meilleur endroit pour diffuser cet effet brumeux, ce dépaysement spatial et temporel que ces pays appartenant à l'Asie Centrale et à l'ancien bloc de l'Est, ces mystérieux pays en « an » ? Ouzbékistan, Tadjikistan, Turkménistan, Kazakhstan, Kirghizistan, Azerbaïdjan ?


Ces pays qui éveillent chez le citoyen des démocraties occidentales, à la fois, la magie des contes orientaux, les aventures de Marco Polo, de la route de la soie et la complexité de jeux géopolitiques actuels, qui, bien qu'exposés souvent au journal de 20 heures, restent définitivement imperméables à l'entendement de l'occidental moyen.


Ajoutez à cela, comme personnage principal, un anti-héros lui aussi improbable, un savant mélange de Monsieur Preskovic du Père Noël est une Ordure, de Woody Allen et de Columbo et l'auteur vous aura définitivement perdu dans la confusion des genres. On est plongé dans un ailleurs complètement indéfinissable si ce n'est d'avoir la certitude de ne plus être chez soi. Un peu comme chez Modiano comme je le disais.


Aurel, le personnage principal du roman, est tout à la fois ubuesque, dysfonctionnel, rebelle et animé par un humanisme et un sens de la justice sans faille.
Le romancier pratique dans ce roman, un style léger et très maîtrisé dans sa légèreté (on parle d'un prix Goncourt et d'un académicien quand même), et qui contraste avec les autres oeuvres très sérieuses de cet auteur ayant officié de longues années dans l'humanitaire, et qui traitent de la condition humaine dans le tier monde et les pays dévastés par les guerres, la malnutrition et les épidémies.


Un traitement léger et teinté d'humour, donc, pour des sujets graves comme la condition du citoyen des régimes oligarchiques, la censure et leur contrepoint que sont la lutte pour la démocratie et la liberté d'expression. Un humour en demi-teinte comme celui de la fameuse boutade, « la situation est désespérée mais elle n'est pas grave ».
On y verra le personnage principal, petit rouage insignifiant de la grosse machine diplomatique française, y faire sa part du colibri sans être dupe du caractère insignifiant de son action.
Ruffin fait du personnage d'Aurel, un olibrius qui suscite l'attachement du lecteur. Celui-ci se reconnaîtra forcément dans cet anti-héros, touchant par son humanité, ses imperfections, et ses contradictions.


Surtout, il y a dans ce roman, une magistrale démonstration de cet antagonisme entre le vertige ou la sensation de vide ressentis par le citoyen des sociétés dites développées, cette appartenance à ces grands systèmes dont l'absurdité est montrée du doigt depuis Kafka, et la volonté de continuer d'y trouver du sens, de continuer à se battre pour les idéaux fondateurs, droits de l'homme, démocratie, liberté d'expression.
Un roman qui se penche sur ces petites mains à l'oeuvre dans le soutien et la pérennité de ces grands systèmes sociaux que sont nos vieilles démocraties et qui continuent d'y croire, continuent de se battre, animées par une foi inébranlable en l'absolue nécessité de ces systèmes malgré le côté complètement absurde dont ils peuvent parfois donner l'image.


Peut-être l'illustration sous forme de roman de ce qui faisait dire à Churchill que la démocratie est le pire des régimes politiques à l'exception de tous les autres.
On retrouvera l'illustration de cet acharnement à se battre à la fois pour et contre le système quand on est un individu travaillant dans l'administration et faisant partie des couches basses de la classe moyenne dans les romans d'Hannelore Cayre. A ceci près que les protagonistes d'Hannelore Cayre sont plus égoïstes et moins honnêtes, plus retors que le personnage de Ruffin. Mais les deux auteurs semblent partir du même constat social de base et utilisent des personnages semblables : décalés, isolés, en mal d'intégration, originaux, rebelles et touchants.


C'est ce qui, une dernière fois, rapproche aussi ce roman de Ruffin de l'univers de Modiano. On navigue quand même dans un milieu social privilégié, et malgré les coups du sort, rien n'est jamais grave du point de vue du héros qui semble traverser la vie et ses aléas juché sur un coussin d'air, à la fois impliqué et détaché de tout.
Très belle réussite littéraire, donc, de mon humble point de vue, à la fois distrayante et donnant matière à réflexion et que je recommande chaudement à toutes et à tous !
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Bon livre à lire en confiance comme tous les ouvrages de cet auteur.
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[ 𝘓𝘦 𝘧𝘭𝘢𝘮𝘣𝘦𝘶𝘳 𝘥𝘦 𝘭𝘢 𝘊𝘢𝘴𝘱𝘪𝘦𝘯𝘯𝘦 . 𝘑𝘦𝘢𝘯 -𝘊𝘩𝘳𝘪𝘴𝘵𝘰𝘱𝘩𝘦 𝘙𝘶𝘧𝘪𝘯 ]


Mon petit chien n'était pas en forme hier soir... La nuit promettait d'être longue.
Alors comme à chaque fois que j'ai envie de lire "sans me prendre la tête", une pause lecture avec le vice-consul Aurèle. Cap sur l'Azerbaïdjan, dans sa capitale Bakou.
Fidèle à ses tenues extravagantes , faisant confiance à son instinct, le voilà lancé dans une nouvelle enquête. La femme de l'ambassadeur est décédée dans un stupide accident . Mais Aurèle ne croit pas à la version officielle .
Et pour la première fois, il ne sera pas tout seul et sera aidé par la gent féminine de l'ambassade dans ses investigations. Il se mettra même à travailler un tout petit peu et acceptera d'avoir un téléphone portable...pendant quelques heures !!!
Une quête de la vérité avec pour toile de fond les clans et la mafia des pays de l'est , l'argent facile du pétrole qui coule à flot dans ces nouvelles "républiques ".
Ce pays , cette ville qu'il trouvait magnifiques vont se révéler bien plus dangereux qu'ils n'y paraissent.





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