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Félix Ruiz (Autre)Alex Nikolavitch (Autre)
EAN : 9791093111490
101 pages
21 g (10/06/2022)
3.57/5   7 notes
Résumé :
« C'est magnifique, quelle beauté ! » 12 avril 1961, Youri Gagarine, à l'origine simple ouvrier mécanicien, entre dans l'histoire comme le premier humain dans l'Espace. Derrière cet homme seul qui tourne autour de la Terre, des équipes de scientifiques hors du commun ont été mobilisées dans le plus grand secret. Choisi pour incarner le triomphe du communisme au temps de Nikita Khrouchtchev, Youri Gagarine va devenir à ce point célèbre qu'il lui sera interdit de reto... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Quels exploits restent-ils à accomplir désormais ?
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Ce tome contient une histoire complète, la biographie de Youri Gagarine (1934-1968), mise en regard de la course à la conquête spatiale, entre les États-Unis et l'Union des Républiques Socialistes Soviétiques (URSS). Cette oeuvre a été réalisée par Alex Nikolavitch pour le scénario, Félix Ruiz pour les dessins et la mise en couleurs. Sa première édition date de 2022, et elle comprend cent pages de bande dessinée. Les deux auteurs avaient déjà réalisé ensemble Deux frères à Hollywood (2019), sur Roy Disney et son frère Walt.

Dans la région de Smolensk, en Union Soviétique, en 1943, un jeune garçon court vers la carcasse d'un avion qui vient de se poser en catastrophe. Sa mère appelle son petit Youri, craignant qu'il lui arrive quelque chose. Mars 1945, en Prusse orientale, le camarade Glouchko est reçu par ses supérieurs, sous une tente militaire : ils souhaitent qu'il lui indique un ingénieur capable de se livrer à un exercice de rétro-ingénierie sur un missile allemand. Avec hésitation, il suggère le camarade Korolev qui a été envoyé au goulag de Kolyma pour trotskisme. le général répond que Glouchko lui-même a fait de la prison, et qu'il devra s'assurer de la bonne réinsertion du camarade Sergueï Korolev, sous la supervision du colonel Serov ici présent. Dont acte. À la frontière suisse-allemande, en mai 1945, les soldats américains prennent en charge Wernher von Braun, un des ingénieurs ayant travaillé sur les missiles V2. Quelques années après la fin de la guerre, à l'institut technico-industriel de Saratov, Youri Gagarine a pu s'inscrire à l'aéroclub. Il s'y rend et vole avec un instructeur : en plein ciel, il n'éprouve plus aucun doute sur sa vocation de devenir pilote.

Les Russes ont commencé à travailler sur un programme de conception et de réalisation de missiles. le test en cours se déroule de manière satisfaisante : la fusée a raté sa cible de trois kilomètres, or la précision n'est pas un facteur déterminant quand on parle de bombe atomique, on n'est pas à trois kilomètres près. Mars 1953, le comité central du Parti Communiste, le Conseil des ministres de l'Union Soviétique et le président du Soviet suprême s'adressent à tous les membres du Parti, et à tous les travailleurs de l'Union. Ils ont la douleur d'annoncer au Parti et aux travailleurs que le Premier Secrétaire Joseph Staline est décédé à 21h50 des suites d'une longue maladie. Dans son petit appartement, Korolev explique la situation à son épouse. Si c'est Beria qui prend le pouvoir, difficile de prévoir ce qui va se passer. D'une manière générale, l'armée apprécie que ses fusées puissent envoyer des bombes à des milliers de kilomètres, mais elles peuvent faire tellement mieux que ça. En mai 1953, repoussant les limites de l'impossible, l'alpiniste Edmund Hillary et le sherpa Tensing Norgay réussissent la conquête de l'Everest, plus haute montagne du monde. Quels exploits restent-ils à accomplir désormais ?

Un beau défi : raconter la vie de Youri Gagarine (c'est ce qu'annonce le titre) avec un point de vue (un homme issu du peuple), mais bien sûr en restituant le contexte historique de la course à la conquête spatiale en pleine guerre froide. Même avec cent pages, il semble impossible de tout caser, à moins de consteller chaque page de copieux cartouches de texte. le scénariste choisit une autre approche pour évoquer à la fois la biographie et à la fois l'Histoire. le lecteur habitué des bandes dessinées historiques peut même s'en trouver un instant décontenancé, s'interroger sur le sérieux de l'entreprise. Voilà que la première page ne comprend que deux phylactères, laissant les dessins porter la narration. L'artiste réalise des dessins dans un registre descriptif et réaliste avec un bel usage des aplats de noir, une densité d'informations visuelles moyenne, avec un sens très vivant de la mise en scène. En sept cases, le lecteur comprend parfaitement comme le jeune esprit de ce garçon est définitivement marqué par l'apparition soudaine de cet avion, et par le pilote qui sort indemne de son cockpit.

Par la suite, le lecteur découvre plusieurs pages de ce type : des moments qui s'attardent sur le ressenti d'un individu, de Youri Gagarine et d'autres. Page 12 : deux soldats et deux scientifiques qui attendent en silence sous une toile de tente dans le froid, pour savoir si le tir de missile est une réussite ou un échec. Page 29 : le lancement d'une fusée depuis le cosmodrome de Baïkonour au Kazakhstan, en mai 1957, avec une belle contreplongée pour se rendre compte de l'effet au sol. Page 43 : Youri Gagarine dans la centrifugeuse en train d'encaisser les G. Page 65 : Youri Gagarine s'éjectant de sa capsule pour finir son retour vers le sol, en parachute. Page 72 : le décollage et le retour de la capsule Apollo 11, dans une séquence visuelle qui fonctionne parfaitement car elle s'appuie sur des images passées dans l'inconscient collectif. Page 99 quand Gagarine prend conscience qu'il s'agit de son dernier vol et qu'il lui sera fatal. Etc. Dans ces pages-là, les qualités de la narration visuelle sautent aux yeux du lecteur : l'intelligence de la composition des pages, la justesse des expressions du visage et du langage corporel, le soin apporté à la reconstitution historique, avec un savant équilibre entre ce qui est montré pour dissiper toute incompréhension, et ce qui est laissé à l'imagination du lecteur pour ne pas surcharger les cases.

La narration par les mots procède de la même démarche : un savant dosage entre l'exposé synthétique et clinique des faits, et l'expérience à taille humaine de cette entreprise historique. En découvrant la première page, le lecteur craint que la mise en perspective historique de la vie du cosmonaute ne soit réduite à sa plus simple expression. le scénariste intègre habilement l'exposition des nombreux événements historiques en procédant à des choix parce que l'histoire de la conquête de l'espace ne tient pas dans une bande dessinée même à l'échelle de la vie de Youri Gagarine, et qu'en plus il s'agit d'une biographie de ce dernier. D'un autre côté, il est question de Sergueï Korolev (1906-1966), ingénieur, fondateur du programme spatial soviétique, dès la planche 3. Puis de Wernher von Braun (1912-1977), acteur majeur dans le développement des fusées, en particulier celles qui ont permis la conquête spatiale américaine. Au cours d'une discussion, von Braun évoque Hermann Oberth (1894-1989), physicien austro-hongrois, spécialiste de l'astronautique, et un des pères fondateurs du vol spatial. le scénariste ne fait pas que rester à la surface des faits les plus connus. Il passe en revue plusieurs moments clé de la conquête spatiale comme le premier Spoutnik, la chienne Laïka (1954-1957), le singe Ham (1956-1983), premier chimpanzé dans l'espace, Valentina Terechkova (1937-) la première femme dans l'espace en 1963. Il prend soin également de ménager de la place pour pouvoir poser les jalons historiques indispensables tels que la mort de Joseph Staline (1878-1953) et l'arrivée au pouvoir de Nikita Khrouchtchev (1894-1971), et ses décisions concernant le programme spatial soviétique. Ou encore le célèbre discours de John Fitzgerald Kennedy (1917-1963) le 25 mai 1961 à Houston avec sa déclaration passée à la postérité : Nous avons choisi d'aller sur la Lune. Nous avons choisi d'aller sur la Lune au cours de cette décennie et d'accomplir d'autres choses encore, non pas parce que c'est facile, mais justement parce que c'est difficile.

Dans le même temps, le lecteur voit bien que l'artiste reprend des images iconiques, par exemple le cosmodrome de Baïkonour, mais aussi sait recréer des moments qui n'ont pas été photographiés tels que l'atterrissage en parachute de Youri Gagarine, après son vol dans l'espace, ou les discussions entre Sergueï Korolev et un collaborateur. du coup, même si l'Histoire occupe une place importante dans le récit, elle n'écrase pas la dimension biographique. le lecteur peut suivre la vie de ce jeune homme depuis la petite ville de Klouchino, jusqu'à ses derniers instants. Il voit comment il est sélectionné dans le programme spatial soviétique, et son vol historique auxquels sont consacrées une vingtaine de pages. le scénariste a fait le choix de ne pas trop s'appesantir sur la psychologie ou les émotions du premier cosmonaute. Il évoque sa vie de famille, l'impact de son statut de premier homme dans l'espace, ce qui lui donne une importance primordiale pour le gouvernement de l'URSS, mais aussi ce qui implique qu'il est hors de question de le mettre en danger. du coup, étant laissé de côté dans la suite de la conquête spatiale, la bande dessinée se concentre plus sur celle-ci que sur lui pendant ces années.

Évoquer la vie de Youri Gagarine nécessite de contextualiser sa destinée au regard de l'Histoire de la conquête spatiale. Nikolavitch & Ruiz parviennent à un dosage qui constitue un bon compromis entre ces deux composantes. Une narration visuelle solide sans être alourdie par des dessins qui seraient photoréalistes, ce qui préserve également l'émotion. Des séquences qui ménagent les deux dimensions du récit : à la fois la vie de Gagarine, à la fois les principaux tenants et aboutissants de la course à l'espace. Il ne s'agit donc pas d'une reconstitution encyclopédique, plutôt d'une approche synthétique de la vie de Gagarine et des principales étapes menant jusqu'au premier homme à marcher sur la Lune. Cet ouvrage donne au lecteur l'envie d'en savoir plus.
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Cette bande dessinée retrace la vie de Youri Gagarine, le premier homme dans l'espace. le dessin est de qualité, mais je n'ai pas appris grand chose que je ne savais déjà. Les auteurs ont choisi une narration vivante, mais les transitions sont brusques et confuses, du coup les personnages ne se reconnaissent pas trop, parfois on ne sait plus à quel camp nous avons à faire. Pour ce qui est de l'Histoire, on reste dans une suite d'évènements peu approfondis. Les protagonistes se cantonnent à des noms qui défilent dans le récit, c'est peu creusé. le thème de Youri Gagarine comme symbole politique est évoqué, mais on entre pas dans la psychologie du personnage, ni dans la manipulation politique, et la lutte idéologique pour la conquête spatiale, elle se résume à une suite de dates. Tout ce qui aurait pu faire l'intérêt de cette bande dessinée est juste survolé, cette lecture est une déception, c'est juste un page Wikipédia en un peu plus vivant.
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On suit dans cet album les grands moments de Youri Gagarine, mais pas uniquement. On croise aussi dans cette BD des figures essentielles de l'Histoire que sont von Braun et Korolev par exemple.

Les passionnés n'apprendront sans doute pas grand-chose mais on passe un bon moment grâce aux dessins de Félix Ruiz. J'ai apprécié le choix des couleurs et la mise en page, classique mais efficace.

Personnellement, j'ai découvert des choses lors de ma lecture et ce livre possède le mérite indéniable de donner envie d'étudier cette période et cette thématique passionnante.
ça m'a rappelé le film The spacewalker, qui parle de Voskhod 2 (Pavel Beliaïev et Alexei Leonov), mentionné rapidement p85-87.

Alex Nikolavitch va à l'essentiel.
C'est un concentré rapide presque expéditif de la conquête de l'espace et de la lutte américano-soviétique.
C'est trop court à mon goût, mais c'est le format qui veut ça.

A lire par les amoureux de l'espace, de l'histoire de la conquête spatiale, de la guerre froide. Recommandé à ceux qui voudrait rejoindre la troupe des passionnés.
Très belle couverture.

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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Nous levons les voiles pour explorer ce nouvel océan. Car il y a de nouvelles connaissances à acquérir, de nouveaux droits à conquérir, qui doivent être conquis et utilisés pour le développement de tous les peuples. Car la science spatiale, comme la science nucléaire et toutes les technologies, n’a pas de conscience intrinsèque. Qu’elle devienne une force bénéfique ou maléfique dépend de l’homme. Pour le moment, il n’existe ni différend, ni querelle, ni conflit international dans l’espace. Ses dangers inhérents constituent une menace pour nous. La conquête de l’espace mérite ce que l’humanité a de mieux à offrir et ses opportunités de coopération pacifique pourraient bien ne jamais se représenter. Mais pour la Lune s’interrogeront certains ? pourquoi en faire notre objectif ? Ils pourraient tout aussi bien demander pourquoi gravir la plus haute montagne. Pourquoi il y a trente-cinq ans traverser l’Atlantique ? Nous avons choisi d’aller sur la Lune. Non pas parce que c’est facile, mais parce que c’est difficile. – JFK, 25/05/1961
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En mai 1953, repoussant les limites de l’impossible, l’alpiniste Edmund Hilary et le sherpa Tensing Norgay réussissent la conquête de l’Everest, plus haute montagne du monde. Quels exploits restent-ils à accomplir désormais ? Quels terrains vierges ? Au mois de juin, l’exécution des époux Rosenberg, accusés d’avoir vendu des secrets nucléaires aux soviétiques, ne lève pas tous les mystères. Le 27 juillet, un armistice est signé entre les deux Corées., après plusieurs années d’une guerre sanglante dans laquelle plusieurs grandes nations se sont impliquées aux côtés de l’un ou l’autre des belligérants. Le 12 août, l’explosion de la première bombe à hydrogène soviétique démontre que la Russie fait jeu égal avec l’Amérique. Le nouveau premier secrétaire, Nikita Khrouchtchev, annonce une inflexion de la politique de l’Union Soviétique vers une coexistence pacifique avec le monde capitaliste et une réduction des dépenses militaires.
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Début juillet 1969. La fusée lunaire soviétique explose sur son pas de tir. Le 21 juillet, Neil Armstrong et Buzz Aldrin plantent le drapeau américain sur la Lune. Glouchko, l’homme qui avait jadis envoyé Korolev au goulag, mais également motorisé la fusée R7, Semiorka, la petite septième, reprend en main les vols spatiaux habités soviétiques. La course à la Lune étant terminée, une mission conjointe Apollo-Soyouz est organisée en 1975. Glouchko s’appuie sur le Soyouz pour développer un ambitieux programme de stations orbitales, qui culmine avec le lancement de Mir en 1986.il préside au développement de la navette Bourane, mais il meurt en 1989, en même temps que sa dernière création et que la guerre froide.
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En parlant de Laïka (1954-1957) – Le but de l’expérience était de déterminer si l’on pouvait envoyer un être vivant là-haut, ce que nous n’étions même pas sûr de réussir. Ajouter un dispositif de récupération n’aurait fait que compliquer le tout, et rajouter des facteurs d’échec. Maintenant qu’on sait que ça marche, on peut se préoccuper de l’atterrissage. Mais il faut résoudre les problèmes dans l’ordre, sinon on n’arrivera à rien.
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Vous savez qui est Hermann Oberth ? Au début des années 20, il a proposé une thèse sur l’habitat spatial. Rejetée dans son pays : on a déjà du mal à faire voler des avions, lui a-t-on répondu, concentrez-vous sur les problèmes du jour. Il est allé la passer à Prague, sa thèse. Et c’est parce qu’il a été mon professeur que j’ai pu créer mes fusées. Sans lui, vous n’auriez rien. Et vos ingénieurs se comportent comme ceux qui, si on les avait écoutés, voudraient qu’on en soit encore au moteur à pistons et à hélice !!!
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