Comme quoi le hasard fait (parfois) bien les choses... En ces temps de confinement, en marchant un peu, je passe devant une boîte à livres et découvre ce poche manifestement neuf. En général, je n'aime pas trop les histoires de mafia, mais bon, je suis en rupture de livre et je me laisse tenter. Prudemment, je laisse le livre 3 jours dans un sachet puis je m'y mets, persuadé d'abandonner après quelques pages. Que nenni ! Complètement séduit... Pas de tuerie ici, pas de personnages caricaturés. Construit autour de quelques faces à faces, ce roman nous présente des acteurs au caractère bien trempé, avec des qualités et des défauts, des forces et des faiblesses subtilement dévoilées au cours de la lecture. Rien n'est blanc ni noir ... Datant de 1995, cet ouvrage n'a absolument pas vieilli. Je le recommande chaudement !
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Excellent suspense, et description des mécanismes de la mafia qui révèlent une grande connaissance du sujet. À lire absolument.
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Mais au cours de toutes ces années il n'avait jamais pu s'expliquer l'apparente bonne foi de ceux qui croyaient réellement être innocents. Ils donnaient et prenaient de l'argent, recommandaient des gens et se faisaient recommander, dinaient avec n'importe qui, s'associaient avec n'importe qui, truquaient les concours, vendaient des voix, cultivaient des amitiés immondes, ne prenaient jamais de distance et tout cela durant toute une vie, sans jamais se poser de questions, sans jamais avoir de doute.
Puis, lorsqu'ils arrivaient devant un juge d'instruction, comme ils n'avaient jamais tué, violé ou volé à main armée, ils se déclaraient innocents. "Je comprends votre point de vue disait le juge Martinez mais ceux qui sont innocents... comment dire?... Ces innocents sont faits d'un autre bois."
(à propos d'un journaliste qui préfère prendre des notes plutôt qu'enregistrer la conversation)
Quelqu'un d'autre aurait utilisé un magnétophone mais ce journaliste n'était pas intéressé par les mots exacts, plutôt par ce que disait l'interviewé et par l'opinion qu'il s'en formait lui-même. Comme la plupart des éditorialistes de sa classe, il finissait en fait par s'interviewer lui-même, plus attentif à la formulation de ses questions qu'au contenu des réponses.
Le stylo témoignait seulement de l'idée exagérée qu'il se faisait de lui-même, de son hédonisme, de son anachronisme intellectuel et surtout de la surabondance de ses loisirs.