AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,03

sur 90 notes
5
14 avis
4
24 avis
3
8 avis
2
0 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Merci aux éditions Buchet-Chastel de m'avoir adressé le roman de Laurent Sagalovitsch, Vera Kaplan, dans le cadre d'une opération masse critique, Babelio.

Vera Kaplan, comme le lui a affirmé son avocat la veille de son procès, n'était-elle «...qu'une enfant, une malheureuse enfant prise au piège de l'Histoire.» ?
C'est la question à laquelle le livre de Laurent Sagalovitsch essaye de répondre.
Le narrateur est le petit fils de Vera Kaplan. Il apprend l'existence de cette grand-mère qu'on lui avait caché, en décembre 1998. Sa mère, Paula, la fille de Vera, est décédée depuis trois ans.
Il se retrouve seul avec la lettre de von Herr Kraus, notaire à Wiesbaden qui lui adresse le cahier et les carnets rédigés par Vera Kaplan et l'informe à la fois de l'existence et du suicide de la vieille dame.
Héritage insoutenable. Héritage inavouable. Héritage quand même.
Vera Kaplan était juive à Berlin aux pires heures de l'Allemagne nazie. Elle était une victime désignée. Mais, contrairement à d'autres, elle a « cru que sa destinée était de vivre.»
Elle a refusé le rôle de victime et, ce faisant, a endossé l'habit du bourreau.
Laurent Sagalovitsch s'est inspiré de la véritable histoire de Stella Golschlag pour écrire Vera Kaplan.
Il a eu la riche idée de faire parler le petit fils de Vera Kaplan. Un personnage à la fois proche et lointain. Proche par sa propre mère, Paula, dont il comprend mieux, en découvrant l'existence et le passé de Vera, l'origine du «...mal qui la rongeait et l'amenait à se conduire comme une clandestine de sa propre vie.». Lointain parce qu'il a vécu, comme sa mère l'a voulu, en dehors de son histoire.
Fiction réaliste, fiction destinée à nous interroger sur « la qualité de notre nature profonde lorsque « nous nous retrouvons confronté de plain pied à une situation à laquelle nous n'avons jamais été préparés.»
Sans emphase, sans pathos, sans prétendre donner de leçons, la force de ce livre est de nous transformer en spectateur actif. Comme le petit fils. Nous apprenons l'existence d'un fait. Nous l'analysons avec les yeux de Vera Kaplan en lisant son cahier, dont elle dit, s'adressant à sa fille, qu'elle l'a écrit parce qu'elle a éprouvé le besoin, après la prison, «...de me raccrocher à cette idée que tôt ou tard ce cahier se retrouvera entre tes mains à toi, puisque au bout du compte, j'en ai bien conscience, c'est à toi, et à toi seulement qu'il est destiné...»

Le regard de Vera sur son passé est double.
Le cahier fut écrit en 1998. Après qu'elle ait purgé une peine de dix ans de prison ; après qu'elle se soit engloutie dans la société allemande des années 1950-1960 - «Je n'aimais que les aventures furtives, les amours d'une nuit, les rencontres sans lendemain. (...) Longtemps j'ai vécu comme ça. Quand je suis sortie de prison j'ai eu un tel besoin de m'étourdir.» - ; après qu'elle ait renoué avec sa culture et soit devenu à trente-neuf ans, une interprète Allemand-Hébreu recherchée. Ce travail, elle en fait le support de sa quête éternelle et vaine, retrouver sa fille Paula qu'on lui a enlevée alors qu'elle n'avait qu'un an, qui a été confié à une famille d'accueil vivant en Israël.
«Si tu pouvais savoir combien j'aurais aimé parler avec toi en Hébreu, te parler et que tu me répondes, parce que te parler, je n'ai jamais cessé de le faire, en Allemand ou en Hébreu, du soir au matin, je te parlais, en silence ou à voix haute, dans la rue ou au milieu de ma cuisine.»
A la fin de la rédaction du cahier, Vera se suicide.

Le carnet, lui, écrit dans l'action, contient la transcription du déroulement des événements vécus, subis, voulus (?), par Vera, jeune, entre le 2 mars et le 19 juin 1944, et s'interrompt brusquement à cette date.
A l'hôpital juif de Berlin, où sa mère a été admise, elle rencontre celui qui, pour sauver ses parents de la déportation, va la convaincre de collaborer à la dénonciation de Juifs qui ont échappés aux rafles,.
«Et quand on s'est quittés en se donnant rendez-vous à la même heure, au même endroit, vendredi prochain, tu avais un si beau sourire que je n'ai pu m'empêcher de te sourire à mon tour, mais c'était un sourire d'adieu. C'était le sourire de la mort qui se réjouit d'avoir attrapé dans ses filets une nouvelle victime. C'était le sourire du monstre qu'en l'espace d'une journée j'étais devenue. Et avec qui je vais devoir apprendre à vivre.»
«Moi, j'ai l'impression que je me bat à ma façon. En restant en vie, en refusant d'accepter de devenir une de leurs victimes, je me conduis comme un être humain, pas comme une vache docile qu'on amène à l'abattoir. C'est devenu parfaitement clair ces derniers jours. Je vais me sauver.»

En inversant l'orde chronologique des écrits de Vera, l'auteur nous amène à comprendre le cheminement de sa pensée.
Vera adulte dit «J'étais mue par des forces que seul le temps, la lente décantation du temps, m'a permis de saisir et d'appréhender dans toute leur immense complexité.» ; alors que Vera jeune affirme « J'ai décidé que je n'aurais plus de remords. Je fais ce que je dois faire. C'est tout.»

Ce faisant, Laurent Sagalovitsch nous implique dans l'histoire, nous substitue à Vera. Une question : et moi qui aurai-je été ? traverse sans arrêt le roman, réminiscence de la citation de Valdimir Jankélévitch en exergue à la page 9.

La conclusion du récit appartient au narrateur. Il est Interrogé par son fils de onze ans, (l'âge auquel Vera a commencé à être confronté à la montée des violences nazies envers les Juifs), après qu'ils aient visité l'exposition, «La vie des Juifs à Berlin sous le Troisième Reich», consacré pour partie «...au rôle de chasseur joué par certains Juifs,...» :
«Sur le chemin du retour, Samuel, mon fils aîné alors âgé de onze ans, m'a demandé si ce qu'avait fait Vera était mal. J'ai réfléchi et j'ai fini par lui répondre que je ne savais pas. Aujourd'hui encore, je ne sais pas.»
Ces paroles ramènent à celles du procureur, gravées dans la mémoire de Vera :
«...qui donc peut se lever et dire avec la certitude la plus implacable, en toute conscience, moi, je sais qu'entre une vie déchue et une mort louable, j'aurais opté pour la mort, qui ?»

In memoriam :
Vera Kaplan : 1922 - 1998
Paula Kaplan : 1945 - 1995
Commenter  J’apprécie          120
Ce roman est mon deuxième coup de coeur de cette rentrée littéraire. Pour rappelle le premier fut le merveilleux « Station eleven » de Emily St. John Mandel. Ainsi dans ce texte, vous allez débuter les premières pages et croyez le ou non, vous ne pourrez plus le refermer avant de l'avoir terminé.

On commence à se connaître vous et moi, et bien trop souvent je suis déçue par les textes qui traitent de la seconde Guerre Mondiale. Cet événement fait partie des passages les plus tragiques de notre histoire sans que l'on l'incombe de niaiserie et autre mélodrame. En résumé, je suis rarement satisfaite lorsque je plonge dans ces textes et j'essaye de trouver des livres qui nous décrivent autrement cette période.

L'auteur va ici faire le choix de nous parler d'un événement plus méconnu de cette histoire. Tiré de son propre récit familial il va nous présenter sa grand-mère. Une jeune femme juive forcée de dénoncer d'autres juifs pour pouvoir survivre. L'auteur nous fait pénétrer cette intimité en passant par la réflexion de cette jeune femme. Comment devient-on un monstre ? Où la frontière entre devoir et horreur se matérialise-t-elle ?

On suit cette femme forcée, obligée à dénoncer. A se transformer en un être qui n'a plus d'âme. Qui ne réalise plus ce qui va lui arriver et persuadée de faire un choix, le bon ? Ce texte se lit très bien et on ouvre la réflexion. Car on apprécie cette jeune femme, on se lie avec elle, on aimerait qu'elle survive, on aimerait croire qu'elle a eu raison. Mais bien sûr comment savoir ce que l'on ferait, qui l'on deviendrait dans des moments aussi intenses, aussi durs et aussi complexes.

L'auteur joue avec nous, car en nous relatant l'histoire de sa famille on se questionne. A-t-elle eu vraiment le choix ? Comment devient-on tout ce qui nous rebute ? Par amour, pour survivre ? Sans jamais tomber dans la mièvrerie, cette jeune femme apporte une réflexion posée sur sa situation. Elle cri intérieurement et c'est cet appel qui nous transperce en plein coeur.

J'ai adoré ce texte qui nous fait passer par tellement de sentiment. On se projette, on se déteste d'apprécier cette jeune femme, on l'a croit, on l'a rejette. En résumé, on se perd dans ce roman qui sera nous submerger par tant de passion. Au coeur d'une guerre qui a détruit tant de vie, la réelle interrogation est de savoir ce que l'on aurait pu faire à sa place. Peut être mieux, mais peut être bien pire … A méditer !
Lien : https://charlitdeslivres.wor..
Commenter  J’apprécie          90
Dans ce roman, le personnage de Vera Kaplan écrit dans son journal intime comment elle a été recrutée par les nazis pour dénoncer les juifs restés à Berlin à la fin de la guerre.

J'ai découvert ce personnage inspiré de Stella Goldschlag qui dénonça entre 600 et 3 000 juifs berlinois. Recrutée parce qu'elle était jolie et inspirait confiance, elle pense ainsi sauver ses parents de la déportation.

Le roman lui apporte une double peine : condamnée à 10 ans d'emprisonnement après son procès, elle perd aussi sa fille juste après sa naissance, adoptée par une famille en Israël.

Dans le roman, j'ai aimé la force de vie de la jeune femme, son désir ardent, sa volonté de survivre malgré la guerre et l'anéantissement de son peuple.

J'ai aimé que son journal rende compte de son dégout dans les premiers temps puis de sa capacité d'adaptation à cette tâche infâme qui lui était demandée.

J'ai aimé être dérangée par cette jeune femme.

L'image que je retiendrai :

Celle de l'hôpital juif de Berlin qui abrite Vera et ses parents pendant la guerre.
Lien : https://alexmotamots.fr/vera..
Commenter  J’apprécie          60
Un livre sans concession, qui évoque les chasseurs de Juifs. Une lecture qui aurait pu être déroutante et susciter la polémique, mais l'auteur, en ne prenant pas partie et en ne portant aucun jugement a réussi à retranscrire cet épisode douloureux de l'Histoire sans nous heurter (au moins pour ma part). Ainsi, si je me suis souvent sentie dérangée, je me suis parfois laissée apitoyée par le destin de cette femme.

Vera kaplan est l'histoire d'une juive qui dénonce d'autres juifs pour survivre lors de la 2nde guerre mondiale. le récit de vie de Vera, inspiré de celui de Stella Goldschlag, est poignant et déchirant à la fois. J'en profite pour saluer le style d'écriture, certes concis mais très fluide, efficace et haletant.

Le roman s'ouvre à Tel-Aviv où un homme reçoit une lettre lui apprenant le décès de sa grand-mère allemande dont il ignorait l'existence. Cette missive s'avérera un élément de réponse quant aux questions qu'il se pose sur son passé. Questions auxquelles sa mère n'a jamais apporté de réponse, restant mutique à chaque fois. A ce courrier, sont joints un vieux carnet d'écriture ainsi qu'un cahier d'écolier, tous deux rédigés par sa grand-mère mais à une époque différente.

Débute alors la partie qui retranscrit les notes du cahier d'écolier où Vera Kaplan explique les raisons de son suicide mais surtout des actes qu'elle a pu commettre pendant la guerre pour, dans un premier temps, permettre à ses parents de survivre et de ne pas être envoyés en camp de concentration, et pour, dans un second temps, rester en vie elle-même. Là, Vera Kaplan nous offre son point de vue avec du recul, de nombreuses années après la guerre. Et j'ai été relativement surprise par certains aspects, notamment la justification de son acte de dénonciation : "Et si oui, je les aidés en pleine conscience à remplir leurs wagons d'autres Juifs, c'est que je savais que ces Juifs-là avaient renoncé depuis bien longtemps à se comporter comme de véritables Juifs. La plupart d'entre eux, à l'image de mes parents, de mes amis, de mes fréquentations, se cachaient juste pour retarder le moment où ils épouseraient la mort. Cette mort, ils l'abritaient en eux. Elle logeait dans les racines de leur coeur."

Après un bref retour à Tel-Aviv avec les considérations du petit-fils qui découvre un pan de son histoire familiale, une nouvelle partie s'ouvre avec le vieux carnet, qui n'est autre qu'un journal où Vera consigne ses impressions sur une période précise allant de son arrestation et de ses parents à la raison qui l'a amenée à collaborer et à dénoncer ses pairs et à la libération .
Dans ces pages, poussée au chantage, elle éprouve un peu plus de remords et de honte : "Je me dégoûte" ; "Je ne tiendrai pas, c'est au-dessus de mes forces". Mais la justification particulière de ses actes - la soumission du peuple Juif qui s'est résigné et a accepté ce massacre - était déjà présente en filigrane à l'époque.

Pour conclure, retour à Tel-Aviv et à cet homme qui aura découvert une partie de son histoire familiale, certes peu glorieuse mais si importante dans sa construction personnelle.

Enfin, je remercie vivement l'opération spéciale Masse critique Babelio et les éditions Buchet Chastel pour cette découverte, une pépite selon moi pour ce genre de livre dont je suis friande.
Commenter  J’apprécie          60
La grand-mère du narrateur, dont il ignorait l'existence, est décédée à Berlin qu'elle n'a jamais quitté. Il s'agit de Vera Kaplan, la "cannibale juive", une femme qui a dénoncé d'autres Juifs pendant la guerre, dans l'espoir de retarder le moment où le superviseur de l'hôpital déclarerait ses parents aptes à partir dans les camps de concentration. L'enfant qu'elle attendait, une petite fille, lui a été enlevée quand la libération l'a envoyée en prison. Elle n'a rien oublié, elle a écrit dans des cahiers à sa fille, faute d'avoir son adresse. Elle est heureuse de la savoir en Israël.

Vera Kaplan est entre la tentative de se justifier à ses propres yeux et à ceux de sa fille et le désir brut d'exister qui se passe de toute excuse. L'interrogation que pose le roman sans doute existentialiste : est-ce que la monstruosité de son comportement fait d'elle un monstre ou est-ce qu'elle est une victime de l'époque où elle vivait ?

Le personnage est complexe, attachant, vivant, vivace, sa sensualité déchire les pages, Vera oscille entre l'amoralité des sens, et l'immoralité de l'impuissance, sa capacité à aimer, à l'abnégation est éclatante, évidente. Alors pourquoi ? A-t-elle tort de considérer que les Juifs qui se laissent sagement arrêter, qui creusent la tombe où leur bourreau les abattra, comme déjà largement consentants au martyre ? que quelques semaines de vie en plus pour ceux qu'elle aime vaut l'extermination de tous les autres ?...

Ce roman est remarquablement bien écrit tout en se lisant aisément, avec plaisir. On ne s'en arrache qu'à la condition d'y retourner assez vite. Ça me console de mes dernières lectures, y compris de certaines fictions que j'ai lues, sur le même thème et à la même époque, où l'auteur croyait peut-être que sa prose médiocre en serait anoblie et muselées les critiques sur sa plume. Laurent Sagalovitsch porte son sujet, extrêmement difficile à cause de la complexité du personnage choisi, qui évoque un peu Imre Kertész, il ne se sert pas du sujet, et c'est tout son mérite. Il paraît qu'il s'est inspiré d'une histoire vraie, celle de Stella Goldschlag. le roman sort cette année et mérite vraiment d'être connu.

Cf. cette note de lecture sur mon blog avec le lien actif.
Commenter  J’apprécie          60
Oui il faut parler de cette période et de cette histoire.
Oui c'était un acte de barbarie pure que tous ces juifs exterminés durant la 2ème guerre mondiale. et Oui il faut se rappeler cette histoire là.
Ce livre relate un fait réel, une jeune femme juive engagée par la gestapo, et elle dénonce, désigne, les juifs qui avaient encore réussi à se cacher, donc elle les condamne à mourir dans les camps d'extermination, pour se sauver elle et ses parents, ( ce qui hélas sera un piège )
ce livre est un témoignage de la réalité de cette période en Allemagne. Merci à l'écrivain pour ce beau livre, encore et toujours nécessaire.
Commenter  J’apprécie          50
Tout d'abord, merci à Babelio et à ce masse critique spécial invité, à l'auteur Laurent Sagalovitsch et aux Editions Buchet-Chastel de m'avoir envoyé ce livre.

Comme toutes les critiques précédentes parlent de l'histoire en long et en travers, je vais juste en dire le minimum pour aller rapidement vers les sentiments qui m'ont terrassé durant cette lecture.
L'histoire se passe donc à Berlin. Récit épistolaire la plupart du temps d'après les lettres de Vera Kaplan, qu'elle écrivait tous les soirs et qu'elle envoyait à sa fille qu'elle avait perdu de vue. On peut donc lire la montée du nazisme vécue dans une famille juive, puis son passage au pouvoir, et l'ensemble de la guerre. Tout ce qu'il faut savoir, c'est que Vera Kaplan a été obligé de vendre d'autres Juifs à la Gestapo, pour ne pas être envoyé dans les camps et sauvé ses parents.

Dans ce livre, nous sommes tenus en haleine du début à la fin, le rythme est haletant. Il y a une débauche de sentiments impressionnants. Même si l'on voudrait blâmer Vera, il nous en serait impossible. On comprend ce qu'elle a été obligé de faire, surtout lorsque l'on n'a que 18 ans.
Le système d'écriture passant de l'épistolaire de la jeune fille, aux souvenirs du petit-fils permettent d'entrer dans la famille. de comprendre la détresse auquel a fait face le petit-fils en voyant jour à jour sa mère inexpressive à la maison. C'est un déluge de sentiments.
L'auteur nous pose donc des questions quant à l'implication de Vera dans le massacre d'une partie de la population. Enfin moi je m'en pose beaucoup, et c'est pourquoi je n'ai pu poser ce livre avant la fin. Je me mets à sa place. La douleur que cela a dû être de faire un choix entre sa mort, celle de ses parents, et de vendre d'autres Juifs. de plus, elle est choisie par les Allemands car elle est jeune et très jolie. Nous pourrions entrer dans un autre débat. Et même quand elle fait le choix de se sauver, elle ne peut se lancer dans ce commerce qui est vraiment trop horrible. Elle devient une traître à sa religion contre son gré. Sentiment néfaste. Je n'aurais pas aimé devoir faire un choix là-dessus non plus.
J'en viens maintenant à sa passion naissante avec un homme qui vend aussi des Juifs, mais duquel on ne connaît pas les motivations. Pourquoi est-elle attirée par lui alors qu'avant il le dégoûte ? Peut-être que plus elle accepte son travail, plus elle redevient maître de ses émotions. Elle découvre un bel homme. Cet homme est une épaule secourable pour pleurer (même s'il semble tout sauf tendre). il permet également de sortir toutes ces abominations et de les croire moins horrible par le sexe. Se crée-t-elle un amant qu'elle n'aurait jamais aimé autrement ? Je ne sais pas. Mais en tout cas l'amour qu'elle semble lui avoir porté, lui a permis de tenir jusqu'au bout et de ne pas attenter à ses propres jours.

Pour conclure, c'est un livre très agréable à lire mais qui nous bouleverse. Qui nous pose des questions. Un flot de sentiments très diverses nous traverse. Je le conseille à tout le monde, c'est vraiment un récit de qualité.
Commenter  J’apprécie          40
Incroyable et brillant ! J'ai reçu le livre "Vera Kaplan" grâce à l'action "Masse Critique" de Babelio. Laurent Sagalovitsch nous plonge dans l'horreur humaine sous une plume magnifique. Il rentre dans ce personnage qui peut paraître immonde de prime abord "la juive qui a dénoncé d'autre juifs".

L'auteur fait parler le personnage à la première personne. On comprend alors [qu'elle ne voulait pas faire partie des juifs qui allaient tête baissée dans les wagons vers la mort sans se rebeller, en prenant par exemple, l'arme d'un officier allemand et en se défendant. En disant "non" à l'ennemi.] Elle voulait vivre à tout prix même si pour cela, il fallait collaborer. A force de lire cette femme, on fini par l'apprécier et à devoir se ressaisir en se rappelant les horreurs qu'elle a commises. Toute la complexité de la guerre se révèle dans ce roman prodigieux.

Voilà donc un livre que je recommande chaudement, qui se lit très vite et facilement. Et cerise sur le gâteau : très bien écrit !
Commenter  J’apprécie          30
« Il m'est toujours apparu qu'il ne m'appartenait pas de juger la conduite de celle qui avait été ma grand-mère ».
Cette phrase arrive à la toute fin du livre. C'est son petit fils qui la prononce. le fils de la fille de Vera Kaplan.
Vera Kaplan a, pendant la guerre, dénoncée les siens. Des juifs berlinois. Elle a fait ça pour sauver ses parents d'un départ annoncé pour Auschwitz. Elle a fait ça pour continuer de vivre. Pour ne pas baisser les bras. Pour garder la tête haute. Elle, ils ne l'auront pas. Elle ne se résignera pas.
Vera Kaplan met au monde une fille qu'on lui enlèvera au moment de son arrestation, après-guerre.
Elle passera sa vie à lui écrire. A essayer de la retrouver. A l'aimer.
Vera Kaplan est un beau livre d'amour. Amour d'une femme pour les siens, pour la vie.
Vera Kaplan est paru dans l'excellente collection Qui Vive chez Buschet Chastel.
Commenter  J’apprécie          10
Il est des héroïnes malgré elles…De ces personnalités dont le destin, le karma, appelons le comme on veut, feront d'elles des femmes à la vie extra-ordinaire en deux mots évidemment.

Laurent Sagalovitch, par Vera Kaplan, son héroïne au nom si Hollywoodien, s'inspire de l'histoire de Stella Goldschlag pour nous parler de transmission et de cette indescriptible période de l'Allemagne nazie. Cette époque où seuls les blonds aux yeux bleus n'étaient pas déportés. Cette époque où Stella Goldschlag a été contrainte de choisir de collaborer avec les nazis pour sauver ses parents de la déportation.

S'agit-il de se demander si elle a bien fait, ou mal fait ? Certainement pas ! D'aucuns, pendant son procès s'en sont chargés et l'ont rendue coupable des crimes qu'elle a évidemment indirectement commis. C'est un livre qui m ‘a fait me poser beaucoup de question sur la nature du bien et du mal, du jugement et de la nécessité intime qui peut amener à faire des choix répréhensibles mais incontournables. Entre deux maux, entre la vie, sa propre vie, et celle de ses proches et la mort quel choix peut-il se faire ?

Pour Vera Kaplan, l'instinct de survie est certainement plus fort que tout le reste.

Ce passage de l'histoire, rarement évoqué est d'une force foudroyante dans ce roman court et marquant. Je n'ai pu m'empêcher en le lisant de penser à « La petite femelle », le roman de Philippe Jaenada qui retrace l'histoire de Pauline Dubuisson.

Parce qu'encore une fois seuls les faits sont pris en compte. Une femme jugée par des hommes et qui font un procès hors contexte. Vera Kaplan est un livre qui marque, qui reste, parce que la réalité a happé la fiction. Et que chaque femme que nous sommes se demande où aurait été sa place.
Lien : https://emiliaetjean.wordpre..
Commenter  J’apprécie          10




Lecteurs (182) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1686 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}