AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,6

sur 150 notes
5
8 avis
4
6 avis
3
5 avis
2
1 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
J'ai lu des romans de Françoise Sagan, mais je ne pensais pas lire un jour une pièce de théâtre écrite par elle. La pièce se développe sur quatre actes, ayant pour cadre un château en Suède, demeure surannée où vivent cinq personnes en permanence, ainsi qu'un invité, et quelques serviteurs. La majeure partie de l'hiver, le château est isolé du reste du monde par la neige, et on peut y goûter des joies rustiques (chasser, visiter les cultures ou réparer un tracteur), s'ennuyer (en costumes du 18ème siècle), ou marivauder, puisqu'on n'a que ça à faire - et bien sûr, nos personnages ne vont pas s'en priver.

Ainsi sont regroupés dans une famille pour le moins improbable Hugo et sa soeur Agathe, derniers tenants d'une famille noble suédoise, les Falsen, qui se souviennent de la grandeur passée, notamment Agathe, qui aime à évoquer les anecdotes liées aux membres de sa famille. Hugo a épousé en secondes noces (mais on découvrira vite que c'est plus compliqué que ça) Eléonore, laquelle ne se déplace jamais sans son frère Sébastien, parasite de charme. La demeure, dans les couloirs de laquelle on se perd, on erre la nuit, ou l'on grelotte, abrite encore d'autres surprises : la première femme d'Hugo, Ophélie, que l'on cache (elle a été officiellement enterrée), un serviteur lettré, Gunther, qui disparaît, apparaît, et parle à la troisième personne.

Tout cela se complique avec l'arrivée d'un jeune cousin de Stockholm, Frédéric, qui, pour apporter du sang frais, n'en bouleverse pas moins l'équilibre précaire des relations en tombant amoureux d'Eléanore, et se trouve bien malgré lui le centre de machinations et moqueries diverses.

L'action n'est pas absente de cette pièce, l'analyse psychologique non plus, l'humour, souvent noir, fait mouche, mais tout se passe comme si Françoise Sagan, somme toute, voulait avant tout déconstruire les codes, faire du plein avec du creux, mettre en exergue une génération fatiguée de vivre, mais sans désespoir, alanguie, refusant de "se prendre la tête", ce qu'ils diraient aujourd'hui. En-dehors d'Hugo, qui tient toute la maisonnée sur ses épaules, par son travail, sa personnalité carrée et volontaire, tous sont oisifs, plutôt mous, et les deux Français franchement immoraux, même s'ils se racontent que c'est leur vie qui les rend ainsi.

On suit avec plaisir, quoique peu d'attente, cette intrigue de moeurs, et j'ai été surprise par l'apparente facilité, légèreté à la première lecture, qui s'est teintée de gravité, d'ironie à la seconde. J'ai finalement plus apprécié cette pièce que je ne le pensais - ce serait une bonne idée de la jouer en l'actualisant.
Commenter  J’apprécie          362
C'est l'hiver, dans un château isolé, une famille un peu foutraque se trouve coupée du monde et de ses règles par la neige. Eléonore et Sébastien se livrent à leur habituel jeu hivernal au dépens du jeune et bel invité, le cousin Frédéric. On pourrait trouver leur jeu cruel, mais outre le fait que Frédéric ne soit pas particulièrement sympathique, ça ne se prend pas trop au sérieux dans le Château en Suède, rien de tragique ou de pesant, par exemple dans cette histoire où le mari, Hugo, a organisé un faux enterrement pour sa première femme parce qu'il voulait en épouser une autre, même la principale concernée, Ophélie, prend la chose relativement bien, du coup c'est plutôt insolite et drôle, plaisant, burlesque. Quant à Sébastien, c'est là qu'il a commencé à estimer Hugo:
« Séquestrer une femme, faire croire à sa mort pour en épouser une autre, c'est assez extraordinaire. Il faut avoir des sentiments. Ah! Si j'avais eu envers les femmes le tiers de ces sentiments. »
C'est joliment déconcertant, le mode de fonctionnement exotique de ces aristocrates décadents qui s'habillent en costume Louis XV parce qu'Agathe s'est entichée de l'ancien temps et qu'elle possède les deux tiers du domaine, plutôt réjouissant le naturel avec lequel la famille Falsen envoie balader sans cérémonie nos conceptions de ce qui se fait et ne se fait pas.
Ce qui rend la lecture assez agréable, c'est aussi le goût des bons mots, le sens de la réplique, l'humour - chez Sébastien surtout qui, comme le dit son beau-frère Hugo, aime « bien les phrases »:
« C'est tout ce qui me reste, mon cher. L'intelligence est devenue une chose terrible, à notre époque. Elle vous tourmente vous-même, elle irrite les autres, elle ne convainc ni eux ni vous... ».
Sébastien ne croit plus à la possibilité de se faire la moindre petite idée de ce que peut signifier l'existence, et dans la pièce tout a quelque chose d'un jeu - si la vie est dénuée de sens, autant la traverser en s'amusant.
Commenter  J’apprécie          320
Après un de ses romans, Un Sang d'aquarelle, qui avait été un coup de coeur, et une véritable révélation puisque c'est ainsi que j'ai découvert cette auteur; je l'aborde sous l'angle du théâtre et de sa première pièce. L'auteur reprendra d'ailleurs les personnages de Sébastien et d'Eléonore dans Des bleus à l'âme, roman-essai paru en 1972 (et je vais donc m'empresser de le lire ! :)

J'y ai immédiatement retrouvé un humour décapant, une maîtrise de la langue et de l'ironie qui m'a ravi à chaque réplique. le personnage de Sébastien, cynique, désoeuvré et désespéré, est particulièrement savoureux.

Au fil des répliques, on découvre les tensions d'une famille spéciale, dont les membres semblent forcés de se côtoyer, sans vraiment s'apprécier. Un jeu complexe de manipulations autour du jeune homme qui s'invite au milieu de ces hôtes étranges, qui cherchent tous les moyens possibles de se désennuyer, à ses dépens …

J'ai vu que cette pièce avait été adaptée en téléfilm en 2008 par Florian Zeller et Josée Dayan. Cette dernière explique son choix ainsi :

“J'aime Château en Suède car c'est pour moi un véritable thriller sentimental. Françoise Sagan dresse avec une redoutable adresse un portrait cruel et élégant de l'aristocratie décadente. La formidable adaptation de Florian Zeller est pour moi l'occasion de rendre compte d'un complexe jeu de sentiments, d'une petite musique de la douleur entre comédie de moeurs et bal des vampires.”

Je me trouve parfaitement d'accord avec cette citation et cette définition de l'oeuvre : un véritable thriller sentimental, avec à la fois de la cruauté et de l'élégance.

Difficile de vous en dire plus sans dévoiler les ressorts de cette courte pièce, qui sort des canons théâtraux classiques avec brio ! A découvrir : à voir ou à lire !
Lien : http://missbouquinaix.wordpr..
Commenter  J’apprécie          220
Frédéric, appâté par la rumeur que son cousin Hugo Falsen, veuf de Mathilde Nielsen, a épousé la splendide Eléonore, vient lui demander l'hospitalité : il espère que sa bonne mine et l'ennui d'un château sous la neige lui vaudront une bonne fortune quelques semaines d'hiver. Il commence sa cour clandestine, sans se douter qu'il entre dans un piège rôdé...

Une comédie qui me rappelle par plusieurs endroits L'Excès contraire, en bien moins drôle et pittoresque, moins solaire.

Elle me paraît, bien qu'il y ait infiniment moins de rebondissements, de créativité, plus intéressante au niveau de la conception d'un cercle de jeu sadique entre aristocrates suédois fin de race, s'ennuyant fermement dans leurs faux-semblants et prétentions à maintenir un couple, une famille traditionnelle (hospitalité, fidélité, continence, solidarité...) qui n'existe plus depuis longtemps. Mais l'humour des paroles et des situations, portées haut la main par le personnage de Sébastien, le paresseux et cynique frère d'Eléonore, donne beaucoup de piquant aux scènes et peut-être à la pièce entière.

Cf. un lien supplémentaire sur mon blog.
Lien : http://aufildesimages.canalb..
Commenter  J’apprécie          30
Lu, vu la pièce ... un univers ! Très drôle et jusqu'à la chute !
Commenter  J’apprécie          10
On devrait tous lire Sagan.Une belle ecriture loin du cote sulfureux du personnage public.Un style classique,une histoire simple et bien montee,tout ce qui fait un bon livre.Un bon moyen de decouvrir l'oeuvre unique de cette auteure incontournable de la litterature francaise.
Commenter  J’apprécie          00


Lecteurs (1069) Voir plus



Quiz Voir plus

Françoise Sagan

De combien de livres Sagan est-elle l'auteur ?

Une dizaine
Une trentaine
Une quarantaine
Une cinquantaine

10 questions
130 lecteurs ont répondu
Thème : Françoise SaganCréer un quiz sur ce livre

{* *}