AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782919380671
Editions deux-cent-cinq (01/05/2023)
4.88/5   4 notes
Résumé :
Des nombreuses descriptions des diverses crises d’habitabilité de la planète ont été faites et acceptées par les communautés scientifiques internationales, sans que cela change la marchandisation de la vie, les extractivismes et les manières de mener les politiques publiques. Est-ce qu’il reste quelque chose à faire? À dire? À réfléchir? Est-ce que nous pouvons continuer à croire que des connaissances suffisent pour changer nos conduites, nos décisions? Qu’est-ce qu... >Voir plus
Que lire après Esthétiques du care pour l'anthropocèneVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Maria Grace Salamanca Gonzalez est une chercheuse en philosophie, et cet ouvrage est la transcription écrite d'une série de cours qu'elle a donnés sur l'esthétique du care pour l'Anthropocène à l'Ecole urbaine de Lyon. Ne vous fiez pas à la petite taille de cet essai, qui foisonne d'idées !

L'autrice développe le postulat suivant : le concept de modernité tel que nous l'entendons aujourd'hui est le produit d'une pensée coloniale, blanche, européenne, sur les peuples colonisés, qui perdure malgré la décolonisation car encouragée dans ce sens par la société patriarcale et capitaliste. Les "grandes puissances" européennes considèrent toujours les nations anciennement colonisées comme des pays inférieurs qu'il faudrait amener à la modernité : on dit d'ailleurs "du Sud", du "tiers-monde", "en développement"... Mais à quel moment écoute-t-on leurs habitants.tes, leur a-t-on déjà demandé leurs avis sur ce que nous, européens.nes considéront comme "développé", "civilisé" ?
Dans ce contexte, l'Anthropocène - soit tous les dégâts naturels et sociaux provoqués par ce fameux "homme moderne" - est vu comme un problème moral, dont nous sommes tous.tes responsables, particulièrement les hommes blancs riches et puissants qui pourtant se dédouanent et adoptent une posture distanciée et d'indifférence volontaire. le "care", quant à lui, ne désigne pas uniquement le fait de 'prendre soin de', mais aussi de 'prêter attention à' : aux opprimés.es, aux plus fragiles, aux plus sensibles, aux blessures causées par la colonisation...L'esthétique est ici entendue comme la sensibilité, le fait de s'engager et d'être sensible dans nos manières de penser, et non dans sa définition artistique.

L'autrice refuse de se considérer comme "moderne" et de façonner son travail de recherche en opposition aux colonisateurs. A l'inverse, elle revendique sa liberté de créer de nouvelles manières de penser pour sortir de la dichotomie modernité/colonisation, de nouveaux concepts au service de la pensée décoloniale et de s'engager pour un monde véritablement décolonial, où chacun.e pourrait être écouté.e dans sa singularité.

C'est en cela que sa pensée est révolutionnaire : Maria Grace Salamanca Gonzalez plaide en fait pour un regard neuf mais aussi pour une acceptation, une prise en compte et même une utilisation de nos sensibilités au service de la recherche et de notre compréhension du monde plutôt que de les enfouir au plus profond de nous. J'ai mis du temps à parvenir au bout de ma lecture, non pas par désintérêt, mais au contraire car les réflexions de l'autrice provoquaient tant de nouvelles perspectives, de nouveaux points de vue en moi que j'avais besoin de les "digérer", de les laisser infuser pour en prendre conscience. Une masse critique vraiment marquante, qui va très certainement m'ouvrir de nouvelles perspectives pour penser le monde et les relations sociales. Brillant !

Merci à Babelio, aux éditions de l'Ecole urbaine de Lyon et aux éditions deux-cent-cinq pour cette découverte !

Commenter  J’apprécie          11
Honnêtement, je ne sais pas comment parler de cet essai. Une centaine de pages, un mini-format, mais je me suis pris une claque monumentale d'un point de vue intellectuel.

Cet essai reprend des cours que l'autrice a fait en France, dans un contexte particulier, parler de l'Anthropocène. Mais comment parler de ce sujet, surtout quand on est une femme originaire du Mexique, toujours sulbaternisée et ignorée en tant que philosophe par rapport à cet Occident blanc et colonial ?

C'est tout un renversement de pensée et une autre manière de sentir-penser que l'autrice propose. Une option décoloniale pour se placer horizontalement et hors d'une modernité violente. Des pistes de réflexion pour entendre les voix basses, pour se réapproprier son corps, ses émotions, ses sensibilités, tout en acceptant sa vulnérabilité et son opacité.

Ne plus rester dans la dichotomie moderne, mais oser une troisième voie. Une voie qui prend soin de l'autre, une esthétique du care pour penser et agir hors du monde pensé par l'impérialisme progressiste blanc et patriarcal.

Bref, une lecture absolument essentielle, portée par une plume riche et accessible, qui remet en avant les féminins, les exclus, les ignorés, les queers, les colonisés, dans une volonté de ne pas entrer dans cette course effrénée. Parce que c'est peut-être l'une des rares portes de sortie d'un Anthropocène qui tue, pollue et violente la majorité (pas qu'humaine) pour le capitalisme d'une minorité.
Commenter  J’apprécie          20
Livre reçu dans le cadre d'une masse critique.

En recevant ce livre j'étais à la fois enthousiaste sur le titre et perplexe parce que si je (pensais) comprendre chacun des mots, je ne voyais pas où l'actrice souhaitait aller en les réunissant.
Cela tombait très bien puisque le propos de ce petit livre assez court est justement de nous expliquer du point de vu de l'autrice, chacun des concepts et leurs sens dans l'utilisation qu'elle en fait.
Si le premier paragraphe est un peu ardu parce que très académique, le reste du texte est à la fois pationnant, imagé, pertinent, très bien documenté et surtout dérangeant dans le bon sens du terme.
Ce livre part de la voix située de l'autrice c'est à dire d'une philosophe non-moderne venant d'Amérique Latine, s'inscrivant dans ce qu'elle appelle le courant "des voix basses" les voix de celleux qui proposent des alternatives à la modernité, au profit et à la destruction de la planète.
Chaque paragraphe a remis en question des certitudes que j'avais pu me forger au long de mes études et de mes lectures. Et ça fait du bien. Voir qu'il existe d'autres voies, d'autres auteurices, d'autres concepts et donc d'autres avenirs possibles que ce qui nous sont proposés par le monde moderne à fait naître beaucoup de joie en moi.
J'espère que vous en trouverez aussi en lisant ce libre.
Commenter  J’apprécie          00

Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Il s’agit d’une autre conception de la recherche, de ses objectifs, des valeurs qui lui sont associées, et de voix qui seront entendues. De toute évidence, ce tournant a commencé dans les sciences sociales, mais je le mets en avant aussi dans ma pratique philosophique. Cete proposition suggère un autre rapport envers la dichonomie moderne entre la théorie et la pratique pour donner primauté à la pratique, à la réalité vécue. Ce qui implique la capacité du chercheur ou de la chercheuse à se dérouter. Se dérouter n’est pas renoncer à la théorie, mais être en mesure de la défaire si elle ne convient pas. Ce qui veut blen dire qu’il faut tisser la théorie dans des mailles suffsamment lâches, une théore elle non plus pas si définie . Use pensée trop bouclée, ou à laquelle on est trop attaché, ne permet pas de penser ce qui vient.
Commenter  J’apprécie          00

autres livres classés : anthropologieVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus

Lecteurs (9) Voir plus



Quiz Voir plus

Pas de sciences sans savoir (quiz complètement loufoque)

Présent - 1ère personne du pluriel :

Nous savons.
Nous savonnons (surtout à Marseille).

10 questions
412 lecteurs ont répondu
Thèmes : science , savoir , conjugaison , humourCréer un quiz sur ce livre

{* *}