Ce n'est pas faute d'avoir essayé. A trois reprises. Par trois fois, j'ai ouvert
L'Attrape-coeurs de
J. D. Salinger et j'ai tenté de me laisser séduire par les aventures de Holden. J'ai même essayé la lecture en version originale, imputant mon déplaisir à une mauvaise traduction. Peine perdue.
Ce livre, lu et étudié à l'école aux Etats-Unis et au Canada, élevé au rang d'icône de la littérature, est le récit, à la première personne, de trois jours dans la vie de Holden Caulfield, 17 ans. Peu avant les vacances de Noël, il quitte son destin tout tracé à l'école préparatoire et part pour New York dans une sorte de parcours initiatique qui basculera sa vie.
D'abord, je trouve le personnage profondément antipathique, tellement anti-système qu'il en est dérangeant, si cynique et provocateur qu'il n'est plus crédible. Bref, un petit merdeux qui mériterait une bonne paire de claques. Puis, le style familier, truffé d'argot, en langage parlé, est tellement désagréable que j'ai eu envie de crier « grâce » dès la deuxième page (mais une détermination à venir à bout de cet Attrape-coeur m'a poussée à continuer… En vain : j'ai décroché vers le milieu du livre, incapable de m'infliger cette torture plus longtemps).
Pourtant j'aime les antihéros, ils sont tellement plus complexes et intéressants que les héros tous lisses, sans surprise. Je peux aussi aimer le style familier, cela change des lectures classiques – Voyage au bout de la nuit est pour moi un chef d'oeuvre du genre. Ici, rien à faire, je suis hermétique.
Au-delà de ma lecture négative, ce qui m'interpelle, c'est que
L'Attrape-coeurs est un livre culte. Culte, voire intouchable, élevé au rang de chef d'oeuvre visionnaire, révélateur d'une génération désabusée. J'ai du mal à le comprendre, mon avis étant ce qu'il est.
Pour moi, s'il est culte, c'est moins pour son récit, son écriture ou son personnage si particulier, que pour les mystères qui l'entourent : son auteur, qui vivait reclus dans sa maison, sans n'avoir presque plus rien publié de son vivant ; l'assassin de
John Lennon ou l'auteur de l'attentat manqué contre
Ronald Reagan l'avaient pour livre de chevet (
John Lennon avait même dédicacé le livre de son tueur quelques heures avant d'être abattu). J'ai l'impression que c'est plus l'aura énigmatique dont le livre est entouré qui fascine plutôt que son contenu.
Et vous, l'avez-vous lu ? Qu'en avez-vous pensé ?
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