Rapport de l'arrivée et de l'occupation de Mossoul par l'Etat islamique entre 2014 et 2017 au travers des témoignages de ses habitants, ceux qui sont restés, ceux qui sont partis, ceux qui sont revenus. C'est sobre, factuel, concret.
En trois ans, la ville a été détruite, les monuments rasés, les populations non sunnites chassées, les gens mutilés, assassinés et blessés, les enfants traumatisés, etc. On aborde les méthodes mises en oeuvre pour "éduquer" les enfants, "organiser" l'économie (menaces, vols, rançons, spoliations, etc.), la vie au jour le jour, les chiites, les chrétiens, les yézidis, les commerçants, les enseignants, les soldats, etc. Un document précis et rigoureux qui laisse leur dignité aux personnes interrogées en ne faisant pas de leurs témoignages matière à un drame de mauvais goût. Ce qui est rapporté reste terrible.
Commenter  J’apprécie         60
La journaliste restitue, à force de témoignages et sans affects, l’épaisseur d’une vie quotidienne dans le système totalitaire des psychopathes de Dieu. Du grand journalisme.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Journaliste au Monde, Hélène Sallon a couvert, entre octobre 2016 et juillet 2017, la bataille de Mossoul en Irak et à travers ce livre stupéfiant, riche de nombreux témoignages absolument édifiants, elle rend compte de la dimension totalitaire de l’Etat Islamique.
Lire la critique sur le site : Actualitte
La mosquée Al-Nouri et son minaret étaient, dit-il, l'âme de la vieille ville de Mossoul, façonnée par quinze siècles d'histoire [...] "Un être humain cesse de vivre quand son coeur s'arrête. La mosquée Al-Nouri était le coeur de la vieille ville. Sans son minaret, la vieille ville est comme morte. Et, sans la vieille ville, Mossoul est comme une personne sans identité, qui ne sait plus où elle est née et qui elle est."
"La vie était, malgré ces mauvais aspects, simple, et je préférais cela d'un point de vue moral. Parce que c'était une terre gouvernée par Dieu en dépit des mauvaises choses [...] Ils n'ont pas détruit les mausolées sur la base d'un effort d'interprétation donc je ne m'y suis pas opposé. Ils ont produit des textes qui le permettaient. Je ne suis pas religieux donc ça n'a pas d'importance pour moi. [...]"
La Syrie reste le centre opérationnel d'où ont été commandées les attaques perpétrées en France, ais c'est depuis un cybercafé de Mossoul que le Roannais Rachid Kassim a multiplié sur Telegram les projets d'attaques et les appels au meurtre dans l'Hexagone en promouvant des attaques "low cost".
Les candidats affluent dès les premiers jours : beaucoup d'adolescents et de jeunes hommes, appâtés par la promesse de devenir des héros, d'obtenir un salaire et une épouse. [...] L'EI offrait 800 dollars par mois et une épouse à quiconque se portait volontaire pour le rejoindre.
La plupart des hommes de la famille [qui se sont engagés avec ferveur] appartenaient aux forces de sécurité du temps de Saddam Hussein. En 2003, ils ont perdu salaires et privilèges. Plutôt que subir en silence l'humiliation des vaincus, ils ont rejoint l'insurrection armée.