J'ai lu ce livre avant de l'offrir, parce que le titre et la quatrième de couverture annonçaient un récit angoissant.
Et c'est un récit angoissant. D'abord parce qu'un cobra est un animal angoissant. Ensuite parce que de malheur en malheur un enfant est accablé. Finalement, parce que la lutte contre l'obscurantisme est décidément difficile.
Mais c'est un livre bien fait, une longue nouvelle qui nous fait pénétrer dans un village thaïlandais et dans la littérature du pays, ce qui était le but de cette lecture. Un sujet dur transformé en une lecture prenante, il me semble que cela témoigne du talent de l'auteur.
Je me suis demandé si ce récit était une fable et quelle en serait la morale. On peut dire que le pouvoir politique est monopolisé en Thaïlande par une classe éduquée et riche, non-musulmane. Ceux qui ont tenté par deux fois, après une élection démocratique, de changer cet état de fait ont été accusés de populisme et de corruption, renversés par la violence et finalement avec l'aide de l'armée.
Saneh Sangsuk montre dans le récit comment une famille arrive à usurper une propriété, puis le pouvoir local par la médisance, le népotisme et en prétendant représenter les volontés d'une divinité locale. le rapprochement est-il évident pour un lecteur thaïlandais (on doit au roi un respect quasi-divin), le livre ayant été écrit en 2000, bien avant l'élection de Thaskin Shinawatra ? Est-ce qu'il a un sens pour un français aujourd'hui (je ne dis pas que les chemises rouges et les gilets jaunes représentent le même mouvement)?
Petite note personnelle : je témoigne que, comme dans ce village, les enfants thaï sont élevés bien naturellement dans la crainte des serpents, mais aussi dans celle des moustiques. Ce livre contient quelques exemples des relations entre hommes et cobras, dont le rappel pourrait être utile.