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3,19

sur 1344 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Sonnette d'alarme : Boualem Sansal, toujours militant, alerte cette fois ses contemporains sur les dérives de la religion en général, et celle de son Algérie natale en particulier, l'Islam, à travers la révélation, l'illumination, que reçoit son personnage Ati, plongé dans une société du futur.
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Saluons ce roman car il devient rarissime qu un auteur se risque à mettre directement en cause le totalitarisme des sociétés islamiques fondamentalistes.
Il s agit ici de Yolah et Abi son messager et d un pays imaginaire ,aucun nom de la vie réelle n est utilisé ,tout est transpose ,parodie ,mais évidemment personne n est dupe à la lecture de ce roman.
Ceci dit , j ai eu beaucoup de peine à terminer ce roman qui est assez ennuyeux comme l est cette société totalitaire ou la surveillance généralisée étouffe les hommes.
Les rouages et les myhes fondateurs de cet etat sont minutieusement décrit ,nous suivons le brave Ati ,homme sans histoires qui soudain est saisi par le doute ,un doute spontané s insinue dans ses mécanismes mentaux routiniers
Et s il existait un autre était?et si tout le discours officiel n était que mensonges ,et si une autre vie était possible?
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2084 ! L'allusion est nette et la référence claire au "1984" d'Orwell.
Sansal livre un conte dans lequel il s'attaque aux tyrannies, aux dictatures en général et religieuses en particulier.
Et ses intentions sont limpides c'est aux dictatures islamistes qu'il s'en prend.
2084 : Un "monde" post-nucléaire est dirigé par une oligarchie religieuse et chaque instant de la vie y est rythmé par des obligations : cérémonie religieuse, décapitations publiques, séance d'autocritique ou de délation, etc...
Le but est d'éviter que quiconque puisse se mettre à réfléchir et pour cela maintenir le peuple dans l'ignorance, l'inculture la plus totale.
Dès les premières pages on pense aux "monarchies" religieuses, aux républiques islamiques et surtout à Daesh. Dans des pages qui font froid dans le dos, l'auteur algérien décrit ce que deviendra la planète si le monde civilisé ne prend pas conscience du réel danger que représentent ces théocraties despotiques et les dérives fanatiques de l'islam.
Toute la vie de ce "monde" se fait en rabâchant : "Yölah est grand et Abi est son délégué !"
Un homme livré à l'oisiveté dans un sanatorium va commencer à réfléchir et cela va déclencher une réaction en chaîne.
Boualem Sansal exhorte le lecteur à ne pas se laisser aller, à ne pas prendre pour argent comptant les discours officiels, mais à douter, à réfléchir, à s'indigner voire se rebeller contre les dictatures, même les plus insignifiantes, des médias, des politiques, des religions ; à rester un Homme debout .
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Cela n'aura échappé à personne, Boualem Sansal entend marcher dans les pas de Georges Orwell avec cette uchronie dystopique. Outre le clin d'oeil de son titre, son roman nous propose en effet de suivre le parcours d'un personnage qui, à l'instar de Winston Smith, est amené à remettre en question les règles qui régissent sa vie quotidienne.
C'est que le système politique à l'oeuvre en Abistan est régit selon les même principes liberticides qui ont cours en Angsoc. Dogme unique, surveillance constante, répression impitoyable, les fondamentaux du totalitarisme sont bien là.
L'existence des abistanais est organisée et contrôlée dans ses moindres détails par une administration pléthorique et la délation est érigée en système : « …comment échapper à l'administration, aux Civiques, aux V, aux espions de l'Appareil, aux AntiRegs, aux patrouilles de l'armée, aux croyants justiciers bénévoles, aux miliciens volontaires, aux juges de l'Inspection morale, aux mockbis et à leurs répétiteurs, aux dénonciateurs divers, à ces voisins qu'aucun mur, aucune porte ne décourage ? ».
Le pays vit dans un état de guerre permanent qui autorise la fermeture des frontières ainsi que des restrictions de toutes sortes, politiques et économiques. Quant à l'ennemi de l'intérieur, réel ou supposé, il justifie la police secrète et l'espionnage quotidien puisque, comme le dit si bien l'auteur, « Il faut un renard dans les parages pour que le poulailler soit bien gardé ».
Le peuple est aussi et surtout maintenu dans l'ignorance la plus crasse qui est encore le meilleur moyen de l'asservir longtemps. Pas de bibliothèques, de théâtres ou de cinémas et encore moins d'écoles pour faire son éducation. Les gens sont isolés, par villes, par quartiers et les voyages sont proscrits à l'exception de rares pèlerinages rigoureusement encadrés. Aucuns échanges de population et donc aucune circulation des idées, aucune confrontation à l'autre, rien qu'un conformisme morne et insipide.
L'abilang, la langue officielle de l'Abistan, est volontairement appauvrie afin d'empêcher l'exercice des arts, de la philosophie et de la rhétorique. D'une manière générale le régime a détruit et interdit tout ce qui attestait que l'on a pu et que l'on pourrait encore penser autrement ; ainsi des livres, des disques et de toute autre forme d'oeuvre d'art.
On le voit, en matière de système arbitraire, l'Abistan n'a rien à envier à l'Angsoc. La dictature religieuse est peut-être même la plus efficace des tyrannies. Pourquoi en effet justifier ce qui est révélé ? Et comment contester ce qui a été décrété par Dieu ? Sans oublier aussi la promesse d'une seconde chance, d'une vie meilleure après une existence de souffrance et de misère...
Passé un très long premier chapitre sans doute nécessaire pour faire un état des lieux mais parfois un peu hermétique et monotone, nous entrons dans le vif du sujet avec le retour de Ati dans la capitale. A partir de ce moment le récit devient réellement passionnant. Nous suivons l'évolution de son état d'esprit au gré de ses découvertes et de ses réflexions. Nous le voyons prendre progressivement du recul vis-à-vis de la société et adopter un point de vue critique sur ce qui l'entoure. Nous assistons enfin à ses manoeuvres pour échapper à la suspicion ambiante tout en enquêtant sur la réalité du dogme. de ses escapades dans les zones contrôlées par les rebelles jusqu'à son infiltration dans les cercles les plus élevés du pouvoir, nous effectuons avec lui un dangereux voyage vers la vérité qui nous fera mesurer l'ignominie de ces scélérats déguisés en hommes de foi.
En nous montrant ainsi quel pourrait être notre avenir si nous laissons la religion entre les mains des barbares, des filous et des ignares, l'auteur nous adresse une sévère mise en garde. Il nous rappelle aussi que la guerre seule ne peut résoudre les problèmes de civilisation auxquels nous sommes aujourd'hui confrontés et que plus que jamais l'ouverture à autrui est nécessaire pour éviter les replis communautaires.
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2084, tout comme 1984, est le début et la fin de tout. Avant c'était le Chaos, en 2084 c'est l'Abistan, et l'annihilation de l'Histoire, donc "la fin du monde".

L'Abistan est une statue, gigantesque et immuable, dans son ombre vivent (survivent) des pâles copies d'êtres humains décérébrés par la colossale machine d'état capable d'abolir la liberté de penser elle même.

L'Abistan et la religion, c'est pareil ! Et l'Abistan c'est le monde ! le monde c'est la religion ! Monde physique et monde spirituel sont perméables, l'Abistan est partout.

L'Abistan est le personnage principal, tout comme Big Brother l'était chez Orwell. Des "semi-hommes" gravitent autour et subissent des forces qu'ils ne comprennent pas. Leur insignifiance est telle que même le souffle de la rébellion, qui anime nos deux "héros", leur semble imposé et non voulu. "Héros" qui nous rappellent Frodo et Sam en route vers Mount Doom.

Tout comme son grand frère, 1984, 2084 démontre que la dystopie est un concept majeur et même nécessaire en littérature, quand il est réalisé avec talent et style.

Merci à B.Sansal de nous avoir donné notre 1984 :)
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Un régime totalitaire s'imposera plus facilement à travers la généralisation de croyances dont le but politique sera de souder les gens (les sujets). le meilleur moyen sera donc de diffuser la peur (aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur) en désignant des ennemis imaginaires (qu'on voit ou ne voit pas), mais qui représenteront le mal absolu.
L'Abistan, pays où se déroule le roman de Boualem Sansal représente cet enfer de l'enfermement de la pensée que ce soit à travers le contrôle permanent, les polices religieuses omniprésentes, ou la multiplication des rites obligatoires et des manifestations publiques de foi.
Ce pays, dévasté et survivant d'une guerre de religion apocalyptique, est sans frontières connues (les habitants n'en connaissent pas les limites). Il y a peut être quelque chose à l'extérieur qui est de toutes façons dangereux. Personne ne le sait. La seule chose sûre est que « Yolah » est son Dieu et Abi son délégué sur terre… » 2084 », c'est le 1984 d'Orwell vu à travers le prisme de la religion (Elle ressemble à un certain Islam, mais ça pourrait en être une autre, dans un autre temps). Ati,le héros, mécréant persuadé qu'un monde de la liberté, différent de celui ci, existe, essaie de s'enfuir en rejoignant, grâce à un passeur soudoyé, le monde des Rénégats, des hommes « libres comme le vent »…
Il est particulièrement recommandé, dans l'époque troublée que nous traversons, de lire cette allégorie politique, aussi étrange qu'inquiétante...
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Encore une fois je salue le courage de Boualem Sansal.
Le monde a besoin de ces voix là: Salman Rushdie, Kamel Daoud...et d'autres si singulières que la revus 1 lancée par Eric fottorino nous fait découvrir, auxquels chaque mercredi il cède la Place.
Questionner, douter, imaginer, perdre la foi ou peut être non, en l'Homme?
cette façon de s'interroger sur notre place, et pourquoi nous sommes là
Bravo et merci Boualem Sansal, pour vos incertitudes.
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Ce roman imagine un futur où les islamistes radicaux seraient allés au bout de leur logique et auraient réussi à instaurer un véritable Etat islamique. D'abord déconcertée par le style qui n'est ni complètement de la science-fiction, ni un livre politique ou parodique, je me suis ensuite laissée entrainée par ce qui ressemble davantage à un conte philosophique. Par ce style hors des canons des genres ce livre m'a fait penser aux romans de Jacques Abeille. le récit effraie par son réalisme (ce futur est-il si éloigné?) et par le désespoir qui l'habite malgré quelques notes d'optimisme à peine esquissées; mais il faut au moins ça pour provoquer en nous le sursaut nécessaire à la lutte idéologique que nous sommes appelés à entamer.
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Boualem Sansal, né en 1949 dans un petit village des monts de l'Ouarsenis, est un écrivain algérien d'expression française, principalement romancier mais aussi essayiste, censuré dans son pays d'origine à cause de sa position très critique envers le pouvoir en place. Il habite néanmoins toujours en Algérie, considérant que son pays a besoin des artistes pour ouvrir la voie à la paix et à la démocratie. Ses ouvrages, en France et en Allemagne particulièrement, ont reçu de nombreux prix. Son dernier roman, 2084 La fin du monde, vient de paraître.
L'Abistan est un immense empire, au coeur d'un désert, dont le système politique – en fait une dictature religieuse - est fondé sur l'amnésie et la soumission à un dieu unique. Toute pensée personnelle est interdite et un système de surveillance pointu permet de connaître les idées et les actes déviants. Officiellement, la population vit dans un bonheur serein. Un homme pourtant va s'interroger. Ati, le héros de ce roman, revenu dans la capitale après deux ans d'absence, exilé au loin pour soigner une tuberculose, a rencontré lors de son périlleux voyage, Nas, un ethnologue qui vient de découvrir un village antique parfaitement intact mais qui risque de remettre en cause les fondements de la religion dominante…
Le titre du roman n'est pas un clin d'oeil discret à celui de George Orwell (1984) mais une référence carrément assumée et complétée par différents éléments éparpillés dans le texte. Ici aussi nous avons, dans un avenir pas si lointain, une utopie qui vire au cauchemar. Boualem Sansal entend ainsi mettre en garde le lecteur en montrant les conséquences néfastes d'une idéologie ou d'une pratique religieuse radicale présente à notre époque. Pas une seule fois dans ce roman, vous ne lirez les termes : Coran, Allah et Mohamed son prophète, pourtant ils sont là partout présents mais sous d'autres noms, Gkabul, « Yölah le tout-puissant et Abi son Délégué ».
L'intrigue est assez complexe à suivre si on s'attache aux détails mais dans ses grandes lignes disons qu'Ati, poussé par une saine curiosité intellectuelle qui l'amène à penser qu'il y aurait une autre vie, hors des règles et des lois en vigueur en Abistan, va se retrouver impliqué dans une conspiration entre membres de l'élite gouvernante.
Le roman est magnifique, répondant parfaitement aux critères qualifiant un bon livre pour Bernard Pivot (notre maître à tous) que je cite approximativement de mémoire, « Une histoire, une écriture, une ambition ». J'ai rapidement évoqué le scénario, je ne manquerai pas de signaler la qualité de l'écriture qui joue sur une contradiction, une « douceur » dans la narration qui pourtant nous peint un monde épouvantable. Des mots choisis, un rythme empreint d'une certaine langueur, une écriture particulièrement travaillée qui s'accommodera assez mal d'une lecture dans le métro ou de ruptures trop fréquentes. Quant à l'ambition, elle n'est pas mince, puisqu'il s'agit de dénoncer les dérives et l'hypocrisie du radicalisme religieux qui menace les démocraties. Je ne vous fait pas un dessin.
Roman ou pamphlet, on y trouvera aussi une réflexion sur le lien croyant/croyance « le croyant doit continûment être maintenu en ce point où la soumission et la révolte sont dans un rapport amoureux » et sur la religion, « la religion s'appauvrit et perd de sa virulence si rien ne vient la malmener. » Enfin j'ai adoré cette idée romanesque d'un musée du XXème siècle qu'Ati aura l'occasion de visiter et vous avec lui, ce que je souhaite.
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Boualem Sansal est un écrivain et intellectuel algérien éclairé, qui ne craint pas d'afficher haut et fort ses convictions humanistes et laïques. Son dernier livre, 2084 - La fin du monde, se présente comme un conte philosophique pessimiste.

Il reprend, plus de 60 ans après, les thèmes prophétiques de 1984, le fameux roman d'anticipation de George Orwell, que j'ai lu il y a bien longtemps et dont des éléments marquants me sont restés en mémoire : Big Brother ; le novlangue, langue de bois simpliste imposée à tous pour éviter la moindre critique subversive ; le télécran, outil de propagande et de vidéo-surveillance installé dans chaque foyer. A l'époque, début de la guerre froide, l'ouvrage dessinait le stade ultime d'un pays évoluant sous idéologie totalitaire hitlérienne ou stalinienne, modèle aujourd'hui réduit à la seule Corée du Nord, qui reste loin de disposer des moyens technologiques imaginés par Orwell.

Le roman de Boualem Sansal prend place en Abistan, un empire théocratique qui aurait éliminé tous ses ennemis. La religion unique et omnipotente n'a même pas de nom : l'homme du commun ne peut pas imaginer qu'il pourrait ou aurait pu y avoir d'autres religions, elles ont toutes été éradiquées depuis très longtemps. La foi, enseignée dans des "Mockbas", est professée par le précepte "Il n'y a de dieu que Yölah et Abi est son Délégué"... Toute similitude ne saurait être que fortuite !... L'intégralité de la connaissance est écrite dans le Gkabul, le livre sacré, en abilang, la langue officielle dont la grammaire et le vocabulaire très limités ont pour vocation d'être ânonnés dans des formules toutes faites, toute velléité de s'exprimer et même de penser différemment étant considérée comme un acte blasphématoire passible de condamnation à une mort dans la souffrance. Les nombreuses exécutions collectives, auxquelles il est obligatoire d'assister, sont d'ailleurs les seules distractions offertes au peuple. L'Appareil et la Juste Fraternité veillent au grain...

Dans ce monde fort sympathique, un homme commence à douter et à réfléchir, sans que cela se sache trop ; il finit par découvrir quelque secrets sur les civilisations antérieures à 2084 et disparues – ou peut-être pas disparues ! –, sur les fondements du régime et sur les motivations des puissants.

Le livre est magnifiquement écrit : vocabulaire foisonnant, syntaxe à la fois précise et flamboyante, coloration de fable orientaliste, humour affleurant. La première partie du livre est savoureuse de cocasserie. En revanche, la fin du roman m'a déçu ; j'ai eu le sentiment que l'histoire ne menait nulle part. Peut-être est-ce juste le message de l'auteur : l'Abistan, un pays sans passé, sans futur, sans ailleurs… la Mort !

Après les monstrueux événements survenus à Paris le 13 novembre (pendant que je lisais 2084) et revendiqués par un ridicule et répugnant communiqué que l'on dirait rédigé en abilang, il est salutaire de découvrir les images absurdes et macabres de l'Abistan, préfiguration du califat auquel certains voudraient nous soumettre...

Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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