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3,18

sur 1336 notes
Un livre à propos duquel les critiques n'ont pas tari d'éloges ; le contexte aidant, car Boualem Sansal nous met en garde contre le développement de montres tels que l'Etat Islamique, lesquels, on ne le sait que trop bien, mettent aujourd'hui en péril nos valeurs : la liberté de conscience, la démocratie, la tolérance et même la réflexion et la critique du radicalisme religieux, etc.

L'intention de cet auteur engagé est donc excellente et c'est, je pense, l'une des raisons pour lesquelles il a reçu ce prix littéraire (celui du roman de l'académie française). Il suffit de voir les vainqueurs du prix Nobel de littérature pour s'en convaincre, ce prix tendant à être un prix Nobel de la paix bis récompensant les écrivains s'opposant aux abus de pouvoir.

Pour le roman en lui-même, il est très bien écrit globalement mais là n'est pas le souci ; là où ça coince, c'est l'incroyable impression d'aridité qui se dégage de l'ensemble. Effectivement, on a le droit à des descriptions interminables sur le fonctionnement de ce système religieux labyrinthique et immense, et donc ennuyant au possible… de même, les décors post-apocalyptiques sont décrits de manière assez lourde…

Le personnage principal du roman, Ati, a le désir de percer les mystères de cette dictature religieuse qui écrase tant la population de son pays. Avec son ami, qui a également la notion de liberté enfouie en lui, ils vont partir en quête d'informations tout en sachant qu'ils vont mettre leur vie en danger.
Seulement voilà, ces deux personnages, bien qu'ils semblent moins creux que le reste de la population car pourvus d'un esprit critique (c'est dire le reste des habitants…), n'ont absolument aucun charisme, aucune histoire, aucune émotion (ou presque)… C'est dommage parce que je pense qu'il aurait plus fallu se focaliser sur eux, sur leurs espoirs et sur leurs rêves, d'autant que l'auteur dit lui-même dans le livre : « Les plus dangereux sont ceux qui ne rêvent pas, ils ont l'âme glacée. ».

De fait, Boualem Sansal a certainement traité son sujet trop froidement et trop sérieusement ; là où un Orwell, par exemple, était parvenu à rendre plus agréable son sujet en mettant en scène des animaux ; et pourtant, les malheurs causés par le stalinisme (famine et travail intensif, entre autres) constituaient un sujet très grave.

D'autre part, j'ai trouvé que l'omniprésence de l'écriture à la 3ème personne n'a pas joué en faveur de l'auteur ; au contraire, elle a contribué à créer une distance énorme entre le lecteur et les personnages, ces derniers ne s'exprimant déjà que peu au final (et pour ne pas dire grand chose).

La conclusion de l'histoire m'a également laissé sur ma faim : peu d'avancée au final dans la réflexion d'Ati, toujours aussi paumé dans sa quête même s'il est sur la bonne voie.

Enfin, entendons-nous bien, j'estime malgré tout l'engagement de cet écrivain qui a au moins le grand mérite d'être le porteur d'un message à destination des populations occidentales (car c'est son lectorat principal, l'écrivain étant censuré en Algérie) : celui d'annihiler les groupes terroristes avant que ceux-ci annihilent toute possibilité de réflexion personnelle.
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C'est un très beau roman que ce 2084, la fin du monde. Courageux, pessimiste aussi, fataliste mais avec quand même une petite lueur d'espoir.
Les habitants de l'Abistan ne croulent pas sous les libertés, c'est le moins que l'on puisse dire. La religion régit leurs vies: Prières multiples, propagande, langue dévolue à l'adoration des élites religieuses...De plus, les habitants ne peuvent se déplacer hors de leur quartier. Toutefois, grâce à Ati, on découvre l'existence d'une poche de rébellion.
Ce livre montre les dangers d'une religion extrême, de l'absence de culture, du reniement de l'histoire...ce que serait la société régit par quelques fous de Dieu .
Dire qu'il est d'actualité est un euphémisme . il est aussi très intéressant de notre qu'ici en fait la religion n'est qu'une façon d'assoir son pouvoir et d'amadouer voire en 2084 d'asservir le peuple.
Un très beau roman, où chaque page fait réfléchir.
Un petit bémol sur le personnage principal , autour de qui l'intrigue se noue avec un peun trop de facilités. Mais ce n'est vraiment pas l'essentiel
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Bienvenue en Abistan, ce pays qui a inventé une langue avec des mots de 2 syllabes maximum. Une langue qui emmène les hommes au combat dès la seconde leçon à l'armée.

Un pays qui maintient son peuple dans des banlieues sans contact les une avec les autres ; qui fait courir le bruit que les V lisent vos pensées.

Pourtant, Ati, simple mortel en sanatorium va se poser des questions sur son pays et découvrir, petit à petit, l'envers du décor. Même si il se refuse à croire qu'un autre monde est possible, certains pans du voile vont se lever devant lui.

Ati n'est pas un grand philosophe, c'est un simple quidam comme vous et moi, c'est ce que j'ai aimé dans ce personnage. Il découvre un autre visage de son pays comme un enfant découvre un pays étranger : de façon circonspect et pas toujours critique.

Ait n'a pas l'âme frondeuse, il veut seulement découvrir pour le plaisir de la découverte. Il n'est donc pas un élément véritablement subversif, mais sera au contraire utilisé dans une machination politique.

Pas de grandes dénonciations du totalitarisme religieux chez Boualem Sansaal, l'auteur est plus fin que cela qui donne à lire une atmosphère et une oppression. Pas de descriptions de lapidation dans le Stade, juste des allusions, car le lecteur sait à quoi cela fait référence.

J'avais découvert l'auteur avec « le village de l'allemand » que j'avais beaucoup aimé. L'auteur choisi ici encore un sujet difficile, confirmant ainsi tout le bien que je pense de lui.

L'image que je reteindrai :

Celle du mot que personne n'arrive à prononcer et qui est une menace diffuse : Democ, Dimoc…. allez savoir !
Lien : http://alexmotamots.wordpres..
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Les romans d'anticipation m'ont toujours laissé plutôt froide mais comme je voue une confiance sans borne à l'auteur je me suis laissée porter par les critiques dithyrambiques qui accompagnent le livre. Certes c'est un bon livre mais difficile à lire pour moi, un réel manque de fluidité dans l'expression et des personnages avec des noms si proches que je me perdais sans arrêt et au final peu de plaisir dans ma lecture.
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2084-La fin du monde, est un pamphlet, un récit utilisant la trame romanesque, et les rebondissements d'un conte pour éclairer le lecteur et le mettre face à des vérités désagréables et bien dérangeantes : par exemple, celle qui est énoncée en exergue du roman : « la religion fait peut-être aimer Dieu mais rien n'est plus fort qu'elle pour faire détester l'homme et haïr l'humanité. »
Le roman a pour cadre l'Abistan, un immense empire conquis autrefois sur les infidèles, les ennemis de la Foi .Le système de cette contrée repose sur la soumission à un dieu unique , Yölah, dont le prophète, Abi, est le délégué sur terre .Toute idée personnelle, toute pensée originale ou manifestant le moindre commencement de déviance y est bannie .L'écriture révérée est le Gkabul, dont les habitants de cet empire doivent s'imprégner sans cesse, le psalmodier à de nombreuses reprises dans la journée dans les mockbas, lieux de culte .Cet environnement doit rappeler quelque chose aux lecteurs contemporains mais Boualem Sansal dans sa préface nous avertit avec force humour et ironie : toute ressemblance avec une réalité existante est fortuite, le récit se déroulant dans un futur lointain naturellement sans rapport avec l'actualité.
La force de ce roman est qu'il démonte un par un les mécanismes qui conduisent au totalitarisme religieux et à l'obscurantisme, comme mode de conduite.

Cette mise en évidence se précise à mesure du déroulement de l'intrigue de départ : Ati, personnage central, met en doute les certitudes et dogmes imposés par cette société ; il entreprend de découvrir l'existence d'un peuple renégat qui vit dans les ghettos, sans l'aide de la religion .Il envisage également l'existence d'une frontière à l'Abistan, et par conséquent la possibilité d'un autre pays, d'une autre langue, d'autres moeurs …
Au départ, pour construire la servitude, on nomme l'ennemi, l'infidèle : « On parlait de la grande mécréante, on parlait de Makoufs, mot nouveau signifiant renégats invisibles et omniprésents. »
Un autre lien est mis en lumière « Quel meilleurs moyen que l'espoir et le merveilleux pour enchaîner les peuples à leurs croyances, car qui croit a peur et qui vapeur croit aveuglément. »
Au cours de son voyage, Ati interroge des individus, voit le doute grandir dans son esprit au point de faire un constat encore plus amer : « C'est en son sein qu'il avait découvert qu'il vivait dans un monde mort et c'était là au coeur du drame, au fond de la solitude, qu'il avait eu la vision bouleversante d'un autre monde, définitivement inaccessible. »
En arrivant dans un village, Ati rencontre Toz, personnage ambigu, dont le véritable rôle est mal défini : un provocateur, un mouchard, un lanceur d'alerte ? Ce dernier rappelle à Ati qu'autrefois, les habits étaient désignés par des termes fonctionnels, neutres, précis .On n'employait pas les vocables de burni, de burniquab, ces voiles qui cachent dans l'Abistan le corps des femmes ….

Boualem Sansal nous amuse, nous captive car il laisse dans le roman une grande place à l'humour et à l'ironie .Il dépeint également la pratique de l'Abilang, cette langue véhiculaire obligatoire dans cet empire de l'Abistan, dont les sonorités, le vocabulaire impliquent l'existence de ce monde uniformisé, aseptisé, oublieux de tout esprit critique .Le clin d'oeil à Orwell et à sa novlangue est manifeste mais 2084-La fin du monde, pourra être rangé à bon droit dans la catégorie des livres à citer dans la dénonciation de phénomènes très actuels et d'une actualité cruelle, brûlante …
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J'étais très intéressée par le sujet de cette dystopie, vue comme une réécriture, ou peut-être juste une inspiration, de 1984 d'Orwell. Ici Big Brother a été détrôné par Abi, chef religieux qui impose au monde entier un monde religieux où tout est codé et imposé par les règles qu'il a définies. La règle suprême est la soumission à la religion de ce pays sans frontière nommé Abistan. Tout le monde vit dans son quartier et la vie est rythmée par les prières, le travail quotidien et l'espérance de partir un jour en pélerinage.

J'ai apprécié l'exposition du décor et j'ai apprécié la quête et les aventures du personnage principal Ati. J'ai été sidérée par la mise en "cachot mental" de tout un peuple, l'auteur pousse loin sa thèse et c'est vraiment intéressant et effrayant.

Néanmoins j'ai laborieusement commencé ce roman. J'ai trouvé le style un peu scolaire et exigeant et je ne comprenais pas toujours tout ce que nous décrivait l'auteur: c'était confus dans ma tête.

Puis l'aventure prend le pas et j'ai enchaîné les pages.
et puis la fin m'a complètement perdue. J'ai vraiment le sentiment de n'avoir compris qu'un tiers des messages et des sous-entendus.

Bref, une lecture difficile et trop intelligente pour moi.
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L'auteur de ce roman à cherché à répondre à la question suivante : comment dénoncer le totalitarisme de l'islamisme radical de manière implicite (sans jamais la nommer) ?

Pourquoi avoir choisi l'islam ? Est-ce en raison des origines de l'auteur où est-ce parce que c'est la religion qui produirait le plus de radicalisme aujourd'hui ?

De manière générale, ce roman veut montrer avec quelle facilité une majorité d'humains peuvent être endoctrinés, qu'il s'agisse de religion ou d'autres choses.
Sans être radical, chacun doit se demander en quoi ce qu'il croit lui vient de l'extérieur, lui est imposé par sa culture, son éducation, son milieu.
Combien de croyants ont-ils réellement leur libre arbitre ?

L'écriture est parfois dense et pesante et certaines contradictions apparaissent. La fin est confuse (coulée par les nombreux personnages aux noms de trois lettres) on a du mal à cerner la position idéologique de chacun.

L'idée principale de l'auteur était de mélanger les idées puisées dans 1984 d'Orwell et de les adapter en y incluant des mots qui ressemblent à ceux de l'islam (Yölah, Mockba, guerre sainte,...). Est-ce suffisant pour faire un bon bouquin ?

Si l'objectif de ce roman est d'alerter sur le risque islamique, il m'apparaît trop peu crédible et trop peu accessible. Je ne comprends pas les récompenses obtenues par ce roman.

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Mis en quarantaine pour cause de tuberculose, Ati survit dans le terrifiant sanatorium du Sîn dans les confins lointains de l'Abistan, territoire où règne sans partage une religion unique où les croyants répètent en permanence : « Il n'y a de dieu que Yölah et Abi est son délégué. » Tout juste guéri, Ati, libéré, parcourt le pays et gagne la capitale, l'incomparable cité de Dieu, siège du pouvoir théocratique avec la Kiiba, la Grande Mockba et l'Abigouv, le tout-puissant gouvernement des croyants sur terre. Avec son nouvel ami Koa, ils explorent les bas-fonds, sont en butte aux terribles milices de la foi qui corrigent ou tuent déviants et autres mécréants et s'aperçoivent qu'en dépit des apparences lisses et unanimistes, certaines choses ne « collent pas ».
« 2084, la fin du monde » se veut un ouvrage de science-fiction, de pure imagination. Il est bien évident que ce n'est qu'un moyen détourné, une sorte de pamphlet pour décrire l'horreur d'un système totalitaire basé sur une religion unique régnant sans partage. Sansal a voulu imiter Orwell et faire avec l'islamisme, ce que son devancier fit avec le communisme. Même si le résultat n'est qu'un pâle reflet de celui du britannique, la ressemblance entre les deux dictatures est frappante. Mêmes méthodes de répression, de conditionnement des esprits, de gouvernement par la peur, de diffusion d'un obscurantisme assumé. Même pensée unique et même langage codé avec ses inversions de valeurs (« La guerre c'est la paix », « La liberté » c'est l'esclavage », « L'ignorance c'est la force » et quelques autres du même charmant tonneau). Bien que récompensé par un Grand prix du roman de l'Académie française, cet ouvrage ne semble pas mériter autant d'honneurs. L'intrigue est inexistante, sans grande consistance, les personnages manquent d'épaisseur et la narration a un côté caricatural assez agaçant ne serait-ce que par les noms qui ne diffèrent que d'une lettre ou d'une syllabe des originaux. Dans cette fable ou dans ce conte, l'auteur a surtout voulu exposer ses idées philosophiques, condamner sans appel toute forme de théocratie, malheureusement sans jamais délivrer le moindre message d'espoir. Dommage que tout cela soit insuffisant pour prétendre au chef-d'oeuvre.
Lien : http://www.bernardviallet.fr
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Très bon roman dénonçant les fanatismes, les sectarismes, les radicalisations et l'hypocrisie des idéologies. Ici idéologie religieuse, très emprunte de l'islam, qui ne sert qu'à asservir et contrôler les peuples et garantir les privilèges des élites. Boualem Sansal donne les pistes qui pourraient aboutir à un tel cauchemar : détruire le temps et l'espace et reconstruire un langage afin d'abolir la pensée. En Abistan il n'y a plus de passé, plus d'histoire, le peuple ne vit que dans un présent béat sans avenir. L'Abistan n'a plus de frontière, pas d'altérité, la population croit à un monde infini et uniforme, sur lequel règne le prophète Abi représentant de Yölah. Il n'y a plus de livre, le vocabulaire se réduit à des monosyllabes ce qui évite la pensée complexe.
Avec un cynisme froid, Boualem Sansal dénonce également l'hypocrisie et la tartufferie que représente ces systèmes idéologiques qui ne sont, en fait, que des outils de répressions des peuples pour assouvir et perpétuer la soif de pouvoir des élites.
Un roman qui apporte sa pierre à nous sensibiliser sur le seul bien que nous avons : la "Démoc"
Boualem Sansal, au travers du héros de ce roman, Ati, laisse un espoir de sursaut car tant qu'un homme, à partir de faits anodins, aura la capacité de réfléchir, penser, il pourra comprendre de nouveau le monde et vouloir le changer.
A noter l'excellente choix d'illustration de couverture de l'édition poche Folio (2017) qui résume parfaitement le roman.
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Déçue par cette dystopie qui aborde cependant des thèmes intéressants : la place de la religion, et en particulier d'une religion extrémiste dans une société, la place de la culture et de l'histoire (ou l'absence de culture...) dans une communauté. J'ai trouvé le roman lent et pas assez romanesque.
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