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sur 1336 notes
« 2084 : la fin du monde » de Boualem Sansal est une oeuvre dont on a beaucoup parlé, de par sa ressemblance revendiquée avec le roman de George Orwell, le très célèbre « 1984 » mais aussi du fait de sa résonance actuelle. Élu meilleur livre de l'année 2015, il m'était impensable de passer à côté de cette fiction dystopique qui a particulièrement déchainé les passions.

Dans un monde régi par la tyrannie et la religion, Ati, fonctionnaire ordinaire se remet difficilement de la tuberculose. Parqué dans un sanatorium lugubre au sommet d'une haute montagne, il souffre quotidiennement de l'ennui et de l'isolement. Ce séjour prolongé dans une ambiance fiévreuse va faire germer en lui des pensées jugées impures par les croyants, des idéaux de liberté et de rébellion. A son retour, il embrasse à nouveau une vie monotone rythmée par les 9 prières journalières, les dévotions à Yolah et à Abi, et son nouveau poste dans un ministère. Malgré une tranquillité apparente retrouvée, ses idées, qui font de lui un traitre à la patrie, ne l'ont pas quitté.

Débute alors un voyage initiatique pour cet homme et son ami, Koa, en quête de vérité et de savoir. le lecteur découvre, parfois en même temps qu'eux, un vaste monde capitonné, dévasté par la corruption, la dénonciation et la manipulation. On est projeté dans un système dictatorial fait de règles strictes, de contraintes et de soumission. On s'indigne pour les malheureux sacrifiés inutilement, contre la crédulité des masses ou encore la naïveté des deux protagonistes qui font confiance au premier venu. Pour autant, on parvient à s'attacher à ces deux hommes qui savent remettre en question leurs croyances et qui ils sont pour une juste cause.
La découverte de vielles reliques – une chaise longue, une table ou encore un tableau -symboles d'un passé qui nous fait étrangement penser à notre présent, fait de ce roman de science-fiction un véritable roman d'anticipation. En tant que lecteur, nous parvenons aisément à transposer leur réalité dans notre réalité. Hommage au roman de George Orwell, on retrouve clairement dans « 2084 » des échos de nos civilisations, notamment avec des références à peine dissimulées à L'Islam mais aussi à ses dérives.

Au départ, le récit manque de fluidité et parait trop verbeux, mais on rentre rapidement dans l'histoire et cette impression cesse dès la 2ème partie du roman. Il en devient finalement agréable à lire et nous plonge dans un monde intriguant. On regrette que la description de cette société ne soit pas plus poussée par moment. Assez court, ce roman nous permet de réfléchir sur des thèmes chers à nos démocraties mais pas assez longtemps à mon gout. Petit bémol donc pour une oeuvre qui reste instructive, imaginative et très bien construite.

Et n'oubliez pas, “Big Brother is watching you”.
Lien : http://www.chroniquesdurenar..
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Boualem Sansal, né en 1949 dans un petit village des monts de l'Ouarsenis, est un écrivain algérien d'expression française, principalement romancier mais aussi essayiste, censuré dans son pays d'origine à cause de sa position très critique envers le pouvoir en place. Il habite néanmoins toujours en Algérie, considérant que son pays a besoin des artistes pour ouvrir la voie à la paix et à la démocratie. Ses ouvrages, en France et en Allemagne particulièrement, ont reçu de nombreux prix. Son dernier roman, 2084 La fin du monde, vient de paraître.
L'Abistan est un immense empire, au coeur d'un désert, dont le système politique – en fait une dictature religieuse - est fondé sur l'amnésie et la soumission à un dieu unique. Toute pensée personnelle est interdite et un système de surveillance pointu permet de connaître les idées et les actes déviants. Officiellement, la population vit dans un bonheur serein. Un homme pourtant va s'interroger. Ati, le héros de ce roman, revenu dans la capitale après deux ans d'absence, exilé au loin pour soigner une tuberculose, a rencontré lors de son périlleux voyage, Nas, un ethnologue qui vient de découvrir un village antique parfaitement intact mais qui risque de remettre en cause les fondements de la religion dominante…
Le titre du roman n'est pas un clin d'oeil discret à celui de George Orwell (1984) mais une référence carrément assumée et complétée par différents éléments éparpillés dans le texte. Ici aussi nous avons, dans un avenir pas si lointain, une utopie qui vire au cauchemar. Boualem Sansal entend ainsi mettre en garde le lecteur en montrant les conséquences néfastes d'une idéologie ou d'une pratique religieuse radicale présente à notre époque. Pas une seule fois dans ce roman, vous ne lirez les termes : Coran, Allah et Mohamed son prophète, pourtant ils sont là partout présents mais sous d'autres noms, Gkabul, « Yölah le tout-puissant et Abi son Délégué ».
L'intrigue est assez complexe à suivre si on s'attache aux détails mais dans ses grandes lignes disons qu'Ati, poussé par une saine curiosité intellectuelle qui l'amène à penser qu'il y aurait une autre vie, hors des règles et des lois en vigueur en Abistan, va se retrouver impliqué dans une conspiration entre membres de l'élite gouvernante.
Le roman est magnifique, répondant parfaitement aux critères qualifiant un bon livre pour Bernard Pivot (notre maître à tous) que je cite approximativement de mémoire, « Une histoire, une écriture, une ambition ». J'ai rapidement évoqué le scénario, je ne manquerai pas de signaler la qualité de l'écriture qui joue sur une contradiction, une « douceur » dans la narration qui pourtant nous peint un monde épouvantable. Des mots choisis, un rythme empreint d'une certaine langueur, une écriture particulièrement travaillée qui s'accommodera assez mal d'une lecture dans le métro ou de ruptures trop fréquentes. Quant à l'ambition, elle n'est pas mince, puisqu'il s'agit de dénoncer les dérives et l'hypocrisie du radicalisme religieux qui menace les démocraties. Je ne vous fait pas un dessin.
Roman ou pamphlet, on y trouvera aussi une réflexion sur le lien croyant/croyance « le croyant doit continûment être maintenu en ce point où la soumission et la révolte sont dans un rapport amoureux » et sur la religion, « la religion s'appauvrit et perd de sa virulence si rien ne vient la malmener. » Enfin j'ai adoré cette idée romanesque d'un musée du XXème siècle qu'Ati aura l'occasion de visiter et vous avec lui, ce que je souhaite.
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Pontifiante et pédagogique fable post-apocalyptique théodictatoriale où les méchants manipulateurs sont riches et les pauvres moutons sont dociles.

Un seul les sauvera-t-il tous?

En plus c'est long...
Lien : http://noid.ch/2084-la-fin-d..
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Abandonné à la page 90 après bien des efforts mais je n'accroche pas au style et quant à cette histoire relevant de la science fiction ,j'y suis totalement imperméable, c'est une critique des extrêmes,de l'intégrisme religieux, oui mais cela n'a pas suffi pour que je sois " embarquée " dans ce drôle de monde .
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Intellectuellement, on ne peut qu'être d'accord avec le contenu de ce livre dénonçant le lavage de cerveau et l'asservissement des êtres et des peuples par le biais de religions rétrogrades et obscurantistes, qui interdisent toute réflexion ou tout esprit critique. La référence à George Orwell est une évidence, tant les processus mis en oeuvre sont ceux du totalitarisme: on se sait plus ce qui est vrai ou ce qui ne l'est pas, les mots n'ont plus de sens, l'idéologie dominante doit être présente dans chaque aspect de votre vie, même le plus anodin. Néanmoins, j'ai eu du mal à me passionner pour ce roman. Là où le 1984 de George Orwell était palpitant, angoissant, le 2084 de Boualem Sansal peine parfois à nous intéresser au sort de ses personnages. le début est un peu théorique. Bref, intéressant mais pas captivant.
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(Pardon d'avance si cet article est un peu long, car le roman du jour dialogue avec son ancêtre… C'est beau la littérature !). Comme vous l'imaginez, « 2084 » fait référence au chef d'oeuvre classique de Georges Orwell, le très célèbre « 1984 ». Pour comprendre « 2084 », il est donc conseillé de se rappeler que, dans « 1984 », Georges Orwell nous dressait non seulement le portrait d'une dictature, mais expliquait surtout au lecteur la manière totalitaire dont elle était parvenue à prendre le pouvoir et à le garder.


Ce roman, extrêmement pédagogique, visait à nous alerter sur le danger du totalitarisme* qui menace la démocratie et nos libertés individuelles, et à nous apprendre à reconnaître les symptômes pour réagir si cela devait arriver (*il ne s'agit pas seulement de contrôler l'activité des personnes, comme le ferait une dictature classique. le régime totalitaire va au-delà en tentant de s'immiscer jusque dans la sphère intime de la pensée, en imposant à tous les citoyens l'adhésion à une idéologie obligatoire, hors de laquelle ils sont considérés comme ennemis de la communauté).


Pour cela, Georges Orwell montrait le contrôle total de l'intégralité de la vie quotidienne des citoyens et de leur pensée, qui doit etre unique : Ils sont surveillés, leur vie est régentée par des principes rigides et des activités obligatoires, les nombreux interdits sont sévèrement sanctionnés, chaque habitant espionne et dénonce ses voisins pour être bien vu et sous peine d'être sanctionné ; L'histoire du pays est réécrite si nécessaire de manière à contrôler exactement l'information, les livres sont donc interdits et la propagande se charge d'effacer les mémoires un peu trop tenaces ; Enfin, toute liberté d'expression et même de pensée est abolie afin de tuer dans l'oeuf toute velléité d'opinion divergente et de rébellion. Big Brother est partout, et il vous entend même penser dans votre sommeil.


Ayant trouvé « 1984 » intéressant et pertinent, j'étais curieuse de découvrir « 2084 » qui semblait être son pendant actualisé, et appliqué aux craintes de notre monde actuel : La théocratie. On comprend dès le départ que, pour régner sur le long terme, celle-ci doit appliquer les mêmes principes que Big Brother pour contrôler ses sujets, éteignant leur intelligence.


Tout questionnement, curiosité, rêve, envie de comprendre, d'explorer le monde, etc… doit donc totalement disparaître et être remplacé par les prières pluriquotidiennes, l'apprentissage par coeur des versets du livre sacré mais aucune autre lecture, l'absence totale de moments libres qui inciteraient la pensée à voyager et s'interroger, bref : la soumission totale et aveugle aux préceptes d'un Dieu unique et de son Délégué et interprète.


Et, surtout, de sa milice hyper puissante qui sait tout grâce à son système d'inquisition et de délation sophistiqué. L'information étant contrôlée, personne ne soupçonne même l'existence de frontières ou même du concept d'un ailleurs qui serait possible et donc potentiellement plus beau et attractif. le pouvoir concentre l'attention de ses sujets sur un Ennemi commun : l'impur ou l'infidèle, que chacun doit traquer pour la tranquillité de tous.


« Titre 8, chapitre 42, versets 223 et 224 : Si vous pensez que vous n'avez pas d'ennemi, c'est que l'ennemi vous a écrasé et réduit à l'état d'esclave heureux de son joug. Vous feriez mieux de vous chercher des ennemis que de vous laisser aller à vous croire en paix avec vos voisins. »


Dans « 2084 », l'auteur insiste principalement sur le maintien d'une telle théocratie ; Mais nous savons, grâce à « 1984 » les moyens qui ont été utilisés pour en arriver là. C'est donc peu étonnés que nous pénétrons dans la vie du héros nommé Ati, un citoyen modèle qui ne s'est jamais posé de question sur sa vie insipide… Jusqu'au jour où, atteint d'une grave maladie, il est amené au sanatorium où sont soignés les malades. En ce lieu, il est plus difficile de contrôler les occupations des gens, laissant une porte ouverte au temps libre, aux récits de voyage, à la pensée, voire au rêve…


C'est ainsi qu'Ati, mis en position de penser par lui-même, en arrive à se questionner sur les disparitions mystérieuses de certains de ses acolytes, sur d'éventuelles frontières dont on entend parler parfois, sur ce qui l'a empêché d'y penser jusque-là comme la soumission, la croyance aveugle, etc… Et, aussi, la langue imposée par le pouvoir, qui a supprimé tous les mots non utiles à la croyance et qui pourraient aider à désigner des concepts interdits ! Après ce voyage, Ati ne parvient plus à faire semblant… Que lui arrivera-t-il alors ? Et que décidera-t-il de faire ?


« Voici un temps immémorial que l'esprit de jugement et de révolte a disparu de la terre, il a été éradiqué, ne reste flottant au-dessus des marécages que l'âme pourrie de la soumission et de l'intrigue… Les hommes sont des moutons endormis et doivent le rester, il ne faut pas les déranger… or voilà que dans le désert brûlé qu'est l'Abistan on découvre une petite racine de liberté qui pousse dans la tête fiévreuse d'un phtisique à bout de force, elle résiste au froid, à la solitude, à la peur abyssale des cimes et en peu de temps invente mille questions impies. Note que c'est cela l'important, la nature exubérante du doute et de son pendant, le questionnement, la remise en cause, ces questions que précisément tu posais autour de toi, de manière allusive ou muette mais parfaitement audible de ceux qui n'avaient jamais posé de questions et dont les oreilles vierges étaient hypersensibles, et toi qui questionnais à la ronde, des mots et des regards interrogateurs que les malades, les infirmiers, les pèlerins, les caravaniers et tous les écouteurs d'appoint ont entendus et rapportés et que le bureau des écoutes a consigné… sans oublier les V qui fouillaient ton cerveau jour et nuit… On ne l'arrache pas tout de suite, cette herbe folle, au contraire, on se passionne, on veut savoir ce qu'elle est, d'où elle vient et jusqu'où elle peut aller… »


*****

Vous l'aurez compris, « 2084 » est donc le pendant religieux et actualisé de « 1984 ». A mon sens, il est judicieux de lire « 1984 » au préalable. D'une part, parce que « 2084 » est truffé de références explicites mais aussi implicites à ce classique. D'autre part, parce que « 1984 » est beaucoup plus pédagogique que « 2084 » : Il explique plus en détail le mécanisme d'installation de la dictature et de la soumission de la population à une puissance supérieure (quelle qu'elle soit : militaire, religieuse, etc…), ce qui rend crédible, plausible et, de ce fait, préoccupant, ce phénomène de soumission totale et aveugle, plus ou moins forcé, plus ou moins accepté.


« Ils convinrent honnêtement que le grand malheur de l'Abistan était le Gkabul : il offrait à l'humanité la soumission à l'ignorance sanctifiée comme réponse à la violence intrinsèque du vide, et, poussant la servitude jusqu'à la négation de soi, l'autodestruction pure et simple, il lui refusait la révolte comme moyen de s'inventer un monde à sa mesure, qui à tout le moins viendrait la préserver de la folie ambiante.
La religion, c'est vraiment le remède qui tue. »


Cette pédagogie dans « 1984 » le rend plus abordable, même par des écoliers, et aide à comprendre pourquoi et comment le peuple d'Ati dans « 2084 » en est arrivé là, pourquoi Ati remet en place difficilement son processus de pensée, pourquoi il n'a pas accès à certains concepts qui nous paraissent évidents, etc… « 2084 » est moins accessible dans la mesure où, intervenant après, il prend certains raccourcis avec ce mécanisme même s'il le rappelle d'une autre façon, et même si l'auteur glisse quand même clairement certaines réflexions sur le gouvernement par la religion.


Je ne sais donc pas ce que vous pouvez penser de ce livre si vous n'avez pas lu « 1984 », mais personnellement j'ai bien aimé l'histoire et le processus de réflexion qu'Ati réapprend. le roman devient de plus en plus intéressant au fil des pages après que, les pensées d'Ati tournant en rond, il a décidé de passer à l'acte pour « savoir » par lui-même. L'auteur nous offre quelques belles idées en creusant le concept des strates de civilisations (j'ai particulièrement aimé le musée comme survivance du passé et moyen de se rebeller contre l'amnésie que veut imposer le pouvoir): Peut-on éradiquer le passé où transpire-t-il toujours pour ceux qui le cherchent ?


Je m'attendais à ce que l'histoire soit plus fouillée au niveau de la religion, mais le fait que l'auteur axe plus sur le contexte que sur le détail des règles religieuses le rend plus universel et aussi moins accusateur que ce que l'on a pu, par exemple, reprocher à HOUELLEBECQ à la sortie de « Soumission ».


En bref, une belle idée qui n'est ni un remake ni une suite ratée, mais un hommage ayant sa propre identité littéraire et qui vient compléter le volet traité par Georges Orwell. Une plume intelligente qui a obtenu le prix du roman De l'Académie Française 2015. A découvrir si vous aimez les dystopies et les réflexions sur le pouvoir et la pensée totalitaire.
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« Il s'était passé bien des choses depuis, il y avait eu des invasions et des Guerres saintes dont une, nucléaire, la mère de toutes les batailles, avait provoqué dans le monde le plus grand pullulement de bandits et de mutants de toute l'histoire humaine, il y avait eu des révolutions grandioses et des répressions titanesques qui avaient engendré des fous et des errants par millions, il y avait eu des famines et des épidémies planétaires qui avaient ruiné des régions entières et chassé devant elles des millions de miséreux, et il y avait eu un changement climatique de taille qui avait fait le reste, il avait bouleversé la géographie de la planète, plus rien n'était à sa place, les mers, les terres, les montagnes et les déserts avaient été tourneboulés comme ils ne l'avaient jamais été au cours des âges géologiques, et tout ça en une seule vie d'homme. »
Un beau programme à l'actif de l'Abistan, une dictature religieuse post-apocalyptique féroce et terrifiante ! Nous sommes en 2084 et l'existence n'a plus rien à voir avec notre monde encore (un peu) civilisé : guerre permanente, plus de frontières, exécutions publiques, langue unique et pauvre (l'Abilang), bouillie infâme pour unique nourriture, et partout la police et les mouchards… un vrai cauchemar que l'auteur décrit avec lyrisme et force détails pour dans… 50 ans !
Boualem Sansal ne fait pas dans la dentelle quand il veut prévenir des dangers du radicalisme religieux : déjà dans « le village de l'allemand », il alertait sur la puissance et les dangers de l'islamisme radical qui ravageait nos banlieues.
Cette fois, c'est le monde entier qui sera ravagé et soumis à la peste de l'Abistan, un pseudo-Daech, cependant jamais nommé.

De quoi faire froid dans le dos…
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Cet hommage à 1984 de George Orwell par l'un des romanciers les plus controversés (par les croyants) du monde arabe ne pourrait pas être plus opportun. Des événements réels ajoutent du pathétique à un roman protestataire qui explore la lâcheté et la tromperie exercées par les dirigeants totalitaires. Dans le futur proche de ce pays (l'Abistan) où l'histoire a été éradiquée et d'autres cultures interdites, Ati trouve des fissures dans le monde construit par le prophète Abi et les dirigeants, la Fraternité Juste. Lui et un ami, Koa, enquêtent sur la légitimité du gouvernement et de la religion. Ils découvrent une histoire de déportation massive, et des fragments d'un temps perdu - le temps actuel du lecteur -, ses langues et ses cultures, et un concept « fantomatique », « démoc ».L' Abistan emprunte des aspects à l'islam, mais rappelle des régimes oppressifs religieux et non religieux. le monde de Sansal vous semblera familier : il y a des "murs de séparation", d'autres cultures et religions sont interdites, et un leader totalitaire unit le peuple par la peur d'un "Ennemi" jamais défini.
2084 est le roman puissant d'un auteur courageux - il est toujours en Algérie - qui célèbre la résistance.
Lien : HTTP://HOLOPHERNES.OVER-BLOG..
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J'ai aimé ce roman même si il ne se lit pas avec facilité. Il faut une bonne dose de courage et de tact pour aborder un sujet qui, de nos jours, est de plus en plus sensible. C'est certainement la raison de ce texte légèrement alambiqué, une façon de ne pas dire les choses trop explicitement afin de ne pas s'attirer les foudres d'autorités religieuses qui seraient bien capables de balancer une fatwa!
Le monde d'avant 2084 n'exite plus, il a été rayé des cartes et des livres d'Histoire. C'était le monde des valeurs que nous partageons, celui des valeurs républicaines et démocrates, Liberté, Egalité, Fraternité...
Mais tout ça, c'est fini! Place à la pensée unique, place au dogme religieux. Soumettre l'espèce humaine ou l'anéantir. le monde de l'Abistan est un monde totalitaire que j'espère ne jamais avoir à connaître... mais attention! La bête est en gestation.
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Avec la lancinante redondance de l'Islam comme figure imposée du style, Boualem Sansal revisite Orwell en le transposant 100 ans après à une époque où le fanatisme religieux s'est emparé de la planète. Tout y est: Pensée unique, soumission aveugle, et surtout vérité historique imposée à la gloire du Prophète. Or, un homme va chercher à savoir s'il n'y a pas un avant et un ailleurs dans ce monde où l'unicité est reine. Un grand roman, fort maîtrisé, une originalité certaine, voilà qui en fait un favori du Goncourt et surtout du Grand Prix de l'Académie Française. Et un ennemi des divers ayatollahs!
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