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sur 1336 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
2084/ La Fin du Monde/ Boualem Sansal/ Grand Prix du Roman de l'Académie Française 2015. (Lu en novembre 2015)
C'est dans un monde terrible que nous plonge Boualem Sansal tout au long de ce roman qui nous interpelle particulièrement en ces périodes agitées par le terrorisme islamique issu d'un islam radicalisé. Au moment où Paris subit la plus grave attaque de barbarie de son histoire, ce livre fait acte de prophétie et sonne comme un avertissement aux agneaux que nous sommes.
Les maîtres mots en Abistan sont amnésie et soumission, un peu comme dans l'Angsoc de Big Brother du roman de George Orwell, 1984. Il n'y existe qu'un seul Dieu Yölah. La soumission est foi et la foi est vérité. La foi commence par la peur et se poursuit dans la soumission.
Sous l'empire de la pensée unique, mécroire est impensable. Tout est organisé et codifié de la naissance à la mort. Chaque individu possède un livret de la valeur, sa pièce d'identité morale. En cas d'infraction, le défaillant passe au Conseil de redressement et disparaît sans laisser de trace. Il est rayé des listes et des mémoires.
Le cri de guerre et la devise est : « Allons mourir pour vivre heureux. »
Pour éloigner les foules des villes et leur offrir une belle mort, de périlleux pèlerinages sont organisés en permanence.
2084, qui donne le titre de l'ouvrage, est la date fondatrice pour le pays sans que personne en Abistan ne sache bien pourquoi.
« Après la guerre qui a tout détruit et transformé radicalement l'histoire du monde, la misère a jeté des centaines de millions de malheureux sur les routes à travers les soixante provinces de l'empire… »
Ati, personnage principal rejoint sa ville, la capitale Qodsabad après une cure en sanatorium. Avec son ami Koa il va tenter de découvrir cette Frontière mythique dont on parle sans jamais l'avoir vue, lui petit fonctionnaire obscure qui ose penser hors des normes abistanaises.
Dans ce livre, Boualem Sansal fait montre d'une belle plume pour un sujet intéressant visant à dénoncer l'intolérance religieuse d'un autre âge qui sévit dans bon nombre de pays musulmans et menace la liberté de pensée.
C'est un livre essentiel en dépit de quelques passages un peu touffus et la difficulté de se souvenir de tous les noms qui n'ont que trois lettres. On peut aussi déplorer la pauvreté en dialogues et le peu de sentiments exprimés par Ati.
Un livre courageux et lucide de la part de cet écrivain d'origine algérienne : à lire pour comprendre la démarche des la dictature islamique.
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Bon, évidemment, on pense à 1984. Mais s'ai aimé commencer, j'ai eu du mal à poursuivre à mi-chemin. L'écriture est agréable, le personnage principal attachant. Ce n'est toutefois pas la qualité du livre que je retiendrai mais la lumière crue que Boualem Sansal jette sur la mécanique intime de la manipulation religieuse. Tous les ingrédients du contrôle des foules sont ici présents, soumis au fort grossissement, démontés comme les pièces d'une montre suisse. du début à la fin de ma lecture, je me suis souvent demandé, en comparant cet ouvrage aux Versets sataniques de Salman Rushdie, comment l'auteur avait pu échapper à une fatwa tant ses allégories sont aisément déchiffrables.
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On ne sait où, on ne sait quand. Deux dates incertaines et un État encore inexistant : c'est tout ce dont on dispose. Des yeux pour voir, et pour comprendre : ce sont ceux d'Ati, un fonctionnaire d'un quartier de l'immense ville de Qodsabab, et plus précisément d'un quartier de celle-ci, S21. Tuberculeux, Ati est envoyé dans un sanatorium aux confins d'un pays nommé Abistan. Lorsqu'il en revient, auréolé de la gloire de celui qui a guéri, Ati reprend d'abord le cours d'une apparence normale puis, assailli intellectuellement par des questions qui lui sont apparues durant son séjour au sanatorium, Ati essaie de comprendre ce qu'est l'Abistan, et donc sa vie : car l'Abistan est tout un monde dont les croyants sont autant le socle que les prisonniers. Au bout de sa quête, Ati n'entrevoit pas la fin du meilleur des mondes, ni la promesse d'un nouveau, à peine des fragments de liberté. 

Le roman est divisé en trois livres, chacun résumé en un court paragraphe qui annonce les péripéties à venir. Un épilogue, rapportant des articles officiels de l'Abistan, conclut le récit. 2084 est un roman essentiellement descriptif où le parcours du personnage principal, Ati, sert de prétexte à une visée documentaire sur un État totalitaire. Boualem Sansal ne met en scène que très peu d'action, et celle-ci se résume en trois axes bien définis : la vie et les réflexions d'Ati au sanatorium, le retour d'Ati dans son quartier et l'épopée d'Ati et de son compère, Koa, vers le saint des saints de l'Abistan, la Kiiba et l'Abigouv. de ce récit très descriptif, on pourrait dire qu'il manque de vie. La vie du peuple de l'Abistan, pour une très large partie, nous échappe. Mais peut-être cela provient d'une volonté de l'auteur de montrer que l'absence de vie est corrélative au régime politique en place. Partant, cette idée d'un régime si puissant qu'il annihile toute vie réelle est terriblement inquiétante.
 
À la différence du roman de George Orwell, auquel sont faites quelques références - l'Angsoc et sa novlangue est notamment cité comme puissance rivale -, 2084 décrit une théocratie qui utilise, plus que les moyens technologiques, des mécanismes de contrôle plus intimes encore, car fondés sur la religion. de fait, la religion est ici envisagée sous son aspect paradigmatique. En dehors de Yöllah et de son prophète Abi, point de salut ni même de vie. La religion définit tous les aspects de la vie sociale et politique. Les clans politiques - chacun à la tête d'un ministère, et tous regroupés au sein de la Juste Fraternité - en sont issus et la servent. L'organisation spatiale de la ville - divisée en quartiers rigoureusement hermétiques - ainsi que tous les aspects de la vie sociale - depuis l'examen mensuel des qualités religieuses jusqu'aux exécutions publiques des mécréants dans les stades en passant par l'organisation et la logistique des pèlerinages - obéit à une logique religieuse. le contrôle social s'appuie tant sur la délation, basse oeuvre des particuliers, que sur les contrôles effectués par différentes milices et, bien sûr, par le réseau des édifices religieux, appelés mockba. Les mécanismes de contrôle de la population utilisent des leviers connus par ailleurs, comme la définition d'ennemis communs (ainsi l'Ennemi, invisible et inconnu, qui agit pour le compte du Diable, appelé Balis). On voit ainsi opérer une logique manichéenne où les forces du Bien affrontent celles du Mal et où, surtout, l'existence proclamée - et non prouvée - d'un Mal absolu induit forcément que le pouvoir existant est le Bien. La parole, ici, s'accompagne aussi d'actes : les guerres, déclarées saintes par le gouvernement de l'Abistan, s'enchaînent sans que leur réalité ne soit prouvée. Un autre levier, déjà évoqué par George Orwell dans 1984, est le pouvoir du langage. La référence est explicite et assumée. Elle est particulièrement intéressante, car les mots vidés de leur sens, ou emplis d'un autre que le sens originel, vicient considérablement le débat, voire le rendent impossible. L'abilang, simplificatrice à l'extrême, conditionne les esprits à une simplification de la pensée. Ainsi le savoir, la culture (il n'y a aucun musée officiel en Abistan) et la pensée intellectuelle qui construisent d'ordinaire la liberté individuelle sont, ici, sont réduits à leur minimum. La langue officielle est réduite à son rôle de communication. Cependant, la religion à aussi ses propres pouvoirs, notamment celui de définir le temps. Privilège de l'Eglise au Moyen Âge, le monopole religieux sur le temps induit tant la maîtrise du calendrier religieux donc social de la société, mais aussi un certain déroutement pour les hommes et les femmes. le présent seul existe ; le futur, qui ne peut être déterminé, ne peut engendrer aucun espoir. Seul refuge pour Toz, un personnage que rencontre Ati lors de son voyage dans l'Abigouv, le passé, qu'il essaie de reconstituer à travers un musée et grâce à une position sociale favorisée. Si l'on comprend bien que la religion fondée sur le Gkabul - le livre sacré - n'est pas une réelle croyance religieuse, il s'agit bien là, sans doute, d'une faille du système. le roman nous en montre plusieurs. Paradoxalement, ce sont là des motifs d'inquiétude supplémentaires car, tout faillible qu'il soit, le système semble promis à durer presque éternellement. L'un des meilleurs connaisseurs de ces failles, le même Toz, est d'ailleurs très pessimiste quant à la fin prochaine de l'Abistan.

Tout d'abord, l'Abistan ne semble pas être une puissance universelle sur Terre. En son sein perdurent des enclaves où vivent, en dehors de toute religion, des renégats. Leurs origines sont mystérieuses. Tout juste sait-on qu'ils participent activement à la vie économique des Abistanais par l'existence de réseaux de contrebande et qu'ils jouent le rôle d'ennemis de l'intérieur. Ati, lui, soupçonne l'existence de puissances étrangères par delà les montagnes. Lors de son séjour au sanatorium, des caravanes avaient mystérieusement disparu et les gardes avaient été massacrés. Or, l'existence d'un État voisin contredit le message officiel d'un Abistan unique et universel. Elle offre aussi une porte de sortie, toute psychologique soit-elle. Au sein des foyers, des formes de résistance demeurent. Ce sont les langues anciennes qui continuent à être parlées ; ce sont les réseaux d'entraide qui continuent à être activés. Enfin, dans l'esprit de chaque individu, la graine de la religion ne trouve parfois pas à s'épanouir dans le respect du Gkabul. Cette spiritualité incomplète est elle aussi une faille. C'est parce qu'il croit vraiment qu'Ati doute et donc, au regard de la doctrine officielle, mécroit. Curieux paradoxe - mais ce n'est pas le seul dans le livre - où la théocratie est menacée par la vraie religion. Là est la différence considérable entre le fanatisme - qui ne supporte aucun doute - et la religion, où le doute nourrit la réflexion et donc la croyance. La faille réside peut-être enfin dans l'événement inattendu. La découverte d'un village - dont Ati à connaissance par l'archéologue responsable lui-même, un dénommé Nas - est cet événement. Alors que l'existence de ce village semble susceptible de remettre en cause les fondements  de l'Abistan, l'habileté politique des Honorables - les chefs de clans et vrais chefs politiques du pays - retourne cet événement en célébration politique d'Abi et en prétexte à une nouvelle guerre des clans. Derrière la couverture religieuse apparaît le machiavélisme politique. 

De ce voyage en Abistan, État à la géographie et à la superficie indéterminées, nous ressortons quelque peu désorientés. Ce livre se veut-il un avertissement pour l'avenir ? À lire avec attention le roman, on répond par l'affirmative. Par le vocabulaire (les mockbas et les mosquées, les makoufs et les kouffars ...), par les références (les neuf prières par jour, l'obligation de l'aumône, l'importance déterminante du pèlerinage), on comprend bien la familiarité de la religion du Gkabul avec l'islam. Toutefois, on aurait tort de ne se focaliser que sur l'identification du Gkabul à une seule religion. le thème, d'ailleurs, n'est pas tant la religion que le fanatisme. La différence est dans la spiritualité : le fanatisme n'en a que les atours, sans la profondeur ni l'intelligence. Étonnamment, ce roman annonciateur d'un avenir sombre contient aussi des sources d'espoir. On lit notamment que la révélation apparaît au prisme du voyage, qu'il soit temporel (au musée de Toz) ou spatial (le retour du sanatorium et le voyage à travers Qodsabad). Énième paradoxe au coeur d'une société immobile (géographiquement et socialement) et immuable, le voyage comme matérialisation de la curiosité peut donc nous donner de l'espoir. 2084 est encore loin.
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Les dommages collatéraux de la rentrée littéraire sur des lecteurs comme moi, simples consommateurs de littérature et non pas intellectuels lettrés, sont toujours intéressants. le Grand prix du roman de l'Académie Française, co-décerné à 2084 de Boualem Sansal, m'aura permis de découvrir cet auteur dont la biographie m'apprend pourtant qu'il est un écrivain algérien d'expression française des plus célèbres.

Le titre et le thème de ce roman ne sont pas sans rappeler 1984, le livre culte de l'auteur britannique George Orwell publié juste après la seconde guerre mondiale, et 2084 vient dépoussiérer ce genre de fiction en lui donnant des accents de modernité.

L'Abistan est un royaume immense tirant son nom de son intriguant mais tout puissant chef Abi, délégué sur terre de Yölah, image divine. Dans ce royaume aux limites géographiques floues, le peuple est soumis à une pensée unique, et opprimé par une armée de censeurs et de contrôleurs de la pensée, à qui rien ne semble échapper. Vivant dans une misère quasi médiévale, le peuple se soumet à la foi à grands renforts d'amnésie collective.

Agitant la peur de guerres terrifiantes et dévastatrices comme un épouvantail, le régime s'assure de l'adhésion de la masse à ses programmes totalitaires. Un jour pourtant, le doute va germer dans l'esprit d'Ati, un homme ordinaire de retour d'un sanatorium, lorsque du fond de sa mémoire brouillée le doux son de la liberté refera surface.

Commence alors pour Ati une enquête dans les quartiers populaires du royaume, à la recherche d'un certain Nas, qui pourrait bien lui apprendre quelques vérités sur les fables servies par le pouvoir. Dans sa quête de vérité, il va créer de nombreuses vagues et risquer plusieurs fois sa vie…

2084 est un roman surprenant, car bien qu'inspiré d'une vieille fiction totalitaire, il se révèle d'une incroyable modernité, et l'on peut librement transposer cette caricature à des régimes religieux orientaux malheureusement bien réels. Dans les démocraties, le roman prête à sourire, car il agite une peur lointaine ; on imagine un accueil tout autre dans les pays moins regardants sur les libertés civiles et religieuses. C'est un roman très fort, qui pousse à aimer les libertés, et qui mérite amplement d'être lu pour la réflexion qu'il amène chez le lecteur.
Lien : https://www.hql.fr/2084-boua..
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la plongée dans un monde dominé par une religion est très bien décrite . Quelques lourdeurs malgré tout dans l'intrigue . A lire comme un avertissement, vers à un monde qui nous guette.
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Christine, je veux te remercier de m'avoir permis de découvrir ce livre. Souviens-toi : quand je t'ai dit que je travaillais à un roman dont le titre pourrait être 2084, tu m'as répondu que celui-ci avait déjà été utilisé. Quelques clics sur mon smartphone plus tard, je trouvai ce 2084-La fin du monde de Boualem Sansal, que je m'empressai de commander à ma libraire préférée.
C'est ainsi que j'ai découvert l'Abistan, son dieu Yölah et son fondateur Abi, son histoire faite de guerres de religion toujours victorieuses contre le diable Balis et ses inféodés et ayant officiellement conduit à la disparition de tous les opposants. J'y ai rencontré Ati qui, guéri d'une grave maladie, quitte le sanatorium aux confins du pays pour rentrer chez lui, dans la tentaculaire capitale Qodsabad. Un voyage qui durera une année, lui fera rencontrer l'archéologue Nas, de nombreux pèlerins et marchants, et ... beaucoup de questions ! de retour chez lui, ATI et son ami Koa qui partage ses interrogations décident de retrouver Nas pour confirmer que la découverte récente des ruines d'un village est bien de nature à remettre en cause l'histoire officielle du pays...

C'est à un voyage en Absurdie que nous convie l'auteur. 2084, c'est la fin du "monde ancien", le nôtre, et le début d'un "nouveau monde", un monde dont l'histoire ne remonte pas au delà de cette année, un monde façonné par la dictature et le fanatisme religieux, où toute trace de progrès a quasi disparu, où la vérité est temporaire et l'histoire récrite aussi souvent que nécessaire, où la population est tenue dans l'ignorance la plus totale, où la langue a été simplifiée à l'extrême pour éliminer tous les concepts dérangeants pour la caste dirigeante... En ce sens, il y a bien une filiation entre le 1984 de George Orwell et ce 2084 : la haute technologie qui permet d'asservir le peuple dans le premier est remplacée par l'ignorance, la croyance en un être suprême et en son messager et la pauvreté dans le second.
Dans ce monde-là, Ati et Koa n'auraient jamais du se poser les questions qui taraudent leur esprit ; cette idée même est répréhensible ! Pourtant, faisant preuve d'ingéniosité pour échapper aux multiples contrôles, ils prendront la route pour se rapprocher des lieux de pouvoir et trouver, pensent-ils, auprès de l'archéologue Nas, sinon des réponses, au moins la confirmation de la pertinence de leurs questions.
Boualem Sansal met à profit ce récit, où l'absurde et le burlesque se côtoient en permanence, pour explorer les diverses facettes de l'âme humaine placée face à la violence dictatoriale et à l'intolérance religieuse. Il y a ceux, les plus nombreux, qui obéissent servilement en évitant de réfléchir, ceux qui espèrent quelque privilège en participant à la surveillance et à la dénonciation, ceux qui sont proches du pouvoir et sont prêts à tout pour conserver leur situation, même à comploter pour grimper quelques marches de plus dans les hiérarchies, et puis il y a ceux, peu nombreux, qui essaient de comprendre et dont on ne sait s'ils seront in fine écrasés.
Et bien sûr, on ne peut éviter de se poser la question : et si certains fanatismes religieux d'aujourd'hui prenaient demain l'ascendant sur nos sociétés ?
Je sais, Christine, tu vas me demander pourquoi je n'ai mis à ce livre qu'une note de 4 sur 5. Je ne sais pas si Boualem Sansal l'a fait délibérément, mais il oppose à la pauvreté culturelle de l'Abistan la grande richesse de son écriture. Mais il en fait peut-être un peu trop, et le roman devient difficile d'accès, la lecture manque de fluidité, et c'est vraiment dommage...

Pour conclure, je voudrais partager avec toi deux extraits du livre, qui me paraissent tout à fait représentatifs :

"On ne disait pas par là qu'ils étaient têtus comme des pierres, on se voulait respectueux, on donnait seulement à entendre que les pierres étaient plu raisonnables qu'eux."

"La dictature n'a nul besoin d'apprendre, elle sait naturellement tout ce qu'elle doit savoir et n'a guère besoin de motif pour sévir, elle frappe au hasard, c'est là qu'est sa force, qui maximise la terreur qu'elle inspire et le respect qu'elle recueille. C'est toujours après coup que les dictateurs instruisent leurs procès, quand le condamné par avance avoue son crime et se montre reconnaissant envers son exécuteur."

Cette chronique est dédiée à Christie Z., qui se reconnaîtra
Lien : http://michelgiraud.fr/2020/..
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Caustique à souhait

1984 revisité ? Alléchant. Malgré tout, j'en ai pris mes distances assez rapidement. Inspiré bien sûr, mais c'est véritablement une création que Boualem Sansal nous propose ici.

Tout au long du roman, j'ai gardé en mémoire son avertissement : "Dormez tranquilles, bonne gens, tout est parfaitement faux et le reste est sous contrôle". J'adore !

J'ai foncé tête baissée dans ce roman, avec beaucoup d'attentes. Or, mes ardeurs ont rapidement été calmées. J'ai même craint, au tout début, que le récit ne flirte de trop près avec la philo soporifique de "L'alchimiste" de Coelho. Et bien pas du tout !

Bien sûr, pas de retournement de situation ici, ni de tension, ni de fin de chapitres tenant en haleine jusqu'à la page suivante. C'est une histoire qui débute de façon posée, reposante presque. On se croirait dans un sanatorium, c'est dire ! Puis ça déroule.

C'est une critique, que dis-je, un réquisitoire ! mais tout en finesse. Il faut admettre, malgré tout, que lorsque l'on est personnellement hermétique à la notion de religiosité, le roman nous fait jubiler. Les modernistes sans doute un peu moins et les intégristes pas du tout. Sauf qu'au final, l'intégrisme existe t-il ? Ce n'est ni plus ni moins qu'un peuple et son culte ! Au-delà ? Rien. Les confins du culte. Point. Aduler ou mourir. En substance, c'est incontestable et non répréhensible.

Merci pour cette lecture !
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Le monde est devenu islamique (radical), le passé est rayé des pensées, la langue s'appauvrit(comme la novlangue de 1984), ce roman décrit un monde effrayant qu'on ne souhaite pas voir apparaître.
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Inspiré du "1984" de George Orwell, Boualem Sansal nous entraîne, avec son "2084", dans un monde post apocalyptique totalitaire, où tout est religion (elle n'est pas citée, mais on pense tout de suite à l'islam...).
Le héros, lors d'un arrêt forcé dans un sanatorium, peut s'arrêter quelques mois et commencer à penser... Alors il peut aussi commencer à douter, la paradis ne serait-il pas en fait l'enfer ?

L'auteur, dans un texte dense, bien écrit et enivrant, nous emmène dans une réflexion sur le totalitarisme religieux, glaçant!
Une narration très bien menée, avec très peu de dialogues, prenante et haletante.

Une belle découverte que je recommande sans réserve...
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Sorte de suite de 1984.,,
Bienvenue dans un nouvel univers totalitariste et de fin du monde.
Une fois rentré dans le roman vous ne pourrez que le finir pour en connaître la fin !
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