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Ce livre est imparfait mais saisissant ! J'en recommande totalement la lecture.

Il use des mots comme le peintre des couleurs pour pénétrer jusqu'au coeur nu des hommes dans le palpitant des viscères et des entrailles. Sa palette funèbre se joue entre l'éclat et l'obscur. Sexe, plaisir, ombres, obscénité, honte, pulsion, profanation se déploient sous un soleil sans merci.
En écrivant ces quelques lignes, je pense à "Soudain l'été dernier" le film de Joseph L. Mankiewicz d'après Tennessee Williams. Les contextes sont totalement différentes. le livre de Mohamed Mbougar Sarr se déroule de nos jours au Sénégal, à Dakar, tandis que l'intrigue du film prend place en Louisiane. Et pourtant il me semble que ces deux oeuvres correspondent en explorant le lien indéfectible qui lient tous les hommes en humanité, ainsi exprimé par l'auteur : "... l'humanité d'un homme ne fait plus de doute dès lors qu'il entre dans le cercle de la violence."
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Ce roman est une étoile. Une parmi les milliers qui scintillent dans le ciel littéraire africain, une comète qui rayonne encore (et pour longtemps) dans mon coeur, un astre qui brille et donne, en un battement de cil, un cap, un regard sur le monde, un regard sur l'Autre.

C'est une écriture précise, poétique et politique, qui magnifie la langue en allant à l'essentiel dans un mouvement de grâce infini. C'est de l'intelligence à l'état pur, de la grande littérature, une attention et une compréhension infinie des hommes, un roman terriblement humain et bouleversant somme toute.

C'est un livre passionnant aussi, dont on dévore les 190 pages en quelques heures, un peu plus si l'on aime à goûter la langue et se réjouir intérieurement (ou pas, d'ailleurs) de telle ou telle page sublime ; c'est un très bel objet aussi, doté d'une photographie de couverture lumineuse et troublante.

J'ai entendu parler de ce roman dans une émission de France Culture, la semaine passée : Droits LGBT+, de l'intime au politique. de Dakar à Pretoria, sortir de l'homophobie d'état. Passionnée par le sujet, que je savais épidermique et complexe de par mes voyages en Afrique, j'ai couru à la librairie pour me procurer ledit roman et quelle n'a pas été ma surprise de découvrir un très bel objet, superbement édité, extrêmement agréable, que je me suis empressée d'entamer confortablement installée sur un banc, au bord du Lac, ma chienne à mes pieds, alors qu'un rayon de soleil se plaisait à me lécher le visage. Bref, notre rencontre (celle de de purs hommes et moi) a commencé sous les meilleurs hospices. Elle s'est terminée hier soir, sur une terrasse d'un joli café de Vevey, le coeur serré et battant la chamade, le regard un peu humide, le cerveau en feu.

Tout commence par une vidéo, devenue virale sur internet, partagée sous le manteau par le tout Dakar : un groupe d'hommes, fous furieux, creusent une tombe et en sortent le cadavre. C'est celui d'un jeune homme, supposément homosexuel (gòor jigéen, un homme-femme en wolof) décédé quelques jours plus tôt. Nombreux sont ceux qui considèrent qu'il ne peut pas être enterré dans un cimetière musulman, car l'homosexualité est une honte, un crime, le plus grand des pêchers.

Ndéné Gueye, professeur de Lettres déçu par l'enseignement et l'hypocrisie morale de sa société, n'a d'abord pas d'avis réellement tranché sur le sort réservé à cet homme post-mortem. Il affiche même une homophobie bon teint qui scandalise sa maîtresse, la belle Rama, sauvage, libre et superbement bisexuelle. Progressivement cependant, la vidéo fait son chemin sous le crâne de Ndéné, elle devient même une obsession. Qui était cet homme ? Pourquoi a-t-on exhumé son corps ? Compulsivement, sans trop bien comprendre son soudain attachement pour ledit gòor jigéen, Ndéné se lance à la recherche de son identité, de son passé, de sa famille. Mais autour de lui, dans le milieu universitaire comme au sein de la sphère familiale, les suspicions et les rumeurs vont bon train.

Le sujet est bouleversant. L'écriture de Mohamed Mbougar Sarr fiévreuse, empressée et poétique, les rebondissements pleuvent, la recherche de Ndéné est palpitante. Une seule grande question se pose pour lui: comment trouver le courage d'être pleinement soi, sans trahir ni se mentir, et quel qu'en soit le prix ?

Ndéné cherche à comprendre pourquoi les homosexuels sont ainsi traités, d'où vient cette haine viscérale. La religion n'explique pas tout. On lui affirme que l'homosexualité n'existait pas en Afrique, que c'est un truc de Blancs, amené avec la colonisation. On lui dit que l'on tolère (et encore !) l'homosexualité lorsqu'elle est discrète, mais que les « pédés exubérants » sont à bannir, à enfermer, à tuer. Il existe pourtant au Sénégal de vieilles traditions mettant en scène, au cours de danses lascives et suggestives, des hommes travestis. Bref, c'est toute l'ambiguïté de l'Afrique face à l'homosexualité que Mohamed Mbougar Sarr interroge et explore, au-delà même de la question de l'identité masculine.

Il porte une superbe attention aux individus et à leurs contradictions, à leurs rêves, leurs tourments, leur infinie violence, leur grandeur. C'est bien d'Humanité qu'il s'agit, dans ce qu'elle a de pire (intolérance, fanatisme) et de meilleur, dans toute sa fragilité, son besoin d'écoute, de transcendance, de solitude. Grand plaisir de lecture donc, tant sur le plan intellectuel que littéraire, que je recommande absolument.
Lien : http://www.mespetiteschroniq..
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L'homophobie se porte apparemment très bien au Sénégal et le narrateur n'a jamais remis ce fait en question. C'est culturel, c'est religieux, c'est tout ce que vous voulez et il ne voit pas en quoi ça changerait. Et puis voilà qu'une vidéo amateur, montrant une foule exhumant le cadavre d'un malheureux soupçonné d'être homosexuel pour jeter le corps hors du cimetière, l'amène à se poser des questions, sans trop savoir pourquoi. Ses années d'études en Europe? La simple humanité? Et qui était cet homme dont même dans la mort les gens refusent le repos? Et l'histoire du Sénégal, que vient-elle faire là dedans? La colonisation a-t-elle réellement amené l'homosexualité sur place, ou est-ce une idée idiote colportée par les homophobes rêvant d'un âge d'or qui n'a jamais existé?

Le début et le milieu sont prenants, la fin souffre un petit peu d'une baisse de régime où l'écriture parfois se laisse aller à s'écouter, mais c'est tout de même un très bon roman, qui me donne envie de voir ce que l'auteur a déjà publié, ou publiera d'autre!
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Dans les pas des jeunes profs de fac désabusés et détachés qui commence à se poser des questions sur le rapport de sa société à l’homosexualité. Le simple fait de se poser la question bouleverse sa vie...
Excellent !
Excellent.
Mohamed Mbougar Sarr fait preuve d'intelligence dans sa façon de parler de l'homosexualité au Sénégal, sans tomber dans le pathos ni dans le donneur de leçon. Le texte est superbement écris, de nombreux dialogues bien menés.


https://www.youtube.com/watch?v=5IZHu1zlIts&t=148s
Lien : http://www.loumeto.com/mes-l..
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Mon premier coup de cette année.
Ce court roman est magnifique!
L'écriture de ce jeune écrivain est sublime, féroce, sensuelle.
Tout commence par un fait divers réel : une vidéo virale montrant un homme mort déterré sur lequel une foule s'acharne, car supposé homosexuel.
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J'ai découvert ce roman après avoir lu "LA PLUS SECRETE MEMOIRE DES HOMMES", prix Goncourt 2021, que j'avais moins apprécié.
Ici, Mohamed MBOUGAR SARR s'intéresse à la condition cruelle et souvent dramatique des personnes homosexuelles vivant au Sénégal, où cela reste interdit et puni par la loi.
Le sujet est vraiment tabou dans le pays et l'homophobie très présente.
La description de la stigmatisation subie par toute personne considérée comme homosexuelle (que cela soit vrai ou pas) est poignante et les violences psychologiques et physiques perpétrées par une partie de la population, comme aller déterrer le cadavre d'un homme supposément gay et lui refuser une tombe digne de ce nom, sont terriblement marquantes.
Un livre particulièrement percutant, dont on se souvient longtemps.
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Je ne mets pas 5 étoiles parce que TOUT était très bien écrit, un francais magnifique, un style maitrisé, mais la fin, je l'ai trouvée un peu baclée. Toutefois je recommande vivement ce bel auteur. Ca fait plaisir !
Plus en détail, on rentre vraiment dans l'athmosphère, on baigne dans un autre monde. On comprend une autre culture. c'est merveilleux, j'ai adoré ce voyage et ce grand auteur dont je vais acheter le Prix Goncourt ajdhui je pense !

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Ndéné Gueye, un jeune professeur de lettres à l'université au Sénégal, est touché par une vidéo virale où l'on voit comment un cadavre est déterré et traîné par la foule parce qu'il s'agit d'un homosexuel. Ndéné va être obsédé par cette histoire, et sa recherche de cet homme va faire naître des rumeurs.
Un roman bouleversant qui touche au coeur. Mbougar Sarr sait créer un roman intelligent et riche en aspects sociétaux dans une langue merveilleuse et bien soignée. Il s'agit d'une lecture exigeante, mais qui reste accessible.
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Il aura sans aucun doute fallu beaucoup de courage, de recherche et d'audace de la part de l'auteur pour pouvoir nous écrire ce récit. Littérature puissante. J'ai immédiatement commandé son prochain roman.
De purs hommes
Mohamed Mbougar Sarr










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Quelle que soit votre opinion sur l'homosexualité, de purs hommes a quelque chose de bouleversant. On ne peut que s'émouvoir en sachant que le fait divers qui ouvre le roman est un fait réel. La douleur de la mère qui perd son enfant unique en pareille circonstance ne laisse pas indifférent. Et en même temps, on a du mal à comprendre cette société qui affirme fièrement son homophobie mais qui tolère ces goorjigeen* quand ils divertissent lors des folles soirées de Sabar.

Si on se penche sur la question de l'homosexualité au Sénégal, peut-on affirmer sans se tromper qu'il s'agit d'une pratique venue de l'homme blanc avec la colonisation ? Doit-on affirmer ses convictions même si cela implique d'être mis au banc de la société ? En vivant dans une société homophobe, quelle est la bonne attitude à adopter face à une connaissance homosexuelle ? L'auteur invite à toutes ces réflexions et bien plus encore.

Homosexualité, homophobie, intolérance, hypocrisie, cruauté, quête existentielle, ces ingrédients ont-ils de quoi produire une oeuvre littéraire remarquable ? Quand on s'appelle Mohamed Mbougar Sarr et qu'on possède une écriture aussi puissante, définitivement oui. du début jusqu'à la fin, je ne pouvais m'empêcher de m'inquiéter pour ce héros anticonformiste qui, alors que « tout le monde ici est prêt à tuer pour être apôtre du bien », se dit « prêt à mourir pour être la seule figure encore possible du mal ».

J'ai découvert Mbougar Sarr en lisant Terre ceinte, et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il ne choisit pas des thèmes faciles. Cela dit, avec son écriture captivante et son sens du détail, il sait retenir l'attention du lecteur du début à la fin.
Lien : https://reves.mondoblog.org/..
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