De purs hommes

Après La plus secrète mémoire des hommes, j'ai voulu prolonger le plaisir de cette plume si acérée et poétique à la fois.
De purs hommes se lit presque d'une traite et nous emmène cette fois-ci au Sénégal. On y retrouve, comme pour La plus secrète mémoire des hommes, un narrateur cultivé, poète et esthète, un brin rêveur et désabusé qui nous partage ses pensées.
Professeur d'université qui se consacre davantage à Verlaine qu'à la société sénégalaise dans laquelle il évolue, le réel vient pourtant se fracasser à ses pieds lorsque son amante lui montre la vidéo d'un homme exhumé de sa tombe en raison de son homosexualité.
Ainsi se déploie dans ce court roman toutes les contradictions d'un personnage : il ne se sent pas concerné mais il reste finalement obnubilé par cette violence inouïe et progressivement, alors qu'il est plutôt conservateur sur la question, il va "plonger en lui-même" pour défaire son opinion sur le sujet et se mettre à réellement réfléchir.
Comme pour La plus secrète mémoire des hommes, je ne peux que souligner la force de ses mots, la poésie de sa plume et la beauté de ses tournures. le tout se mêlant de surcroît à des réflexions sociétales (insolubles mais passionnantes : quel héritage de la colonisation au Sénégal, quelle place pour la littérature française dans un pays qui se défie de l'ancien colonisateur ? )
Bref, une pépite !

Ce court texte est une déferlante froide : son style ample et précis s'y déploie, avec ces mot qui tombent en fin de paragraphe pour électriser la lecture en changeant le registre : un peu de vulgarité dans un texte érudit ne nuit pas !

Dans le silence qu'il fait autour de moi, Mohamed Mbougar Sarr maîtrise la formule pour descendre au plus profond des émotions : l'amour, le sexe, la mort, la religion, la condition des homosexuels au Sénégal, son pays natal.

L'histoire est déchirante, et son point de bascule n'a rien d'inattendu ou de soudain.
Il est au contraire le fruit d'un processus à maturation lente, une désagrégation.

Les doutes intimes et le parcours de l'existence percutent la société, ses coutumes, ses rites dans tout ce qu'elle a d'ambiguë ou même d'hypocrite.

Qui, alors, pour remettre en question cette inertie glaçante ?
Qui pour ouvrir des portes, pour briser le carcan ?
Qui pour expier la violence de l'intolérance ?
Qui pour la liberté ?

Lien : https://pecayral.fr/de-purs-..

Je n'ai pas lâché ce livre, dont le style et le rythme m'ont vraiment impressionnée, et bouleversée. Vivant au Sénégal, le livre et l'auteur m'ont aidé à mieux comprendre et appréhender ce sujet, réellement difficile à aborder dans cette société... Un immense bravo à Mohamed Mbougar Sarr, dont je salue le courage pour s'être lancé sur cette thématique, mais aussi pour son écriture magnifique.

COMME ILS DISENT...

▶️Cela commence par une vidéo qui devient virale sur les réseaux sociaux : on y voit une foule déterrer le cadavre d'un homme et le traîner hors du cimetière, parce que c'est un “góor-jigéen” - un homosexuel
▶️Ndéné Gueye, jeune professeur de littérature à l'université de Dakar, issu d'un milieu traditionaliste (son père est Imam) mais entretenant un rapport distancié à sa propre culture et vis-à-vis de la religion, enseignant à ses étudiants Verlaine au mépris des consignes du Ministère de l'éducation - Ndéné va chercher à savoir qui était cet homme, connaître sa famille et vouloir comprendre d'où vient cette haine et cette violence à l'égard des «góor-jigéen »...
▶️...Son père, lui en donne la raison : «si une minorité menace la cohésion et l'ordre moral de notre société, elle doit disparaître. Au moins, elle doit être réduite au silence, par tous les moyens »...« on ne veut pas des homosexuels , c'est tout. On n'a pas forcément besoin de savoir pourquoi. L'humanisme ne sert à rien ici. On lui préfère une conviction plus forte encore : la foi. »
▶️Quête existentielle d'un jeune professeur sénégalais pétri de culture française, c'est avant tout une réflexion profonde et une analyse fouillée sur les valeurs qui fondent une société ; ni charge contre une société conservatrice et intolérante, ni discours militant en faveur de la communauté gay, c'est davantage une mise en perspective d'une culture dans laquelle la religion cimente la cohésion sociale au regard des valeurs universalistes occidentales, et c'est aussi une réflexion profonde sur la nécessité d'être soi...
▶️Un roman courageux sur un sujet tabou - une écriture d'une grande maîtrisée, crue, sensuelle aussi - un roman de haute volée, très fort et un coup de coeur !..

Le résumé m'a interpelé. Je me suis fais la remarque que c'était un thème peu souvent abordé que ce thème de l'homosexualité en Afrique.
Mais je n'ai jamais réellement réussi à entrer dans ce livre, avant tout à cause du style de l'auteur, qui malgré quelques belles inspirations, notamment sur la fin, ne m'a pas embarqué.
Une lecture qui me marquera plus par le thème que le style au final.

j'ai commencé par être déçu…
Non ce n'est pas un livre d'évasion comme j'aime… tout le contraire, le livre ramène les pieds sur terre en poussant la réflexion sur des questions existentielles : mes convictions sont elles réellement miennes ou est ce l'héritage de la société ? La religion? L'éducation ?
À quel niveau le regard des gens nous éloigne de notre véritable identité?

…et pleins d'autres points philosophiques. @mbougarsarr nous pousse page après page à découvrir les profondeurs de nos combats inavoués. Nous, « des purs hommes ». Et j'ai fini par me prendre au jeu ou plutôt à l'intelligence avéré de notre auteur !

J'ai particulièrement aimé les belles phrases de l'auteur qui font des belles citations qui reste dans la tête.

📚 Début de l'histoire : Au Sénégal, Ndéné Gueye, professeur de littérature à l'université, un brin (euphémisme) désabusé, tombe sur une vidéo, devenue virale, qui montre une foule revendicative et haineuse déterrer un cadavre. Une seule explication possible : l'homme est homosexuel et, à ce titre là, son enterrement dans un cimetière est impossible.
🖊️ Premier livre de Mohamed Mbougar Sarr que je lis, lui qui a obtenu le prix Goncourt en 2021 pour un autre de ses romans.
🖊️ le fil conducteur de l'histoire est très intéressant : comment ce personnage peut-il concilier ses convictions personnelles, son propre système de valeurs avec celles du pays où il vit ? le personnage principal est un jeune universitaire perdu entre ce qu'il considère être sa mission d'enseignant et ce qu'on lui demande de faire. Que Verlaine puisse être censuré au seul titre de ses moeurs le révulse.
🖊️ Ce texte a aussi l'intérêt de montrer, assez froidement, l'état de la situation des homosexuels au Sénégal. Les réflexions de certains personnages nous aident à bien le saisir.
🖊️ le style d'écriture est sec, précis, nerveux, l'histoire va vite, pas de temps perdu. le texte ressemblerait à un thriller, il va vite, un peu trop vite, peut-être. Je n'ai pas eu le temps de m'attacher à ce personnage.
📝 Un livre intéressant par ce qu'il raconte. Mais il me laisse un goût mitigé quant à la façon de faire exister les personnages. Faites-vous votre avis si vous ne l'avez pas encore lu. Ce ne sera pas du temps perdu.
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J'ai adoré et dévoré ce livre. J'ai dans ma liste des livres à lire celui du prix Goncourt De ce même auteur mais j'avais envie de commencer par celui-ci qui avait été présenté il me semble dans l'émission de la grande librairie.
La dureté de la vie d'une personne homosexuelle dans ce pays est racontée de façon simple. Je me suis attaché au personnage de Ndéné tout au long du livre en l'imaginant, me comparant à lui en me posant les questions si moi aussi j'aurais dit ça ou faut ça … bravo l'auteur !

Mbougar Sarr aborde la difficile question de l'homophobie au Sénégal. Il n'est pas tendre avec sa propre culture, en dénonçant ses intolérances avec lucidité et courage, sans jamais tomber dans une attaque moralisatrice. Son écriture flamboyante et poétique décrit magnifiquement les effets de foule, devant laquelle l'individu est impuissant, le poids de la religion et des dogmes, la nécessité d'utiliser les bons mots pour s'en détacher et développer sa pensée, qu'elle soit personnelle ou collective. C'est un auteur brillant, et j'ai déjà envie de lire le reste.

Un livre qui rappelle ( parce qu'on oublie assez vite ) la bêtise et toute la violence de l'homme. La religion qui sert encore de justification à un barbarisme qui ne devrait plus exister, l'étroitesse d'esprit des gens qui se disent vertueux…. et le tout d'une actualité qui fait froid dans le dos.