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Dans un pays où l'homosexualité est considérée par beaucoup comme une maladie, une perversion, et est un délit puni par des peines d'emprisonnement, publier un roman qui aborde la souffrance humaine entrainé par ce regard de la société, est très méritant.
Ndène, le protagoniste, souligne, dès les premières pages son hétérosexualité, son attirance pour les femmes - on peut s'interroger s'il ne s'agit pas là d'une protection élaborée par l'auteur. Or son amie, Rama qui est bisexuelle, lui montre une vidéo qui circule par les réseaux sociaux au Sénégal. Un groupe d'hommes déterre un cadavre et l'éjecte du cimetière accusé d'être un goor-juigen (homme-femme).
L'indifférence première de Ndène va peu à peu s'en transformer, en questionnements, en remise en cause de cet acte déshumanisant. le lecteur suit la progressive prise de conscience de Ndène, le roman est une très belle réussite.
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Les personnages de Mbougar Sarr prennent des risques et c'est ce qui les rend vivants. Est-on ce que l'on a toujours été ou ce que l'on décide d'être ? Il répond sans équivoque comme l'avait fait Sartre en son temps. Pour se déterminer, ses personnages osent s'affronter eux-mêmes avant d'affronter les autres. Ils renvoient le lecteur à lui-même et à sa propre existence que le roman semble absorber toute entière pour mieux la lui projeter en retour en synthèse.
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Ça ne vous a peut-être pas échappé… récemment, dans la nuit du 28 au 29 octobre 2023, à Kaolack (Sénégal), le corps d'un homme qu'on soupçonnait d'être homosexuel et qui venait d'être inhumé en catimini dans le cimetière de la ville a été déterré rageusement et sans ménagement par une foule en délire. Sa dépouille a été trainée hors du cimetière, dans la poussière, sous les injures et les crachats gras. Les images de la vidéo qui a circulé sur les réseaux sociaux sont insoutenables. On voit plusieurs centaines de personnes, en cercle, s'agitant autour d'un feu. Au milieu du brasier, gît le cadavre de cet homme.

Malheureusement, ce n'est pas la première fois que cela arrive. Un fait divers similaire avait agité le pays en 2008. Mbougar Sarr s'inspire de ce fait divers dans ce roman qui est paru en 2018. Preuve que rien n'a changé. Dans un pays où les obscurantistes religieux se sont érigés en « police des moeurs », il suffit d'être simplement efféminé dans ses manières, d'avoir une voix un peu plus aigüe que celle des autres garçons pour que l'on vous soupçonne d'homosexualité : une turpitude ignoble que chaque personne normalement constituée, chaque musulman qui se respecte devrait combattre avec force et véhémence.

Un lecteur ou une lectrice averti.e pourrait s'attendre à un brûlot écrit sur un ton péremptoire mais que nenni ! L'auteur ne se contente pas de condamner les actes homophobes. Tout en faisant appel à des événements de l'actualité, il passe en revue et il oppose de façon dialectique les différents points de vue sur l'homosexualité. Il nous amène à constater, au bout d'un moment, que la réflexion, la discussion, l'argumentation rationnelle, les principes moraux fondés sur la vision laïque sont totalement absents dans les discours de celles et ceux qui se prononcent contre l'homosexualité au Sénégal. Quand on demande aux gens pourquoi ils haïssent précisément les homosexuels, écrit Mbougar Sarr, ils te répondent « religion ! » sans pouvoir en dire plus. Ils te répondent « on ne connait pas ça » sans pouvoir te donner d'exemples précis. Ce qu'ils s'accrochent bêtement à des vieux poncifs moyenâgeux et aux croyances mêlées à beaucoup de superstitions. Ils refusent de se poser des questions, de s'engager pleinement dans une vraie réflexion qui rejette toute forme d'intégrisme, de prêt-à-penser: Tiens par exemple, si Dieu a créé les êtres humains, pourquoi aurait-Il frappé les homosexuels d'une « maladie » qui serait un péché ? Pourquoi ferait-Il d'eux les coupables d'une « faute » dont ils ne sont pas responsables ? D'aucuns disent que cela n'a rien à voir avec Dieu, que les homosexuels font ça par plaisir, pour provoquer, pour imiter les Blancs, et donc, selon les préceptes de la loi islamique fondamentale, il convient de les combattre. Est-il donc nécessaire de croire à un Dieu qui vous demande d'emprisonner arbitrairement, de tuer, de brûler vif, bref de n'avoir aucune pitié pour un autre être humain ? Et pis, on apprend que l'homosexualité est associée à l'Occident, qu'elle n'existait pas avant la colonisation. Celles et ceux qui combattent l'homophobie en Afrique sont donc tout bonnement considérés comme des néocolonialistes dont il faut se méfier parce qu'ils sont à la solde des lobbys occidentaux et ils confortent les rapports de domination hérités de l'époque coloniale. Pas facile…
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Chronique vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=qfFifVTPVr8

En novembre 2021, le prix Goncourt récompense un auteur inconnu du grand public, pour son roman La plus secrète mémoire des hommes, le périple d'un jeune auteur à la recherche d'un livre disparu, le labyrinthe de l'inhumain. Jeu de mise en abime, rupture du récit, allégories, le roman de Mbougar Sarr est difficile à résumer, j'en ai fait une chronique à l'époque sur Babélio, je vous mets le lien en bio si vous voulez la lire, mais ce qu'il faut savoir, c'est que c'est un très bon livre, pas forcément aussi accessible que celui dont on va parler aujourd'hui, mais un livre à lire dans une vie selon moi, et le meilleur Goncourt lu depuis Chanson douce de Leila Slimani.
Dans de purs hommes, on découvre la situation compliquée des homosexuels au Sénégal, à travers le regard de Ndéné Gueye, un jeune universitaire. D'abord réticent à l'idée de faire preuve d'empathie pour leur cause, il va faire face à l'inhumain, à la violence, et voir le miroir que la différence lui tend.

Le titre : de purs hommes ?
Au Sénégal, explique le narrateur, les homosexuels sont appelés goor-jigeen, ce qui signifie homme/femme. On pourrait donc croire dans un premier temps que le titre fait référence à cela, dans le sens où les homosexuels ne seraient pas des hommes, du point de vue masculin, pas de purs hommes, mais un mélange entre les deux genres — cela par la population sénégalaise, j'entends. Qu'il y aurait donc une sorte d'impureté à être homosexuel, et le thème de la pureté revient assez fréquemment, puisque la religion prend une part importante dans la vie quotidienne des proches du personnage. Comme l'homosexualité est interdite par la religion, les homosexuels dans le livre sont punis, ne méritent même pas une sépulture décente — c'est le point de départ du roman : une vidéo dans laquelle on déterre un cadavre, sans doute celui d'une personne gay. Et donc cette scène d'une grande violence va changer le point de vue du narrateur, qui va comprendre, et s'opposer ainsi à l'opinion générale, que l'homosexuel est un pur homme, un pur homme parmi les autres : « Ce sont de purs hommes parce que à n'importe quel moment la bêtise humaine peut les tuer, les soumettre à la violence en s'abritant sous un des nombreux masques dévoyés qu'elle utilise pour s'exprimer : culture, religion, pouvoir, richesse, gloire… » En fait, c'est un miroir que nous tend Mohammed Mbougar Sarr, car ces purs hommes, ça pourrait être nous, c'est même, si on regarde à l'intérieur de soi, suffisamment sincèrement, déjà nous. Et penser à la célèbre phrase du pasteur allemand Martin Niemöller pendant la seconde guerre mondiale :
« Quand les nazis sont venus chercher les communistes, je n'ai rien dit, je n'étais pas communiste.
Quand ils ont enfermé les sociaux-démocrates, je n'ai rien dit, je n'étais pas social-démocrate.
Quand ils sont venus chercher les syndicalistes, je n'ai rien dit, je n'étais pas syndicaliste.
Quand ils sont venus me chercher, il ne restait plus personne pour protester. »
Parce que c'est de ça dont il s'agit, dans le texte, de la lâcheté — d'abord de celle de notre narrateur, qui va peu à peu se dissoudre, mais aussi de celle de tout un pays, de tous les concernés, tous ceux qui ont un proche homo, qui le sont eux-mêmes et ne se l'avouent qu'à demi-mot. Dans le livre, la dépouille déterrée a une érection et on se demande si ce membre impudent n'est pas là pour rappeler son existence, son appartenance au même monde que le spectateur/lecteur, une manière de dire « tu as refusé de me voir, me voici ».

Une quête impossible
Dans le texte, dès le départ, on assiste à une quête d'identité tragique. Déjà, à la mort de la mère du narrateur, et qu'il couche cette même nuit avec sa petite amie. « C'était une seule et même nuit et pourtant, où la douleur, l'infinie douleur, s'était si étroitement mêlée à la volupté charnelle que mon âme en était sortie épuisée, presque morte mais confortée dans ce qui, à mes yeux, fondait mon humanité profonde : le tragique. Ou la monstruosité. » L'ironie est tragique dans le sens où c'est en perdant une femme, sa mère, en se perdant dans une autre, sa copine de l'époque qu'affleure le thème de la différence, thème qui va irriguer tout le texte. À plusieurs reprises, des personnages vont dire à Ndéné Gueye qu'il est parti à la recherche de quelque chose d'impossible, puisque lui-même ignore ce que c'est. On comprend que c'est lui-même, qu'il cherche et que la réponse ne va pas lui plaire. Qu'il se perd plus qu'il ne se trouve, et s'embourbe dans le déni « le monde entier me demande depuis quelques jours ce que je cherche. Pourquoi faudrait-il, dis-moi, qu'il y ait nécessairement quelque chose à chercher ? Vous pensez tous que la vie réside dans l'obligation de trouver un secret, une révélation qui donne sens à notre existence. » La révélation va venir, mais je ne sais pas s'il ne faut pas voir aussi dans cette résistance, une résistance méta-textuelle. Est-ce qu'un texte doit forcément receler un secret, un mystère, une révélation pour être digéré ? L'auteur récompense son lecteur, en lui donnant une des dernières clés de compréhension de son roman, mais je ne sais pas s'il n'y a pas dans cette phrase un dépit, une fatalité.
La finitude de la littérature
La littérature est toujours en arrière-plan. Déjà parce que le narrateur est spécialiste, mais aussi parce qu'apparait vers la moitié du roman, une caricature, me semble-t-il, de Mbougar Sarr pleine d'autodérision. « un jeune écrivain à la mode, que je n'aimais pas (je détestais son style, trop classique, lourdingue, précieux parfois, et je n'aimais pas sa personnalité, son arrogance et sa prétention dissimulée derrière une fausse humilité et une sérénité calculée) », qui me fait penser à une prévision des critiques à venir (et ça s'est vérifié).
Ce jeune auteur est poussé au suicide, dans une mise en abime du texte, ce qu'on comprend qu'à la fin.
L'art, donc, si on y réfléchit, et voué à mourir, à imploser à cause de la morale. Quand on y réfléchit, ce n'est pas anodin que le personnage principal soit un spécialiste de la littérature. On pourrait penser au Coleman Silk de Philip Roth (et cette fois-ci, vraiment, pas comme dans le dernier Beigbeder). Parce qu'il est universitaire, parce qu'il défend une matière vouée à disparaître, des auteurs morts devant des classes vides, et c'est peut-être le message le plus triste du texte. Même s'il y a une résistance sous-terraine qui se met en place, même si la bigoterie est combattue, la littérature est une matière quasi-morte. Ce n'est pas l'homophobie qui la crève, (enfin, si, mais pas au départ), ce n'est pas l'interdiction de faire étudier Verlaine à ses étudiants (enfin, si, mais pas au départ), c'est le fait que la littérature n'intéresse qu'une espèce en voie de disparition. Et c'est aussi le constat qu'il aura dans son roman suivant, une faune rare, un peu affectée, un peu éthérée, c'est ce que sont les amoureux des lettres. La déclaration de décès est faite au début du livre, et tout ce qui reste, c'est essayer de démontrer l'inverse. (Et comme j'en avais déjà parlé dans ma vidéo sur Foenkinos, quand on regarde les avis/commentaires de certaines personnes pour La plus secrète mémoire des hommes, on a un goût amer dans la bouche quant à la réponse).
Et alors que tout est lourd de sens, tragique, Mbougar Sarr balaie tout avec son humour si léger, si nonchalant « le drame est que même ce dernier petit livre, que le jeune romancier avait sans doute voulu grave et beau, m'avait semblé assez nul et inutilement emphatique. »

Si je dois terminer sur une note moins dithyrambique, c'est que je trouve le style de ce roman plus simple, avec parfois une abondance d'adjectifs qui peut apporter un peu de lourdeur. Mais attention, je précise que mon barème, c'est son dernier roman, donc la barre est très haute. Si je devais comparer à une partie de la littérature actuelle (Nothomb, Beigbeder, Hassaine, Devers, Angot, les noms les plus mauvais qui me viennent en tête), ce serait quelque chose que je ne préciserais même pas.
Bref, c'est toujours agréable de voir l'évolution d'un auteur, de le voir gagner en force, et ce livre, c'est ce que j'en tire. Je ne dis pas que de purs hommes est un mauvais livre, loin de là, c'est un livre très efficace, très touchant, il parvient à s'approprier son sujet et nous faire éprouver ce qu'on doit éprouver. La maîtrise des effets est parfaite, on voit que la structure sert le récit et permet de rendre compte de la chute à la fois du personnage principal mais aussi de son pays. Mais il reste pour moi un livre un peu sage dans sa construction, un peu classique, je trouve qu'il n'a pas l'ampleur de la plus secrète mémoire des hommes, qu'il n'a pas son pouvoir d'évocation, sa force, celle d'avoir réussi à fusionner 3 ou 4 livres en un. Je suis en train de lire Cent ans de solitude de Gabriel Garcia Marquez, et il y a quelque chose de commun aux deux auteurs : un gros récit tricoté dans plusieurs, une fable universelle sur l'humanité. On retrouve dans de purs hommes ce qui fait le sel de la plume de Mohammed MBougar Sarr, son ironie, ses changements de ton, ce thème aussi, de la quête impossible, qui est, je crois, celle de la langue, de la littérature. Je pense que Mohammed Mbougar Sarr est un auteur qui va encore nous étonner, et voir une telle maturité, une telle finesse est rare pour un auteur qui n'avait même pas trente ans à la sortie de ce second roman. J'ai hâte en tout cas du prochain.


Lien : https://www.youtube.com/watc..
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C'est un roman fort et poignant, qui m'a percuté de plein fouet et que je n'ai pas su refermer avant de l'avoir achevé. La plume de l'auteur est superbe, le ton adopté juste, et cet ensemble nous permet de nous confronter à une réalité dure et cruelle. C'est un roman qui se veut profondément humaniste, et nous pousse à réfléchir sur des sujets qui ne peuvent laisser personne indifférent.
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j'ai acheté ce livre parce que l'histoire se déroule au Sénégal et je garde un très bon souvenir d'un voyage dans ce pays, en Casamance plus précisément.
Après avoir assisté à l'exhumation d'un corps, Ndéné se met en quête de l'histoire de l'homme exhumé.
Jusqu'où le mènera son engagement ? Aura-t-il suffisamment de courage pour mener à bien la mission qu'il se fixe ?
Un récit violent et dérangeant sur l'homosexualité et les croyances


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Bouleversant,profondément boulersant.
Un moment de lecture qui vous transporte dans ce que l'humanité a de plus sombre .
Et pourtant dans cette nuit glaciale ,un homme va tenter de rendre la dignité volée, arrachée à un homme dont la sépulture a été profanée et à travers elle ,sa vie ,son identité d' humain.
Un roman essentiel dont la beauté des mots rend le drame ,la tragédie, l'absurdité, la cruauté des Hommes rend encore plus triste le lecteur témoin de l' inomable.
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AUTEUR
Mohamed Mbougar Sarr, auteur francophone Sénégalais, est né en 1990. Il a écrit quatre romans dont le prix Goncourt 2021.

MOTS MATIERES : Homosexualité – Moeurs - Sénégal
GENRE : Roman de société

RESUME :
Mdéné Gueye, professeur de littérature Française à l'université de Dakar, visionne une vidéo virale sur le net. Une tombe y est profanée. Il s'agit de celle d'un homosexuel. Indifférent au début, il va bientôt être obsédé par cette affaire et enquêter.

AVIS CRITIQUE

Dans une langue brillante et pointue, Mohamed Mbougar Sarr nous entraine dans une histoire dramatique, mais pas si anecdotique, au Sénégal où l'homosexualité n'est pas tolérée par une société majoritairement musulmane. Nous sommes effrayés par le sort réservé aux homosexuels qui doivent se cacher, mentir, paraître hétérosexuels, sous peine d'être arrêtés, tués, ou profanés une fois mort. L'histoire se lit vite, elle est passionnante. Nous admirons le courage de l'auteur qui outre une qualité d'écriture indéniable, n'a pas la langue de bois. Ce qui lui vaut aujourd'hui de se voir retirer les félicitations d'une partie de son pays suite au Goncourt reçu en 2021. J'avais très envi de découvrir après ce prix reçu d'autres oeuvres, de cet auteur. Ce livre, « de purs hommes » confirme l'émergence d'un grand écrivain et j'ai hâte de lire ses deux premiers écrits. J'attends avec impatience les prochains.
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Quel plaisir de retrouver Mohamed Mbougar Sarr avec ce livre "De purs hommes". Bien que ce livre ait été écrit avant "La plus secrète mémoire des hommes", il confirme son talent.
Avec un sujet bien différent, sous une forme plus accessible, la magie des mots est déjà là pour nous emporter et nous faire vivre l'intolérance d'un pays, des hommes envers d'autres hommes. Une intolérance fortement accentuée par le poids de la religion qui ne donne pas d'ouverture d'esprit et enferme les êtres dans l'obscurantisme.
Une lecture forte et poignante.



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J'ai découvert cet auteur au détour d'une interview pour son livre[La Plus Secrète Mémoire des hommes] qui devait se voir décerner le prix Goncourt quelques semaines plus tard. j'avais apprécié l'auteur mais, peu intéressée par le sujet de ce livre, je m'étais promis de lire une autre oeuvre de lui, et c'est celle-là que j'ai choisie, avec un sujet compliqué, celui de l'homosexualité dans la société africaine, ici le Sénégal, pays de l'auteur.
Au début, j'ai bien aimé le livre. Certes, il est un peu trop didactique, avec des personnages qui n'ont pas toujours beaucoup de nuances et des idées exprimées dans de longs discours bien explicites. Mais le rappel qu'un islam modéré est possible, l'analyse des liens complexes entre l'Occident et l'Afrique, des considérations historiques qui mettent certaines théories à mal, tout cela ne manquait pas d'intérêt même si, comme souvent avec ce genre de livre, on peut craindre qu'il ne prêche que des convaincus.
Puis peu à peu, j'ai senti un malaise s'installer. Notre personnage principal, Ndéné, le prof de français revenu après des études en France et déjà désabusé par le système universitaire où il évolue, commence à s'intéresser de près à cette question. Pour cela il est remis en question dans son travail, dans sa propre famille. Et s'il commence à prendre position et à poser des actes courageux, la fin du livre est totalement abracadabrante.
Je suis donc bien embêtée avec ce livre que j'avais très envie d'apprécier et qui m'a mise très mal à l'aise. Je ne suis même pas certaine de redonner une chance à cet auteur qui semble avoir l'habitude d'écrire sur des sujets sensibles et intéressants, mais qui semble, au moins ici, ne pas en avoir totalement fait le tour, ou du moins, pas avec l'humanisme que j'aurais aimé trouver dans un livre abordant un tel sujet.
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